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Les enjeux de l’énonciation, de la performation et de la pragmatique

6. Politiques des narrations et des savoirs : pour une éthique

6.3. Les enjeux de l’énonciation, de la performation et de la pragmatique

Les références théoriques auxquelles je souhaite avoir recours ici s’inscrivent dans le contexte général des changements de perspective de la linguistique et de la communication au XXe siècle. Elles ont évolué du concept de structure aux concepts d’énonciation et d’interaction, ouvrant la voie aux dimensions performative et pragmatique du langage dans lesquelles j’inscrirai mes recherches.

Les critiques épistémologiques à l’encontre d’une linguistique structuraliste ont principalement porté sur les biais introduits par le logocentrisme dans l’observation des phénomènes et sur l’absence des individus communicants dans les modèles théoriques. La sémiologie saussurienne de la communication portait une contradiction profonde en privilégiant le rôle du locuteur, via le critère de signification intentionnelle, tout en l’excluant de l’analyse dont il avait contribué à définir le champ. L’intégration du locuteur dans le modèle de pensée sémiologique est une orientation fondamentale, réalisée principalement dans la théorie des actes de langage et dans l’orientation pragmatique de la communication. Dans le même temps, le modèle linguistique du code s’est désintégré avec la prise en compte du contexte. La pragmatique linguistique s’est développée sous plusieurs formes, résidant dans la théorie de l’énonciation, la théorie des actes illocutionnaires et une pragmatique psychosociale adossée à des aspects relationnels et psychologiques. Nous sommes loin d’une conception de l’information issue de la linguistique structuraliste qui lui attribuait un sens univoque et décelable. On pourrait d’ailleurs la rapprocher, dans la théorie de l’information des ingénieurs de Bell

Telephone, de la conception linéaire de la communication dans laquelle le message est considéré comme un invariant de sens à travers des opérations d’encodage et de décodage. L’ambivalence et l’interaction des échanges apparaissent désormais dans les situations de communication. On observe dans les travaux sur la communication un recentrage sur des problématiques liées aux individus et à leurs interactions. Et cela sous l’influence de l’école américaine de Palo Alto (Y. Winkin, 1981)273 et de ses

psychosociologues qui analysent les aspects conjoints – le contenu et la relation – de la communication (Watzlawick, 1972)274.

Je me suis plus particulièrement intéressée à une pragmatique et à une anthropologie communicationnelle (Hymes, 1982 ; Gumpers, Hymes, 1972)275. Dell Hathaway Hymes (1927) se situe au cœur de l’évolution vers les aspects énonciatifs (E. Benveniste) de la communication dans leurs dimensions interactives, relationnelles et performatives (J. Austin, J. Searle). À cet égard, dans un article publié avec J.-.M. Noyer en 2007276, nous avons observé que D. H. Hymes (1927), en envisageant la communication dans une perspective anthropologique, a introduit le langage en acte – verbal et non verbal – au cœur de l’analyse sociolinguistique. Cette « ethnographie de la parole », qui entre en résonance sur ce point avec la position de William Labov, a posé la centralité de la variation dans l’étude du langage et a fait de la pragmatique le présupposé de toutes les dimensions linguistiques. Dans ce cadre, communauté et individu sont en co-détermination réciproque. L’étude du langage, envisagé comme comportement social et culturel, a évolué d’une ethnographie de la parole à une ethnographie de la communication qui s’appuie sur des approches théoriques et méthodologiques à partir d’analyses de terrain. La notion globale de « compétence de communication » recouvre les compétences d’un individu dans plusieurs langues et inclut le langage non verbal :

« […] quand nous considérons des individus comme capables de participer à la vie sociale en tant qu’utilisateurs d’une langue, nous devons, en réalité, analyser leur aptitude à intégrer l’utilisation du langage à d’autres modes de communication, tels la gestualité, la mimique, les grognements, etc. […] En somme, ce que l’on sait et ce que l’on fait d’une langue tient aussi à la place que celle-ci occupe dans l’ensemble plus

274 Watzlawick P., Beavin-Bavelas P., Jackson D., Une logique de communication, Éd. du Seuil, Paris, 1972.

275 Hymes, D. H, Vers la compétence de communication (titre original : Toward linguistic competence, manuscrit n°16 – 1973 – de la série, non éditée, des Texas Working Papers in Linguistics), préface et postface (1982) de D. H. Hymes, trad. de F. Mugler, note liminaire de D. Coste, Paris, Hatier CREDIF, 1984. Gumperz J. J., Hymes D. H. (ed.), Directions in sociolinguistics: the ethnography of

communication, New York, Chicago [etc.] : Holt Rinehart and Winston, Inc., 1972.

276 Juanals B., Noyer J.-M., 2007. « D. H. Hymes, vers une pragmatique et une anthropologie communicationnelle ». Laulan A.-M. et Perriault J. (dir.), Infocom : Réécrire la genèse. Revue Hermès CNRS, n° 47. Paris : CNRS Éditions.

vaste des savoirs et des capacités entrant dans les divers modes de communiquer »277. Ainsi, par l’élargissement du champ de compétences, l’ethnographie de la parole peut-elle devenir une ethnographie de la communication. La prise en compte de la dimension sociale et pragmatique est essentielle. Toutefois, bien que la fonction pragmatique du langage soit présente dans la théorie linguistique comme dans l’ethnographie de la communication, elle recouvre des pratiques scientifiques et des concepts distincts : l’étude intuitive et théorique des « actes de langage » (speech acts) reste fondamentalement différente de l’observation empirique des « actes de discours »

(speech events), reliés à la parole. À partir des travaux de D. H. Hymes et de W. Labov (quelles que soient leurs différences), la linguistique est posée comme une pragmatique – sémiotique ou politique –, comme une instance d’effectuation des conditions du langage dans un champ (social, anthropologique...) spécifique. Les travaux de D. H. Hymes ont contribué à approfondir la pensée des phénomènes communicationnels par son refus de considérer le langage comme un système clos et autonome, ce qui l’a amené à repenser la manière dont il est à la fois l’exprimé et l’expression d’agencements sociaux, eux-mêmes pris dans une perspective historique. Sa posture scientifique, dégagée des postulats de la linguistique structurale, a ouvert la voie à une pragmatique et à une anthropologie communicationnelle.

Les analyses des fonctions performative et pragmatique du langage dans des champs sociaux seront centrales dans mes travaux.

Lors des William James Lectures à Harvard, en 1955, le philosophe du langage ordinaire John Austin278 a mis en évidence, le rôle décisif du « performatif » dans le cadre d’une théorie des actes de langage. Il a analysé qu’il n’existe pas seulement, entre l’action et la parole, des rapports extrinsèques, mais aussi des rapports intrinsèques entre les paroles et les actions que l’on accomplit en les disant, en les énonçant. L’analyse du performatif et, en général, du « speech-act » chez J. Austin révèle la particularité de certains énoncés qui ne possèdent pas une dimension vériconditionnelle. Elle met en

277 Hymes, D. H, 1984, op. cit, p. 128.

278 Austin, John Langshaw, Quand dire, c'est faire (Titre original: How to Do Things with Words), 1962, trad. fr. 1970, Paris, Seuil, coll. Points essais, 1991.

évidence le rapport de la communication linguistique avec le champ plus large de la communication sociale et de l’environnement socioculturel dans lequel elle s’inscrit. Envisagé à partir de la diversité de ses usages en situation, le langage est étudié dans une typologie des « actes de langage » analysés en trois aspects (l’acte locutionnaire, l’acte illocutionnaire et l’acte perlocutionnaire) qui a renouvelé les perspectives de la pragmatique. Ses travaux ont été poursuivis par John Searle279, selon une orientation linguistique similaire, en vue de mener l’analyse des communications langagières. Dans l’étude des actes illocutionnaires et perlocutionnaires, ce dernier a en particulier introduit, à l’intérieur d’une théorie générale de l’action lui donnant une valeur collective, la notion d’intentionnalité de communication dans l’acte de langage, ce qui l’a amené à distinguer des contraintes linguistiques de contraintes paralinguistiques – liées à des éléments contextuels et à des arrière-plans de connaissance. Les effets des actes de langage et l’évaluation de leur accomplissement ont suscité de nombreux débats ; il est progressivement apparu que plusieurs niveaux d’analyse s’avéraient nécessaires, incluant, certes, un aspect linguistique dans la médiation à autrui, mais également des aspects sociologique, psychologique ou pragmatique.

Ce qui sera essentiel pour la suite de ce chapitre, c’est qu’en affirmant le rapport du langage avec la réalité et les individus, les narrations ne sont pas seulement considérées comme des récits portant sur une réalité extérieure qu’ils commentent, mais également en fonction du rôle qu’ils jouent dans le cours des faits de communication dont ils rendent compte. Les aspects performatifs des narrations sont appuyés sur une analyse sociolinguistique couplée à la prise en compte, que je considère comme étant indissociable, d’aspects sociaux et politiques.

Dans ma réflexion, la pragmatique est étroitement articulée avec le concept de performation, dans l’objectif de poser ultérieurement la question du sens et de l’interprétation dans le contexte de problématiques éthiques et politiques.

L’importance de la pragmatique s’est développée à l’intérieur des recherches linguistiques, à partir de l’intégration de l’énonciation dans le langage : « Bien des

notions en linguistique, peut-être même en psychologie, apparaîtront sous un jour différent si on les rétablit dans le cadre du discours, qui est la langue en tant qu’assumée par l’homme qui parle et dans la condition d’intersubjectivité, qui seule rend possible la communication linguistique »280. Le regard linguistique s’est focalisé sur les marques de l’énonciation à l’intérieur de l’énoncé. En fonction des conditions d’énonciation, ces dernières se manifestent dans des catégories linguistiques précises porteuses de modifications de sens, dans une distinction entre le sens de l’énonciation (pragmatique) du sens de l’énoncé (sémantique), la pragmatique intégrée prenant en compte une partie des valeurs rattachées au sens de l’énoncé. E. Benveniste (1966) et R. Jakobson (1963) ont en particulier analysé des expressions indexicales (pronoms personnels, démonstratifs, adverbes de temps ou de lieu, verbes d’attitude propositionnelle…) sous l’aspect de l’effet pragmatique qu’ils induisent. La mise en évidence du rôle décisif du performatif, et, de manière plus large, de l’illocutoire avec John Searle (1972), a renforcé la position pragmatique. Dans cette mouvance, la pragmatique s’est insinuée dans la sémantique – la sémantique générative de Georges Lakoff (1972), ou dans la sémantique discursive d’Oswald Ducrot (1972) centrée sur les formes de la subjectivité linguistique. Sortant du domaine linguistique, Paul Grice (1975), en travaillant sur l’interprétation d’un énoncé et du caractère intentionnel de la communication du locuteur, a complété l’analyse de la convention linguistique par celles des processus inférentiels, qui permettent à un destinataire d’identifier les contenus que souhaite lui communiquer le locuteur. C’est une voie que suivirent également Dan Sperber et Deirdre Wilson (1986) avec la « théorie de la pertinence ».

Dans la pragmatique linguistique, c’est le courant de la néo-rhétorique qui pourrait représenter pour moi une perspective de développement ultérieur.

La pensée de C. Perelman constitue une réaction aux excès du logicisme issu de la tradition de la pensée grecque. Les dialogues platoniciens témoignent du succès de Platon à imposer, contre les sophistes, le raisonnement logico-mathématique comme modèle de la rationalité. Toutefois, remarque C. Perelman, l’observation des pratiques

280 Benveniste É., Problèmes de linguistique générale, tome 1, 1966, op. cit. Chapitre XXI- « De la subjectivité dans le langage » (1958), p. 266.

nous confrontent à des formes de rationalité qui, en étant construites sur l’argumentation persuasive et non rationnelle, ne sont pas forcément soumises à l’épreuve de la véridiction. En d’autres termes, des formes de raisonnement courant tenus par des sujets ne se basent pas sur la logique et la notion de vrai comme critère de vraisemblance, mais ont recours à des valeurs éthiques et à des croyances auxquelles ils adhèrent et qu’ils invoquent pour justifier leurs pratiques. Dans ce cas, l’objectif des sujets engagés dans une situation de communication est d’emporter l’adhésion et non d’établir la vérité. Dans le contexte contemporain, L’Empire rhétorique281 s’appuie sur la pensée aristotélicienne, sans toutefois en reprendre les genres oratoires. La rhétorique des échanges étudie la logique conversationnelle à partir d’une argumentation de type persuasif qui s’appuie sur les valeurs et les croyances des sujets, pour identifier selon quels principes, théoriques et pratiques, un locuteur construit un discours en fonction de ses destinataires.

Hormis le courant de la néo-rhétorique, les orientations de la pragmatique qui m’intéressent se situent principalement en dehors, ou plutôt au-delà, de la pragmatique linguistique.

Elles s’appuient sur des travaux d’inspiration psychosociale, sociologique ou sociolinguistique. Des institutions légitiment des formes d’énoncés, les statuts et les positions de leurs énonciateurs (J.-F. Lyotard, 1979282 ; P Bourdieu, 1982283). Dans cette direction, la sociologie américaine propose l’ethnométhodologie d’Harold Garfinkel284

et le système relationnel de position d’Erving Goffman285 – inscrit dans le courant interactionniste. Désormais, les sujets interagissent dans des contextes communicationnels rattachés à un système socioculturel commun qui codifie leurs rapports. L’ethnographie de la communication, en prenant en compte la nature

281 Perelman, Chaïm, L’Empire rhétorique, Paris, Vrin, 1997.

282 Lyotard, Jean-François, La condition post-moderne, Paris, Minuit, 1979

283 Bourdieu, Pierre, Ce que parler veut dire. L’économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard, 1982.

284 Garfinkel Harold, Recherches en Ethnométhologie, préf. M. Barthélémy et L. Quéré, Paris, PUF, coll. Quadrige grands textes, 2007 (titre original : Studies in Ethnomethodology, 1967).

empirique des interlocuteurs, des éléments contextuels, des situations et de la multiplicité des substances d’expression, a amené à faire éclater, non seulement le modèle linguistique de l’énoncé, mais aussi celui de la pragmatique linguistique. Une pragmatique culturelle s’est construite, située à la croisée de la cybernétique, de l’anthropologie communicationnelle et de la philosophie du langage. Les chercheurs de l’école de Palo Alto, dont les figures emblématiques sont G. Bateson, P. Watlzlawick et E.T. Hall286, utilisent la notion de système culturel global pour y situer les conduites communicationnelles des sujets qu’ils étudient, en y incluant le langage verbal et le langage non verbal. La réalité est envisagée comme une construction culturelle, à la fois individuelle et collective, susceptible de varier en fonction des expériences humaines, elles-mêmes associées à des milieux culturels. Par la manière dont elles décrivent le monde et l’expérience humaine, les langues participent de cette construction pragmatique de la réalité en imbrication avec le langage non verbal, la proxémie et, de manière plus englobante, le contexte de la communication. Langages, significations et contextes socioculturels fonctionnent en interaction.

La pragmatique joue un rôle central dans l’étude des modes de compréhension et de circulation des narrations, qu’elles se réfèrent à des argumentations rationnelles ou persuasives, à des connaissances ou à des croyances.

Dans cette direction, c’est à une pragmatique du récit religieux que nous a invités B. Latour287 en s’intéressant à ses régimes d’énonciation – au travers de ses actes de parole – resitués dans la tradition chrétienne. Il s’interroge sur cette forme d’expression singulière qui, sous la forme de la Parole et du Verbe, est apparue, en d’autres temps, créatrice, mais éprouve aujourd’hui des difficultés à véhiculer de l’information et à permettre des échanges. « Pourquoi avons-nous perdu l’usage de la parole

religieuse ? », interroge-t-il (p. 207). En d’autres termes : comment ce qui a pu avoir autant de sens à une époque lointaine est-il devenu aujourd’hui insensé ? Il tente de

286 Bateson, Gregory, Vers une écologie de l'esprit, Paris. Éd. du Seuil. 1977. Watlzlawick P., Helmick Beavin J., Jackson Don D., Une logique de communication, Paris, Le Seuil, coll. Points, 1972. Hall E.T.,

Le langage silencieux, Paris, Le Seuil, coll. Points, 1984.

287 Latour, Bruno, Jubiler ou les tourments de la parole religieuse, Paris, Les empêcheurs de tourner en rond, 2002.

répondre à cette difficile question en partant de son expérience personnelle. Il décrit sa honte de ne pas oser parler de la religion, sa honte d’entendre dans la messe des termes et des modes d’énonciation (le ton, la diction) si éloignés du monde actuel, sa honte enfin d’être témoin des incompréhensions et des agressions de ce qui se dit à l’extérieur de la religion, aussi bien de ce qui s’en dit en son sein. Ses interrogations se situent dans le projet plus large de comparer des narrations et des régimes d’énonciation à des époques différentes et relevant d’univers culturels distincts. C’est l’affrontement récurrent entre la science et la religion, entre le proche et le lointain dont il est question au travers du clivage stéréotypé entre une foi rattachée à un au-delà surnaturel et des connaissances scientifiques traitant de la nature. Or, c’est la puissance des modèles, des procédures et des instruments des sciences qui permettent véritablement d’accéder à ce qui est lointain et inaccessible, qu’il s’agisse d’infiniment grand ou d’infiniment petit, d’astronomie ou de sciences du vivant, sans espérer pour autant que ces connaissances soient irréfutables ou ne fassent pas l’objet de querelles. Et c’est la foi qui permet de saisir le proche devenu inaccessible, de retrouver un sentiment de proximité, de présence, vis-à-vis des êtres et des choses. Le lointain et le proche nécessitent des médiations. Le véritable problème réside dans la croyance en la croyance qui transforme les sciences en opinion et les religions en gnose, et c’est pour cela qu’il convient d’être agnostique en ne croyant pas en la croyance. « En religion comme en science, il y a des

artefacts qu’il faut soigneusement défabriquer » (p. 10). Dans le récit religieux, au cours du temps qui a passé, « les mots qui avaient un sens le perdent » et « ceux dont le métier

consiste à changer les mots pour garder le sens, les clercs, ont préféré conserver pieusement les mots au risque de perdre le sens » (p. 10). Or, il fallait, pense-t-il, « tout

reprendre à zéro » et « dire les mêmes choses dans un tout autre idiome » (p. 13). Dans sa spécificité actuelle, la Parole religieuse a cherché à inventer une « nouvelle » tradition visant à réanimer le sentiment religieux en transportant son public dans d’autres temps et d’autres lieux, ce qui l’a déconnecté de la période contemporaine. Le croyant a devoir de fidélité et de renouvellement de ce qui est déjà énoncé. Cette croyance, qui réside dans la répétition et l’affirmation de valeurs reposant sur le respect de la tradition, constitue un univers fondamentalement opposé à celui de la culture

scientifique (qu’il s’agisse de science naturelle ou sociale), construite sur les découvertes, l’innovation et l’information nouvelle.

Au travers du cas – très controversé – de la croyance et de la question religieuse, et de leur mise en perspective avec des connaissances scientifiques, la lecture symbolique qui opère en imbrication avec le lexique, les rituels discursifs, les habitudes culturelles et cognitives d’une époque donne lieu aux interprétations les plus divergentes. La pragmatique se trouve au cœur des débats idéologiques mettant en jeu le statut des croyances et des connaissances. Cette question, complexe du point de vue des narrations, amène également à poser le proche et le lointain, ou plus largement le local et le global, comme problème fondamental à explorer.