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Tu as aussi une carrière de scénariste, puisque tu écris Les Ailes du Phaéton pour Fino, Petit d'Homme pour N'Guessan et que tu as, le crois, d'autres projets...

Je vais arrêter Les Ailes du Phaéton. Quant au troisième épisode de Petit d'Homme, il est écrit et Marc N'Guessan est en train de le dessiner, donc cela me laisse un peu de temps. Je suis en train de mettre en chantier un polar avec Serge Carrère, et j'ai un autre projet avec Mitric, le dessinateur d'Arkéod. Il s'agit de la jeunesse de Dragan Préko. Dans Kookaburra, Préko est plus spectateur qu'acteur. Dans cette nouvelle série, il sera le héros principal d'aventures qui se seront déroulées avant Kookaburra. Mais là, je ne fais que coécrire le scénario avec Mitric.

Pourquoi avoir confié le dessin à Mitric ?

Parce que je trouve qu'il y a une certaine filiation entre son style et le mien. Son graphisme aussi est très influence par celui de Vatine. Son trait est un peu plus anguleux que le mien, mais il m'a promis de s'en rapprocher. De mon côté, je vais pousser un tout petit peu mon dessin vers le réalisme pour faire en sorte que les deux graphismes se rejoignent. Nicolas Mitric a une pêche d'enfer. Je me suis un peu reconnu en lui. Il est curieux de tout et s'intéresse à énormément de domaines, mais avant tout, il vit BD et il est BD. Il ne se prend pas au sérieux, mais il travaille sérieusement. J'espère vraiment que l'on va faire un long bout de chemin ensemble.

Comment est né le projet avec Serge Carrère ?

Cette série va s'appeler Private Ghost. C'est l'histoire d'un privé qui a été tué et qui erre sous forme de fantôme à la recherche de son meurtrier. Dans chaque album il va aider une jeune femme à résoudre une énigme policière. Serge Carrère est quelqu'un que je

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respecte beaucoup. Humainement, c'est quelque chose ! On se rencontrait souvent lors de festivals de BD et, un jour, je suis allé dîner chez lui. On a bien ripaillé, et en repartant chez moi, dans ma voiture, je me suis dit que cela serait sympa de faire quelque chose ensemble. Mais Serge avait beaucoup de travail et le projet est resté au point mort. Puis, quelques mois plus tard, Mourad m'a demandé si je n'avais pas quelques scénarios pour de jeunes auteurs. Je lui parle de Private Ghost, l'idée lui plaît et il me dit : "Mais c'est Serge qui devrait dessiner cette histoire !". Il l'a appelé dans la foulée et voilà !

Tu es heureux chez Soleil ?

Chez Soleil, j'ai trouvé la famille que je cherchais depuis toujours. C'est-à-dire un éditeur pas trop gros, où l'auteur n'est qu'un auteur parmi tant d'autres, et pas trop petit non plus, sinon il n'y a pas de structure suffisante pour bien vendre des albums. Je suis arrivé aux éditions Soleil juste au moment où elles commençaient à bien se développer, notamment grâce au succès de Lanfeust. Ce qui est passionnant, c'est que nous grandissons ensemble eux et moi.

Soleil étant donc une famille, Boudjellal a-t-il essayé de te marier à son scénariste vedette, Arleston ?

Non. Arleston et moi nous n'avons pas d'atomes crochus. Nous ne voyons pas le métier de la même façon.

Soleil semble en effet avoir des liens privilégiés avec ses auteurs...

Oui. Mourad a beaucoup d'attentions pour moi qui dépassent le cadre professionnel. Une année, il tenait absolument à lancer le nouveau Kookaburra au Festival d'Angoulême. Mais, pour cela, il fallait que les albums arrivent dans l'entrepôt du diffuseur le lundi précédent. Comme ils étaient imprimés en Belgique et que les seuls camions ayant le doit de rouler le dimanche sont les camions frigorifiques parce qu'ils transportent des denrées périssables, Mourad s'est débrouillé pour que les Kookaburra voyagent de cette manière !

Comics Américains : Tellos

Comment as-tu été amené à collaborer aux comics américains Tellos ?

En janvier 2000, au festival d'Angoulême, j'ai découvert sur le stand Sémic les couvertures originales réalisées pour la version française de certains comics par mes collègues européens : Liberatore, Meynet, l'inévitable Vatine, etc. Tout haut, je me suis fait la réflexion que cela m'aurait plu d'en réaliser une moi aussi. Le vendeur a entendu, m'a demandé qui j'étais, puis il m'a mis en contact avec l'éditeur. Cela s'est fait tout bêtement... J'aurais voulu réaliser la couverture de Danger Girl, mais on m'a proposé Tellos que je ne connaissais pas. Ensuite, j'ai téléphoné au scénariste, Todd Dezago, qui s'est révélé être quelqu'un de charmant. Sans vraiment y penser, j'ai lancé que j'aimerais réaliser une petite histoire de Tellos. Il se trouve que Thierry Mornet, le rédacteur en chef de Sémic, avait eu la même idée de son côté. C'est ainsi que je me suis retrouvé à dessiner un épisode de vingt planches qui a d'abord été publié en France, puis aux Etats Unis.

Travailler pour les comics américains, c'était un rêve de gosse ?

Ma seule condition pour que j'accepte ce travail, c'était qu'il soit publié là-bas, aux USA. Mais ce qui m'attirait le plus, c'était le format, plus allongé en hauteur, qui semble me convenir très bien. Bien sûr, c'est un rêve de gosse qui se réalise. Va savoir... peut-être que Spielberg lit des comics !

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Annexe 2 - Entretien avec Mathieu Laviolette-Slanka pour le site

Evene.fr, février 2007