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Méthodes et stratégies de la mise en valeur du patrimoine architectural dans le monde

5. Contribuer à la conservation durable des sites culturels patrimoniaux par la promotion de la compréhension et de la participation du public aux efforts de conservation, en

1.2.1 Cas de Bologne

Notre attention fut porté pour la réhabilitation de Bologne parce c’est un cas qui a été largement critiqué par la littérature de l’urbanisme et du patrimoine ; il est souvent cité comme un exemple de bonne pratique et dans certaine mesure on estime qu’il s’inscrit dans notre réflexion de conservation durable.

Le cas de Bologne est spécial à nos yeux, parce que :

- Il est considéré comme le premier exemple de conservation intégrée qui mêle les techniques de la restauration à celles de la recherche de fonctions appropriées dans tous les aspects : social, économique, juridique et administratif.

- Il met en application plusieurs principes empruntés des discours du développement durable tels que : la croissance intelligente ou the Smart

Growth à travers l’injection des programmes de logements sociaux dans les

quartiers historiques comme une alternative à l’extension de la ville (une réhabilitation urbaine respectueuse de l'environnement) ; la gouvernance par l’intégration de la population dans le processus décisionnel (une démocratie participatif urbaine) ; la mixité sociale à travers l’injection de l’habitat social au cœur du centre historique et aussi à travers la politique mise en place de contrôle des loyers protégeant les locataires les plus pauvres tel que les personnes âgées, les retraités et les étudiants ; la pluridisciplinarité à travers l’implication des divers corps scientifiques dans le projet de réhabilitation. Entre le lancement des chantiers de réhabilitation en 1972 et nos jours, le cas de Bologne nous laisse un recul de presque 40 ans, un recul suffisamment large pour analyser les impacts de cette politique urbaine sur le paysage culturel, social, économique et environnemental de Bologne.

51 1.2.1.1 Contexte géographique et historique

Bologne ville italienne du moyen âge, autrefois capitale du royaume pontifical, s’est retrouvée au début du XXe siècle face à une dualité entre le tissu ancien et les nouvelles agglomérations urbaines périphériques, une dualité au détriment de son patrimoine et son histoire. La sauvegarde de cet héritage était devenue une priorité primordiale.

L’histoire urbaine de la ville de Bologne a démontré que cette dernière s’est toujours développée selon un rythme long ; la succession des fonctions et des événements ont changé la morphologie de la ville, produisant un organisme stratifié d’une véritable unité. Le rythme de transformation était assez long pour permettre l’adaptation des individus au milieu produit par la société.

Avec l’ère industrielle, la ville de Bologne a changé d’échelle et de rythme. Le centre historique a perdu son poids dans les systèmes productifs et économiques face aux moyens techniques et financiers de la nouvelle ville. Ceci a favorisé une migration intra urbaine, les habitants ont fuies le centre historique pour la périphérie et ils ont été remplacés par une population défavorisée. Ceci à amené le noyau historique à se situer à un niveau urbain médiocre et cette situation s’est encore aggravée avec l’explosion de l’urbanisme moderne.

La première réaction à cette situation n’est pas venue des architectes ni des urbanistes (à cette époque tous adeptes du mouvement moderne), mais du service des beaux-arts qui ont pris conscience que la ville de Bologne était un « objet culturel » en péril face à la monté inquiétante de l’urbanisme moderne.

Le problème de Bologne s’est posé de nouveau en 1960, mais cette fois ci par un groupe d’étudiants de la Faculté d’Architecture de Florence, une équipe de travail est alors créée entre la faculté d’architecture et les services techniques de la municipalité de Bologne. Le plan est rendu public le 24 mais 1969.

Ce plan devait permettre de définir l’ossature, le squelette de la ville et de mettre en évidence les édifices publics et les monuments religieux importants, pour une typologie détaillée du patrimoine urbain de Bologne. Il sera traduit par le nouveau P.U.D8

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PUD : Plan d’Urbanisme Directeur

de 1969 pour la réhabilitation du centre historique de Bologne.

52 Ce nouveau P.U.D veut que chaque maison, chaque palais, chaque couvent, chaque église retrouve sa forme, son décor, sa splendeur d’origine, et surtout une nouvelle fonction au service des citoyens d’aujourd’hui, c’est là que se traduit la volonté de la politique urbaine de Bologne en quatre piliers principaux:

- maintenir les habitants dans leur quartier, en adaptant les maisons aux nouvelles exigences de la vie moderne ;

- freiner la croissance urbaine de la ville de Bologne, par l’injection des programmes d’habitat social dans les quartiers réhabilités ;

- aménager les monuments pour recevoir les services publics, sociaux et culturels. - impliquer les citoyens dans le programme de réhabilitation du centre historique de

Bologne, à travers des associations et des comités de quartiers.

Tout cela passe par une mise en place d’un document d’urbanisme de développement et de sauvegarde du noyau historique, qui permettra le contrôle et la gestion des interventions urbanistiques et architecturales, le tout suivi et complété par des plans d’urbanismes d’interventions.

L’élaboration de ces plans d’urbanisme d’intervention dans le tissu ancien de la ville de Bologne ont nécessité la mise au point de divers instruments d’analyse et de recherche tant sur le plan historique que morphologique ; parallèlement à cela, des recherches juridiques et socio-économiques ont été poussées pour le bon déroulement des opérations. Ces instruments seront analysés par la suite.

1.2.1.2 L’approche méthodologique dans la mise en valeur du centre historique de Bologne

Le projet de réhabilitation urbaine du centre historique de Bologne a demandé des travaux d'investigations sur terrain pour l’élaboration du plan régulateur de 1969. Les opérations d’analyses conservent.

A. L’archivage

L’étude s’est beaucoup basée sur la recherche historique (la reconstruction urbaine et architectural de Bologne) qui repose sur des documents écrits et iconographiques trouvés dans les archives comme représentées dans [Ill. 4].

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Archives de la municipalité de Bologne

54 L’interprétation de cette documentation a permis de concevoir les modèles d’occupation de sol d’autre fois, de classer les principaux types de construction et de dresser des traits architecturaux de certaines maisons et édifices.

Plus précisément, la documentation iconographique et photographique a favorisé une synthèse des rapports entre les éléments ponctuels et collectifs du tissu urbain et elle a donné des renseignements très pointus sur le mode de vie et le fonctionnent de la ville dans le passé. Finalement, l’étude de ces documents a permis de déterminer la relation qui lie l’édifice à sa forme et à sa fonction.

B. La photographie

Une campagne photographique a été lancée dans le tissu ancien [Ill. 5], dont le but a été d’approfondir la connaissance des formes architecturales et des caractéristiques de l’espace urbain mais aussi des matériaux, des jardins, des couleurs, etc.

Les vues ont été prises sans automobiles et avec le minimum de signaux routiers. Dans une première phase, on a photographié des rues entières, prenant des photos individuelles de chaque maison, de chaque monument, des cours, des jardins, des potagers ; ensuite, on est passé aux détails de l’architecture, aux revêtements des sols, aux matériaux de construction, au mobilier urbain, ainsi qu’aux intérieurs des maisons, portiques, entrées, escaliers, etc.

À ceci s’ajoute la photographie aérienne qui permet la synthèse de chaque édifice avec son volume et ses diverses caractéristiques ; cela permet de voir la relation entre les monuments et leur tissu urbain, mais aussi de faire une première évaluation de la densité du site.