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CHAPITRE 1. PROBLÉMATIQUE

1.1. Le contexte de la recherche

1.1.4. Environnement éducatif et situation pédagogique

Tout acte pédagogique présente des caractéristiques propres influencées par sa contextualisation dans un espace géographique donnée et à un moment historique ; aussi cet environnement humain, politique, culturel et social détermine le processus global du modèle pédagogique. Avant toute considération, il est important de noter l’existence de plusieurs facteurs externes à toute situation pédagogique, notamment les influences convergentes ou divergentes, directes ou indirectes sur l’apprentissage. La figure 3 illustre l’aspect macroscopique des interactions dynamiques entre les principales variables qui influencent l’apprentissage en contexte scolaire.

Figure 3 : Les variables influençant l’apprentissage scolaire (adapté de Viau, 1994).

En pensant aux conséquences néfastes de ces multiples influences décrites à la figure précédente, les différents acteurs semblent percevoir, à priori, l’origine des problèmes sous des angles de responsabilité différente. Souvent, ces avis contradictoires sont exprimés en incriminant soit la société, soit la famille ou bien l’organisation de

La relation pédagogique

en contexte scolaire

Apprenant

Enseignant Matière

Valeurs relatives à la famille Valeurs relatives à l’apprenant Valeurs relatives à l’institution

Valeurs relatives à l’enseignant

Valeurs relatives à la société

Valeurs, situation financières, culture, etc.

Age, sexe, milieu social, situation financières, culture, etc.

Mandat, but, culture, ressources humaines, ressources financières

Lois, valeurs, système politique, projet social, etc. Connaissances, formation, motivation,

attitudes, valeurs, milieu social, âge, sexe, etc.

l’institution, si ce n’est carrément en jetant le blâme à l’enseignant et/ou à l’étudiant. Toutefois, il est possible de rallier les opinions des différents acteurs autour de la prédominance de certaines influences incontestables; il s’agit notamment :

1) des valeurs relatives à la société, telles que les modèles dominants de réussite basés sur le travail ou autre repère, la dynamique du marché de l’emploi, la propension à l’attachement aux biens matériels ou la multiplication des loisirs, etc.;

2) des valeurs relatives à l’environnement familial, dont l’absence ou l’existence du soutien dans le travail scolaire et d’une culture anti-scolaire, les conditions matérielles, culturelles ou financières, etc.;

3) des valeurs relatives à l’institution, comme la sélectivité, la compétitivité exacerbée, l’obsolescence des matières enseignées, des classes surpeuplées, des écoles sans ressources humaines et matérielles adéquates, etc.;

4) des valeurs relatives à l’enseignant, telles que la démotivation, l’incompétence, le sexe dans des disciplines perçus traditionnellement comme masculin (par exemple les sciences), l’arbitraire des procédures d’évaluation, etc.

Autant de facteurs face auxquels les apprenants estiment ne pas pouvoir faire grand- chose, quels que soient leur engagement et leur persévérance en contexte académique. Toutefois, on peut estimer que tel n’est plus le cas pour l’étudiant quand on vient à estimer sa responsabilité au sein de la situation pédagogique au sein de ce système, appelé milieu éducationnel.

Selon Legendre (2005), la situation pédagogique est un système comprenant quatre composantes et trois relations. On peut schématiser la situation pédagogique sous la forme d’un triangle, immergé dans le milieu éducatif, et dont les trois sommets sont en relation réciproque ; les côtés du triangle se déclinent en relation d’apprentissage, relation didactique et relation d’enseignement, telles qu’illustrées à la figure 4 ci-dessous.

Figure 4 : La situation pédagogique SOMA (adapté de Legendre, 2005, p. 1240). Par exemple, à l’université, le SOMA peut faire référence aux éléments suivants :

1) le Sujet est l’étudiant inscrit au cours de mathématiques;

2) l’Objet d’apprentissage est le contenu disciplinaire, les mathématiques; 3) le Milieu est l’ensemble des éléments situationnels tels que l’environnement

physique, les conditions matérielles, culturelles et financières;

4) l’Agent est constitué par l’enseignant et ses stratégies d’enseignement, les autres ressources matérielles et pédagogiques (Raby, 2007a).

Dans le cadre de l’enseignement supérieur, Houssaye (2000) propose une situation pédagogique sous la forme d’un triangle composé de trois éléments, le savoir, l’enseignant et l’étudiant, comme à la figure 5 ci-dessous.

Figure 5 : Le triangle pédagogique de Houssaye (adapté de Houssaye, 2000, p. 232). Selon l’auteur de ce modèle de compréhension pédagogique, le savoir intègre le contenu de la formation (la matière, le programme à enseigner), mais peut être décliné en savoir-faire, savoir-être ou savoir-agir. L’enseignant est l’acteur en charge de transmettre ou faire apprendre le savoir. Quant au troisième sommet du triangle, l’étudiant, il acquiert le savoir grâce à une situation pédagogique. Les trois côtés du triangle sont les relations nécessaires à cet acte pédagogique :

1) la relation didactique détermine le rapport entretenu par l’enseignant avec le savoir et qui lui confère l’habilité à ENSEIGNER ;

2) la relation pédagogique est le rapport qu’entretient l’enseignant avec l’étudiant et qui permet de prendre en charge le processus de FORMER ; 3) enfin la relation d’apprentissage est le rapport que l’élève va construire avec

le savoir dans sa démarche pour APPRENDRE.

Le même auteur insiste sur le fait commun que toute situation pédagogique fonctionne sur le système du tiers-exclu ; elle privilégie toujours la relation de deux éléments sur trois du triangle pédagogique, alors que le troisième se résigne à accepter un rôle d’exclus ou d’inutile (la place du mort), ou à défaut, se mettre à faire le fou (Houssaye,

Savoir

Enseignant

Etudiant

ENSEIGNER (Relation didactique) APPRENDRE (Relation d’apprentissage) FORMER (Relation pédagogique)

2000, p. 233). Par exemple, dans le modèle transmissif traditionnel privilégie l’enseignant et le savoir, confinant l’étudiant dans un rôle passif et secondaire, alors dans une formation ouverte et à distance (FOAD), l’environnement privilégie la relation d’apprentissage (savoir-étudiant) en délaissant l’enseignant ; pourtant, il a incombé à ce dernier la tâche importante de la conception et de la mise à disposition des ressources pédagogiques (COMPETICE, 2011, Pédagogie du projet).

En contexte universitaire, afin de mieux comprendre le processus complexe de l’apprentissage des mathématiques, il nous semble utile de rappeler brièvement les caractéristiques spécifiques de deux éléments importants du triangle pédagogique de Houssaye : le savoir et la relation d’apprentissage.