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Enjeux actuels

Dans le document Cap Vert Cap Vert (Page 45-48)

Le gouvernement continue à diversifier les soutiens internationaux, en signant ou en négociant des accords avec les Etats-Unis et l’Europe, en tant que partenaire spécial, l’archipel milite par exemple pour la facilitation des séjours des Capverdiens dans l’UE, à terme sans visa. Mais encore, avec la Chine, le Brésil et l’Angola. Outre les éloges d’un FMI ravi de ses performances, le Cap-Vert a été le seul pays à bénéficier d’un deuxième accord avec le Millennium Challenge Account.

Régulièrement présenté comme modèle de stabilité politique et de bonne gouvernance, Praia continue d’intervenir dans la résolution de conflits en Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau).

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ÉCONOMIE

Le Cap-Vert est l’un des rares pays d’Afrique subsaharienne ayant un taux de croissance positif. Dans les années 1990, son PNB par tête dépasse le seuil caractéristique des PMA (pays les moins avancés), devenus pays émergents.

C’est aujourd’hui une référence dans cette région du monde, car les investisseurs affluent, surtout dans le secteur touristique, dont le gouvernement a fait une priorité et où l’on voit arriver des Italiens, des Portugais et des Espagnols, et plus récemment des Anglais, des Irlandais, jusqu’à un émir de Dubaï ayant acquis deux plages et leurs vallées au sud de l’île de São Vicente, un projet faramineux plombé par la crise.

Mais si le Cap-Vert affiche encore l’un des revenus annuels par habitant les plus élevés de l’Afrique de l’Ouest, si la croissance oscille toujours entre 4,5 et 5 % au début des années 2010, il subit cependant le contrecoup du ralentissement de l’activité en Europe. Quand tout allait bien et qu’on croyait même à un possible taux de croissance à deux chiffres, l’archipel multipliait les investissements ; à cette époque, personne n’imaginait la crise financière qui allait frapper les économies occidentales. Comme dans d’autres pays, on a laissé filer la dette souveraine, qui repré-sente 90 % du PIB en 2012 (70 points pour la dette extérieure, 20 points pour la dette domestique). Là encore, le budget voté pour l’exercice 2013 est placé sous le signe de l’austérité, le gouvernement prévoyant de ramener le déficit budgétaire sous la barre des 7,4 % (contre 9,8 % l’année précédente).

Fixées à 550 millions d’euros, les dépenses continuent d’augmenter (partagées à 57 % par le coût de fonctionnement de l’Etat et à 43 % par les charges liées aux investissements) ; sur les conseils du FMI, le gouvernement cherche à améliorer les recettes, par exemple en réajustant l’IVA (TVA à 15 %) sur l’ensemble des produits et services, ou encore en créant une nouvelle fiscalité liée au tourisme, malgré les protestations des acteurs du secteur.

En dépit de quelques indicateurs positifs (une inflation à 5 %, une inflation contrôlée à 3 %), le Cap-Vert reste un pays économiquement vulnérable. L’insularité et la dispersion sur plusieurs îles, l’étroitesse du marché et le manque de ressources naturelles freinent le développement du pays.

Le chômage reste une préoccupation, avec un taux élevé évalué très officiellement par

l’Institut national des statistiques à environ 12,2 % en début 2013, mais discutable car ce chiffre cache les disparités locales et ne l’oublions pas. Les autorités capverdiennes encouragent le secteur privé en facilitant le processus de création d’entreprises et les procédures de règlement des impôts et taxes.

Le Cap-Vert a réduit la fiscalité directe pour les entreprises et a mis en place, à depuis 2010, une réduction des taxes sur les impor-tations. Celles-ci diminueront progressivement jusqu’à disparaître en 2018, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le Cap-Vert est très ambitieux en matière de développement, notamment dans le secteur industriel, le tourisme et la pêche, bien qu’il demeure encore un pays très assisté. L’aide des institutions internationales et des pays déve-loppés représente 24 % du PNB, et l’envoi des fonds émanant des expatriés équivaut à 20 % du PNB. Quant à l’aide alimentaire, elle persiste.

Néanmoins, il faut noter que l’ensemble de ces aides est en net recul aujourd’hui.

Bref, « le Cap-Vert n’est pas moins vulné-rable aujourd’hui que lors de son accession à l’indépendance il y a 25 ans. Les progrès socio-économiques enregistrés sont largement expliqués par l’aide publique au dévelop-pement, et les transferts des Capverdiens émigrés. Le pays est très fortement dépendant de ces apports, qui le placent dans une situation de vulnérabilité par rapport aux risques d’une instabilité ou d’un tarissement de ces flux… Certains efforts commencent à porter leurs fruits, et permettent d’entrevoir des perspectives de développement moins exclusivement dépendant du financement extérieur : l’essor du tourisme, le dévelop-pement des activités de zone franche, et les possibilités d’expansion des nouvelles activités de services internationaux que le pays exploite déjà, ou a exploré, notamment les services d’appui au transit aérien et maritime (entreposage), les services informatiques (dits de télétravail), et les services financiers offshore. » (Rapport Unicef, 2000).

En matière de privatisation des sociétés nationales, les objectifs des années 2000 ont été remplis, de nombreuses sociétés ont été rachetées en partie ou intégralement par des entreprises portugaises comme Cabo Verde Telecom, Enacol, qui distribue le carburant, Empa, les hôtels Belorizonte, Praia Mar et Xaguate ; les banques BCA et Caixa Economica

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DéCoUVerte

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Garantia... Le poids de la masse salariale des fonctionnaires s’est ainsi considérablement allégé. Quelques nouvelles entreprises privées étrangères se sont installées dans l’archipel, c’est le cas dans les secteurs de la confection, des chaussures, de l’électronique, du tourisme…

Le tourisme, bien que timide encore par rapport à d’autres destinations, se développe de plus en plus, de gros travaux d’aména-gement ont eu lieu avec l’agrandissement de l’aéroport de Sal, l’aéroport de Praia, les créations de nouveaux aéroports sur les îles de Boa Vista en 2008 et de São Vicente, en 2009.

La base économique et sociale du pays demeure fragile : ressources naturelles rares, transports inter-îles de mauvaise qualité, et faible production. Il en résulte une pauvreté structurelle en constante augmentation avec 30 % de la population vivant encore sous le seuil de la pauvreté. Le Cap-Vert se voit également contraint de transiger avec le flux migratoire : sa population qui émigre, et celle qui immigre, notamment l’essor du réseau de clandestins, affluant en majorité du continent.

w aide internationale. C’est un des éléments essentiels de la croissance du pays qui a permis de promouvoir le développement économique du Cap-Vert. Ces aides, qui datent de la période coloniale, sont apparues lors de la dernière grande famine de 1947-1948. Depuis l’indépendance, elles se sont transformées, passant de l’aide alimentaire à une aide financière et technique. L’aide alimentaire était distribuée gratuitement aux plus pauvres à hauteur de 25 % et les 75 % restants étaient revendus, afin de réunir les fonds nécessaires pour le développement national.

L’Etat a reçu 400 millions de dollars utilisés pour réaliser une partie des infrastructures indispensables au pays. Cela a permis également la mise en place d’une assis-tance technique permanente, notamment des Nations unies, l’envoi de 700 boursiers à l’étranger dans des secteurs de formation très utiles comme la médecine, la pêche, l’agronomie et l’économie. Puis, le Cap-Vert a fait son entrée à la convention de Lomé en mars 1977, ce qui lui a permis de bénéficier de nouvelles aides substantielles.

Il a reçu aussi de nouvelles aides du Portugal à la suite de l’adhésion de ce dernier à la CEE, grâce à la contribution communautaire aux anciennes colonies.

De 1981 à 1985, puis de 1986 à 1990, l’aide internationale s’est accrue et sa répercussion dans l’économie du pays a été très importante.

Depuis 1990, une diminution progressive

des aides a commencé : cela s’explique par la réalisation des différents projets jugés primordiaux au développement économique et social du pays et l’achèvement des travaux dans les secteurs de la télécommunication, des transports et de l’industrie.

Les différents plans nationaux ont été dans leur grande majorité financés par ces aides, et aujourd’hui encore le pays ne parvient toujours pas à s’autofinancer. Le Cap-Vert occupe la 133e place dans le classement 2011 de l’indice de développement humain, sur la liste de 169 pays établi par l’ONU. C’est le pays le plus riche de l’Afrique du Sahel. De statut de pays moins avancé (PMA), en 2008 le Cap-Vert est devenu un pays à développement moyen (PDM). Une période transitoire de trois années permettra au Cap-Vert de ne pas subir de plein fouet la perte des avantages financiers octroyés jusque-là.

Les donateurs au Cap-Vert sont multiples et variés, créant ainsi une situation complexe de gestion des fonds extérieurs et des projets. Ainsi le pays bénéficie de l’appui de diverses agences des Nations unies : le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), qui réalise différentes études prévisionnelles et participe aux réunions avec les pays donateurs, l’Unicef, l’OMS, l’Onudi, l’AID (Association internationale de déve-loppement). Le BAD (Banque africaine de développement) et surtout l’UE, qui est un soutien important pour le Cap-Vert (61 millions d’euros au titre du 10e Fonds européen de développement entre 2008 et 2013) contri-buent aussi sous forme d’aide ou de prêts, à la coopération multilatérale avec l’archipel.

Outre les Etats-Unis et leur très providen-tiel MCA (le Millennium Challenge Account, qui en dix ans aura assuré à l’archipel deux financements approchant les 180 millions de dollars), les pays donateurs restent pour la majorité européens (généralement des pays à forte émigration capverdienne : Portugal, Italie, France, Luxembourg, Pays-Bas) mais le Brésil et la Chine interviennent de plus en plus fréquemment. Plusieurs autres pays poursuivent une action qui a débuté par le soutien qu’ils ont apporté aux Capverdiens, pendant la lutte de libération.

La France intervient dans l’aménagement rural, les problèmes de l’eau et dans la sécurité intérieure, les télécommunications, l’alimentaire et les infrastructures urbaines.

Sa présence au Cap-Vert est perçue comme étant purement stratégique. On peut constater ses réalisations hydrauliques sur l’île de São Nicolau.

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Les Pays-Bas ont débuté leur coopération bilatérale en 1978. Leur spécialisation est l’aménagement rural et la mise en valeur des bassins hydrographiques de Santo Antão, le reboisement et la lutte contre l’érosion.

La Suisse, avec Swissaid, est active sur l’île de Boa Vista depuis 1977.

L’Allemagne travaille depuis la fin des années soixante-dix sur les îles de Fogo et de Brava, sur un projet de mise en valeur des îles et sur les problèmes hydrauliques. Les Etats-Unis œuvrent plutôt sur l’île de Santiago, notamment dans le domaine hydraulique. Le Luxembourg, l’un des trois premiers pays à coopérer avec le Cap-Vert, est actif sur les îles de Santo Antão, Santiago et São Vicente notamment, et surtout très présent dans des domaines aussi variés que la construction d’hôpitaux, dans l’administration avec l’envoi de coopérants, le transport…

Les ONG (organisations non gouvernemen-tales) sont, elles aussi, présentes et actives dans l’archipel. En 1989, on en dénombrait 31, mais aujourd’hui leur nombre a considé-rablement augmenté (près de 300).

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