PARTIE 3 : MATERIELS ET METHODES
VI. Evaluation biochimique du phénotype musculaire
VI.1. Electrophorèse des MHC
Cette analyse a pour objectif d’évaluer la distribution des différentes isoformes de MHC
présentes dans le muscle. Le protocole de cette technique de référence est bien décrit dans la
140
VI.1.A. Extraction
Une tranche complète de muscle (10 à 20 mg pour le plantaris et environ 5 mg pour le
soléaire) est découpée au scalpel et diluée dans 7 volumes de tampon d’extraction spécifique
(solution d’eau ultrapure avec 0,3 M de NaCl, 0,1 M de NaH
2PO
4, 0,05 M de Na
2HPO
4, 0,01
M de Na
4P
2O
7, 1 mM de MgCl
2-6H
2O, 10 mM d’EDTA, 1,4 mM de β-Mercapto-Ethanol, pH
= 6,5). Le muscle est ensuite dilacéré et incubé 24 h à 4°C. L’extrait est ensuite centrifugé à
13 500 g pendant 15 min à 4°C, puis le surnageant prélevé est dilué au demi dans du glycérol
afin de faciliter la séparation des différentes isoformes de MHC. Les extraits sont ensuite
conservés à -20°C jusqu’à leur utilisation.
VI.1.B. Séparation des isoformes de MHC
Du tampon de charge contenant 5% de β-Mercapto-Ethanol est utilisé pour diluer les
extraits protéiques avant leur dépôt. Les dilutions utilisées varient en fonction du muscle
(plantaris ou soléaire), des durées d’application de la surcharge fonctionnelle et des temps de
récupération post-lésionnels (tableau 3.VI.1). Les échantillons dilués sont ensuite chauffés au
bain sec pendant 8 min à 95°C.
10 µL d’extrait dilué sont ensuite déposés dans les puits du gel d’électrophorèse. Un
échantillon témoin contenant l’ensemble des isoformes de MHC est déposé sur chaque gel
d’électrophorèse afin d’évaluer la qualité de la séparation des bandes de MHC. La
composition des gels de concentration et de séparation est différente de celle des gels utilisés
en Western Blot, en particulier du fait de la présence de glycérol (tableau 3.IV.2). Les gels de
0,75 mm d’épaisseur sont ensuite positionnés dans des cuves Mini-Protean II (Biorad). Le
tampon de migration intérieur est du TGS 1x (Biorad) et le tampon de migration extérieur est
du TGS 0,5x (Biorad). 84 µL de β-Mercapto-Ethanol sont également ajoutés dans le tampon
de migration intérieur pour favoriser la destruction des ponts disulfures des protéines. La
migration est réalisée à 72 V pendant 31 h à 4°C.
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Tableau 3.VI.1. Dilution des échantillons pour électrophorèse des isoformes de MHC.
Muscle Groupe Dilution
Contrôle 1/400
Overload J5 1/100
Overload J12 1/200
Overload J56 1/250
Intact 1/300
Régénéré J3 1/20
Régénéré J7 1/150
Régénéré J14 1/150
Régénéré J28 1/300
Plantaris
Soléaire
VI.1.C. Coloration des protéines au nitrate d’argent
La technique de coloration au nitrate d’argent est constituée des étapes suivantes :
L’étape de Fixation. Les gels sont incubés dans une solution de fixation (45% de
méthanol, 10% d’acide acétique et 0,5 mL.L
-1de formaldéhyde 37%) pendant une
durée comprise entre 3 et 72h.
L’étape de prétraitement. Après trois lavages successifs de 20 min dans une solution
d’éthanol à 50%, les gels déshydratés et devenus blanchâtres sont agités pendant 45
sec dans une solution de thiosulfate de sodium à 0,2 g.L
-1.
L’étape de coloration. Après trois rinçages de 20 sec à l’eau ultrapure, les gels sont
placés pendant 30 min dans une solution de coloration composée de 2 g.L
-1de nitrate
d’argent et de 0,75 mL.L
-1de formaldéhyde 37%.
L’étape de développement. Après trois rinçages de 20 sec à l’eau ultrapure, les gels
sont mis en contact avec une solution de développement contenant 60 g.L
-1de
carbonate de sodium, 0,5 mL.L
-1de formaldéhyde 37% et 4 mg.L
-1de thiosulfate de
sodium. Les bandes des différentes isoformes de MHC apparaissent alors
progressivement en quelques minutes. Avant que les bandes ne deviennent saturées, la
solution de développement est éliminée et la réaction est arrêtée dans la solution de
fixation (sans formaldéhyde), laquelle sert également à conserver les gels.
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VI.1.D. Quantification
Les gels sont ensuite numérisés par un scanner (GS800 Biorad) et les différentes
isoformes sont quantifiées de manière relative par densitométrie à l’aide du logiciel Quantity
One (Biorad). La somme des pourcentages des différentes isoformes est donc égale à 100. La
distribution des isoformes de MHC pour l’échantillon témoin est comparée entre les différents
gels pour vérifier la bonne reproductibilité de la technique.
VI.2. Analyses des activités enzymatiques
L’activité d’une enzyme est déterminée à partir de la quantité de substrat que l’enzyme
est capable de transformer par unité de temps dans des conditions expérimentales bien
définies (pH, température, concentration du substrat, dilution de l’échantillon). L’analyse des
activités enzymatiques est réalisée par spectrophotométrie. Cette technique consiste à suivre
la cinétique d’évolution d’un produit ou d’un réactif grâce à son spectre d’absorption
spécifique, localisé dans le domaine du visible.
VI.2.A. Extraction des enzymes
Une coupe transversale de muscle (10 à 20 mg pour le plantaris et 5 à 8 mg pour le
soléaire) est découpée au scalpel et diluée dans 19 volumes de tampon d’extraction spécifique
(solution d’eau ultrapure avec 5 mM d’HEPES [Acide
N-(2-hydroxyéthyl)piperazine-N’-2-éthanesulfonique], 1 mM d’EGTA, 0,1% de Triton, et 1 mM de DTT ajouté
extemporanément ; pH = 8,7), avant d’être broyée par agitation avec des billes jetables (2 min
à 30 Hz dans le broyeur Rescht MM300). Les broyats tissulaires sont ensuite incubés à 4°C
pendant une heure avant d’être congelés à -80°C. Cette extraction enzymatique permet
d’évaluer l’activité de la CS, la COX et la LDH.
VI.2.B. Mesure de l’activité de la citrate synthase
L’activité de la citrate synthase est évaluée à partir de la mesure de l’apparition de l’ion
mercaptide (C6O4S
2-), qui absorbe à une longueur d’onde 412 nm. Cette mesure est réalisée à
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Acétyl-CoA + Oxaloacétate + H
2O CS Citrate + Co-enzymeA + H
+Co-enzymeA-SH + DTNB Co-enzymeA-S + C
6O
4S
2-+ H
+Pour chaque série de mesures, une cuve contenant 1 mL de tampon d’extraction est
présente dans le dernier emplacement du spectrophotomètre afin de contrôler la stabilité de la
mesure au cours de l’expérimentation.
Une première mesure de 3 min à 30°C est réalisée dans des cuves de 1,5 mL contenant
940 µL de tampon de mesure (810 µL d’eau ultrapure, 100 µL de DTNB Ellman’s
[5.5’-dithiobis-(2-Nitrobenzoic acide)] à 10 mM dans du Tris-HCl à 1 M, et 30 µL d’actélyl-CoA à
10 mM) et 10 µL d’échantillon dilué (1/5 pour le plantaris et 1/4 pour le soléaire). Cette
mesure sans réactif permet d’obtenir l’état initial de la réaction (pente 1).
La réaction est ensuite initiée par l’ajout de 50 µL d’oxaloacétate à 10 mM et
l’apparition de l’ion mercaptide est évaluée pendant 3 min. L’évolution de l’absorbance
permet de déterminer la pente 2.
L’activité de la CS est déterminée en unités internationales par gramme de poids frais
(UI.g
-1) à partir de la loi de Beer-Lambert:
CS (UI) = [pente 2 – pente 1) x 10
6] / (∑ x A x B x C)
∑ = coefficient d’extinction molaire de l’ion mercaptide = 13 600 L.mol
-1.cm
-1A = dilution de l’extrait dosé
B = Dilution de l’extrait lors du dosage = 1/100
C = concentration massique de l’échantillon = 50 mg.mL
-1VI.2.C. Mesure de l’activité de la cytochrome c oxydase
Cette analyse enzymatique n’a été réalisée que dans l’expérimentation « Hypertrophie
de surcharge en hypoxie ». L’activité de la cytochrome c oxydase (COX) est évaluée à partir
de la mesure de la disparition du cytochrome c réduit, qui absorbe à une longueur d’onde de
550 nm et qui possède un coefficient d’extinction molaire égal à 18 500 L.mol
-1.cm
-1. Les
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Cyt c réduit + O
2COX Cyt c oxydé + H
2O
La première étape consiste à mesurer l’absorbance de 1 mL de solution de cyt c (50 µM
de cyt c de cheval, 25 mM de K
2HPO
4, pH = 7,4) réduit à 90%. On obtient alors l’état initial
de la réaction (pente 1). Ce niveau de réduction est atteint lorsque l’ajout progressif de
dithionite de sodium permet d’obtenir une absorbance correspondant à 90% de celle de la
solution de cyt c totalement réduit. Une cuve de référence contenant 1 mL de solution de cyt c
totalement oxydé (50 µM de cyt c de cheval, 25 mM de K
2HPO
4, 10 mg de ferricyanure de
potassium, pH = 7,4) est également placée dans le spectrophotomètre.
La seconde mesure est réalisée après l’ajout de 40 µL d’échantillon dilué au 1/5. La
variation de l’absorbance permet de calculer la pente 2.
L’activité de cette enzyme est déterminée en IU.g
-1à partir de la loi de Beer Lambert
décrite dans l’analyse de l’activité de la CS.
VI.2.D. Mesure de l’activité de la lactate déshydrogénase
Cette analyse enzymatique n’a été réalisée que dans l’expérimentation « Régénération
musculaire en hypoxie ». L’activité de la LDH est évaluée à partir de la variation de
l’absorbance induite par la disparition de son co-enzyme, le NADH,H
+. Ce dernier absorbe à
une longueur d’onde de 340 nm et son coefficient d’extinction molaire est égal à 6 220 L.mol
-1