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3.2 LE CAS ETUDIÉ

3.3.2 L’enquête

Notre étude est exploratoire et elle a été réalisée en utilisant des entretiens de groupe et des entretiens individuels semi-dirigés. Cette démarche méthodologique nous a permis de respecter les modalités de participation de chaque acteur et partie prenante à la mise en œuvre du CCS. En effet, les entretiens de groupe nous permettent de considérer la participation collective des délégués de la CL dans les différentes étapes de la mise en œuvre du CCS. Par contre, l’organisation des entretiens individuels semi-dirigés correspond à la participation individuelle du représentant de l’État, du délégué de la compagnie, des délégués des ONG et de l’expert indépendant dans la mise en œuvre du

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CCS. Le nombre des participants lors des entretiens semi-dirigés ou les groupes de discussion était fixé sur le principe de la saturation. Pour Deslauriers (1991) et Dépelteau (2000) la saturation est atteinte lorsque l’investigation n’apporte plus rien de nouveau et que les données récoltées deviennent répétitives.

Toute partie prenante est un acteur mais tout acteur n’est pas forcément une partie prenante. Dans cette étude, une partie prenante est un acteur qui participe à la mise en œuvre du CCS tout en étant directement concerné par les décisions ou les bénéfices fournis par les clauses du CCS. Ainsi, nous avons interviewé les délégués des communautés locales, le délégué du concessionnaire forestier et l’administrateur du territoire. Ces derniers sont les parties prenantes à la mise en œuvre du CCS. Nous avons aussi interviewé les délégués des ONG, les experts indépendants, en tant qu’acteurs de la mise en œuvre du CCS. Le tableau en annexe 2.1 récapitule le déroulement de la collecte des données au niveau local.

3.3.2.1 Délégués des communautés locales et groupes de discussion

Lesdélégués des communautés locales ont participé au groupe de discussion organisé respectivement dans les villages Taketa et Esangambala (groupement Mbinjankama). Geoffrion (2010) définit le groupe de discussion communément connu sous le nom de focus-groupe comme une technique d’entrevue qui réunit de six à douze participants et un animateur, dans le cadre d’une discussion structurée, sur un sujet particulier. Pour le même auteur, le groupe de discussion permet une interaction des intervenants lors de l’entretien, de poser des questions ouvertes, ainsi qu’un approfondissement des réponses. Vu le nombre important des participants, à notre deuxième groupe de discussion, de plus de trente personnes, notre deuxième groupe de discussion a constitué une assemblée de consultation de la CL. En effet, en dehors de la vingtaine des participants formellement conviés en qualité de délégué villageois, certains membres du village y prenaient part à nos entretiens de groupe sans y être formellement conviés, ce sont les jeunes hommes et les femmes qui ne font pas partie des délégués villageois. Nous avons organisé deux entretiens de groupe qui ont réuni un total de 101 participants.

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Toutefois, le déroulement d’un groupe de discussion peut inhiber la participation de certains intervenants. De plus, l’avis du groupe ressort plus au détriment parfois des avis personnels qui peuvent être contradictoires avec ceux du groupe (Patton, 2002). Ainsi, nous avons interviewé individuellement deux membres du GLG du groupement Mbinjakama au sein de la base-vie de Nteno ainsi que le représentant de l’État, un expert indépendant, un délégué d’une ONG nationale, un délégué d’une ONG internationale et un délégué de la concession forestière. Nous avons eu l’autorisation de la compagnie SODEFOR d’interviewer son délégué.

Nous avons rencontré les délégués de la CL qui interviennent dans les comités locaux de gestion ou de suivi de l’utilisation du FDL. Ces derniers ont été interviewés lors de notre séjour à Nteno en 2012 au sein de la base-vie de la concession de Nteno et au cours des deux entretiens de groupe en 2013 dans les villages Taketa et Esangambala dans le groupement Mbinjankama. Les réunions entre les délégués du groupement Bokongo et ceux de la SODEFOR avec la facilitation des délégués du WWF et la supervision de l’administrateur du territoire ont fait l’objet de l’observation non participante. Ces réunions se sont déroulées dans la cité d’Oshwe, chef-lieu du territoire d’Oshwe lors de la réunion de négociation des clauses du CCS en 2012. Les délégués des groupements Batito Nord et Batito Sud ont aussi fait l’objet de l’observation non participante en 2012 au village Imoma lors de la révision des clauses du CCS conclues auparavant.

3.3.2.2 Délégués du concessionnaire, acteurs locaux et entretiens individuels semi- structurés

Les différentes parties prenantes et acteurs de la mise en œuvre du CCS à Oshwe ont été interviewés individuellement conformément à leur participation individuelle lors de la mise en œuvre du CCS. Il s’agit du délégué du concessionnaire forestier, le représentant de l’État, un délégué d’une ONG nationale, un délégué d’une ONG internationale et un expert indépendant. Durant notre séjour au sein de la bas-vie de la concession de Nteno en 2012, nous avons interviewé le chargé du volet social de la compagnie forestière. Tous ces acteurs ont été interviewés dans la base-vie à Nteno en 2012.

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Pour Savoie-Zajc (2010), l’entretien individuel semi-dirigé, dénommé aussi semi- structuré ou semi-directif est :

« Une interaction verbale animée de façon simple par le chercheur. Celui-ci se laisse

guider par le rythme et le contenu unique de l’échange dans le but d’aborder sur un mode qui ressemble à celui de la conversation les thèmes généraux qu’il souhaite explorer avec le participant à la recherche. Grâce à cette interaction, une compréhension riche du phénomène à l’étude sera construite conjointement avec l’interviewé.»

L’avantage qu’offre la technique d’entretien semi-dirigé est que l’interviewé qui se sentirait plus à l’aise qu’en groupe, exprimerait alors plus aisément sa pensée (Limerick

et al., 1996; Babbie, 2005).

3.3.2.3 L’observation non participante au niveau local

Durant l’enquête, nous avons aussi utilisé l’observation non participante. Nous avons eu l’autorisation de la compagnie SODEFOR pour participer à ces différentes réunions avec les délégués de la CL. Nous avons pris part à la réunion des délégués du concessionnaire en 2012 dans le bureau d’aménagement de la compagnie, cette réunion fait partie de l’observation non participante. Les réunions de négociation des clauses du CCS entre la compagnie et les délégués des groupements Bokongo dans la cité d’Oshwe, chef-lieu du territoire d’Oshwe en 2012 ont fait l’objet de l’observation non participante. Aussi, la réunion de révision des clauses du CCS entre les groupements Batito Nord et Batito Sud avec la compagnie ont aussi fait l’objet de l’observation non participante en 2012 au village Imoma.

L’observation non participante est intéressante pour établir des convergences ou des divergences en dehors des contenus des discours recueillis des acteurs et des parties prenantes (Dépelteau, 2000). En réalisant l’observation non participante, nous nous sommes retrouvés au cœur des activités liées à la mise en œuvre du CCS à Oshwe afin de bâtir notre réflexion en dehors de l’analyse des perceptions recueillies des parties prenantes lors des entrevues semi-dirigées et des groupes de discussion. En effet, l’observation non participante consiste pour le chercheur de vivre dans le commun des sujets observés sans que ce dernier soit impliqué dans leurs activités (Dépleteau, 2000; Choudhury, 2016).

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3.3.2.4 Parties prenantes et acteurs intervenants au niveau national et l’observation participante

En vue de complémenter les informations recueillies au niveau local, notre enquête a porté aussi sur les parties prenantes et les acteurs intervenants au niveau national. L‘enquête auprès des acteurs intervenants au niveau national a intervenu en 2012 et en 2014. L’enquête des différents acteurs a consisté à appliquer l’observation participante, l’observation non participante et l’entrevue individuelle semi-dirigée.

Nous avons ciblé 21 acteurs du secteur forestier impliqués dans leurs organisations respectives dans la mise en œuvre du CCS. Ces derniers participent au fora et ateliers nationaux sur la mise en œuvre du CCS (CEFDHAC-RDC, 2014; Nzita, 2014). Il s’agit des délégués de la Fédération des Industriels du Bois qui est le syndicat des compagnies forestières en RDC. Les délégués de la société civile qui regroupe les ONG nationales intervenant au niveau local, des experts des services de l’État impliqués dans la facilitation de la mise en œuvre du CCS; des experts des ONG internationales ont été aussi ciblés. Les experts des bureaux d’étude; des délégués des organisations de défense des droits des Peuples Autochtones et des représentants des institutions universitaires ont fait aussi partie des acteurs ciblés lors de l’enquête.

L’observation participante est marquée par notre implication en qualité de modérateur ou de participant lors d’un forum et d’un atelier respectivement sur le rôle de la certification forestière en RDC et sur le partage d’expérience sur la mise en œuvre du CCS en RDC (CEFDHAC-RDC, 2014; MECNDD, 2015). Les débats ont lieu au niveau national lors du forum CEFDHAC-RDC et de l’atelier national d’échange sur la mise en œuvre du CCS en RDC.

La Conférence des Écosystèmes des Forêts Denses et Humides d’Afrique Centrale (CEFDHAC) est une structure de la COMIFAC qui permet d’organiser des échanges entre les acteurs et les parties prenantes sous forme de forum. L’atelier d’échange sur les expériences tirées de la mise en œuvre du CCS en RDC était organisé par la mission de facilitation des négociations des clauses du CCS. La mission de facilitation est une structure spécialisée de l’État à travers le Ministère de l’Environnement qui est appuyée

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financièrement par la Banque Mondiale. Ce même financement a permis la facilitation des experts des ONG dans la mise en œuvre du CCS. D’après Bastien (2007), l’observation participante est une méthode qui permet de vivre la réalité des sujets observés et de pouvoir comprendre certains mécanismes difficilement décryptables pour quiconque demeure en situation d’extériorité.