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4.4 Chondrites carbon´ees

4.4.1 R´esultats

Les concentrations sont assez similaires pour les trois m´et´eorites ´etudi´ees (Vigarano, Renazzo, Acfer 187, voir Fig. 4.6, 4.7 et 4.8)—si ce n’est un enrichissement syst´ematique en Pb et Zn (corr´el´e avec Mn) dans les olivines de Vigarano—au moins par les corr´elations qu’elles d´efinissent, de sorte que nous discuterons collectivement des r´esultats obtenus, en nous concentrant sur les Terres Rares, dont les moyennes sont port´ees sur la figure 4.9 :

– La m´esostase a un spectre assez plat, avec une pente l´eg`erement n´egative—la pente ´etant conventionellement lue des terres rares lourdes vers les terres rares l´eg`eres (de droite `a gauche sur les graphes)—avec La variant de 6 `a 22×CI (i.e. 6 `a 22 fois la concentration de r´ef´erence du groupe CI donn´ee par Lodders 2003). Cet enrichisse-ment d’un ordre de grandeur au-dessus des valeurs chondritiques est attendu car les terres rares sont incompatibles dans l’olivine et le pyrox`ene et sont donc concentr´ees dans le liquide r´esiduel lors de la cristallisation de ces silicates. Lesdits silicates in-corporant moins difficilement les terres rares lourdes, on comprend le signe de la pente dans la m´esostase qui les compl´emente.

– Deux analyses de plagioclase donnent des spectres avec une pente positive et une anomalie positive en Eu avec La `a 3,7 et 1×CI.

– Les augites pr´esentent des spectres concaves, de pente n´egative, avec des anomalies n´egatives en Eu (li´ees sans doute `a la co-cristallisation du plagioclase), Lu variant de 6 `a 20×CI.

– Le pyrox`ene pauvre en calcium (enstatite) pr´esente un appauvrissement en terres rares l´eg`eres (avec La variant de 0,05 `a 0,5×CI) par rapport aux terres rares lourdes (Lu entre 0,1 et 1,9×CI). Des anomalies positives en Eu ne sont pas rares. On note

Fig. 4.6 – Carte composite en lumi`ere r´efl´echie de la section 2006-14 de Vigarano. On distingue de nombreux chondres millim´etriques, de forme plus ou moins sph´eriques, ci-ment´es dans une matrice `a grains fins (celle-ci est particuli`erement soulign´ee en bas `a droite par des r´esidus de m´etallisation (n´ecessaire `a l’observation au MEB) plus difficiles `a extirper). Un chondre de 6 mm de diam`etre (le chondre V3) est visible en haut `a droite, avec un croissant de troilite/ferronickel. La plupart des min´eraux “opaques” (sulfure, fer-ronickel, brillants en lumi`ere r´efl´echie) sont inclus dans les chondres mais quelques grains isol´es existent dans la matrice. Deux inclusions r´efractaires sont visibles, la plus grosse `a gauche, dont le pourtour est marqu´e de taches sombres (encore une fois des r´esidus de m´etallisation), et une autre `a droite, en bord de section (au-dessous du chondre g´eant).

Fig. 4.7 – Cartes composites (en ´electrons r´etrodiffus´es) des deux sections de chondrites CR ´etudi´ees, `a savoir la section 719 de Renazzo (en haut) et la section d’Acfer 187 (en bas). De mani`ere g´en´erale, la plupart des chondres sont de type I et apparaissent sombres en ´electrons r´etrodiffus´es, et revˆetent un manteau discontinu de m´etal typique des chondrites CR ; quelques chondres de type II (plus clairs) sont visibles. On observe souvent des franges finement grenue autour des chondres et des objets isol´es tr`es convolu´es de mˆeme texture. Les chondres dans Renazzo montrent une orientation pr´ef´erentielle sensiblement horizontale. Les chondres d’Acfer 187 sont plus gros que dans Renazzo, et les chondres alumineux n’y sont pas rares.

Fig. 4.8 – Carte X de la section 719 de Renazzo (CR2 ; la mˆeme dont la figure 4.7 montre une carte en ´electrons r´etrodiffus´es). Les codes couleur sont : Al en blanc, Mg en vert, Si en bleu, Ca en jaune et Fe en rouge. Carte r´ealis´ee par Anton Kearsley (Natural History Museum de Londres).

Fig. 4.9 – Spectres de Terres Rares moyens pour les diff´erentes phases silicat´ees ren-contr´ees dans les chondres de Vigarano et de Renazzo. On a moyenn´e ici les moyennes pour chacun des chondres ´etudi´es et pour limiter les effets d’une ´eventuelle contamination, des moyennes g´eom´etriques plutˆot qu’arithm´etiques ont ´et´e utilis´ees. Les barres d’erreur figurent les premier et troisi`eme quartiles (la variation en ordre de grandeur retirant toute utilit´e `a l’´ecart-type), sauf pour les augites (“High-Ca pyroxene”) pour lesquelles l’´etendue totale est montr´ee ; on a aussi trac´e les deux seules analyses de plagioclase. Olivine et py-rox`ene sont appauvries en Terres Rares `a cause de leur incompatibilit´e dans leur r´eseau cristallin ; corr´elativement, la m´esostase est enrichie en ces ´el´ements.

que les chondres les plus riches en pyrox`enes pr´esentent aussi les plus faibles teneurs en terres rares dans celui-ci, ce qui pourrait rendre compte de la diff´erence entre les analyses de Jones et Layne (1997) et Alexander (1994).

– Les spectres de deux pigeonites sont interm´ediaires entre ceux des enstatites et des augites.

– L’olivine est la phase silicat´ee la plus pauvre en terres rares (l’incompatibilit´e de celles-ci ´etant la plus marqu´ee avec ce min´eral), avec ´egalement un appauvrissement en terres rares l´eg`eres (La entre 0,0008 et 0,15×CI, ce qui est typiquement un ordre de grandeur en dessous des valeurs SIMS rapport´ees par Ruzicka et collab. (2008) pour des chondrites LL) par rapport aux terres rares lourdes (Lu entre 0,1 et 1,3×CI). Il n’est pas rares de d´eceler des anomalies n´egatives en Eu. Il est notable que les terres rares l´eg`eres sont plus appauvries dans les chondres grossi`erement grenus (et notamment les chondres barr´es et les grains d’olivine isol´es).