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La Charte Européenne du Patrimoine Architectural (Déclaration d’Amsterdam 1975)

Méthodes et stratégies de la mise en valeur du patrimoine architectural dans le monde

1 Méthodes et stratégies internationales

1.1 La mise en valeur à travers la réglementation internationale

1.1.3 La Charte Européenne du Patrimoine Architectural (Déclaration d’Amsterdam 1975)

La présente Charte s’intéresse en particulier aux ensembles urbains comme patrimoine. Par ses idées novatrices, la Charte s’affiche avant-gardiste dans le domaine de la restauration urbaine. Elle donnera la base théorique à la Charte internationale pour la sauvegarde des villes historiques dite Charte de Washington.

Jusque là, lorsqu’on parlait de restauration dans le patrimoine, le discours était d’ordre technique. La Charte de Venise, ne s’adressant qu’au patrimoine monumental, est restée très technique dans ces propos. Les ensembles urbains, contrairement aux monuments sont habités par des individus et donc, c’est cette dimension sociale qu’il a fallu prendre en compte dans les opérations de restauration et de réhabilitation.

Ainsi, la Charte Européenne du Patrimoine Architectural va introduire pour la première fois la dimension sociale dans la réflexion sur le patrimoine. Cette dernière sera exprimée par la participation des citoyens aux processus de décision des projets de sauvegarde. Elle déclare que : « les citoyens ont le droit de participer aux décisions

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« Charte de Venise ». Article 9.

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43 concernant leur cadre de vie »5

La dimension sociale nous la retrouvons tout le long des articles de la Charte. Cette dernière met l’accent sur l’importance de la mixité sociale dans les projets de réhabilitation, elle déclare que : « la réhabilitation des quartiers anciens doit être conçue et réalisée, autant que possible, sans modification importante de la composition sociale des résidents, d'une manière telle que toutes les couches de la société bénéficient d'une opération financée sur fonds publics » et que cette restauration doit être menée dans un esprit de justice sociale.

. Cette déclaration introduit l’idée de la gouvernance dans la réflexion sur le patrimoine, un concept avant-gardiste dont il faudra attendre 29 ans pour qu’il soit introduit dans la définition du développement durable lors de déclaration de la Charte d'Aalborg (1994).

Dans son article3, la Charte réaffirme la nécessité de l’éducation dans la sensibilisation de la génération future à la protection de son patrimoine. Elle déclare que : « en vue d’assurer la participation et l’implication de tous les habitants une sensibilisation doit être prise en charge dès l’âge scolaire ».

La Charte introduit la nouvelle notion de la conservation intégrée, une théorie de restauration novatrice qui prône la conservation dans tous ses aspects : social, économique, juridique et administratif. Elle déclare que la conservation intégrée veut être :

le résultat de l'action conjuguée des techniques de la restauration et de la recherche de fonctions appropriées. L'évolution historique a conduit les cœurs dégradés des villes et, à l'occasion, les villages abandonnés, à devenir des réserves de logements bon marché. Leur restauration doit être menée dans un esprit de justice sociale et ne doit pas s'accompagner de l'exode de tous les habitants de condition modeste. La conservation intégrée doit être de ce fait un des préalables des planifications urbaines et régionales. 6

5

« Charte européenne du Patrimoine Architectural ». Article 9.

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44 1.1.4 Charte Internationale pour la Sauvegarde des Villes Historiques : Charte de

Washington 1987

Deux des trois piliers du développement durable, à savoir le développement économique et social, sont évoqués dans cette Charte. Ils sont considérés comme éléments indispensables à la réussite des projets de sauvegarde des quartiers historiques : « La sauvegarde des villes et quartiers historiques doit, pour être efficace, faire partie intégrante d'une politique cohérente de développement économique et social. »7

La Charte réaffirme la nécessité d’intégrer la population locale dans le processus de prise de décision. Partant du principe que la sauvegarde des villes et des quartiers historiques concerne en premier leurs habitants, elle encourage vivement la participation et l'implication des habitants dans les opérations de sauvegarde et de mise en valeur de leur patrimoine. Elle déclare que : « le plan de sauvegarde des villes et quartiers historiques devrait bénéficier de l'adhésion des habitants […] et que l'amélioration de l'habitat doit constituer un des objectifs fondamentaux de la sauvegarde ».

. Ainsi le développement économique devient un enjeu majeur dans la réhabilitation du patrimoine.

On est en 1987 et, à cette époque, la définition tridimensionnelle du développement durable (l’environnement naturel, le social et l’économique) n’existe pas encore : il faudra attendre 1992, lors du deuxième Sommet de la Terre, pour que le facteur de l’environnement naturel soit ajouté à la définition du développement durable. Malgré cela, le facteur environnemental est présent dans la Charte de Washington ; cette dernière met l’accent sur la nécessité de mettre en valeur les villes avec leur environnement naturel. Elle déclare que: « Les éléments à mettre en valeur pour les villes historiques sont : le caractère historique de la ville et l'ensemble des éléments matériels et spirituels qui en exprime l'image de la ville, en particulier: les relations de la ville avec son environnement naturel ou créé par l'homme ».

Dans un autre texte, la Charte fait apparaitre la notion de pollution qui l’a rattache aux différentes formes de nuisances notamment : la pollution atmosphérique et sonore de la circulation automobile qui doit être strictement régentée à l'intérieur des villes ou des quartiers historiques a fin de ne pas dégrader les matériaux, ne pas défigurer le paysage et surtout ne pas détériorer le bien être des habitants.

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45 1.1.5 Charte ICOMOS, principes pour l'analyse, la conservation et la restauration des

structures du patrimoine architectural : Victoria Falls, 2003

La Charte présente une ligne de recommandations pour la conservation et restauration du patrimoine architectural. Elle vient rappeler certaines pratiques reconnues déjà dans les Chartes précédentes comme : l’importance de la pluridisciplinarité dans la conservation et la restauration du patrimoine ; le recours au changement d’usage comme meilleure garantie de conservation et d’entretien du patrimoine ; et la nécessité de faire un diagnostic approfondi de l’état de l’édifice avant les opérations de restaurations.

En même temps, elle dénonce des pratiques qui deviennent courantes dans le domaine de la restauration comme la suppression de structures internes des immeubles pour ne maintenir que les façades.

La Charte introduit quelques nouveautés comme la prise en compte des mesures de sécurité dans les édifices patrimoniaux mais rien du coté de la protection de l’environnement naturel.

1.1.6 Charte ICOMOS pour l'interprétation et la présentation des sites culturels