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2. Présentation globale et analyse collective des résultats de l’échantillon

2.5 Etude du lien entre compétences langagières et compétences cognitives

Les résultats aux subtests dits des « fonctions transversales » offrent un éclairage intéressant sur ceux des épreuves de langage. L’observation des comportements et stratégies cognitives des sujets aide à comprendre leur fonctionnement attentionnel et exécutif, intriqué avec l’efficience langagière et communicationnelle.

Les troubles de la mémoire auditivo-verbale à court terme décelés objectivement et empiriquement expliquent partiellement les difficultés, car cette compétence sert :

- au traitement perceptif fin des phonèmes et syllabes de la langue ; - à l’apprentissage de lexèmes constitutifs du stock lexical interne ; - à l’organisation de celui-ci aux plans sémantique et phonologique ;

- à la compréhension des phrases entendues, donc à l’intégration et à la maîtrise des structures morphosyntaxiques de la langue.

On peut remarquer en revanche une fréquente réussite au subtest de Mémoire Narrative, montrant qu’une grande partie des sujets possède probablement de bonnes performances en mémoire auditivo-verbale à long terme. Ceci montre qu’ils sont capables de transférer les éléments d’un script entendu vers leur stock à long terme, grâce à leurs capacités de traitement logique et séquentiel.

Des difficultés de vigilance, d’attention focalisée et soutenue, et de concentration ont été repérées chez presque tous les enfants, y compris en début de passation. Elles influencent négativement le développement des compétences cognitives. Nous avons observé des difficultés d’inhibition comportementale (réponses routinières, focalisation sur le sens en fluence phonémique, automatismes verbaux) qui relèvent sans doute d’un dysfonctionnement exécutif. Des difficultés de

relations spatiales et ordinales et des rôles thématiques, pourraient faire partie du tableau.

Les représentations phonologiques semblent très altérées chez presque tous, trop mal organisées pour permettre une évocation fluide de mots commençant par [p], ainsi que pour permettre de manipuler, notamment de substituer, des phonèmes au sein de mots. Ceci pourrait être en lien avec les difficultés de mémorisation et de perception des sons de la langue.

2.6 Analyse de la pragmatique et de la communication

C’est surtout sur l’étude des réponses de l’entourage aux questions de la CCC, outil bien validé, que nous nous sommes basées pour estimer les capacités des sujets à utiliser le langage et à s’adapter dans leur attitude pragmatique en situation de communication. Nous avons pu recueillir une à deux grilles remplies par l’entourage de sept enfants sur les neuf de notre échantillon. Les réponses correspondant à ses parties A et B ont déjà été traitées précédemment.

2.6.1 Aspects purement pragmatiques

Il s’agit de l’étude des performances des enfants aux domaines C à G de la grille. Le domaine de la pragmatique du langage le plus altéré au sein de l’échantillon est celui de la cohérence. La plupart des résultats des enfants sont en effet déficitaires dans cette compétence qui relève à la fois de la pragmatique et de l’organisation du discours (Annexe 21).

2.6.1.1 Etude des capacités d’initiation de la conversation

Tous les résultats des sujets sont dans la norme dans ce domaine. On note qu’une petite moitié a tendance à trop parler avec les inconnus, et que les sujets sont capables de ne pas donner d’informations inutiles.

2.6.1.2 Etude des capacités de cohérence

Cinq des sept enfants semblent présenter une faiblesse notoire de la cohérence langagière. Parmi eux, quatre ont des scores typiques d’enfants présentant une dysphasie « classique » ou un retard de langage, les scores du dernier se situant entre les enfants avec dysphasie sémantique-pragmatique pure et ceux avec sémantique pragmatique « plus ». Leur conversation est généralement perçue comme agréable. Ils peuvent fournir un compte-rendu clair d’un événement

passé ou expliquer une procédure, ce qui est ardu lorsqu’il s’agit de souhaits pour l’avenir. La plupart des enfants éprouvent manifestement des difficultés à raconter une histoire ou à décrire ce qu’ils ont fait en respectant les éléments de la trame narrative. Un très grand nombre d’entre eux utilisent fréquemment des pronoms anaphoriques sans préciser à quels groupes nominaux ceux-ci se rapportent dans leurs phrases.

2.6.1.3 Etude du « langage stéréotypé »

Seul un sujet sur sept, encore jeune, présente un score déficitaire dans ce domaine, ce qui montre que les routines conversationnelles sont maîtrisées au sein de notre échantillon. On remarque cependant qu’il arrive à la moitié des enfants de changer soudainement de sujet de conversation, parfois vers des thèmes inattendus.

2.6.1.4 Etude des capacités d’utilisation du contexte conversationnel

On note une variabilité des performances dans ce domaine au niveau quantitatif, chaque enfant semblant ici présenter un niveau de maîtrise distinct de celui des autres. La plupart des sujets manipulent convenablement les règles de politesse en tenant compte du contexte et de l’interlocuteur, même si leurs habiletés communicatives semblent varier d’une situation à l’autre. Ils sont doués de compréhension inférentielle, mais seuls deux peuvent comprendre l’humour et le second degré en toute circonstance, ce qui relève clairement de difficultés pragmatiques pour les plus âgés. La plupart semblent ne se fixer, à certains moments, que sur certains mots ou éléments des phrases des interlocuteurs pour les comprendre, ce qui coïncide avec les troubles de compréhension d’énoncés relevés.

2.6.1.5 Etude de l’aisance en rapport conversationnel

Seuls les scores de deux enfants correspondent à un déficit quantitatif par rapport à la norme. Tous les sujets tiennent compte des initiations extérieures de conversation, savent décoder les signaux non-verbaux de communication et en utiliser eux-mêmes à bon escient.

2.6.2 Aspects sociaux

Il est intéressant de tenir compte des deux dernières parties de la CCC, qui concerne des compétences sociales très liées au développement des habiletés communicationnelles mais aussi des aptitudes verbales. On note ici que lorsque les

enfants ont un score bas voire déficitaire, leurs aptitudes sociales ressemblent à celles d’enfants avec trouble pragmatique voire à tendance autistique (Annexe 22).

2.6.2.1 Etude des relations sociales

La plupart des enfants sont populaires et ont un ou deux amis, même s’il arrive à certains de s’isoler.

2.6.2.2 Etude des centres d’intérêt

Les sujets présentent un ou plusieurs domaines d’activités privilégiées ainsi qu'un attrait pour les programmes télévisés destinés aux enfants de leur âge, ce qui est normal. On constate cependant qu’il arrive à presque tous, assez fréquemment, de préférer faire des activités seul plutôt qu’accompagné par d’autres enfants.

2.6.3 Mise en évidence d’un éventuel profil pragmatique spécifique

La confrontation des données recueillies grâce à la CCC montre que la fréquence de difficultés pragmatiques au sein de l’échantillon étudié est plus élevée que dans la population enfantine générale. Les enfants en grande difficulté pragmatique ont un profil quantitatif ressemblant à celui des enfants présentant une dysphasie sémantique-pragmatique, ceux en difficulté modérée ayant un profil ressemblant plus à celui des enfants avec dysphasie ou retard « classique ». Les analyses semblent montrer que les mêmes difficultés se retrouvent chez presque tous les enfants mais avec des degrés de sévérité variés. Les difficultés les plus importantes et les plus constantes se situent sur le plan de la cohérence des messages transmis. Leurs compétences pragmatiques varient avec le contexte, sans homogénéité au sein de l’échantillon.

2.7 Recherche d'éventuels signes indicateurs de troubles du