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5 QUATRIÈME CHAPITRE : ANALYSE DU CORPUS

5.4 Cinquième discours : une Europe qui s’impose face au monde

5.4.2 Une Europe soutenue et encadrée

Dans ce discours, la place de l’orateur est particulièrement renforcée. En effet, le président de l’Union européenne, l’orateur, ainsi que l’ensemble des dirigeants qui composent l’Europe apparaissent comme les piliers de l’Europe, l’aidant à s’imposer dans son nouveau rôle. Nous allons voir que Nicolas Sarkozy confère une place majeure aux dirigeants européens dans le processus qui vise à faire de l’Europe une puissance mondiale.

Dans un premier temps, concentrons-nous sur l’introduction de son discours. En effet, celle-ci vise en premier lieu à établir l’honnêteté et la crédibilité de l’orateur. Nous lisons par exemple : « Dans la crise de confiance qui frappe l’économie mondiale nous avons plus que jamais besoin de vérité. Le doute est le principal ennemi que nous ayons à combattre » (l. 12 à 14). Dans cette déclaration, l’orateur suggère déjà son intention de dire la « vérité » concernant la situation. Il utilise également le terme « doute » qu’il associe avec « le principal ennemi ». Nous comprenons alors que Nicolas Sarkozy tente d’établir sa volonté d’être totalement honnête envers ses citoyens. Il renforce ses propos quelques lignes plus loin, alors qu’il explique :

« Dire la vérité, c’est peut-être risqué. Mais, à mes yeux, c’est moins risqué que le mensonge. Dire la vérité, c’est nécessaire si l’on veut que les Français puissent avoir confiance, si l’on veut que la parole de l’État soit crédible » (l. 20 à 23)

97 Le lexique de l’honnêteté qui est utilisé dans cette déclaration est significatif : « vérité », « mensonge », « confiance », « crédible ». La « vérité » apparaît être l’élément déterminant dans cette introduction. En effet, Nicolas Sarkozy répète à plusieurs reprises que son but est de « dire la vérité ». De plus, il déclare également « c’est moins risqué que le mensonge », ce qui suggère que le mensonge sera effectivement absent de son discours. Nicolas Sarkozy s’assure ainsi que ses propos qui suivront auront une certaine crédibilité aux yeux de l’auditoire. L’auditoire est donc mis en confiance et plus encore, il comprend que l’orateur souhaite agir pour son bien.

Après avoir instauré un climat de confiance dès l’introduction de son discours, Nicolas Sarkozy se place en protecteur de l’Europe tout au long de son discours. En effet, à plusieurs reprises, il semble donner des conseils à l’Europe :

« Il faut que l’Europe se prépare. Il ne faut pas qu’elle soit la variable d’ajustement du nouvel ordre mondial. Il ne faut pas qu’elle soit naïve, il ne faut pas qu’elle laisse ses entreprises à la merci de tous les prédateurs, il ne faut pas qu’elle soit la seule au monde à ne pas défendre ses intérêts, à ne pas protéger ses citoyens. Il faut que l’Europe tire les leçons de ce qui s’est passé » (l. 182 à 186)

Il est intéressant de noter que l’orateur parle de l’Europe comme d’un acteur extérieur à la situation (« il ne faut pas qu’elle soit naïve », « il ne faut pas qu’elle soit la seule au monde à ne pas défendre ses intérêts »). Dans chacune de ses phrases il utilise le verbe « falloir », suggérant le caractère obligatoire des actions qu’il propose. C’est comme si, pour réussir, l’Europe se devait de suivre les conseils présentés par l’orateur.

Dans l’ensemble, cette déclaration a pour effet de placer l’orateur comme le protecteur de l’Europe. En effet, il apparaît soucieux du bien-être de l’Europe et il

souhaite qu’elle parvienne à faire face à la situation en adoptant ses conseils. Il renforce cette idée dans les lignes qui suivent :

« Dans le monde qui vient, elle [l’Europe] aura besoin d’un plus grand volontarisme que par le passé. Elle aura besoin d’une politique commerciale pour répondre aux dumpings de toutes sortes. Elle aura besoin de politiques industrielles. Elle aura besoin de politiques économiques. L’Europe ne peut pas être la seule au monde à ne pas en avoir. Elle ne peut pas être la seule à faire de la concurrence une fin en soi quand toutes les autres régions du monde ne se servent de la concurrence que comme d’un moyen » (l. 188 à 194)

Nous comprenons dans un premier temps que l’Europe doit faire face à une situation nouvelle (« Dans le monde qui vient »). Une fois encore, Nicolas Sarkozy se place en protecteur de l’Europe en définissant les besoins et les devoirs de l’Europe. Cependant, dans ces propos, il ne s’adresse pas à l’Europe en tant que telle, mais plutôt aux personnes qui l’entourent et la composent. En effet, l’ensemble des éléments qu’il recommande doit être mis en place par des personnes physiques (une politique commerciale, industrielle et économique). Nous pouvons d’ailleurs noter que, contrairement à la déclaration précédente, ses phrases débutent par « elle aura besoin » au lieu de « il faut que l’Europe ». Autrement dit, dans la déclaration précédente Nicolas Sarkozy s’adresse à l’Europe en lui prodiguant des conseils essentiels pour son avenir, alors que dans cette seconde déclaration il s’adresse plus directement aux acteurs qui peuvent répondre à ses besoins. Il tente alors de faire prendre conscience aux dirigeants européens de l’importance de leur contribution dans le développement de l’Europe.

L’importance du rôle des dirigeants européens dans l’essor de leur nation apparaît une nouvelle fois dans son discours lorsqu’il déclare :

« Il y a aujourd’hui dans le monde une exigence de moralisation, de transparence, de protection, d’équité, de régulation à laquelle il faut que les responsables politiques de la planète répondent. C’est notre

99 responsabilité. Nous devons l’assumer, maintenant, pas dans six mois. (l.

138 à 141)

Dans cette déclaration, Nicolas Sarkozy ne fait pas directement référence aux dirigeants européens. Cependant, il parle des « responsables politiques de la planète » et utilise le « nous ». Autrement dit, ces « responsables politiques » incluent naturellement les responsables politiques de l’Union européenne. De plus, l’évocation du « nous » a pour effet d’englober l’ensemble des dirigeants politiques, y compris Nicolas Sarkozy qui est le représentant officiel de l’Europe à ce moment précis. Par ces propos, l’orateur montre que ces dirigeants politiques se doivent de « répondre » à certaines « exigences » mondiales qui sont nées avec la crise (la « transparence », la « protection », l’« équité » et la « régulation »). C’est donc un devoir pour les dirigeants de la planète, y compris ceux de l’Union européenne. Il renforce la place de ces dirigeants en déclarant : « C’est notre responsabilité » et « nous devons l’assumer ». En effet, il les place comme responsables de leur nation et leur fait comprendre qu’ils se doivent d’assumer leur rôle.

Par l’ensemble des déclarations présentées ci-dessus, nous comprenons que Nicolas Sarkozy se place en protecteur de l’Europe en lui donnant des conseils précieux pour assurer sa nouvelle place dans la gouvernance mondiale. De plus, nous comprenons également que l’orateur souhaite montrer que sa communauté est encadrée et soutenue pas les dirigeants européens qui sont prêts à assumer pleinement leurs fonctions dans la nouvelle gouvernance politique qui se dessine.