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Chapitre 5. Importance de la méthode de coupe sur la régénération des Combretaceae source de bois-

5.5.3. Croissance en hauteur et en diamètre

plus élevée chez Guiera senegalensis que chez Combretum glutinosum sauf au niveau des jeunes individus coupés à rez-terre où C. glutinosum l’emporte. Cependant, C. glutinosum produit toujours plus de rejets proventifs à 20 cm de haut comparé à G. senegalensis. Cependant, aucune différence n’est détectée entre les jeunes et les vieilles tiges de cette espèce mais elles produisent à cette hauteur moins d’adventifs que lorsque la hauteur de coupe est plus importante. Donc il serait recommandé de couper C. glutinosum à 20 cm de haut quel que soit le diamètre des individus. Cette recommandation est appuyée par le fait que les rejets proventifs pourraient permettre un rajeunissement physiologique des souches selon Bellefontaine (1998). A 20 et 50 cm de hauteur de coupe, G. senegalensis produit le plus grand nombre de rejets adventifs qui selon Bellefontaine (1998) épuisent davantage la vitalité des souches. Cependant, c’est à ces deux hauteurs de coupe que cette espèce produit plus de rejets proventifs à 20 cm chez les jeunes sujets, et 50 cm chez les individus âgés. En d’autres termes, l’orientation pourrait être de couper les jeunes tiges de G.

senegalensis à 20 cm de haut et les tiges âgées à 50 cm de haut malgré la recommandation du

réseau SALWA (Projet agroforestier dans le Semi-Arid Low Land of West Africa) de couper les espèces agroforestières pour la production de biomasse.

Cette hauteur de coupe à 50 cm s’avère prolifique concernant la production des rejets aussi bien chez G. senegalensis que chez C. glutinosum au Sénégal et le nombre de rejets proventifs (autour de 7,3 au niveau des grosses tiges de G. senegalensis) est légèrement au dessus de celui noté par Bellefontaine (1995) qui a trouvé 7 rejets sur les pieds étudiés. Cependant, Bellefontaine (1998) indique en reprenant Poskin (1939) que les rejets d’origine proventive sont de loin les meilleurs pour la régénération des taillis. Ils sont moins exposés à la détérioration diverse que les bourgeons adventifs. Pour certaines espèces lorsque la coupe a été exécutée à rez-terre, ils prennent naissance au contact de la terre et peuvent s’affranchir en développant leur propre réseau de racines qui s’ajoutent au système racinaire de la souche. Progressivement, à la périphérie de la souche-mère se produit un véritable renouvellement de l’enracinement, entraînant un rajeunissement physiologique. Bellefontaine (1995) trouvait que les rejets adventifs sont moins nombreux, moins vigoureux souvent grêles et attachés peu solidement à la périphérie de la section d’abattage en zone sahélienne alors qu’en zone soudano-sahélienne nous avons trouvé légèrement plus d’adventifs uniquement chez C. glutinosum. Toujours est-il que leur situation les expose davantage aux dommages provoqués par le vent, le passage des hommes et des animaux. Rarement au contact du sol, les adventifs ne peuvent s’affranchir et contribuent à l’épuisement de la souche, qui après plusieurs rotations finit par perdre sa vitalité. Ainsi dans les axes de recherche dégagés en perspective, Bellefontaine (1998) recommandait de réaliser des observations plus poussées sur la capacité de régénération. Dans les paragraphes suivants, nous allons au-delà, en observant la croissance verticale et horizontale des deux espèces pour compléter l’information sur la production de rejets. Le chantier reste vaste à en croire Bellefontaine (2005) qui a répertorié 360 espèces africaines ayant une stratégie de régénération particulière.

5.5.3. Croissance en hauteur et en diamètre

La combinaison des facteurs espèce, hauteur et diamètre de coupe montre que Guiera senegalensis

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rez-terre (Rt) chez les jeunes tiges (diamètres inférieurs à 10 cm). Cette forte croissance des rejets

de Guiera senegalensis a été déjà notée par d’autres auteurs. C’est ainsi que Louppe (1991)

comparait sa croissance en saison sèche à une jachère dérobée. Alexandre (2002) concluait que G. senegalensis présente une forte croissance pendant la saison sèche expliquant le fait qu’il ait des besoins en eau élevés. Il ajoute que les rejets de souche de cette espèce sont particulièrement vigoureux et en 2 ou 3 ans la cépée atteint presque sa taille maximale. Djibo et al. (1997) conclurent qu’après un an de croissance, 47 % des rejets des Combretaceae dépassent 51 cm au Niger alors que dans nos parcelles en zone soudanienne la hauteur est de 83 cm au moins quand on coupe à 50 cm, 79 cm à 20 cm de haut et 63 cm à Rt (rez-terre). Il serait alors recommandable de couper à 50 cm de haut pour une meilleure croissance quel que soit le diamètre, si on considère l’effet interaction hauteur x diamètre de coupe. Cependant, ce résultat ne distingue pas les proventifs des adventifs, et certains auteurs tel que Bellefontaine (1998) considèrent que la coupe haute (30-50 cm du sol) épuise les souches ; ce qui semble lié à la forte croissance des tiges issues des régénérations notées plus haut qui sont toujours plus vigoureuses que les semis naturels. Mais cette recommandation devrait être réexaminée selon les espèces et les diamètres qui renseignent plus sur l’âge des individus et donc sur leur capacité à fournir de la sève. C’est ainsi que chez les diamètres de moins de 10 cm, aucune différence significative n’existe entre les hauteurs de coupe quelle que soit l’espèce tandis qu’au niveau des diamètres de plus de 10 cm, des différences significatives entre la coupe à rez-terre chez C. glutinosum et la coupe à 50 cm chez G. senegalensis sont notées.

De manière générale, la tendance est à une croissance en hauteur moins importante lorsque les rejets sont issus de souches basses chez les deux espèces, surtout lorsque les individus sont âgés. Le diamètre est plus important chez Guiera senegalensis quel que soit le traitement considéré sauf à rez-terre chez le petit diamètre de Combretum glutinosum. Au niveau de C. glutinosum, le diamètre est plus important lorsque les individus sont coupés à 20 cm de haut. Chez G. senegalensis, le diamètre augmente avec la hauteur de coupe.

Autrement dit, 20 et 50 cm de hauteur de coupe autorisent une croissance plus importante chez G. senegalensis comparé à C. glutinosum sauf à rez-terre chez les jeunes individus. Donc le choix de la hauteur ne se justifie pas statistiquement chez les diamètres de moins de 10 cm des deux espèces. Par contre, chez les diamètres de plus de 10 cm, il faudrait plutôt faire le choix de couper G.

senegalensis et C. glutinosum à 20 ou 50 cm de haut pour une meilleure croissance en hauteur.

Peltier et al. (1995) indiquent qu’il est préférable de couper G. senegalensis et C. micranthum aux diamètres de moins de 10 cm et C. glutinosum aux diamètres de plus de 10 cm. Mais à quelle hauteur? Allant plus loin, les résultats obtenus dans cette présente expérimentation, permettent de dire qu’en coupant les diamètres de moins de 10 cm préférentiellement chez G. senegalensis, il faudrait le faire à 20 cm de haut et les diamètres de plus de 10 cm, à 50 cm de haut. Par contre, chez

C. glutinosum, en augmentant la révolution à plus de 6 ans, il faudrait couper les tiges à 20 cm de haut.

5.6. Critiques de la méthode

Selon Bentz (2002), l’expérimentation en milieu paysan ou milieu réel présente des avantages mais aussi des limites.

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Les avantages peuvent être résumés en cinq points :

- prendre en compte la diversité du milieu physique et humain ; - recevoir l’avis des paysans ;

- faciliter l’adoption éventuelle de la technique : montrer que sa réalisation est possible et qu’elle peut avoir un intérêt ;

- former les paysans, mais aussi les techniciens, etc. ;

- échanger des savoir-faire qui ne sont pas toujours énoncés, même lors de discussions entre techniciens et paysans.

Cependant, pour les chercheurs et les techniciens, l’expérimentation en milieu paysan peut présenter un certain nombre de contraintes :

- certaines expérimentations sont plus difficilement réalisables que d’autres ;

- certains résultats n’ont pas toujours la rigueur scientifique souhaitée par les chercheurs ;

- certaines recherches comme l’expérimentation forestière en milieu paysan impliquent d’être capable de travailler avec des partenaires dont les savoirs et les perceptions n’entrent pas dans le cadre « scientifique ».

Il ressort des constats ci-dessus que les recherches en milieu réel ont la particularité de ne pas garantir l’homogénéité des conditions d’expérimentation. Cette limite a été réduite au maximum dans cette étude en localisant le dispositif dans un espace réduit faisant intervenir un seul groupe ethnique (les Sérers). Donc, même s’il a été possible de tenir compte de l’avis des paysans et de leur savoir-faire, il n’a pas été possible de tenir compte de toute la diversité des conditions physiques et humaines dans le cadre des présentes recherches. Celles-ci rentrent dans le cadre des expérimentations difficilement réalisables en milieu réel car faisant intervenir des ligneux pérennes, d’âges différents, d’histoire différente. Il s’y ajoute, une impossibilité à regrouper tous les individus de chaque traitement dans une même placette et ainsi mettre en place de vrais blocs complets randomisés. Pour ce faire, il aurait fallu produire des plants en pépinière, procéder à des plantations et attendre plusieurs années pour obtenir les diamètres adéquats avant de pratiquer les techniques de coupes à tester. Cela prendrait plusieurs années et demanderait des moyens qui sortent du cadre de cette thèse. Ainsi, tout ce qui a été possible de faire, a été de s’assurer une répartition de 60 individus en raison de 30 par espèce dans une grande parcelle ou bloc où les individus à couper dans le cadre de l’expérience sont entremêlés dans le contexte d’un peuplement naturel. Dans le cadre de cet essai, nous disposons de trois blocs de ce genre, distribués dans le sens de la plante dans une portion de savane naturelle de la mise en défens de Keur Mary. Donc nous n’avons pas suffisamment tenu compte de la variabilité spatiale des conditions de vie des Combretaceae du Bassin arachidier. Cependant, en répartissant les individus d’une grande parcelle (60), à un même niveau de la pente, on se rapproche davantage des conditions d’homogénéité stationnelle d’un bloc complet. Mais on ne maîtrise pas le caractère aléatoire de la répartition des traitements. On ne peut pas parler rigoureusement de blocs complets randomisés. L’autre limite d’un tel dispositif en milieu réel rejoint la nécessité de travailler dans un contexte où les savoirs et perception des partenaires n’entrent pas dans le cadre scientifique. En effet, en milieu non contrôlé, les traitements mis en place subissent la possibilité de rencontrer plusieurs biais :

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- la circulation libre des troupeaux et des hommes peut entraîner non seulement la destruction de certains bourgeons proventifs et surtout adventifs mais aussi de certains rejets notamment adventifs; - les intempéries (vents, pluies) peuvent aussi arracher les rejets adventifs ;

Il manque enfin dans ce travail un suivi spatio-temporel du comportement des espèces étudiées pour tenir compte de la variabilité spatiale et temporelle des conditions de vie et de croissance des plants testés.

Dans un tel contexte, l’interprétation des observations enregistrées, analysées et présentées dans ce chapitre devrait tenir compte des biais rappelés ici. Ces biais peuvent en effet influencer les effectifs de proventifs comparés à ceux des adventifs. Mais, ils pourraient indirectement influencer les hauteurs et diamètres atteints par les tiges en agissant sur le nombre de répétitions d’individus ayant conduit au calcul des moyennes de hauteurs et de diamètres.

5.7. Conclusion

Les types de rejets qui concordent avec la durabilité de la ressource sont les proventifs qui peuvent lorsqu’ils sont bas s’enraciner et s’affranchir. Ces rejets sont en général plus importants à 20 cm de hauteur de coupe quel que soit le diamètre et l’espèce. Cependant, observant le nombre de rejets, la croissance en hauteur et en diamètre, on aurait de meilleurs résultats en coupant haut. Ce qui en se justifiant par une exigence en sève plus importante (causant l’épuisement plus rapide des souches) permet de dire que ce mode de gestion haute des tiges colle mieux à la pratique actuelle de révolution courte dans les taillis à Combretaceae du Bassin arachidier au Sénégal. Mais pour combien de temps encore ? Aussi, dans une perspective de durabilité, on devrait tendre vers la production davantage de proventifs que d’adventifs. Ce faisant, on réduit le rythme de croissance aussi bien en diamètre qu’en hauteur en privilégiant la coupe à hauteur intermédiaire c’est-à-dire à 20 cm, fatiguant moins les souches. Mais inversement, on pourrait penser que ce que l’on perd en terme de croissance en hauteur et en diamètre, on le récupérerait en terme de nombre de tiges proventives et en favorisant leur croissance par l’élimination des gourmands (adventifs). Pour le vérifier, il faudrait quantifier la biomasse comparée d’une part entre le système de coupe haute et basse, et d’autre part la production avec ou sans gourmands. En réduisant ou éliminant les tiges adventives au profit des proventifs, on rattraperait peut-être le déficit de croissance, partant le déficit de production et du coup concilier productivité et durabilité de la ressource ligneuse. Il est alors proposé de couper C. glutinosum à 20 cm de haut et G. senegalensis à 20 cm de haut des tiges jeunes et à 50 cm de haut des tiges âgées.

Discussion générale, conclusions générales et perspectives

   

Chapitre 6. Discussion générale, conclusions générales et