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Entretien avec Pablo Chimienti pour le journal Le

Crisse : « Je dessine la femme que j’aurais aimé être » (2/2) 7 juillet

Annexe 4 Entretien avec Pablo Chimienti pour le journal Le

Quotidien du 18 et 19 juillet 2009

« Atalante, mon plus beau bébé ! »

La belle Atalante, continue, avec Jason et tous ses héros, les Argonautes, la quête de la Toison d’or. Mais le chemin pour l’obtenir est décidément semé d’obstacles.

Les fils du vent, les Boréades, sont enlevés par les Harpyes et enfermés dans leur forteresse du ciel. Pour les délivrer, Jason envoie Atalante capturer les Chevaux volants. Mais ces derniers sont plus farouches que prévu et plus rapides que la jeune fille. Une nouvelle épreuve attend donc la jolie blonde au destin extraordinaire. Et la Toison d’or est encore loin...

Entretien avec notre journaliste Pablo Chimienti.

Le quatrième tome d’Atalante sort enfin. Alors que les trois premiers sont sortis en trois ans, il a fallu attendre six ans pour ce nouvel opus. Que s’est-il passé ?

Crisse : J’ai eu de petits problèmes de la vie. Et puis, j’ai surtout fait pas mal de scénarios, au moins une demi-douzaine, pour d’autres dessinateurs. J’ai aussi lancé une nouvelle série : Ishanti.

Vous avez donc mis de côté Atalante.

Ce n’est pas que je n’avais pas envie de continuer Atalante, mais tous les autres projets

étaient déjà lancés, il fallait donc les assumer. C’est ce que j’ai fait. Une fois tout ça terminé, j’ai pu me remettre à travailler sur Atalante avec beaucoup de plaisir. Après tout,

c’est mon plus beau bébé !

Faut-il voir dans Atalante votre version, très personnelle, du mythe de Jason et des Argonautes, ou la naissance d’un mythe nouveau et moderne d’heroic fantasy ?

Personnellement, j’appelle ça de la mythologie-fantasy. Dans ce cas, je raconte plus ou moins l’histoire des Argonautes, un petit peu comme aurait pu le faire un conteur grec de l’époque, parce que, même à l’époque, ils ne se privaient pas de changer pas mal de choses dans les récits, histoire de faire plaisir aux souverains ou à celui qui les recevait. J’avoue que j’y vais parfois à gros coups de hache pour simplifier les propos. Parce que la mythologie, vous savez, c’est parfois très compliqué quand on veut rester dans une logique narrative. J’essaye donc de m’approprier tous ces personnages.

Qu’est-ce qui vous a poussé à revoir ce mythe grec de la Toison d’or ?

Il y a une petite dizaine d’années, quand j’ai parlé de ça à mon fils qui à l’époque avait 16 ans, je me suis rendu compte qu’il ne connaissait pas du tout Jason et les Argonautes. Je me suis alors dit qu’il y avait un coup à jouer pour faire ressortir ces légendes qui, quand j’étais gamin, me faisaient rêver.

Vous avez grandi avec...

Oui, j’ai grandi avec tous les péplums qui passaient en boucle dans un cinéma les mercredis après-midi. Ma grand-mère m’emmenait voir tout ça, j’ai donc effectivement grandi là-dedans.

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On a beau être déjà au quatrième tome, on est encore très loin de Colchide (où se trouve la Toison d’or) et du roi Éétès. En combien de tomes imaginez-vous la série ?

C’est justement là que je crois que je vais donner de grands coups de hache au mythe originel pour faire avancer le récit un peu plus vite. Il faut bien comprendre que tous les épisodes des Argonautes ne sont pas forcément intéressants. Du coup, d’ici trois tomes ils seront face à la Toison d’or et Atalante les quittera à ce moment-là pour suivre son rêve à elle, qui est de devenir une Amazone.

On ne verra donc pas, ensuite, le retour de Jason avec la Toison d’or.

Non, je ferai une grosse ellipse, c’est-à-dire que les Argonautes vont partir de leur côté, et Atalante va aller voir les Amazones pendant deux ou trois tomes pour finir par vivre sa vraie légende, et rejoindre seulement par la suite les Argonautes.

Il devrait donc y avoir, en tout, une dizaine de tomes.

Oui, peut-être plus...

Revenons à ce tome 4. Cette histoire de L’Envol des Boréades n’est pas finie. C’est une première pour la série. Alors, à quand le tome 5 et surtout pouvez-vous nous dévoiler un peu les prochains rebondissements ?

Le tome 5 sortira au printemps prochain, vers le mois de juin. Par contre, je ne peux pas vous dévoiler grand-chose. Comme je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup à l’instinct et à l’improvisation, je me laisse toujours beaucoup de marge pour rêver moi-même mon histoire au fur et à mesure.

Donc la fin de ce récit n’est pas encore écrite.

Non. Disons que j’ai un fil rouge, que je ne peux pas trop expliquer sans trop en dévoiler ; mais bon, en tout, ça donnerait une histoire sur 10 pages. Chez moi, une page s’enchaîne avec une autre, il y a de nouveaux personnages qui apparaissent et je leur laisse beaucoup de liberté pour vivre, comme je l’ai fait avec cet album-ci. C’est d’ailleurs ce qui fait que cette aventure est en deux volumes alors qu’au départ, elle ne devait en faire qu’un. Mais en me laissant aller un peu avec ces personnages, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas tout boucler avec juste ce tome 4 et donc, en accord avec l’éditeur, on en a fait deux volumes.

La dernière planche de cet album est assez dure, c’est nouveau dans cette série de voir autant de malheur et de souffrance.

Oui, c’est le cliffhanger parfait ! (Rires)... C’est un truc qu’on ne s’attend pas du tout à retrouver dans nos univers. Là, en plus, les lecteurs doivent être verts de rage de devoir attendre un an pour savoir ce qui va arriver à ces pauvres Boréades.

Normalement, c’est Jason qui doit passer toute une série d’épreuves surhumaines pour s’approprier la Toison d’or. Dans votre histoire, c’est surtout Atalante qui se soumet aux caprices des Dieux et des puissants. C’est un hommage aux femmes ?

Oui, j’aime beaucoup dessiner de jolies filles. Mais dans mes histoires, elles ne sont pas du tout potiches. Elles sont, au contraire, maîtresses de leur destin. Elles imposent le respect. Je trouve que c’est une bonne alchimie. Au point que personne ne s’approche trop d’Atalante pour la draguer lourdement.

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Est-ce que c’est votre manière de leur redonner une place dans la société qu’elles n’avaient pas dans la mythologie, qui ne leur réservait que des rôles secondaires ?

Oui et non, parce qu’Atalante était, dans la mythologie grecque, une des seules à échapper à ça. Elle était déjà maîtresse de son destin. Surtout dans les courses qu’elle faisait contre les hommes. Psychologiquement, je ne pense pas m’être beaucoup écarté du personnage mythologique.

On a l’impression que, plus la série avance - surtout depuis l’arrivée de Niké le Pikitos, plus le côté burlesque est marqué et l’humour potache.

Oui, je trouve que comme ça c’est plus sympa. Effectivement, je me suis un petit peu lâché. Tout n’est pas drôle, mais il y a aussi plein de clins d’œil, des jeux de mots que je trouve assez relevés. Comme ça, il y en a un peu pour tout le monde. Et, effectivement, parfois j’ai un peu dérapé ! (Rires).

C’est le succès d’une série comme Trolls de Troy qui vous a donné envie de ça ?

Non, c’est mon humour naturel, qui fait d’ailleurs le désespoir de ma petite amie !

Malgré toutes vos nouvelles séries : Atalante, mais aussi Luuna, Ishanti etc. Vous restez pour toute une génération de bédéphiles, le père de Kookaburra. Que vous avez, depuis, légué à votre camarade Mitric. Aucun regret par rapport à ce choix ?

Le succès d’Atalante a été assez foudroyant. L’intérêt suscité chez mon éditeur a très vite

fait passer Kookaburra au second plan. Parce que si le space opera ne marchait pas trop

mal, Atalante marchait vachement mieux ! Ce qui fait qu’on m’a demandé de me

concentrer sur Atalante. Dans un premier temps, je me suis dit que j’allais faire les deux,

mais je n’ai jamais trouvé le temps pour les faire bien tous les deux. J’ai donc commencé à faire des essais avec Nicolas Mitric et comme il se sentait très à l’aise dans cet univers et qu’il participait déjà beaucoup au scénario, je l’ai laissé mener à bien la suite du projet. Le seul petit regret que j’ai, c’est que je m’étais bien attaché au personnage principal, le space- sniper.

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Annexe 5 - Entretien avec Alix Devos pour le site Graphivore.be, le 12