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1. Présentation et analyse des résultats individuels

1.2 Résultats et analyses des bilans individuels

1.2.4. Enfant D

1.2.4.1. Renseignements préalables

Scolarisé en CP et âgé de 6 ans 7 mois lors de la rencontre, cet enfant est le benjamin d’une famille de quatre enfants. Son SK a été diagnostiqué au moyen d'une amniocentèse en période prénatale. Sa maman le décrit comme communiquant, sociable, et curieux ; il est d'après elle souvent agité, d’humeur fluctuante et intolérant à la frustration. La consultation du dossier médical indique des difficultés de langage repérées dès la moyenne section par les enseignants et l’équipe hospitalière qui ont évoqué un bilan orthophonique. Une prise en charge orthophonique a été débutée vers l’âge de 5 ans, mais interrompue vers 6 ans.

1.2.4.2. Résultats aux épreuves

1.2.4.2.1. Synthèse quantitative des résultats - Résultats quantitatifs aux épreuves

La passation du protocole s'est déroulée convenablement même si elle a parfois été quelque peu fastidieuse. Une partie des résultats le placent dans la norme, les épreuves ayant donné lieu à des performances déficitaires étant la DES 48, la mémoire de chiffres, la fluence sémantique, et surtout l’E.CO.S.SE et la DEN 48.

versant réceptif

ELDP-2 EVIP-B DES-48 E.CO.S.SE Mémoire Narrative

-0,4 ET +0,1 ET -2 ET -2,7 ET -0,5 ET

Versant expressif

RepM ELO DEN-48 QQC ELO ProdE ELO Fluence sémantique Fluence Phonémique

1.2.4.2.2. Synthèse qualitative des résultats - Langage spontané et communication

La parole est intelligible. D apparaît hypospontané lors du bilan, alors que sa maman le décrit comme loquace. Le manque de productions rend difficile l’évaluation du langage spontané, qui semble normal.

- Aux épreuves de langage oral en réception, on observe :

• une indifférenciation fréquente entre phonèmes différant par le trait de voisement ou par la proximité du point articulatoire, ainsi qu’en cas d’inversion phonémique, à l’ELDP-2 ;

• de sévères difficultés de compréhension des phrases impliquant des relations logiques, notamment d’inclusion, spatiales, des problèmes d’intégration des rôles thématiques et de la voix passive, une non prise en compte des pronoms, marqueurs de négation et autres morphèmes grammaticaux, des difficultés pour les relatives et les enchâssements ;

• une restitution de quelques éléments principaux en rappel libre en mémoire narrative, et quelques oublis d’éléments, en rappel indicé.

- Aux épreuves de langage oral en expression, on peut remarquer :

• l’absence de T.A., mais la présence d’une lenteur et de très fréquentes syllabations en répétition de mots, ainsi que des simplifications de diconsonantiques ;

• des non-réponses, syllabations et temps de latence, des transformations sémantiques, visuelles, mais aussi phonologiques en dénomination ;

• que les phrases produites correspondent au contenu sémantique des messages à produire mais sont caractérisées par une syntaxe immature et des erreurs de genre, de liaison et de conjugaison (verbes parfois à l’infinitif). - Aux tests relatifs aux fonctions cognitives transversales explorées, on peut mentionner :

• une relative aisance en performance métasyllabique ;

• des difficultés à évoquer des noms d’animaux surtout au début du temps imparti ;

• des difficultés à inhiber la production de logatomes commençant par [p], et de mots dérivés morphologiquement d’un mot précédemment produit ;

• de grandes difficultés à répéter les chiffres correctement malgré les efforts, et l’invention des chiffres répétés.

1.2.4.3. Analyse des résultats

- Synthèse quantitative de l’analyse de tous les résultats en langage oral

Analyse globale

D présente un profil linguistique hétérogène, la plupart des domaines du langage investigués semblant normaux mais certains domaines étant déficitaires .

Comparaison réception/expression

Il semble difficile de comparer l'efficience des deux versants, le versant réceptif n’étant d'ailleurs pas marqué par une homogénéité de niveau.

Comparaison entre domaines intra-versants

Il est remarquable de constater que les performances en épreuves de phonologie semblent relativement préservées par rapport aux autres ; les performances en syntaxe sont altérées par rapport aux autres domaines. La compétence lexicale de D est difficile à cerner dans la mesure où les scores dans les deux épreuves de désignation et dans les deux épreuves de dénomination ne sont pas parfaitement congruents. Cependant, il faut noter la dissociation des niveaux entre dénomination et désignation en général, et en particulier à la DES-DEN 48. - Analyse qualitative des résultats aux épreuves de langage oral confrontés à l’analyse du langage spontané et aux résultats aux autres tests et à la CCC

Recherche de signes indicateurs de troubles du langage oral

L’analyse quantitative et l’étude des réponses permettent d’avancer l’existence:

• de signes subjectifs d’un trouble de l’évocation lexicale (manque du mot); • de signes d’un possible trouble de l’encodage syntaxique en évaluation; • de signes objectifs d’un trouble sévère de la compréhension verbale.

La relative aisance de D en situation spontanée contrastant avec ses quelques réelles difficultés en situation dirigée peuvent laisser supposer une dissociation automatico-volontaire en ce qui concerne les performances langagières.

Avancement d’hypothèses explicatives des troubles observés

La comparaison des différents résultats nous amène à suggérer l'existence de relations causales entre les atteintes relevées dans les différentes compétences cognitives et langagières. Un manque d’organisation des traits lexicaux sémantiques et phonologiques pourrait expliquer la dissociation entre étendue du stock lexical et difficultés d’accès. Le trouble de compréhension de phrases (et donc de production syntaxique) et les difficultés en restitution de discours narratif pourraient être

partiellement liés aux difficultés sévères de mémoire auditivo-verbale de travail. Il est important de bien considérer l’efficience des compétences linguistiques préservées au regard d’un niveau socio-culturel familial relativement faible.

Etude des stratégies adaptatives et des compétences préservées

D ne paraît pas consciemment gêné de ses difficultés en compréhension de phrases. En production de mots, il adopte des stratégies de définition des mots ou de dénomination par l’hyperonyme, et semble être aidé par la syllabation.

1.2.4.4. Synthèse des analyses

D semble présenter un tableau clinique hétérogène de troubles du langage oral. Le profil linguistique mis en évidence fait état de difficultés d’évocation lexicale et de compréhension syntaxique sévères, et de difficultés d’encodage syntaxique remarquables. La mémoire de travail auditivo-verbale est déficitaire, ce qui fait évoquer l’hypothèse d’un trouble spécifique du langage oral.