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L ’ EDIFICATION D ’ UN OUTIL DE DEPISTAGE

9 Développement des

3.5. Etablissement des scores

L’établissement de scores dépend de plusieurs critères. Les normes ou les scores de réfé- rences utiles aux praticiens sont sélectionnés selon qu’il s’agit d’un test normé ou critérié (Laveault et Grégoire, 2002). Dans un test normé, les résultats obtenus par un sujet sont comparés à la moyenne de l’échantillon du test. Les tests de personnalité ou de comporte- ment sont des tests normés dont les scores sont interprétés par rapport à une norme de groupe préalablement définie (Anastasi, 1994). Les normes sont établies de façon empirique en observant dans quelle mesure les membres d’un groupe représentatif réussissent effecti-

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vement le test en question. Habituellement, dans la théorie des tests psychométriques, ces normes s’obtiennent en utilisant le modèle cumulatif des scores (McIntire et Miller, 2007). Dans un inventaire de comportement, le score brut s’obtient en effectuant la somme des scores des items. Les scores bruts offrent peu d’informations sur la performance de la per- sonne au test comparativement aux autres personnes testées. Pour donner du sens au score brut, il est nécessaire d’établir plus précisément la position exacte de la personne tes- tée à l’intérieur d’un groupe normal (Anastasi, 1994). Pour ce faire, le score brut doit être transformé en un score standardisé plus informatif (McIntire, 2006). Les scores standardisés convertissent les scores bruts en une distribution avec une moyenne et une déviation stan- dard, ainsi que des écarts-types en guise d’unité de mesures (Frick et al., 2010). Pour l’outil de dépistage en cours d’élaboration, le choix des scores dérivés s’est arrêtés aux T-scores car ces derniers sont les plus représentés dans les inventaires d’évaluation du comporte- ment et permettent une comparaison des résultats notamment dans les études de validité. Pour obtenir la transformation de scores bruts en T-scores, il est nécessaire d’effectuer une transformation non linéaire à partir d’une courbe normale. La raison de ce choix est que la plupart des distributions de scores bruts s’apparentent plus à une courbe normale qu’aux autres courbes (Anastasi, 1994). Les normes sont créées à partir d’un large échantillon re- présentatif de la population à qui l’instrument de dépistage est adressé. Ces nomes peuvent également se distinguer selon l’âge (étapes développementales, année de scolarité) et le genre (établissement de normes distinctes entre les garçons et filles).

3.6. Validation

L’étape de validation consiste à tester les qualités psychométriques de l’instrument. Les scores obtenus à l’aide d’outils d’évaluation sont soumis à des variations plus ou moins im- portantes d’une passation à l’autre. De ce fait, il est nécessaire de connaître l’efficacité d’un questionnaire sur la base de sa valeur scientifique et à partir de ses qualités métrologiques (Benedetto, 2007 ; Bouvard, 2008). Le but de l’étude des propriétés psychométrique est de permettre une évaluation objective et explicite des caractéristiques de l’instrument de me- sure afin d’estimer son niveau de fiabilité par rapport à des contextes ou des populations définis, de fournir un ensemble d’indicateurs indispensables à l’interprétation des protocoles individuels et au retour des résultats (Bernaud, 2007). La première partie du processus de validation est basée sur le contenu (cohérence et consistance internes) de l’outil de dépis- tage et se fait durant son développement (McIntire et Miller, 2007). La seconde partie néces- site d’expérimenter l’instrument sur un nouvel échantillonnage. Ces propriétés psychomé- triques sont aux nombres de trois, sensibilité – fidélité – validité, et ont des degrés

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d’importances différentes. La sensibilité est la qualité la plus élémentaire à évaluer, elle est rarement mentionnée dans la littérature anglo-saxonne sur la théorie des tests. La fidélité et la validité sont les qualités indispensables à la validation d’un outil de dépistage. « La fidélité concerne la précision avec laquelle un test mesure certaines caractéristiques alors que la validité concerne la qualité de ce qui est mesuré » (Bernier et Pietrulewicz, 1997, p. 173). De ce fait, la validité est évaluée après la fidélité puisqu’elle est plus complexe à vérifier. Comme le souligne Vallerand et al. (2004), bien qu’il s’agisse de concepts indépendants, ces deux propriétés sont intimement liées. La fidélité influence la validité d’un instrument car plus la fidélité est élevée, plus la validité sera élevée. Pour une identification correcte des élèves susceptibles de souffrir de troubles émotionnels et comportementaux, les propriétés psy- chométriques suivantes sont recommandées (Glovers et Albers, 2007 ; Lane et al., 2009 ; Levitt et al., 2007) :

a) Consistance interne élevée (Cronbach’s alpha of ≥ .80) : l’instrument évalue correcte- ment le construit pour lequel il a été conçu.

b) Importante stabilité au test-retest : l’instrument démontre une bonne consistance dans le temps (corrélation des scores lors des deux passations).

c) Validité concordante attestée : l’instrument est comparé à un autre instrument de mesure déjà validé (les deux mesures sont effectuées en même temps).

d) Validité prédictive positive (un enfant avec un score élevé figure bien dans le groupe cible ou clinique) et négative (un enfant avec un score bas figure dans le groupe contrôle ou normal).

e) Bonne spécificité (probabilité de dépister correctement les enfants à risque du groupe clinique) et bonne sensibilité (probabilité d’identifier correctement les enfants du groupe normal).

f) Validité de construit : analyse factorielle confirmatoire pour confirmer la correspondance d’une structure factorielle empirique avec un modèle théorique (Vallerand et al., 2004)

La validation d’un instrument de dépistage s’enrichit de toutes les informations accumulées tant lors de son élaboration que plus tard, lors de son utilisation (Anastasi, 1994). Elle se réalise sur plusieurs années car elle nécessite de nombreuses réplications avec des instru- ments comparables et dans des contextes différents.

Les connaissances scientifiques rassemblées dans ces deux premiers chapitres garantissent une compréhension et une maîtrise du concept mesuré en vue de l’édification de l’outil de dépistage. Les conceptions en psychopathologie développementale sur troubles mentaux chez l’enfant en âge scolaire sont le cadre théorique dans lequel s’inscrit l’instrument. Ce

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fondement théorique fournit les définitions indispensables à la constitution de la banque d’items. Il contextualise les troubles dans l’environnement scolaire et dans les conceptions du dépistage et de la prévention précoce. La démarche d’édification en dix étapes et les principes psychométriques participent au développement de l’outil de dépistage.

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UN OUTIL DE DEPISTAGE EN PSY-