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Bien que les citations dans les sections précédentes laissent entrevoir quelques aspects de la culture gestuelle, ce ne sont que des témoignages sur observation et non une description systématique des comportements. Mais il y a des études descriptives consacrées entièrement au geste, comme celles de Bulwer ou Austin, notamment dans une perspective ethnographique. Sans doute la plus ancienne est l'étude d'Andrea de Jorio (1832), qui est souvent considérée comme le premier ethnographe du geste (Kendon, 1995, 2000).

La motivation de de Jorio est particulière. Il était conservateur du musée archéologique de la ville de Naples ; il pensait que pour apprécier

pleinement l'art antique, la connaissance du geste de la population contemporaine serait utile pour les chercheurs en archéologie et commença de décrire les gestes des Napolitains. L'ouvrage de de Jorio, La mimica degli antichi investigata nel

gestire napoletano (1832), est ainsi devenu l'un des premiers livres consacrés au

geste dans une perspective ethnographique. À la différence des auteurs précédents dans l'histoire, de Jorio se pencha sur le comportement gestuel de la classe

Andrea de Jorio, La mimica degli antichi investigata nel gestire napoletano (1832), Plate XXI. (1. Silenzio 2. Negativa 3. Bellezza 4. Fame 5. Beffeggiare 6. Fatica 7. Stupido 8. Guercio 9. Ingannare 10. Astuto)

populaire, puisque ses gestes sont plus « naturels et spontanés », reflétant fidèlement l'inconscient collectif de la culture gestuelle de Naples.

Son ouvrage apparaît comme une présentation encyclopédique de divers gestes plutôt que comme un simple dictionnaire. De Jorio aborde les aspects sémiotique, grammatical et discursif du geste, en expliquant la place du geste dans le discours, en menant une réflexion sémiotique du geste et en établissant une comparaison du geste avec la grammaire du langage de sons articulés. Le geste est, pour de Jorio, « doublement articulé », c'est-à-dire par l'aspect physique et par l'aspect sémantique (1832/2000, p. 31). Il rend compte de la façon dont le temps, le nombre et le genre peuvent être gestuellement exprimés et il décrit comment le geste est utilisé pour les expressions comparative, superlative et diminutive. Par exemple, en isolant trois types de construction superlative du langage verbal (réduplication, ajout de « plus », inflexion), de Jorio considère que le geste napolitain suit la logique de « réduplication », consistant à répéter la même forme d'un geste, pour exprimer gestuellement le superlatif. Il montre aussi la différence de la construction du comparatif entre le geste et le discours. Les aspects rhétoriques du geste, comme la métonymie, la métaphore, la synecdoque, l'antinomie, la catachrèse, sont décrits en détail.

De Jorio aborde aussi l'aspect discursif du geste. Par un enchaînement délibératif de deux gestes qui sont liés, la structure de thème-rhème peut être exprimée. Comme dans le langage verbal, une idée peut être exprimée par deux gestes, deux idées peuvent être exprimées par un seul geste, mais de Jorio souligne la différence structurelle entre ces deux modalités de communication. Il remarque aussi l'importance du contexte discursif et interactif pour l'interprétation du geste : le sens et/ou l'usage d'un geste peut être différent selon le sujet de la phrase, le thème de conversation ou le contexte social. Dans ce sens, discuter du caractère universel du geste comme chez les rhétoriciens ou philosophes (voir § 4.1.) n'a pas de sens pour de Jorio.

Il s'interroge sur la question de savoir si le geste est un signe. Pour de Jorio, le « signifiant gestuel » est constitué de la forme manuelle, de l'orientation et du type de mouvement, mais, comme il le suggère, un signifiant gestuel peut renvoyer à différentes significations. Le « signifié » est alors difficilement lié au

signifiant gestuel en vertu d'une convention sociale. Ainsi le caractère arbitraire du geste en tant que signe ne peut donc, d'après de Jorio, être établi au sens sémiotique. Or, il considère tout de même que le geste est caractérisé par la culture. Il propose de considérer trois types de gestes : 1) « naturel », pour des gestes compréhensibles à tous, comme les gestes mimétiques de pantomime ; 2) « conventionnel », pour des gestes quotidiens (convention culturelle et générale) ; 3) « rituel » (ou « cryptique », selon sa terminologie), pour des gestes qui apparaissent dans des circonstances inhabituelles selon une convention particulière. Il nous semble que le terme « conventionnel » n'est pas, pour de Jorio, le synonyme du terme « arbitraire ». La caractérisation culturelle du geste est alors d'ordre « conventionnel » et non « arbitraire ».

De cette façon, le geste de la classe populaire de Naples est amplement décrit et théoriquement analysé par de Jorio. Mis à part cette contribution, son ouvrage n'est pas exempt d'une certaine contradiction : il ne compare pas suffisamment le geste contemporain avec le geste antique, contrairement à ce que suggère le titre. Son postulat selon lequel la culture gestuelle est en continuité temporelle, n'est pas remis en cause. Ce qui est contradictoire dans le propos de de Jorio est qu'il affirme la diversité dialectale du geste entre Naples et la Sicile, alors qu'il part du postulat de la similarité spatio-temporelle du geste, et qu'il n'explique pas assez le lien entre le geste populaire contemporain et le geste antique, qui n'est autre que le geste de la classe noble d'autrefois. Il est possible, comme nous l'avons argumenté plus haut (§ 3.1.), qu'en Italie, les comportements gestuels des classes noble et populaire soient plus proches qu'ailleurs. Mais la contradiction entre diversité régionale et continuité temporelle n'est guère surmontable.

En fait, les études dans une perspective ethnographique et anthropologique se heurtent toujours au même type de problème pour notre problématique, à savoir l'aspect évolutionnel de la culture gestuelle. Ces études décrivent, en général, le comportement d'un peuple ou d'une communauté, mais n'autorisent pas facilement la comparabilité avec le comportement d'autres groupes. Le seul domaine dans lequel la comparaison de données soit aisée touche aux études sur le langage par signes dans les monastères, auquel s'intéressa Buyssens (1956)108. Les études sur

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ce langage permettent une analyse diachronique de par leur restriction communautaire et de par leur systématicité descriptive. La communication par signes a pour but de maintenir le silence dans la vie monastique. L'usage de signes dans les monastères est attesté dès le VIIe siècle109, mais la première liste (296 signes) est Notice signorum, rapportée en 1068 par le moine cluniste Bernard. Depuis, plusieurs listes furent conçues. Les listes les plus anciennes gardent à peu près les mêmes signes, mais plus tard, on trouve une différenciation locale. La plus longue liste est celle des Us de la Trappe après la réforme de Rancé en 1837 ; elle contient 472 signes ; van Rijnberk (1954) a trouvé plus de 1300 signes différents. L'écart entre la liste la plus longue et le nombre total des signes recensés témoigne du processus de diversification des gestes monastiques dans l'histoire. Ainsi, on constate une évolution — du moins quantitative — du vocabulaire dans le langage par signes monastique.

De la même façon, les anthropologues, sous l'influence de la théorie de diffusion culturelle d'Edward Tylor (1865)110 et de l'approche pluridisciplinaire de la psychologie de Wilhelm Wundt (1900-1909)111, ont recueilli, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les gestes de quelques peuples qui possèdent un système de communication gestuelle très développé. Deux aires géographiques sont particulièrement bien étudiées : les Amérindiens d'Amérique du nord, dont les langages par signes furent décrits notamment par Malley (1881) et Tomkins

dans le couvent qu'il fonda sur une île dans le haut Nil (van Rijnberk, 1954). Dans les monastères des ordres de Cluny, Cîteaux et de la Trappe où le silence est dicté par la règle de Saint-Benoît, un langage par signes fut inventé et élaboré. Les publications les plus importantes sont regroupées dans Umiker-Sebeok et Sebeok (1987).

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Il s'agit de deux systèmes de calcul sur les doigts (Schmitt, 1990, p. 254-225). En tant que système de communication, la première mention de l'usage du langage par signes est faite, en 909, par le moine Jean de Salerne sous Saint-Odon (successeur de Bernon qui fonda à Cluny un ordre de Bénédictins réformés).

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Edward B. Tylor (1832–1917) est un des auteurs qui ont fondé la base de l'anthropologie moderne. Son intérêt pour le geste a été suscité par la problématique des universaux culturels. Sa question fondamentale était de savoir si les similarités culturelles qu'on peut observer dans différents lieux ont trait à la « diffusion » ou à la « genèse parallèle » étant donné l'unité fondamentale de la faculté humaine (dont la principale est celle du langage verbal). Le but de son ouvrage Researches into the early history of mankind (1865) est d'exploiter dans différents domaines, ce qu'est cette faculté humaine (power, selon sa terminologie). Il considère que le geste, l'écriture (notamment, le pictogramme) et la parole sont des sources de la force du langage humain.

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Wilhelm Wundt (1832–1920) fut le fondateur de la psychologie expérimentale au XIXe siècle, mais il était un auteur prolifique et érudit. Il s'investit dans la compréhension de processus psychologiques dans divers domaines, sous-jacents à tous les aspects de la vie humaine (le langage, l'art, le mythe, la religion, le droit, la culture et l'histoire) dans son ouvrage majeur Völkerpsychologie, publié dès 1900 (la première édition de l'ensemble de 10 volumes date 1910-11). À cette fin, il a porté une grande attention au geste et au langage. Le chapitre 2 de la partie 1 du premier volume est spécifiquement consacré à la psychologie comparative et s'intitule « Le langage des gestes », isolément publié en anglais en 1973. La problématique de Wundt concerne le procès par lequel la pensée interne se manifeste dans l'expression externe. Notons aussi que Wundt a influencé George Herbert Mead, père de l'interactionnisme symbolique, qui utilise passim le terme « geste » dans L'esprit, le soi, la société (1934) et ce, souvent « métaphoriquement ».

(1929), et la région australe pour l'analyse de la vie des Aborigènes, investie par Roth (1897, 1908-1910) et Howitt (1904), entre autres (voir le recueil de travaux édités par Umiker-Sebeok et Umiker-Sebeok en 1978, sur cette question). Ce type de travaux se présente sous forme de dictionnaire avec quelques notes explicatives, qui impliquent quelquefois une réflexion sur le geste après le recueil des données. Par exemple, Malley (1882) s'interroge sur la nature du langage par signes des Amérindiens. Peu de signes ont, d'après cet auteur, une origine conventionnelle, mais la plupart entre eux sont reproduction de phénomènes naturels.

Malgré l'intérêt considérable de ces travaux pour les sciences du

langage112, la comparaison entre une étude et l'autre reste assez difficile à entreprendre. En particulier, les études sous forme de dictionnaires accroissent cette difficulté, puisque la façon d'organiser les entrées de ces dictionnaires ne fait généralement pas l'objet d'un consensus pour les différents travaux. D'autre part, la portée de ces études sur le langage par signes de différents groupes, reste souvent limitée aux seules perspectives lexicologique et syntaxique et n'ouvre guère à une réflexion plus générale sur la culture gestuelle. Pour paraphraser Saussure (1916), c'est l'étude du geste pour lui-même. Notamment la difficulté de comparabilité ne nous permettrait pas d'analyser facilement le caractère dynamique de la culture gestuelle et les principes sous-jacents de la logique de l'évolution de celle-ci.

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George Mounin (1973) a publié le compte rendu de l'étude de Malley.

Langage par signes des Améindiens. d'après William Tomkins, Universal Indian sign language of the Plains Indians of North America (1929). p. 10.

Par ailleurs, l'usage du geste dans ces études se fait dans une condition particulière, et est plutôt délibératif, comme dans le cas de l'utilisation d'un autre code strictement établi. Si l'étude se voulait décrire l'inconscient collectif de la population sur la culture gestuelle, l'étude descriptive du langage par signes ne serait pas un cadre de recherche optimal pour notre problématique. Le terrain idéal en sera alors la manifestation la plus courante et la plus quotidienne de la culture gestuelle telle que la gesticulation lors du discours et le geste dans la conversation quotidienne.

Une recherche dans ce sens a été entreprise par David Efron (1972, mais la version première a été publiée en 1941), qui a rédigé, sous la direction de Boas, une thèse qui marqué l'histoire de l'étude gestuelle. L'objectif d'Efron était de réfuter la thèse du déterminisme racial de la culture113. S o n é t u d e e s t multidimensionnelle, impliquant les d i m e n s i o n s e t h n o g r a p h i q u e , sociolinguistique, psychologique, linguistique, interculturelle. Son enquête consiste à décrire le comportement gestuel des immigrés juifs de l'Europe de l'Est et italiens du Sud à New York. Sa méthode est l'observation in situ et l'analyse de données ethnographiques provenant des quatre types de lieux publics que ces immigrés peuvent fréquenter : quartiers juifs traditionnels (ghetto,

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Par exemple, Boas a tenté de démontrer que l'influence sur la taille du corps n'est pas d'ordre racial, mais environnemental (1912). À notre connaissance, malgré deux courts articles (1891, 1966), Boas n'a pas entrepris de recherche approfondie sur le geste.

Gesticulation traditionnelle italienne, David Efron, Gesture, race and culture (1972), p. 195. Gesticulation traditionnelle juive, David Efron, Gesture, race and culture (1972), p. 166.

synagogue, marché, restaurants), quartiers italiens traditionnels (par exemple, Little Italy) et quartiers juifs et italiens assimilés (notamment des campus universitaires). Les matériaux recueillis sont : 1) des notes d'observation directe ; 2) de nombreux dessins réalisés par un peintre professionnel ; 3) un comptage rapide de différents types de gestes ; 4) des films utilisés pour une méthode de juge ou une reconstitution précise de mouvement manuel. Efron a aussi testé l'« imitativité » du comportement gestuel par des acteurs professionnels.

Efron isole d'abord les gestes traditionnels, qui sont bien distincts d'un groupe traditionnel à l'autre. Bien que le taux de gesticulation des deux groupes soit similaire, il y a une différence qualitative : alors que le souci des Italiens traditionnels est d'illustrer les « objets » de l'activité mentale (« référents ») à travers les gestes, les Juifs traditionnels tendent à

associer le geste au « processus » de l'activité mentale (« référence »), comme s'ils décrivaient le discours manuellement (p.98). En un mot, « [t]he popular dictum that "he talks with the hands" is as literally true in the case of the Italian as it was metaphorically in that of the Jew » (p. 121).

En ce qui concerne les Italiens et Juifs semi-assimilés dans la communauté de New York, leurs gestes tendent à être « hybrides », constitués de gestes de la communauté d'origine et de la communauté d'accueil. Ce phénomène de « geste

Gesticulation mixte. David Efron, Gesture, race and culture (1972), p. 185.

Gesticulation juive semi-assimilée. David Efron, Gesture, race and culture (1972), p. 184.

hybride » apparaît, par exemple, chez les Italiens semi-assimilés dont la gesticulation tend à être plus rétrécie que celle de ceux de Little Italy, et chez les Juifs américanisés qui gesticulent plus largement que ceux du ghetto juif (p. 150). Enfin, Efron mentionne quelques cas isolés de la population semi-assimilée : certains individus totalement intégrés à la communauté produisent des gestes comme ceux des Anglo-américains, d'autres, peu intégrés, ne montrent aucune évolution au niveau gestuel.

La conclusion d'Efron est double : 1) le comportement gestuel est influencé, non pas par l'origine raciale, mais par l'environnement ; 2) l'évolution comportementale dépend du facteur socio-psychologique des individus face à la communauté environnante (p. 160). Efron démontre que la culture gestuelle résulte d'un processus complexe de l'influence extérieure et de la motivation intérieure de l'individu au sein de la société.

3.6. Synthèse

Une rapide revue de quelques témoignages et études menées sur le geste dans une perspective ethnographique nous fournit des preuves plus substantielles que ne le fait l'aperçu historique de la rhétorique, en ce qui concerne le caractère dynamique de la culture gestuelle. La réforme comportementale de la population au Moyen Âge, différentes sortes d'idéaltype ou modèle des classes bourgeoise et aristocratique à l'Âge Classique, le langage par signes de la microsociété monastique en sont des exemples illustres.

En même temps, nous nous apercevons que des changements sont influencés par des facteurs en dehors du système de communication gestuelle. Pour la réforme comportementale au Moyen Âge, elle fut marquée par la publication du traité d'Érasme, tout comme le changement du contenu de la rhétorique fut marqué par la découverte successive des ouvrages antiques ; l'italianisation gestuelle des courtisans français au XVIIe siècle est due à l'entrée d’une reine italienne à la cour ; la retenue du comportement gestuel de l'« honnête homme » a dû, sans doute, être engendré par la mutation des sociétés du Vieux continent à la suite de la stabilisation des frontières entre les nations d'Europe.

Ainsi, la plupart des changements furent marqués par des événements historiques. Par ailleurs, l'analyse d'Efron (1972) nous fait comprendre qu'au-delà des faits historiques, l'analyse devrait se pencher sur l'aspect socio-psychologique sur lequel portèrent ces faits. Par exemple, l'attachement du milieu populaire à la valeur traditionnelle ralentit la mutation comportementale des paysans au Moyen Âge ; l'importation de la mode étrangère dans le milieu aristocratique se heurta à la vive critique de la bourgeoisie ascendante, comme si cela était une sorte de lutte de classes sociales. Cela veut dire que le terme « histoire » peut être compris comme « histoire subjective » de chaque individu, et que l'événement ou les événements qui surgissent au cours de la vie peuvent influencer le comportement gestuel des individus.

L'étude d'Efron sur le geste des étrangers synthétise, au demeurant, les principaux facteurs de l'évolution de la culture gestuelle qu'on peut retrouver dans l'histoire : l'immigration comme événement historique et le conflit de valeurs ethniques comme facteur socio-psychologique. La richesse de l'étude d'Efron provient en fait de la spécificité du cadre d'analyse, à savoir le caractère interculturel de son étude. Nous avançons alors que l'analyse interculturelle de l'évolution et de l'appropriation est une méthodologie qui permet d'appréhender la logique sous-jacente à la formation d'une culture dans l'histoire. Dans le prochain chapitre, nous essaierons d'approfondir la question de la méthodologie utilisée et utilisable pour l'étude gestuelle à travers quelques thèmes proposés par Efron.

Le but du présent chapitre est de développer les aspects méthodologiques que nous avons abordés à travers la lecture des documents historiques et modernes dans les chapitres précédents. Nous commencerons d'abord par rouvrir la question de la thèse du geste comme langage naturel et universel (§ 4.1.), puisque celle-ci pose un problème à la problématique de l'appropriation. Cette thèse est en effet à l'opposé de notre postulat selon lequel la culture gestuelle est dynamique et évolutive. Si nous voulions poursuivre notre enquête, il serait nécessaire de comprendre pourquoi cette thèse est avancée, afin d'en réfuter la validité.

Par suite, nous approfondirons plus précisément quelques concepts qui jalonnent l'étude d'Efron (1972). En premier lieu, nous nous focaliserons sur les étrangers (§ 4.2.). Nous envisagerons quelques travaux qui décrivent le comportement gestuel des étrangers, puisque ce sont les sujets de notre enquête. Nous examinerons aussi l'intérêt porté sur le geste par les enseignants de langue étrangère. Conjointement lié à la question précédente, nous nous intéresserons à la perspective transculturelle (§ 4.3.), qui est un domaine proche de notre problématique, puisque l'étude comparative est la méthode qu'a employée Efron. Nous étudierons une question qui n'a pas été abordée par Efron, à savoir la compréhension gestuelle (§ 4.4.), puisque, s'il y a appropriation, on peut présupposer l'existence d'une certaine compréhension. Enfin, nous ferons un premier pas vers l'élaboration d'un cadre d'analyse pour notre étude, en nous intéressant à la définition du geste (§ 4.5.). Constatant que plusieurs définitions et classifications ont déjà été proposées dans l'histoire, nous tenterons, en les analysant, de comprendre la démarche de différents auteurs pour élaborer la nôtre.