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5 QUATRIÈME CHAPITRE : ANALYSE DU CORPUS

5.3 Quatrième discours : l’émergence d’une nouvelle Europe

5.3.3 Une Europe qui s’affirme

Cette partie vise à mettre en évidence les procédés rhétoriques par lesquels Nicolas Sarkozy cherche à créer l’image d’une Europe qui est de plus en plus présente et active au sein de la politique internationale. Cet aspect est d’ailleurs manifeste dans le discours lorsque Nicolas Sarkozy déclare que « cela faisait longtemps, me semble t-il, que l’Europe n’avait pas joué un tel rôle dans un conflit de cette nature » (l. 70-72). Nous comprenons alors que l’implication de l’Europe dans le conflit marque un renouveau.

Dès les premières lignes du discours, Nicolas Sarkozy met de l’avant l’importance d’imposer la « voix » et les propositions de l’Europe. En effet, il déclare : « On fera avancer l’Europe si le Parlement européen, si la Commission et si le Conseil trouvent sur les grands sujets la voie du consensus pour faire entendre la parole de l’Europe » (l. 26 à 28). Par cette déclaration, nous comprenons que l’Europe a besoin d’imposer ses idées et ses propositions pour lui permettre d’avoir un poids plus important dans les débats internationaux. Nous retrouvons d’ailleurs plusieurs déclarations de Nicolas Sarkozy dans le discours participant à renforcer l’idée d’une Europe qui impose ses idées et ses propositions : « Si l’Europe a des choses à dire, qu’elle ne se contente pas de les dire, qu’elle les fasse » (l. 31-32) ou encore « L’Europe doit proposer ses idées et elle les proposera » (l. 149). Par ces déclarations, nous remarquons un certain changement dans la façon d’agir de l’Europe. Nous comprenons que Nicolas Sarkozy tente de montrer que l’Europe ne fera pas que suggérer des idées mais qu’elle sera prête à les mettre en action et à aller jusqu’au bout des idées qu’elle défend. L’Europe doit dorénavant s’imposer face au monde et montrer qu’elle est active dans la vie diplomatique internationale. A la fin

87 de son discours, Nicolas Sarkozy réitère cette nouvelle facette de l’Europe en déclarant : « Je voudrais simplement, en terminant, dire que pour le monde, il faut une Europe qui parle d’une voix forte » (l. 321-323). En terminant son discours par ce propos, il montre toute l’importance que représente l’idée d’une Europe qui s’affirme.

Nicolas Sarkozy présente également l’Europe comme une communauté qui doit défendre ses idées et ne pas hésiter à les faire entendre. Dans un premier temps, il annonce cette prise de position de l’Europe de façon plutôt passive et discrète en déclarant : « Je voudrais surtout que l’Europe porte un regard sur la gouvernance mondiale du XXIème siècle » (l. 164-165). Son propos prend davantage d’ampleur lorsqu’il déclare : « Quel doit être l’objectif de l’Europe dans le cadre de ce sommet ? L’Europe doit porter l’idée d’une refondation du capitalisme mondial » (l. 143-145). Il parle alors « d’objectif » que l’Europe doit atteindre mais également de l’Europe comme une communauté porteuse d’idées politiques. En utilisant ce propos (« l’Europe doit porter l’idée »), il confère une certaine ambition à l’Europe et la rend beaucoup plus active dans le monde politique. L’Union européenne est alors perçue comme la nouvelle nation qui prend de plus en plus part à la gouvernance de la politique mondiale.

Il prend également à partie les dirigeants européens dans cette nouvelle forme d’affirmation de l’Europe. Il fait comprendre à l’ensemble de l’auditoire que l’image d’une Europe qui s’affirme pourra être réellement mise en action avec le soutien de ses dirigeants :

« Cette question de la refondation de notre capitalisme et de notre système international est un sujet pour le Parlement européen qui doit en débattre, qui doit porter ces idées. Et l’Europe doit parler d’une même voix pour avoir une chance de se faire entendre » (l. 172 à 176)

Nous comprenons alors que les dirigeants européens doivent s’impliquer davantage dans la gouvernance mondiale et surtout amener les idées et les propositions de l’Europe au devant de la scène politique. Nicolas Sarkozy met l’accent sur l’importance de créer un consensus auprès des dirigeants européens (« l’Europe doit parler d’une même voix ») dans le but de donner un certain poids aux propositions européennes (« pour avoir une chance de se faire entendre »). C’est donc à travers l’ensemble de ces déclarations que Nicolas Sarkozy semble montrer que l’Europe est désormais prête à affirmer ses idées et ses propositions au devant de la scène politique internationale.

Enfin, nous remarquons que le président de l’Union européenne souhaite que sa communauté se mesure aux autres grandes puissances mondiales. En effet, il déclare par exemple : « Cela veut dire que l’Europe doit poser une réponse unie et une réponse qui ne doit pas être naïve, face à la concurrence des autres grandes régions du monde » (l. 271 à 273). Il déclare aussi que « la crise appelle à ce que l’Europe puisse apporter une réponse aussi puissante et aussi rapide que tel autre ensemble mondial » (l. 281 à 283). Par ses propos, Nicolas Sarkozy place l’Europe au rang des grandes puissances mondiales. C’est une façon pour lui de montrer que l’Europe s’impose et existe au même titre que les autres grandes puissances.

Tout au long de cette troisième section de notre analyse nous avons cherché à mettre en évidence les caractéristiques de l’Europe qui participent à l’imposer comme une nouvelle puissance mondiale. Nous avons vu que Nicolas Sarkozy présente l’Europe comme une communauté puissante et pleine de qualités pour ensuite montrer comment cette nouvelle Europe peut s’affirmer. Cette section marque un

89 véritable tournant dans notre analyse car elle nous permet de comprendre toute l’importance de la mise en place des deux premières sections. En effet, il montre comment les deux situations de crise ont permis à l’Europe de se créer une nouvelle image aux yeux du monde. Nous allons maintenant analyser le dernier discours de notre corpus qui montre comment l’Europe s’impose face au nouveau monde qui est en train de se dessiner.