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3 / Etudes, financement et réalisations techniques en 1976 :

Dans le document GANIL, Matière à Histoire (Page 80-83)

L’année 1976 est véritablement décisive quant à la mise sur de bons rails de la phase de réalisation du laboratoire. Depuis juin 1976, une maquette _ d’un des secteurs

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PV du Comité scientifique du GANIL du 21 avril 1976, Documentation GANIL

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PV du Comité scientifique du GANIL du 7 juin 1977, Documentation GANIL

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magnétique est opérationnelle dans l’un des halls de Saturne à Saclay56. L’appareillage des mesures magnétiques a également été mis au point et a permis d’établir la carte de champ en valeur intégrale et d’étudier l’influence du champ à la pointe du secteur. A partir de la mi-décembre 1976, et afin de mieux connaître la région centrale, un ensemble plus complet d’appareillages a été réalisé avec 4 pointes de secteurs. Quant aux études mécaniques, elles sont faites au cours de cette année en collaboration avec des constructeurs qui seuls savent faire l’usinage de grosses pièces dont le poids dépasse les 60 tonnes. Ces études ont été confiées à Creusot-Loire et Brown-Boveri, qui rendent leurs conclusions en décembre.

Les études de haute fréquence sont pour leur part conduites à Orsay avec un amplificateur de 30 kW et une cavité de 3 m de long et de 1 m de diamètre57. Elles servent à vérifier la tension maximum de claquage et le courant maximum que l’on peut faire passer dans les contacts mobiles. Les premiers résultats apparaissent ainsi comme satisfaisants par rapport aux résultats escomptés. Le groupe de mécanique étudie quant à lui tout le berceau de la cavité.

Pour ce qui est des chambres à vide, le programme d’études prend du retard au cours de cette année en raison du manque de personnel adéquat. Cependant, les techniciens disposent vers la fin de l’année du principe d’une enceinte à vide, et les calculs de contraintes dans les parois, ainsi que l’étude de la jonction à l’environnement, les aimants et les cavités accélératrices, sont en cours d’acquisition.

Afin de régler le problème de l’établissement des codes de calcul de trajectoire suffisamment précis pour le cyclotron injecteur Co, il a été décidé de recourir à l’expérimentation et un programme de mesure à effectuer sur un modèle de cyclotron existant au CERN a été lancé dans le cadre d’une convention de recherches passée entre le GANIL et l’organisme européen.

Un point tout particulier étudié au cours de l’année 1976 concerne le système d’injection dans les CSS58. En effet, les études détaillées des conditions d’injection ont montré que la disposition géométrique de centre de CSS1 dépendait fortement de la vitesse des ions entrants. Il en résulte qu’il faudrait intervenir sur CSS1 plusieurs jours pour passer du mode CSS1 solo au mode CSS1 premier étage vers CSS2. Il est donc proposé d’utiliser de façon courante soit la voie Co + CSS1 + CSS2, soit la voie Co + CSS2, le centre du CSS2 étant adapté aussi bien à l’entrée des ions venus de CSS1 après épluchage que celle des ions venus de Co avec état de charge élevé. Co + CSS1 ne serait alors utilisée qu’en cas de panne longue durée sur CSS2, la durée justifiant une intervention de l’ordre d’une semaine sur le centre de CSS1.

Pour rester dans le même domaine, il faut signaler que plusieurs idées qui seront retenues par la suite voient le jour en 1976. Ce fourmillement d’idées peut être

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Annexe 16, photographie de la maquette

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Annexe 17, photographie de la cavité accélératrice expérimentale

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d’ailleurs personnifié par les « journées GANIL », qui se sont tenues en juin 1976 à SUPELEC Orsay et qui ont rassemblé plus de 80 personnes59. Il s'agissait d’une première prise de conscience et d’une réflexion sur les choix à faire en matière de gros équipements et de dispositifs expérimentaux à partir des connaissances sur les expériences réalisées dans le monde à cette période. Il ressort de ce séminaire que les choix des dispositifs doivent se faire en collaboration étroite avec les physiciens qui réaliseront leurs expériences au GANIL, mais également que ces gros équipement doivent être conçus dans le cadre d’une concertation nationale. Cependant, en 1976, il est impossible de lancer de véritables études car il émane de ce colloque une volonté de créer des dispositifs expérimentaux modernes et innovants. Il ne faut absolument pas reconstruire des dispositifs existants. Sur ce point, les physiciens sont tout particulièrement attentifs aux progrès réalisés au GSI de Darmstadt. Malgré tout, des idées assez novatrices sont explicitées lors de ces discussions. Depuis le mois de mai, elles concernent l’utilisation d’un spectromètre placé à la sortie des CSS indispensable au contrôle de la résolution en énergie de la machine, à son réglage et donc à son bon fonctionnement. Le groupe de travail sur les aires expérimentales recommande donc très vivement la mise en œuvre d’un spectromètre à 2 aimants délivrant un faisceau achromatique. Ce groupe travaille également sur le partage du faisceau, et insiste sur un partage en temps, au lieu d’un partage par septum comme prévu dans le projet initial. En effet, un prélèvement court permet d’envoyer un faisceau secondaire vers une salle où se prépare une expérience. Cette méthode peut être appliquée grâce à des aimants pulsés. Le groupe continue à étudier ces différentes hypothèses. Ces nouvelles recommandations ont un effet direct sur l’organisation spatiale des bâtiments. En effet, le spectromètre nécessite une déviation de 90°, ce qui entraîne le déplacement du bâtiment des aires expérimentales à la perpendiculaire du bâtiment machine. Une esquisse de plan masse est ainsi ébauchée en attendant les travaux plus précis de cabinets d’architectes. Dernier point important : l’idée d’une seule ligne de conduite de faisceau distribuant à droite et à gauche, la fameuse « arête de poisson », est maintenue.

Un dernier point assez préoccupant pour le Comité de Direction et le Comité scientifique est le problème du personnel. En effet, l’implantation du GANIL à Caen accroît la charge de travail des différents groupes et commissions. Au 31 décembre 1976, l’effectif GANIL se monte à 84 personnes, ce qui semble assez insuffisant pour les études à venir. Différentes démarches sont effectuées auprès des directions de l’IRF du CEA et de l’IN2P3.

Enfin, concluons cet état des lieux 1976 par la question du budget60. Il est de 33 millions et conforme au calendrier prévu. Mais de grandes inquiétudes naissent quant aux budget 1977 et 1978, car les dotations budgétaires ne seraient pas aussi importantes que prévues. On parle d’une réduction de 30 millions en 1977. Ces problèmes financiers

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Premières Journées GANIL, juin 1976, GANIL, 138 pages, Documentation GANIL

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peuvent retarder la réalisation du projet, et c’est ce qui va se produire. Malheureusement, ce problème de dotations budgétaires revient tout au long de la phase de réalisation du GANIL

Dans le document GANIL, Matière à Histoire (Page 80-83)