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Etat actuel des lieu

Méthodes et stratégies de la mise en valeur du patrimoine architectural dans le monde

B. La réalisation des plans

1.2.1.4 Etat actuel des lieu

Aujourd’hui, quarante ans après le P.U.D de 1969, on peut dire que les deux objectifs majeurs de la stratégie de réhabilitation de Bologne, à savoir, faire du centre historique un grand quartier résidentiel et un siège d’équipements de prestiges, ont été atteints.

68 En effet, en matière de renforcement des équipements et des services de haut niveau, le P.U.D a atteint son objectif puisque le centre historique de Bologne est considéré aujourd’hui parmi le plus attractif culturellement et économiquement de toute la région de l’'Émilie-Romagne. On peut compter dans le centre historique de Bologne quelques 43 musées municipaux et universitaires, 18 théâtres, environ 12 bibliothèques (dont 5 spécialisées et 6 municipales), plus de 20 salles de cinémas et un pole universitaire de plus de 90 000 étudiants.

Ce renforcement des équipements et des services s’est opéré par une vaste campagne de réhabilitation des édifices anciens. Sur le terrain on a constaté que cette réinsertion moderne des édifices patrimoniaux s’est effectuée en trois façons :

a) par Façadisme18 : il n’est maintenu que les façades extérieures dont l’intérieur des bâtiments sont totalement vidés pour recevoir un aménagement nouveau. [Ill. 13]

[Ill. 13]19

18Le façadisme est une pratique urbanistique qui consiste à ne conserver que les façades jugées

intéressantes de bâtiments anciens dont tout le reste est voué à la démolition suivie de la construction neuf.

: Centre commercial Eataly de Bologne

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69 b) par des démolitions partielles : c'est-à-dire les espaces intérieurs majeurs

comme les cages d’escaliers, les halls d’entrée, les cours, les patios, les loggias et les portiques sont maintenues intactes et le reste est démoli et reconstruit pour accueillir des nouvelles fonctions, [Ill. 14 et 15].

[Ill. 14]20 : Intérieur d’une résidence luxueuse reconstruite parcellement

[Ill. 15]21

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Photo prise par Mohammed RAHMOUN, Novembre 2010.

: Cour intérieure Université de Bologne

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70 Ce type d’intervention est le plus courant en Italie puisqu’il permet de garder les traits architecturaux du bâtiment et l’organisation intérieure tout en rétablissant la cohérence entre l’édifice d’origine et les nouvelles fonctions.

c) Par construction neuve sous réserve que ce type d’intervention reste exceptionnel, les constructions neuves sont très discrètes et parfaitement intégrées dans le tissu urbain ancien ; une architecture contextuelle intégrant la morphologie caractéristique du lieu (axes des fenêtres, alignement des étages, pente des toits, couleurs et choix des matériaux de construction, etc.) [Ill. 16 et 17].

[Ill. 16]22 : Via Marsala

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71 [Ill. 17]23

À Bologne les bâtiments susceptibles d’accueillir les grands équipements modernes ont été sélectionnés préalablement et choisis par rapport à leur gabarit, leur architecture et leur capacité d’accueil ; ce qui a permis d’éviter de faire trop de modifications sur les bâtiments lors de leur réaffectation. Ainsi la ville a pu se régénérer et offrir des services de haute qualité sans perdre de son harmonie et de son architecture urbaine. Grâce à cette recherche « Architecture/fonction appropriée » le centre historique de Bologne a pu être préservé harmonieusement sans pour autant tomber dans le piège de la ville musée. [Ill. 18, 19 et 20]

: Eglise San Bartolomeo

[Ill. 18]24 : Vue générale sur le centre historique de Bologne depuis la tour Asinelli

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Photo prise par Mohammed RAHMOUN, Novembre 2010.

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[Ill. 19]25 : Via Santo Stefano [Ill. 20]26 : Via Gugllelmo Oberdan

La principale animation urbaine du centre historique est assurée par la vie estudiantine. Le choix du P.U.D et du « plan pour la construction sociale » d’implanter les facultés ainsi que les résidences universitaires au cœur du centre historique a donné ses fruits puisqu’on compte aujourd’hui plus de 90 000 étudiants sur les 400 000 habitants de Bologne. Cette masse d’étudiants venant de toute l’Italie et du monde entier a un impact significatif sur la vie de la ville dont l’âge moyen des résidents dépasse les 55 ans.

La stratégie du plan pour la construction sociale et populaire (PEEP) de rééquilibrer la structure démographique du centre historique à travers l’injection de l’habitat social a été un succès. Ce plan valable pour une durée de 20 ans a pu protéger les groupes sociaux les plus vulnérables comme les étudiants, les retraités et les familles à revenus faibles contre la spéculation foncière, mais « après avoir connu le succès, cette ambition est, au début du XXIe siècle, mise à mal par la hausse des prix de l'immobilier, qui pousse vers la banlieue les habitants d'origine, eux-mêmes remplacés dans leurs logis par des populations aisées »27.

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Photo prise par Mohammed RAHMOUN, Novembre 2010.

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Photo prise par Mohammed RAHMOUN, Novembre 2010.

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73 1.2.2 Cas du Maghreb

Les villes maghrébines, par leurs caractéristiques architecturales et par leur situation socioculturelle, sont les plus proches à notre réalité urbaine. Du Maroc à la Tunisie en passant par l’Algérie, les problèmes socio-urbains contemporains des Médinas sont les mêmes (dégradation du tissue urbain, problèmes des propriétaire-locataires, bidonvilisation, chaumage, pauvreté, insécurité, médiocrité du niveau de vie, laissé aller des autorités), ce qui nous a amène à nous intéresser de près à nos voisins dans ce qu’ils ont pu accomplir comme bonnes ou comme mauvaises pratiques en matière de réhabilitation et de mise en valeur de leurs centres historiques.

Les cas maghrébins sont à prendre avec beaucoup de réserves dans notre étude, car ils sont loin d’être des exemples de pratiques durables. Aucunes des Médinas qui suivent n’avaient subi d’interventions de réhabilitations systématiques : ça reste des interventions ponctuelles et sectorielles limitées à quelques quartiers bien choisis.