VI. 3.2 ´ Equations lin´eaires inhomog`enes
VI.5 Existence et unicit´e du probl`eme de Cauchy
sa masse, la loi d’attraction et la deuxi`eme loi de Newton donnent l’´equation differentielle
| · ·G),M ·Ö*£ ·¦*£ æ Ö_ D | · | æ ·=M æ ·=M æ Í Z Ù[)9\ Z 6:6:6 Z è6 (4.5) On peut de nouveau trouver quelques invariants (´energie totale, moment cin´etique), mais ils ne suffisent pas pour pouvoir r´esoudre analytiquement ce probl`eme. Pour pr´edire des eclipses du soleil ou la stabilit´e du syst`eme solaire sur des millions d’ann´ees, on est donc oblig´e d’utiliser des m´ethodes num´eriques (cours de deuxi`eme ann´ee). Dans le paragraphe suivant nous allons ´etudier l’existence et l’unicit´e de la solution d’une telle ´equation diff´erentielle.
VI.4.4 R´eactions chimiques
Consid´erons un m´elange de trois substances chimiques qui r´eagissent selon les formules suivantes:
__ M2M2ô (lente) à? Í! £_!" M2M2ô AB? (tr`es rapide) Î?HA £_$# M2M2ô ?HA (rapide) (4.6)
Notons les concentrations de ,
et A
par&=£
, & R et &
Í . Une loi de la chimie (“differentiation law”) nous donne l’´equation diff´erentielle
A: & '£ )VMX\6g\p&=£<? F \ & R & Í &*£:-]\1) F B: & ' R ) \65\ p&=£GM F \ & R & Í M ¡ j F \&%]& R R & R -]\1)\ C: & ' Í ) ¡ j F \ % & R R & Í -]\1)\6 (4.7)
Elle est obtenue comme suit: pour chaque r´eaction on consid`ere le produit des concentrations de substances apparaissant `a gauche dans la formule chimique, on le multiplie par la constante d´ecrivant la vitesse de r´eaction, et on ajoute ce produit avec le facteur
M^}
`a l’´equation pour la substance' , si' apparaˆıt
fois `a droite et}
fois `a gauche de la formule chimique.
On a peu d’espoir de r´esoudre analytiquement ce probl`eme et on est restreint `a ´etudier des propri´et´es th´eoriques (existence, unicit´e de la solution, stabilit´e, 6:6:6
). Pour obtenir des r´esultats quantitatifs, on est oblig´e d’utiliser des m´ethodes num´eriques.
VI.5 Existence et unicit´e du probl`eme de Cauchy
Consid´erons le probl`eme de Cauchy
&S'*)V+>-5/ Z &1 Z &.-0/=_p1®)B&_ (5.1) o`u + )( ô ¥ (avec (+* ÷ ¥
ouvert) est une fonction continue. En int´egrant l’´equation diff´erentielle entre/=_
et/
on obtient l’´equation int´egrale
&.-0/21.)u&_? q q-, +.-T Z &.-T 11*8 T 6 (5.2) Chaque solution de (5.1) est donc solution de (5.2). Le contraire est vrai aussi. Si une fonc-tion continue &>-5/21
v´erifie (5.2) sur un intervalle ø , alors elle est automatiquement continˆument diff´erentiable et elle v´erifie (5.1).
88 Equations diff´erentielles ordinaires L’´equation (5.2) est sous la forme&u)
D
-5&1
o`u pour une fonction&.-0/21
donn´ee, D -0&1
est la fonction d´efinie par le membre de droite de (5.2). Ceci sugg`ere d’utiliser la m´ethode des approxi-mations successives.
Rappel: la m´ethode des approximations successives. Pour r´esoudre un probl`eme&H)Ó34-5&1
avec3
ô
, cette m´ethode est d´efinie par:
¶
on choisit&_
arbitrairement,
¶
on applique l’it´eration& /.
£>)u34-5&
1
.
Si cette it´eration converge, on est sˆur d’avoir trouv´e une solution (si
3
est continue). La solution n’est pas n´ecessairement unique. Prenons, par exemple, la fonction34-5&1[) p &
. Par le th´eor`eme des accroissements finis, on a 0
3>-0&1>MP34-]ú1 021 û 0 & MÌú 0 avec ûV) a F â F (pour& Z údù3\ Z
F4). Ceci permet de d´emontrer que5
&
76
est une suite de Cauchy et donc qu’elle converge (voir le petit dessin).
.5 1.0
&_ & &=£
R
&
Í
It´eration de Picard-Lindel¨of L’´equation (5.2) peut ˆetre consid´er´ee comme un probl`eme `a point
fixe. L’id´ee est d’appliquer la m´ethode des approximations successives. Elle s’´ecrit sous la forme
& _{-0/21å) & _
(ou une fonction arbitraire)
& /. £:-0/21å) & _®? q q-, +.-T Z & -T 11=8 T 6 (5.3)
Exemple 5.1 Consid´erons le probl`eme
&('*),Mr&(R
Z
&>-]\ 1.)
F
avec comme solution exacte &.-0/21Y)
F
;*-F
?9/21
. Les premi`eres approximations obtenues par l’it´eration de Picard-Lindel¨of sont & _{-0/21ë)
F , &*£:-5/21 ) F MP/ et & R -5/21 ) F MÎ/?P/ R MP/ Í ; ¡
(voir la figure VI.6). On observe une convergence rapide vers la solution exacte dans l’intervalle
3\
Z
¡
65¢ è
4. Pour/
trop grand, l’it´eration diverge.
1 2 3 4 0 1 &_{-5/21 &=£p-5/21 & R -5/21 & Í -0/21 & -5/21
Figure VI.6: It´eration de Picard-Lindel¨of pour le probl`eme de l’Exemple 5.1
Lemme 5.2 Soit ) 5 -5/ Z &1®ù ÷ ¥)8 0 /Mó/=_ 091 K Z &~Mì&_ 1 O 6 , + * ô ¥ une fonction continue et ):<;l § q= ¨?> +.-0/ Z &1 . Pour )@: a -]K Z O; 1
, les fonctions&
-5/21
de l’it´eration de Picard-Lindel¨of sont bien d´efinie pour 0
/JMY/=_ 0A1 et elles satisfont & -0/212MY& _ 1 O pour 0 /@MY/=_ 0B1 6
D´emonstration. L’affirmation est obtenue par r´ecurrence sur
comme suit & /. £:-5/212MY&_ ) q +.-T Z & -T 11=8 T 1 q +.-T Z & -T 11 8 T 1 0 /hMY/=_ 091 1 O6
Equations diff´erentielles ordinaires 89 On dit qu’une fonction +
®
ô
¥
(avec comme dans le lemme pr´ec´edent) satisfait une condition de Lipschitz si +.-5/ Z &1GMB+.-5/ Z ú1 1 &MPú pour -5/ Z &1 Z -5/ Z ú1[ù 6 (5.4) La constante
s’appelle constante de Lipschitz. Remarquons que la condition (5.4) n’est pas une cons´equence de la continuit´e de +>-5/
Z
&1
. Par exemple, la fonction 0
&
0 est continue sans v´erifier (5.4). D’autre part, chaque fonction qui est continˆument diff´erentiable v´erifie (5.4). Ceci est une cons´equence du th´eor`eme des accroissements finis (th´eor`eme III.5.1).
Th´eor`eme 5.3 (existence et unicit´e du probl`eme de Cauchy) Consid´erons l’ensemble
) 5 -0/ Z &1®ù ÷ ¥ 8 0 /JMY/=_ 091 K Z &NMY& _ 1 O 6 et supposons que+ = ô ¥ ¶ soit continue, ¶
satisfasse une condition de Lipschitz. Alors, le probl`eme de Cauchy &
' )V+.-5/ Z &1 Z &>-5/=_:1®)^& _
poss`ede une solution unique sur
ø )C3/=_[M Z /=_®? 4, o`u )@: a -]K Z O; 1 et ):<;l § q= ¨?> +.-0/ Z &1 .
D´emonstration. Existence. L’id´ee est de d´emontrer que l’it´eration de Picard-Lindel¨of converge uniform´ement sur ø vers une solution du probl`eme de Cauchy. Dans une premi`ere partie nous allons d´emontrer que
& /. £p-0/21sMä& -5/21 1 0 /@MY/=_ 0 /. £ - ? F 1ED pour 0 /JMY/=_ 0B1 6 (5.5) Pour )ï\
avec pour & _-5/21ó) &_
, cette estimation suit de
q q-, +.-T Z &.-T 11=8 T 1 0 /XMà/=_ 0. Supposons qu’elle soit vraie pour
M F . Alors, on a pour/=_ 1 / 1 /=_[? que & /. £:-5/212MY& -0/21 1 q q-, +>-T Z & -T 112MP+.-T Z & ¦*£:-T 11 8 T 1 q q-, & -T 1ØMX& ¦*£:-T 1 8 T 1 q q-, 0 T MY/=_ 0 D 8 T ) 0 /JMY/=_ 0 /. £ - ? F 1ED
(la d´emonstration pour/=_vM
1 / 1 /=_ est analogue). De l’estimation (5.5) nous d´eduisons que 5
&
-0/21
6
est une suite de Cauchy qui converge uni-form´ement. En effet, & /. Ô -0/212MY& -5/21 1 & /. Ô -5/21ØMX& /. Ô ¦*£p-5/21 ?H6p6:6? & /. £p-0/212MY& -5/21 1 -0 /JMY/=_ 0 1 /. Ô - ? | 1ED ?H6:6p6? -0 /JMY/=_ 0 1 /. £ - ? F 1D 1 æ -. £ - 1 æ F D Z
ce qui est le reste d’une s´erie convergente. Donc, cette expression est plus petite que si
est suffisamment grand. Comme la convergence est uniforme, la suite 5
&
-0/21
6
converge vers une fonction continue&
=ø
ô
¥
(th´eor`eme I.5.1). Pour d´emontrer que cette fonction&>-5/21
est une solution du probl`eme de Cauchy, nous passons `a la limite ô ö dans (5.3). Comme5 & -5/21 6 converge uniform´ement et +>-5/ Z &1 satisfait la con-dition de Lipschitz (5.4), la suite5
+.-5/ Z & -0/211 6
converge uniform´ement vers+.-0/
Z
&.-0/211
. On peut donc ´echanger la limite avec l’int´egration dans (5.3) et on voit que&.-0/21
est solution de l’´equation int´egrale (5.2).
90 Equations diff´erentielles ordinaires Unicit´e. Supposons que&.-0/21
et ú*-5/21
soient deux solutions sur ø . Ceci implique que&.-0/21>M ú*-0/21 ) q q-, -+.-T Z &>-T 11ØMà+.-T Z ú*-T 111=8 T . On en d´eduit que &>-5/21sMúÞ-5/21 1 0 /ëM /=_ 0. Comme dans la premi`ere partie de la d´emonstration nous trouvons par r´ecurrence que pour tout
HG \ &.-0/212MHú*-0/21 1 0 /hMX/=_ 0 /. £ - ? F 1ED 1 - 1 /. £ - ? F 1D 6 La limite ô ö montre que &.-0/21GMPú*-5/21 )9\ pour tout/ìù ø .
VI.5.1 Prolongement des solutions et existence globale
Le th´eor`eme 5.3 garantit l’existence locale d’une solution du probl`eme de Cauchy. Si la fonction
+.-0/
Z
&1
est continˆument diff´erentiable dans un voisinage de -0/=_
Z
& _:1
, le probl`eme de Cauchy&
' ) +.-0/ Z &1 Z &>-5/=_:1X) & _
poss`ede alors une solution unique sur 3/=_UM
Z /=_d? 4 avec un ã \ . Consid´erons maintenant le point /s£X) /=_d?
, &=£ä) &.-0/=_d?
1
sur cette solution. On peut r´eappliquer le th´eor`eme 5.3 au probl`eme de Cauchy&
' )Ò+.-0/ Z &1 Z &>-5/s£1Ð) &*£ et ainsi prolonger cette solution. Jusqu’o `u peut on prolonger la solution de cette mani`ere?
Th´eor`eme 5.4 Supposons que la fonction+ I( ô ¥ (( un ouvert de ÷ ¥ ) soit continˆument diff´erentiable sur( . Alors,
¶
chaque solution de&
'
)V+.-5/
Z
&1
peut ˆetre prolong´ee jusqu’au bord de ( ,
¶
deux solutions de& ' )9+.-5/
Z
&1
ne s’intersectent jamais.
La deuxi`eme affirmation est une cons´equence imm´ediate du th´eor`eme 5.3. La premi`ere est plausible mais n´ecessite quelques r´eflexions (ici, nous ne donnons pas de d´emonstration).
Les affirmations du th´eor`eme peuvent ˆetre observ´ees dans la figure pour l’exemple 2.1 du paragraphe VI.2.
(
/=_ &_