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Chapitre 1. Introduction générale

1.4. Choix et caractéristiques des zones et des sites d’études

1.4.4. Caractéristiques socio-économiques des villages retenus

1.4.3.2. Dans le Bassin arachidier

Pour ce qui concerne les types d’exploitation, le paysage du Bassin arachidier a gardé sa configuration traditionnelle où les exploitations agricoles modernes sont absentes contrairement à la zone des Niayes. Ce sont les exploitations de petites tailles qui sont dominantes avec en moyenne 1 à 2 ha. Certains gros producteurs peuvent emblaver des parcelles de 5 ha ou plus.

1.4.4. Caractéristiques socio-économiques des villages retenus

1.4.4.1. Dans les Niayes

Le village de Toula est un petit village peul de 125 habitants vivant sur 409 ha à moins de deux kilomètres de l’océan atlantique (figure 1.12 B). Le phénomène de migration saisonnière est très marqué dans cette zone. Les travailleurs agricoles viennent de l’intérieur du pays, des milieux sérers et wolofs. Ils viennent augmenter la taille de la population du village de Toula et des villages environnants dans les Niayes. La population autochtone tire ses ressources de l’élevage traditionnel mais aussi des revenus de l’exploitation maraîchère. Les outils sont rudimentaires (houe, daba). Les planches maraîchères peuvent être de petite taille ou parfois de plus de 10 m de long. La largeur reste en général égale à 1 m. Ils pratiquent les semis en pépinière suivi des repiquages sur planches. Le système d’irrigation est manuel à l’arrosoir dans la majorité des cas, parfois à partir de bassins d’eau interconnectés par des tuyaux pvc. L’exhaure manuelle de l’eau est faite à partir de puits superficiels appelés « céanes ». Les exploitants recrutent habituellement de la main-d’œuvre temporaire ou saisonnière appelée « sourgha ». En moyenne une famille sur trois utilise ce système de main-d’œuvre. Les habitats sont en dur avec des toitures en tôles ondulées (zinc). Les charrettes constituent les seuls moyens de locomotion du fait de l’inaccessibilité de cette zone dunaire par les véhicules légers. Les importantes récoltes sont évacuées de la zone de production par les voitures hippomobiles ou charrettes. Heureusement, une piste de production reliant le centre de collecte des produits et l’océan atlantique vient d’être ouverte en 2008.

Le village de Darou Alpha est un village sérer établi sur un territoire de 654 ha. Il se situe au sud-est du village peul de Toula (figure 1.12). Il a été fondé en 1927 par un marabout de la confrérie des

Tidianes du nom de Serigne Alpha Thiombane1 dont le village porte le nom. Le village compte

1079 habitants. La population est composée de 44 % d’hommes, de 35 % de femmes et 21 % de jeunes (filles et garçons). Il est traversé par la route Thiès-Noto nouvellement bitumée. Les habitants vivent de l’agriculture arachidière, céréalière, et maraichère. Les grandes cultures (mil, arachide) ont régressé du fait de la sécheresse et des oiseaux granivores. Les cultures récentes de manioc et de niébé (haricot) sont souvent détruites par des parasites. L’arboriculture et le maraîchage ont pris le relais. Les plus importantes plantations sont les manguiers et les agrumes. Les plus importantes cultures horticoles sont la tomate, le piment, les choux et l’aubergine. Dans le village et autour, il y’avait une forte colonie de Neocarya macrophylla, de Celtis integrifolia. Aujourd’hui, il ne reste que quelques reliques. En termes de plantations, les populations souhaitent l’apport extérieur de citronniers, de jujubier Gola et de manguiers. Ils font déjà des pépinières

1 Personnalité religieuse très influente, un érudit nommé représentant de la confrérie tidiane dans la zone des Niayes ; un entretien a eu lieu avec son fils, actuel khalif (héritier et guide) de la famille et des fidèles.

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individuelles de manguiers dans les maisons. Parallèlement, il s’y développe des vergers semi-industriels à manguier sur des dizaines d’hectares. L’aviculture est une activité locale qui procure des revenus aux populations qui peuvent aussi réserver une partie pour leur consommation propre et pour l’accueil de leurs hôtes. En termes d’infrastructures, le village est électrifié (mais les lampadaires d’éclairage publique ne fonctionnent plus) ; une borne fontaine fonctionnelle pour l’eau courante existe même si le village n’a pas de forage (l’eau venant du forage de Montrolland). Les autres infrastructures sont un moulin à mil (non fonctionnel), une grande mosquée, une case de santé, une école primaire depuis 1962, une école arabe (qui est une modernisation des écoles coraniques traditionnelles). La grande mosquée a été créée en 1933 par Serigne Alpha Thiombane. Elle abrite la grande prière du vendredi. Les événements importants dans le calendrier du village sont d’abord la commémoration annuelle de la naissance du prophète de l’Islam (ou Gamou) qui draine des foules énormes dans le village, la visite annuelle du site de Darou Alpha par les fidèles

tidianes (Ziarra annuelle), les fêtes du mouton (tabaski) et de la fin du ramadan (korité) qui sont des dates importantes ou tous les membres des familles se retrouvent au village quels que soient leurs lieux de travail ou de résidence. Le Gamou est sans doute l’événement principal du village pendant lequel des milliers de fidèles convergent vers Darou Alpha qui revit le temps du pèlerinage sur les plans social, culturel et économique. Plusieurs ressortissants du village exercent des métiers en ville (Thiès, Dakar, Tivaouane) et reviennent régulièrement au bercail. Ces mouvements sont favorisés par le désenclavement du village par la route de Montrolland, le reliant au plus gros centre urbain de la zone, la commune de Thiès, chef lieu de région. Le village accueille aussi des travailleurs saisonniers ou sourgha utilisés pour le débroussaillage des exploitations agricoles, l’élevage, le maraîchage, etc. Le problème d’eau pour l’irrigation se pose même si des puits sont forés.

Le village de Diambalo est un village wolof situé au nord des deux villages précédents, non loin de la ville de Mboro (figure 1.12 B). Le village existe depuis 350 ans au moins selon le chef de village actuel. Plusieurs ethnies se sont succédé dans le village. Il s’agit d’abord des mandjacs, des socés, etc. Les wolofs se sont installés il y’a environ 300 ans. Les peuls sont les derniers venus dans la zone. Selon le chef de village, Diambalo, village wolof a été fondé par son arrière grand père du nom de Mbagne Guèye qui était un grand propriétaire terrien, un chef de canton. Diambalo compte 935 habitants. Il s’étale de part et d’autre de la route des Niayes sur 532 ha. Les populations vivent des cultures d’arachide, de céréales et de manioc. Les cultures maraîchères sont bien développées et occupent les hommes et les femmes. Cette activité horticole fait vivre les populations dans leur terroir bien marqué par les années de sécheresse. L’arboriculture fruitière à base de manguier s’y développe également et le village connait un niveau d’embocagement important. En termes d’infrastructures, le village compte une case de santé non équipée, une école primaire de 4 classes non clôturée, deux petites mosquées, 4 petites boutiques. Une ziarra annuelle ou pèlerinage est organisée chaque année à l’honneur de l’Imam de la mosquée (recteur de la mosquée) du nom de Serigne Ousmane Gaye. Cet événement qui attire des foules importantes fait revivre l’économie du village. Le petit commerce est actif à travers les boutiques. Il existe une borne fontaine pour l’eau courante, les puits sont bien alimentés par la nappe d’eau douce. Cela permet aux populations de poursuivre l’activité maraîchère qui fait vivre le village à la suite du déclin des grandes cultures pluviales. Contrairement à Darou Alpha, à Diambalo les vergers sont individuels et de dimension limitée (maximum 2 à 3 hectares). Les exploitations sont délimitées et protégées par des haies vives

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d’euphorbes. La majorité des familles ont des maisons en dur. Les habitations en paille disparaissent progressivement. Certains dignitaires, à commencer par le chef de village, ont des maisons en dur, mais la plupart des habitations sont en paille.

1.4.4.2. Dans le Bassin arachidier

Créé en 1861, le village de Diaoulé est un gros village peul de 1734 habitants vivant sur 741 ha à 18 km de la route nationale numéro 1 (figure 1.12 B). Les hommes représentent 20 % de la population, les femmes 24 % et les jeunes garçons 28 % et les jeunes filles 28%. Cette population tire ses ressources, en plus de l’arachide, de l’élevage traditionnel de petits ruminants et de bovins. Quelques fonctionnaires de l’Etat à la retraite sont revenus vivre dans leur village d’origine. Cette situation a servi au village qui a toujours bénéficié des investissements étatiques dans le domaine de l’électrification rurale photovoltaïque depuis les années 1980. Aujourd’hui, le village est électrifié et a obtenu l’eau courante avec l’implantation en 2007 d’un forage. L’habitat traditionnel a laissé la place aux constructions en ciment et béton armé. Il existe une cabine téléphonique privée, un moulin à mil, plusieurs boutiques tenus par des autochtones et par des ressortissants mauritaniens (appelés maures). Il existe également une école primaire et un collège d’enseignement moyen. Plusieurs foyers disposent de postes de télévisions et certains dotés d’antennes paraboliques pour capter les images numériques extérieures. Le village dispose d’une case de santé et d’un service vétérinaire. Le phénomène d’immigration est aussi noté avec la présence de travailleurs saisonniers (sourgha) dans plusieurs exploitations.

Le village de Keur Mary a connu successivement 3 noms : Keur Ndioba, Keur Thialaw et enfin Keur Mary Ndiaye. Mary Ndiaye était une femme qui a déménagé dans le site vers 1938. C’était une femme transhumante qui a laissé son nom au village. Elle est décédée dans le village de Ndémène où elle se faisait soigner d’une longue maladie. Keur Mary est donc, sans les hameaux qui lui sont rattachés, un petit village sérer établi sur un territoire de 200 ha. Il se situe à moins de 2 km au nord de la route nationale numéro 1. Le village compte 502 habitants et 41 carrés. La population est composée de 40 % d’hommes, 60 % de femmes. Les habitants vivent de l’agriculture arachidière et céréalière. L’arboriculture et le maraîchage sont progressivement pratiqués par les populations. Mais deux problèmes freinent leur développement : le déficit d’encadrement technique et le problème de commercialisation des produits. Un verger existe à l’intérieur du village mais plusieurs autres sont installés autour des hameaux. Le maraîchage produit beaucoup de tomate, oignon, choux, piment, aubergine, salade. Certains producteurs gagnent plus d’argent avec le maraîchage qu’avec les grandes cultures. Certains ont un revenu d’un million de francs CFA en une campagne d’autres 2 millions. Il existe une pépinière forestière privée, appartenant à un ressortissant du village. Le village n’a ni moulin à mil, ni électricité, ni marché. Il a cependant 2 bornes fontaines dont une à l’école primaire et une au centre du village, une boutique, une case de santé, une mosquée, 5 puits dont 3 bien utilisés. Les populations se ravitaillent en denrées et produits divers dans la commune voisine de Gandiaye situé à 3 km à l’ouest du village. Un Gamou

annuel est organisé à Keur Mary et mobilisent un grand nombre de fidèles. Une prière commune à l’endroit des morts du village est organisée chaque année durant le ramadan. Il y existe un parc à

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Faidherbia albida bien tenu. La savane/parcours, principale relique de la savane naturelle, passe à l’ouest du village.

Le village wolof de Keur Alpha est situé au sud-ouest des villages de Diaoulé et de Keur Mary (figure 1.12 B), à environ 5 km de la commune de Gandiaye. Il a été créé en 1904 par Alpha Ndao. Sa formation résulte du rassemblement de 3 villages Keur Samba Ngoné, Keur Alpha et Keur Saër Sarr. Ce rassemblement fait suite au tracé de la piste devenue route nationale numéro 1 qui traverse le village sur sa largeur. Il est traversé par la route nationale 1. Il s’étend sur environ 300 ha et compte aujourd’hui 800 habitants. Cette population est composée de 40 % de femmes, 30 % d’hommes et 30 % de jeunes. Le phénomène des travailleurs agricoles temporaires (appelés

sourgha) n’est pas très répandu. Les populations vivent des cultures d’arachide, de céréales, de

tubercule comme le manioc. Les cultures maraîchères sont pratiquées majoritairement par la plupart des familles, au moins 50 % des familles. Les vergers à manguiers et agrumes sont bien présents, auxquels est associé le maraîchage. Ils sont individuels et de dimension limitée (maximum 1 à 2 hectares). Les parcelles sont délimitées et protégées par des haies vives d’euphorbes. Les infrastructures se résument en une école primaire de 6 classes, une case de santé fonctionnelle, un marché de 12 cantines non encore fonctionnelles. Le village compte pour son alimentation en eau sur un grand nombre de puits dont 4 fonctionnels et doux. Le reste des puits sont détruits ou abandonné à cause de la salure. Les plus profonds mesurent 9 m. Il existe 6 boutiques dans le village dont 3 bien fonctionnels, les autres sont familiales et ferment à 21 heures. Malgré sa proximité avec la commune de Gandiaye, Keur Alpha ne dispose pas d’eau courante. L’exhaure de l’eau est une corvée pour les femmes. Celles-ci s’adonnent, pendant la saison sèche, au commerce du pain de singe (fruits du baobab), des calices de Hibiscus sabdarifa (le bissap), de la pastèque, du melon et des mangues. L’habitat encore rural traditionnel laisse progressivement la place à des constructions en dur (plus de 50 %).