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Les enfants ont été aléatoirement répartis dans deux entraînements distincts : un entraînement de la mémoire de travail (Magic Memory, Delage, Da Costa, & Durrleman, 2017), qui est l’entraînement cible et un entraînement des compétences scolaires (Squla, Squla Inc.

2017)7 qui est l’entraînement alternatif. Dans les deux cas, l’entraînement est intensif : il dure huit semaines à raison de trois séances de 30 minutes par semaine, soit une durée totale de 12 heures. La seule contrainte est de ne pas réaliser les entraînements sur trois jours consécutifs.

Les entraînements se sont déroulés soit au domicile de l’enfant, soit dans un cabinet logopédique.

7 https://www.squla.fr

Une étudiante devait obligatoirement être présente lors des deux premières séances puis au minimum une fois toutes les deux semaines. Lors des semaines où l’étudiante n’était pas présente, cette dernière contactait les parents afin de vérifier le bon déroulement des séances.

Les deux types d’entraînement se déroulaient dans la mesure du possible sur iPad. Néanmoins quelques enfants ont suivi leur entraînement sur ordinateur. Afin de maintenir la motivation de l’enfant, celui-ci recevait des cadeaux d’une valeur totale de CHF 20.-.

2.4.1 Entraînement de la mémoire de travail : Magic Memory

Le programme d’entraînement Magic Memory (MM) a été élaboré sur la base des résultats des recherches antérieures, c’est-à-dire sur les tâches en MdT qui prédisent le plus fortement les performances en syntaxe complexe, à savoir la mémoire sérielle et les empans complexes (Delage, 2015). Ce programme d’entraînement adaptatif est constitué de cinq activités ludiques de cinq minutes chacune. Un tableau synthétique de ces activités est présenté en Annexe VII.

Trois niveaux de départ sont proposés (débutant, moyen et expert). Le niveau initial de l’enfant dépend du score qu’il a obtenu à l’épreuve d’empan de chiffres endroit lors du pré-test (Annexe VIII). Ce niveau détermine l’empan aux différentes activités lors de la première session.

Par la suite, le niveau de difficulté (longueur des empans) augmente ou diminue graduellement en fonction des performances de l’enfant. L’ordre dans lequel les activités sont présentées est randomisé à chaque session. De plus, les stimuli utilisés ont été sélectionnés selon des critères précis. La fréquence lexicale et l’âge moyen d’acquisition pour chaque mot ont par exemple été contrôlés. A la fin de chaque activité et de chaque session, un feed-back est donné à l’enfant sur sa performance. Les résultats sont enregistrés et permettent de visualiser les progrès de l’enfant au fur et à mesure de l'entraînement sous forme de graphique.

2.4.1.1 Activité 1 : Reconstruction de l’ordre sériel

Cette activité vise à entraîner les empans simples et plus particulièrement la composante sérielle grâce à une tâche inspirée des travaux de Majerus (Majerus et al., 2006 ; Majerus, 2008).

Avant le début de l’exercice, l’enfant est familiarisé aux mots qui vont lui être présentés par la suite (Figure 11a). Après cela, l’activité commence. L’enfant entend d’abord une série de mots monosyllabiques familiers (exemple : robe, poule, hache, gant) (Figure 11b) et doit ensuite replacer les images correspondantes dans l’ordre sur les wagons d’un train (Figure 11c).

Figure 11. Illustration de l’activité de reconstruction de l’ordre sériel.

2.4.1.2 Activités 2 et 3 : Empans de couleurs endroit et envers

L’activité 2 est une tâche d’empans simples tandis que l’activité 3 est une tâche d’empans complexes. Elles sont toutes les deux inspirées de la tâche d’empan de chiffres de Wechsler (2005). L’enfant entend une liste de n noms de couleurs (exemple : jaune, vert, rouge...), puis il doit cliquer sur les couleurs correspondantes dans l’ordre de présentation (activité 2) ou dans l’ordre inverse (activité 3), c’est-à-dire en commençant par la dernière couleur entendue (Figure 12). L’empan initial pour chaque activité est déterminé au début de l’entraînement en fonction du niveau de difficulté et varie en fonction des réponses données par l’enfant (Annexe IX).

Figure 12. Illustration de l’activité d’empan de couleurs endroit.

2.4.1.3 Activité 4 : Ordre sériel avec tâche interférente

La quatrième activité entraîne les empans complexes. L’enfant doit stocker l’ordre dans lequel sont présentés des items (mémoire sérielle) tout en effectuant un traitement additionnel qui interfère avec le stockage (composante attentionnelle). Cet exercice se déroule de la manière suivante : tout d’abord, l’enfant est familiarisé à des sons de la vie quotidienne (exemple : téléphone, pleurs, guitare...) qui seront par la suite utilisés dans la tâche. Après cela, il entend ces sons qu’il doit mémoriser. Entre chaque son, l’enfant effectue une tâche de comparaison de quantités (tâche interférente) qui consiste à cliquer dans un temps très limité sur l’image contenant le plus d’objets. Après la présentation de n sons, l’enfant doit replacer les images correspondant aux sons mémorisés dans le bon ordre sur des parchemins (Figure 13).

Figure 13. Illustration de l’activité d’ordre sériel avec tâche interférente.

Le nombre de sons à mémoriser ainsi que le temps à disposition pour la tâche interférente sont les deux facteurs qui déterminent le niveau de difficulté. Celui-ci est basé sur le modèle TBRS de Barrouillet et ses collègues (2004) qui postule que le stockage dépend du temps dont l’attention est dédiée au traitement, dans ce cas à la tâche interférente. Plus la tâche est difficile, plus le temps à disposition pour la tâche interférente est court et ne permet ainsi pas la réactivation des sons à mémoriser (Annexe X).

2.4.1.4 Activité 5 : N-back

La dernière activité vise à entraîner la mise à jour de la MdT grâce à une tâche de n-back.

L’enfant voit défiler des images de faible complexité visuelle et doit cliquer sur un item s’il est identique à celui présenté juste avant (1-back), deux ou trois items auparavant (2-back et 3-back respectivement). Un exemple pour le niveau 2-back est illustré dans la Figure 14.

Figure 14. Illustration de l’activité N-back.

2.4.2 Entraînement des compétences scolaires

Au niveau de l'entraînement alternatif, qui nous a servi d'entraînement contrôle, nous avons proposé un entraînement des compétences scolaires sans rapport direct avec la MdT, afin de s’assurer de l’impact spécifique de l'entraînement Magic Memory. Après une étude de marché des différents sites qui proposent des programmes de formation des compétences scolaires, nous avons sélectionné Squla (Squla Inc. 2017). Ce programme était le plus adapté à notre recherche et aussi le plus attractif financièrement. Les exercices proposés sont ludiques et adaptatifs avec de nombreux feedbacks (Figure 15). Ils recouvrent des domaines variés des enseignements scolaires et sont basés sur les programmes académiques français (mathématiques, français, géographie, musique…). Ils permettent ainsi de cibler les difficultés scolaires de chaque enfant et

de lui proposer un soutien adapté. Nous avons demandé aux familles de varier les activités exercées, afin d’éviter que l’enfant n’effectue qu’une seule activité qui pourrait entraîner également la MdT (exemple : calcul mental) et ainsi biaiser les résultats.

Figure 15. Illustration d’exercices et feedbacks du programme d’entraînement alternatif Squla.