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5 QUATRIÈME CHAPITRE : ANALYSE DU CORPUS

5.3 Quatrième discours : l’émergence d’une nouvelle Europe

5.3.2 Une Europe pleine de qualités

Tout au long de ce quatrième discours, nous retrouvons des références à l’Europe qui participent à la définir comme une communauté pleine de qualités.

Dans un premier temps, nous pouvons lire :

« Cette Europe, nous avons voulu d’abord qu’elle soit unie- ce qui n’a pas été simple -, qu’elle ait une pensée indépendante - parce que le monde a besoin de la pensée de l’Europe -, et qu’elle soit volontariste » (l. 29 à 31)

Nous remarquons ici que l’Europe est clairement définie comme étant unie, indépendante d’esprit et volontariste.

L’unité européenne, énoncée dans cette première déclaration, est d’ailleurs une qualité omniprésente dans ce discours. En effet, tout au long de celui-ci, Nicolas Sarkozy cherche à mettre en évidence une Europe identifiée comme étant unie. Le thème de l’unité revient vingt-six fois dans ce discours. Nous relevons la présence du champ lexical de l’unité tout au long du discours : « unité » (l. 20, l. 102, l. 330) ; « consensus » (l. 27) ; « main dans la main » (l. 22, l. 25-26, l. 54) ; « unie » (l. 16, l. 29, l. 272) ; « associé » (l. 17) ; « commun » (l. 99, l. 103) ; « ensemble » (l. 115, l. 283) ; « mettre d’accord » (l. 107, l. 122, l. 227) ; « marquer la même heure » (l. 132) ; « solidarité » (l. 327). De façon très générale, nous remarquons que Nicolas Sarkozy fait appel au thème de l’unité lorsqu’il évoque les actions déterminantes de l’Europe (l. 97 à 132). Cependant, dans les premières lignes de son discours (l. 15 à

83 32), il existe aussi une forte présence de ce thème sans rapport direct avec une action précise. Ce début du discours vise à montrer à l’auditoire l’unité des dirigeants européens dans une situation de crise grave. C’est une façon pour Nicolas Sarkozy de prouver que l’Europe est capable de faire preuve d’unité mais également de montrer que l’unité est l’un des traits dominants de l’Europe. À travers l’ensemble de son discours, Nicolas Sarkozy montre donc à son auditoire que la volonté des dirigeants européens de créer une Europe unie est réellement mise en action.

Un peu plus loin dans le discours, Nicolas Sarkozy déclare :

« On peut donc défendre nos idées sur le respect de la souveraineté, sur le respect de l’intégrité de la Géorgie, sur les droits de l'Homme, sur les différences que nous avons avec ceux qui dirigent la Russie. Mais il eût été irresponsable de créer les conditions d’un affrontement dont nous n’avons nul besoin » (l. 58 à 62)

À travers cette déclaration, nous comprenons que l’Europe défend des principes qui lui sont chers tels que le respect de la souveraineté, de l’intégrité de la Géorgie et des droits de l’Homme. Nous comprenons également que les « idées » défendues par l’Union européenne sont en contradiction avec les agissements du gouvernement russe (« les différences que nous avons avec ceux qui dirigent la Russie »). Autrement dit, l’implication de l’Union européenne dans le conflit russo- géorgien s’explique par la volonté de l’Europe de défendre certains principes propres aux démocraties. En cela, elle est donc prête à prendre le risque de s’ingérer dans un conflit qui n’est pas le sien au nom des principes démocratiques. De plus, la dernière phrase de cette déclaration suggère la sagesse et la maturité dont fait preuve l’Europe (« il eût été irresponsable de créer les conditions d’un affrontement dont nous n’avons nul besoin »). En effet, par l’emploi du terme « irresponsable » Nicolas Sarkozy

montre que l’Europe est totalement « consciente » des conséquences néfastes qu’engendreraient certaines décisions. Par cette déclaration, l’orateur explique que les principes européens doivent être défendus mais de façon intelligente. C’est d’ailleurs dans cette perspective que s’est également déroulé son rôle de médiateur.

Nicolas Sarkozy déclare également plus loin dans son discours : « Je vois naturellement toutes les ambiguïtés, toutes les insuffisances, tous les compromis qu’il a fallu faire. Mais en conscience j’estime que nous avons obtenu le maximum de ce qui était possible et surtout, Monsieur le Président du Parlement européen, que si l’Europe n’avait pas fait entendre la voix du dialogue et la voix de la raison, qui l’aurait fait ? » (l. 72 à 76)

L’orateur explique qu’il reconnaît les difficultés survenues pendant la médiation du conflit. Cependant, il déclare que l’Europe a joué son rôle et a effectué sa mission du mieux qu’elle a pu. Par ces propos, nous comprenons que Nicolas Sarkozy montre que l’Europe s’est investie au maximum et qu’elle a pris son rôle très au sérieux même si elle est consciente des insuffisances de la médiation. De plus, la forme interrogative : « Si l’Europe n’avait pas fait entendre la voix du dialogue et la voix de la raison, qui l’aurait fait ? » suggère le dévouement dont a fait preuve l’Europe au cours de cette mission. En effet, c’est non seulement elle qui a permis d’instaurer de nouveau le dialogue et de faire entendre raison aux différentes parties, mais elle a également été la seule à bien vouloir remplir ce rôle. En cela, nous pouvons penser que l’Europe a fait preuve de bienveillance envers le reste du monde afin d’éviter une nouvelle guerre. Cette déclaration a alors pour effet de donner l’image d’une Europe impliquée, réaliste face à la situation et faisant preuve de dévouement.

Nicolas Sarkozy déclare également : « L’Europe doit être juste et ne pas hésiter à sortir de schémas idéologiques pour porter un message de paix » (l. 39-40).

85 En ce sens, l’Europe doit agir en veillant à toujours rester juste dans ses décisions mais elle doit également incarner un message de paix aux yeux du monde. Nous pouvons également noter que Nicolas Sarkozy met en évidence la modestie de l’Europe en déclarant : « Ce plan Paulson II s’inspire très largement du plan européen. Il n’y a aucune gloriole à en tirer » (l. 128-130) et également : « Mais tout ceci, c’est de la gestion de crise, Monsieur le Président. Ce n’est rien d’autre que de la gestion de crise. Ce n’est pas plus. Si on ne l’avait pas fait, qu’est-ce qui se serait passé ? » (l. 134 -136). A travers ces deux énoncés, Nicolas Sarkozy fait preuve de modestie et montre que l’intérêt premier de l’Europe est d’abord de résoudre les crises, sans nécessairement en tirer un bénéfice. Ainsi, la modestie est une autre qualité définissant l’Europe.

A travers ces différentes déclarations, nous remarquons que Nicolas Sarkozy insiste sur les qualités de l’Europe. Voici en résumé l’ensemble des qualités mises en évidence plus ou moins directement par Nicolas Sarkozy dans ce discours : unie, bienveillante, impliquée, mature, sage, dévouée, volontariste, modeste, juste, ayant une pensée indépendante, incarnant un message de paix et œuvrant pour le respect et la défense des principes démocratiques. En somme, l’Europe détient toutes les qualités d’une nation prête à devenir une puissance mondiale.

Après avoir mis en évidence la puissance et les qualités de l’Europe, nous pouvons maintenant expliquer un troisième procédé visant à montrer une Europe qui prend une plus grande place au sein de la politique internationale.