Exercice 3.4 - Séries de Fourier et convolution. Soit f E L2('ll'). Que peut-on dire de la série 'L:, Ck (f)2ek (x) ?
kEZ
Commentaires. Cet exercice mélange les notions de séries de Fourier et de convo lution. L'argument clé est le théorème 3.71 qui lie ces deux notions.
Corrigé. Dans l'espace de Hilbert L2('ll') (dont on note li · li la norme), on applique l'égalité de Parseval (voir la sous-section 3.3.1) à un élément f E L2('ll') :
E ick (f) l2 = 111112 < +OO. kEZ
La série de fonctions E Ck (!)2ek converge donc normalement sur .IR. La remarque 3. 79 montre alors que la somme g de cette série définit un élément de 'if ('JI') dont les coefficients de Fourier vérifient Ck (g) = Ck (/)2.
Le théorème 3.56 (adapté au tore 'JI' = .IR./27rZ) montre que la fonction f * f, convo lée de deux fonctions de L2('ll'), est donc une fonction continue sur 'JI'. Par ailleurs, le théorème de convolution 3.71 affirme que ck (f * !) = ck (/)2 • On obtient donc
Ck (g) = Ck (! * !) . L'injectivité de F (voir le théorème 3. 71) assure alors que g = f * f
pour presque tout x E 'JI'. Comme ces deux fonctions sont continues, on en déduit que
f * f = g. La série
E ck (f)2ek (x) kEZ
converge donc normalement sur .IR vers f * f(x).
Exercice 3.5 - Convergence simple d'une série de Fourier. Soit f un élément de L1 ('ll'). On suppose que, pour presque tout t dans JR,
SN (/) (t) N-++oo O. Montrer que les coefficients de Fourier en(!) sont nuls.
Commentaires. Cet exercice utilise les moyennes de Cesàro pour exploiter l'hypo thèse sur les sommes partielles SN(/).
Corrigé. La suite (SN (/) (t))N converge (au sens classique) vers 0, donc elle converge au sens de Cesàro vers O. Ainsi, la suite (oN (f)(t))N qui est la suite des moyennes de Cesàro de (SN(/)(t))N converge aussi vers 0 pour presque tout t E .IR.
Par ailleurs, d'après le théorème de Fejér 3.75, O'N (/) tend vers f dans L1 ('ll'). De plus, un résultat de la théorie de la mesure (voir le théorème 3.12 de [Run]) affirme que l'on peut extraire de O'N (/) une sous-suite qui converge presque partout vers f.
On en déduit que la fonction f est nulle presque partout et que ses coefficients de Fourier en(!) sont tous nuls.
Exercice 3.6 - Théorème ergodique de Von Neumann. Soient (H, (-, ·)) un espace de Hilbert, T un endomorphisme de H continu, de norme llTll :::; 1. Notons T n la moyenne des premiers itérés successifs de T :
1 n Tn = --1 l: Tk .
n + k=O
L'objectif de cet exercice est de montrer que :
'i x E H, Tn(x) _______.. n--++oo p(x),
138 CHAPITRE 3 - ANALYSE FONCTIONNELLE
a) Montrer les équivalences, pour x E H,
Tx = x � (Tx, x) = llxll2 � (x, Tx) = llxll2• b) Montrer que Ker (1 - T) = Ker (1 - T) * . En déduire que
Vx E Ker (1 - T)*, Tn(x) ---t n-+oo p(x) = x. c) Pour x E lm (1 - T), montrer que Tn(x) ----+ O.
n-++oo
d) En déduire que Tn(x) ---t n-+oo 0 lorsque x E lm (1 - T).
e) Démontrer le résultat annoncé.
3.4
f) Soit H = L2(T) muni de son produit scalaire canonique (voir la section 3.3).
Posons a <!. 2nQ, montrer que, pour tout f E H,
1 n-1 H 1
1
2.,,.- l: f( -+ ka) � -2 f(x) dx .
n k=O 7r 0
Commentaires. Nous proposons ici une preuve qui utilise une décomposition de H en somme directe orthogonale. On en trouve une autre démonstration utilisant des arguments d'optimisation dans [WIL, 4.47J. Si H = JR.3 et T est une rotation d'angle irrationnel, alors on peut visualiser le théorème (dessin ci-contre) .
Attention, ce théorème ergodique de Von Neumann établit la convergence de la suite (Tn(x))nElll vers p(x) pour tout x E H, mais ceci n'entraîne pas la convergence de la suite d'opéra teurs (Tn)nEN vers p. En effet, la convergence établie est une conver gence simple, alors que la convergence de Tn vers p dans l'espace des endo morphismes continu de H serait une convergence uniforme sur la sphère unité (d'après la définition de la norme d'une application linéaire continue).
Corrigé.
a) Comme (x, T(x)) = (T(x), x) , on a l'équivalence
Ker (T-ld)
Ker (T- ld)J.
(T(x), x) = llxll2 � (x, T(x)) = llxll2.
Par ailleurs, si T(x) = x, alors (T(x), x) = llxll2. Il reste à montrer que si (T(x ), x) = llxll2 alors Tx = x. On utilise pour cela le cas d'égalité dans l'inégalité de Cauchy-Schwarz (voir la sous-section 3.1.1). Pour x = 0, on a T(x) = x = 0 ; supposons à présent que x '# O. Comme llTll � 1, l'inégalité de Cauchy-Schwarz donne
(T(x), x) � llT(x) ll llxll � llxll2•
L'hypothèse assure que le membre de droite et celui de gauche sont égaux. Ainsi, on a égalité dans l'inégalité dans Cauchy-Schwarz et donc il existe À E IR.+ tel que T(x) = Àx. Par suite (Ax, x) = (T(x), x) et donc Allxll2 = llxll2• Comme x '# 0,
3.4 EXERCICES CORRIGÉS 139
b) Comme llTll = llT* ll � 1, on peut appliquer le résultat de la question a à T puis à T* pour obtenir
T(x) = x <===> (x, T(x)} = llxll2 et T* (x) = x <===> (T* (x), x} = llxll2•
Par définition de l'adjoint, on a (T*x, x} = (x, Tx}, ce qui implique x E Ker (1 - T)* <===> x E Ker (1 - T).
On obtient donc Ker (1 - T)* = Ker (1 - T). On en déduit que Tk(x) = x pour tout x E Ker (1 - T)* et tout k E N. Ainsi, Tn(x) = x = p(x) pour tout n, ce qui donne le résultat souhaité.
c) Soit x E lm (1 - T) ; il existe y E H tel que (1 - T)(y) = x. On a alors
1 n 1
Tn(x) = -n + 1 L (Tk(y) - Tk+l (y)) = - (y - Tn+l (y)).
k=O n + 1
Ceci implique llTn(x) ll � 1 (llyll + llTn+l (y) ll),
et, puisque llTll � 1,
On en déduit que Tn(x) ---+n-+oo O.
d) Soit e > O. Considérons x E lm (1 - T) et y E lm (1 - T) tel que llx - Yll � e.
On écrit alors
llTn(x) ll � llTn(x) - Tn(Y) ll + llTn(Y) ll . Comme llTll � 1, on a llTn ll � 1. Ainsi
llTn(x) ll � llTn ll llx - yll + llTn(Y) ll � ê + llTn(Y) ll .
Comme y E lm (1 - T), la question c assure que Tn(Y) ---+ O. On passe n-+oo à la
limite supérieure dans ( *) pour obtenir
lim sup llTn(x) ll n-++oo � e.
On peut conclure Tn(x) ---+ O. n-+oo
e) D'après l'application 3.32 et la question b, l'espace
H
se décompose en.l .l
H
= Ker (1 - T)* $ lm (1 - T) = Ker (1 T) $ lm-Tout élément z de
H
se décompose donc de façon unique en z = x + y avec x E Ker (1 - T) et y E lm (1 - T). Comme Tn(z) = Tn(x) + Tn(Y), les questions b et d montrent que Tn(z) ---+ n-+oo x = p(z).f) Considérons l'endomorphisme de
H
= L2(1l'){H-H
T · .f .__ (x f-t f(x + a)) .
L'endomorphisme T est continu de norme 1. En fait, c'est même une isométrie :
14
0
CHAPITRE 3 - ANALYSE FONCTIONNELLE 3.4On peut donc utiliser le théorème ergodique de Von Neumann (question e). Pour cela on cherche alors le noyau de
1
-T. Montrons que Ker(1
-T) est exactement l'ensemble des fonctions constantes de H.Notons g = T(!) = /( · +a). Grâce à un changement de variables, on vérifie que,
V n E N, Cn(g) = e-in01en(!).
Par ailleurs, si
f
E Ker(1
-T), on a g =f
(dansL2(T))
et donc V n E N, en (g) = Cn(/).Comme a <f. 27rQ, on a
e-ina
=f. 1 pour n =f. O. Finalement, on a l'équivalencef
E Ker (I - T) � V n E N* , en(
!)
= O.Par ailleurs, le théorème 3. 71 assure que
V n E N* , en
(
!)
=0
�f
est constante. Le théorème de Von Neumann affirme donc que1 n-1
x i--+
-I.:f(x
+ ka)n k=O
converge dans H vers la projection de
f
sur l'espace des fonctions constantes c'est-à-dire vers1
(1 , /)1 = co(!) = 211"
f(x) dx.
Exercice 3. 7 - Densité des polynômes orthogonaux. Soient
1
un intervalle de lR etp
une fonction poids. On suppose qu'il existe un réel a >0
tel queleOllxl p(x)dx < +oo.
(*)Il s'agit de montrer que les polynômes orthogonaux associés à
p
forment une base hilbertienne deL2(1,p).
a) Dans cette question,
p
est une fonction de poids quelconque. Supposons que 'i:>our tout n E N,x
1--+x
n EL1(1,p).
Montrer que pour tout p E [ 1 ,+oo
[ et tout n E N,x
1--+x
n ELP(l,p). ,
..b) Dans la suite on suppose que Montrer que la fonction
<p
définie parp
vérifie (*) et l'on considère une fonctionf
EL2(1, p).
V x E IR,
<p(x)
={f(x)0p(x)
si x E sinon, 1,est une fonction de
L
1(
JR).
On peut donc considérer sa transformée de Fou rier c'est-à-dire pour w E lR
cp(w) =
1 f(x)e-iwxp(x) dx.
Montrer que cp se prolonge en une fonction F ho lomorphe sur
Ba = {z E C, 1 J1m zl
<
a/2}.a/2
3.4 EXERCICES CORRIGÉS
c) On note
9n(x) = xn.
Calculerp(n)(O)
et en déduire que si 'v' n E N,(f,gn)1 = if(x)xnp(x)dx = O,
alors
f(x) =
0 dans L2(1, p). Conclure.d) On considère, sur 1
=
] 0,
+oo [, la fonction de poidsw(x) = x-ln(x)
141
Montrer que les polynômes orthogonaux pour le poids
w
ne forment pas une base hilbertienne de L2(1,w).
On pourra considérer la fonction\ix
E 1,f(x) =
sin(27r ln(x)).
Commentaires. L'objet de cet exercice est de démontrer le théorème 3.49. On se place sur un ouvert connexe contenant la droite réelle pour passer d'un résultat local à un résultat global grâce aux propriétés des fonctions holomorphes (question c) .
Cette démarche est aussi utilisée dans l'exercice 2.11.
La dernière question montre que la décroissance exponentielle est effectivement nécessaire pour obtenir une base hilbertienne. Notons cependant que ce contre exemple est artificiel et que, dans la pratique, les conditions de décroissance sont souvent vérifiées.
Lorsque l'intervalle 1 est borné, d'autres arguments assurent que les polynômes forment toujours un sous-espace vectoriel dense de L2(1, p) (le théorème de Stone Weierstrass et la continuité de l'inclusion de �(1) dans L2(1, p), voir [DML, 11.5.5) ) .
Corrigé.
a) On a l'inégalité
\ix
E IR,où l'on note E(y) E N la partie entière de y E R Ainsi on a
fx 1xlnp p(x) dx
�1 (
1 +lxlE(np)+l) p(x) dx
< +oo, ce qui montre quex
1--+xn
E LP(I, p).b) Remarquons que pour t ;;:: 0, on a t � (1 + t2
)
/2. Ainsi on a'v' x E 1,
lf(x)I p(x)
� 2 (1 1 +lf(x)I )
2 p(x)
. Comme p et pj2 sont intégrables sur 1, on en déduit que <p E L1 (1R). Posons à présentg(z, x) =
e-izxJ(x)p(x).
Pour
z
E Ba, on afx ig(z,x)I dx
�1
ealxl/2lf(x)I p(x)
dx.
En utilisant l'inégalité de Cauchy-Schwarz, on obtient de plus
1 1
1
ealxl/2lf(x)I p(x) dx
�(1
ealxlp(x) dx J (fx 1J(x)l2 p(x) dx J
< +oo. (**)On définit la fonction F par
142 CHAPITRE 3 - ANALYSE FONCTIONNELLE 3.4 L'inégalité (**) montre que cette fonction est bien définie. Vérifions qu'elle satisfait les hypothèses du théorème 2.34 d'holomorphie sous le signe intégrale.
- Pour tout z E
Ba,
l'application x 1-+ g(z, x) est mesurable.- Pour presque tout x E 1, l'application z 1-+ g(z, x) est holomorphe. - Pour tout z tel que IJ1m zl � a, on a
jg(z, x) I � h(x) =
ealxl/2
jf(x) j p(x),et l'inégalité (**) montre que h E L1 (I).
La fonction F est donc une fonction holomorphe sur
Ba.
c) Le théorème 2.34 permet aussi de calculer les dérivées de F : Vz E
Ba,
F(n) (z) = (-i)n1 xne-izx
f(x)p(x) dx.Ainsi on obtient
F(n) (O) = (-i)n
1
xnf(x)p(x) dx = (-i)n(f, gn)i = O.L'unicité du développement en série entière d'une fonction holomorphe (voir le théorème 2.25) montre que F = 0 sur un voisinage de O. Le théorème du pro longement analytique implique alors que F = 0 sur le connexe
Ba
tout entier etdonc en particulier sur l'axe réel. On déduit que ép = O. Comme <p est une fonc tion intégrable (question b), l'injectivité de la transformée de Fourier (voir [Ruo], .théorème 9.12) implique que <p = O. Comme p(x) > 0, on en déduit que f(x) = 0 pour presque tout x de 1.
d) Montrons que la fonction f est orthogonale à tous les monômes 9n(x) = xn. On calcule donc
(!, 9n) =
1
xn sin(2n ln(x))x-ln(x)
dx .Le changement de variables y = ln(x) permet d'écrire
( ) 2 ( n+1)2
(!, 9n} =
n+l
Y sin(2ny )e-Y dy =e
4 y- sin(2ny) dy . Un deuxième changement de variables t = y -(n + 1)/2 donne(n+1)2 2
(f, gn} =
(-1r+ie
4 sin(2nt)e-t dt = O ,puisque la fonction est impaire. Ainsi la famille des 9n n'est pas totale dans H. La famille des polynômes orthogonaux associée à ce poids particulier n'est donc pas totale non plus : ce n'est pas une base hilbertienne.
Exercice 3.8 - Convolution et support compact.
a) Soient f E Lf0c(JR.) et g E �1 (JR.) avec g à support compact. Montrer que la fonction f * g est dérivable et de dérivée (! * g )' = f * g'.
b) Soient f E �0(JR.) et <p continue, positive, à support compact et dont l'intégrale sur lR. vaut 1. On pose <fJn (x) = ncp(nx). Montrer que ('Pn * f)(x) ---+ n-++oo f(x).
Commentaires. Comme pour le théorème 3.57, la démonstration de la question a repose sur l'utilisation du théorème de convergence dominée de Lebesgue. Observez cependant que la domination donnée dans la preuve du théorème 3.57 n'est pas
3.4 EXERCICES CORRIGÉS 143