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Chapitre 2. Flore et végétation des Niayes et du Bassin arachidier

2.4. Résultats

2.4.4. Evolution floristique des groupements en rapport avec ceux de Trochain (1940)

2.4.3.4. Nomenclature des groupements

Le tableau 2.16 porte les noms des groupements identifiés dans cette étude. De G1 à G4, ce sont les groupements du Bassin arachidier et de G5 à G11, les groupements des Niayes. La vérification graphique de l’homogénéité des groupements et les caractéristiques écologiques, floristiques, biologiques, phytogéographiques, écosociologiques et de dissémination des diaspores de ces groupements sont décrites en annexes 2.16.

Tableau 2.16. Dénomination des groupements identifiés. Groupements Noms

G1 Groupement à Ipomoea aquatica et I. dichroa

G2 Groupement à Brachiaria disticophylla et Cyperus compressus G3 Groupement à Celosia trigyna et Digitaria velutina

G4 Groupement à Hexalobus monopetalus et Gardenia ternifolia

G5 Groupement à Phragmites australis subsp autralis et Paspalum vaginatum G6 Groupement à Echinochloa colona et Jussiae erecta

G7 Groupement à Dactyloctenium aegyptium et Brachiaria disticophylla G8 Groupement à Acacia macrostachya et Ischaemum rugosum

G9 Groupement à Tephrosia purpurea et Cenchrus biflorus G10 Groupement à Aphania senegalensis et Voacanga africana G11 Groupement à Mitracarpus scaber et Eragrostis tremula

2.4.4. Evolution floristique des groupements en rapport avec ceux de Trochain (1940)

Les 11 groupements identifiés dans cette étude résultent de l’évolution temporelle des 10 groupements décrits par Trochain (1940) dans les Niayes et le Bassin arachidier (tableau 2.17). Ces groupements issus des analyses multivariées sont définis aussi sur base de critères numériques. Le plus important est la constance des espèces (nombre de relevés avec l’espèce / nombre total de relevés x 100). Ensuite, il est recherché les espèces à constance intermédiaire, c’est-à-dire espèces de constance variant entre 10 et 60 %. Les espèces caractéristiques d’un groupement sont présentes dans au minimum 50 % de ses relevés et au maximum 10 % des relevés des autres groupements. Les groupements sont ainsi définis sur base de critères floristiques avec l’appui de critères numériques. La liste des espèces recensées par Trochain (1940) dans nos sites est en annexe 2.4.

2.4.4.1. Groupements aquatiques et de milieux humides

Le groupement à Typha australis est un groupement pionnier qui résulte parfois de la disparition des groupements à Echinochloa spp (tableau 2.17). Il pousse même sur sol salé. Lorsque le sol devient vaseux, il évolue vers la prairie à Paspalum vaginatum. Il est observé sur 70 ans un passage de la Typhaie à la prairie à Paspalum dans les Niayes. Un front agricole se développant suite à l’apport de sédiments éoliens et la prairie évolue vers un faciès anthropozoogène dominé par

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Le groupement G6 à Echinochloa colona et Jussiae erecta, accompagnés par Paspalum vaginatum

et Paspalidium geminatum, montre une évolution de la prairie aquatique à P. vaginatum, suite aux bonnes années pluviométriques des années 2000. Il peut résulter également de l’évolution du substrat du groupement à Panicum longijubatum que les populations considèrent comme indicateur d’une bonne terre susceptible de produire de bon rendements d’espèces exigeantes comme la patate, le manioc, le maïs mais que Imperata cylindrica infeste rapidement selon Trochain (1940). Avec l’enrichissement en matière organique et en azote, y apparaissent les espèces rudérales.

Le groupement à Paratheria prostrata est dans sa limite septentrionale dans cette région des Niayes même s’il peut aller jusqu’au nord dans la zone de Lompoul. P. prostrata est en voie d’extinction selon Trochain (1940). Il est pauvre en espèces. La présence de Mitragyna inermis, de Phragmites

vulgaris et de Paspalidium geminatum prouvent que c’est une espèce hygrophile qui doit avoir

laissé la place à Ipomoea aquatica.

L’analyse floristique de ces groupements aquatiques et hygrophiles montre un fond commun d’espèces entre les groupements de Trochain (1940) et leurs homologues identifiés dans ce travail de plus en plus faible, ne dépassant jamais 5. Par contre, le lot d’espèces absentes ou disparues des groupements actualisés, montre nettement une tendance régressive de la flore naturelle des groupements de Trochain (1940) ouverts aux espèces anthropophiles. En effet, ces groupements ont reçu des irradiations (apports d’espèces non communes des groupements) du Soncho-Bidentetea et des plantes messicoles, post-culturales et rudérales. La richesse floristique y est par conséquent plus élevée que par le passé. Cela traduit l’ouverture du milieu et son anthropisation croissante.

2.4.4.2. Groupements de savane et des reliques forestières ou végétation sub-guinéenne

Pour la savane, Trochain (1940) a décrit un groupement à Combretum glutinosum dans le Bassin arachidier et deux groupements à Aristida stipoides, et à Aristida longiflora et Hyparrhenia

dissoluta dans les Niayes. Dans le Bassin arachidier, le groupement à C. glutinosum ou

pseudoclimax est celui qui a succédé à la savane boisée climacique suite à la destruction des grands arbres. Les arbustes se sont exprimés à la faveur de cette ouverture des formations boisées. Depuis 1940, cette savane a poursuivi son processus de transformation et a tendance à se « sahéliser » comme en témoigne la forte présence des espèces du domaine sahélien (Annexe 2.15 sur le groupement G4). Cela a abouti à la formation du groupement à Hexalobus monopetalus et Gardenia ternifolia.

Le nombre d’espèces a fortement augmenté dans le groupement actuel en passant de 29 à 76 espèces en 70 ans (tableau 2.17). Le fond commun d’espèces entre les deux dates est de 4 laissant croire à la disparition de 25 autres. Dans les Niayes, le groupement à Aristida stipoides qualifié de pseudosteppe devenant une savane par suite de son enrichissement rapide en espèces ligneuses

(Acacia macrostachya et Ischaemum rugosum) ou un groupement messicole suite à l’apport massif

d’espèces messicoles (groupement à Mitracarpus scaber et Eragrostis tremula).

Le groupement à A. longiflora et Hyparrhenia dissoluta qualifié de steppe peut évoluer soit vers une végétation sub-guinéenne (qui se développe sous les isohyètes 1200 mm au Sénégal) à Aphania

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senegalensis et Voaganca africana (G10) soit vers un groupement ségétal (étymologiquement qui

croit dans les champs de blé et par extension dans les champs de céréales) à Tephrosia purpurea et

Cenchrus biflorus (G11). Le premier est dans l’étage paralittoral et le second dans l’étage adlittoral selon Trochain (1940). Dans le premier groupement, lorsque la richesse floristique diminue dans le faciès ligneux en passant de 111 espèces à 60 suite à l’augmentation du fond commun d’espèces qui atteint 21 et à la forte disparition d’espèces (90 espèces), cela résulte sur l’apparition de peu d’espèces et donc à la formation du groupement défini sur la base des ligneux ou G8. Dans le cas contraire, l’augmentation de la richesse conduit au groupement défini sur la base des annuelles (G11). Dans le second groupement de Trochain (1940), selon la prépondérance ou non des ligneux, l’évolution sous l’action anthropique conduit d’une part à un groupement néoformé de transition milieux cultivés-savane (G9), et d’autre part à un groupement de savane forestière à Aphania

senegalensis et Voaganca africana (G10). Pour ces deux groupements la richesse floristique a

fortement augmenté suite aux irradiations des espèces anthropophiles.

2.4.4.3. Groupements anthropophiles (agrosystèmes)

Le groupement messicole de Trochain (1940) a connu une diminution des espèces ligneuses au profit des espèces des champs. Cette ouverture s’est ainsi traduite par une augmentation de la diversité floristique herbacée. Cette augmentation de la diversité est encore plus marquée dans le groupement cultural et post-cultural ou elle est multipliée par plus de 8 fois en 70 ans (tableau 2.17). Cela semble s’expliquer par le nombre d’espèces ayant disparu du groupement messicole de Trochain (1940) (74 espèces) plus important que dans le groupement cultural et post-cultural (10 espèces).

Tableau 2.17. Analyse comparative des groupements de Trochain (1940) et de Faye (2010) : évolution floristique des groupements.

Groupements Nombre Nombre Groupements Nombre Nombre

de Trochain 1940 (A0) de relevés d'espèces de Faye 2010 (A1) de relevés d'espèces communes disparues

Hydrophytie

Paratheria prostrata p.140 4 16 Ipomoea aquatica et I. dichroa (G1) 29 142 2 14

Typha australis p.98 8 34 Phragmites australis subsp. australis et 4 28 3 31

Paspalum vaginatum (G5)

Panicum longijubatum p.101 7 24 Echinochloa colona et Jussiae erecta (G6) 22 102 5 19

Paspalum vaginatum p.123 10 27 Echinochloa colona et Jussiae erecta (G6) 22 102 5 22

Savanes et steppes

Combretum glutinosum p.262 4 29 Hexalobus monopetalus et Gardenia ternifolia (G4) 18 76 4 25

Aristida stipoides p.153 -- 111 Acacia macrostachya et Ischaemum rugosum (G8) 7 60 21 90

Aristida stipoides p.153 -- 111 Mitracarpus scaber et Eragrostis tremula (G11) 53 154 47 64

Aristida longiflora et Hyparrhenia -- 109 Tephrosia purpurea et Cenchrus biflorus (G9) 37 159 23 86

dissoluta p.150

Aristida longiflora et Hyparrhenia 7 37 Aphania senegalensis et Voacanga africana (G10) 10 106 10 27

dissoluta p.151

Schoenefeldia gracilis p.155 -- 4 Dactyloctenium aegyptium et Brachiaria 11 97 2 2

distichophylla (G7) Agrosystèmes

Messicole pp : 267-270 -- 96 Brachiaria disticophylla et Cyperus compressus (G2) 32 124 22 74

Cultural et post-cultural pp : 267-270 -- 15 Celosia trigyna et Digitaria velutina (G3) 60 128 5 10

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