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Aspects épistémologiques et méthodologiques

4. En finir avec l’opposition quantitatif–qualitatif ?

Je voudrais, comme conclusion provisoire aux réflexions épistémologiques et méthodologiques développées jusqu’ici, questionner l’opposition quantitatif–qualitatif si souvent mise en avant. Parler en termes de démarche ou de posture épistémologique pour définir sa façon de concevoir et de faire de la recherche n’est en effet pas la terminologie la plus courante. Il est plus fréquent que les chercheurs s’en tiennent aux méthodes utilisées, autrement dit qu’ils n’inscrivent pas ces dernières dans un cadre de réflexion plus large. Une des conséquences de cette restriction est un découpage antinomique entre méthodes quantitatives et méthodes qualitatives. Une autre, est de rattacher cette opposition à celle d’expliquer–comprendre. Dans cette perspective, adopter une posture compréhensive ou herméneutique reviendrait forcément à utiliser des méthodes qualitatives. La recherche de Schurmans (2003) évoquée plus haut montre que cette correspondance est trompeuse et qu’il est possible de s’inscrire dans une démarche compréhensive en développant des analyses qualitatives et quantitatives.

La nécessité de dépasser cette opposition ne provient pas seulement des confusions épistémologiques qu’elle entraîne mais également des contradictions internes dont elle est porteuse. En effet, lorsqu’on regarde de près de quoi sont faites les méthodes dites qualitatives, on s’aperçoit que les différences entre elles sont plus saillantes que celles qui les distinguent des méthodes auxquelles elles sont sensées s’opposer. Groulx (1999) fait ce constat en parlant de « fausse unité autour de la recherche qualitative ». J’aimerais rendre compte ici des trois styles de raisonnement identifiés par cet auteur, styles liés à des critères épistémologiques et méthodologiques spécifiques, ainsi qu’à des techniques de preuves particulières. Cette analyse est produite par Groulx à partir de deux ouvrages inscrits par leurs auteurs dans l’univers de la recherche qualitative (Grounded theory de Glaser et Strauss et La misère du monde de Bourdieu) ainsi qu’un corpus d’articles.

Le raisonnement idiographique. Ce qui est au centre de cette manière de faire est la compétence du chercheur. Ce dernier, en étant « l’instrument stratégique de recueil de données et le facteur déterminant de l’analyse », inscrit en quelques sortes les règles de la méthode dans sa pratique de chercheur. Pour assurer la « plausibilité » de ses données et la « crédibilité » de ses analyses, le chercheur doit réaliser trois conditions.

Fournir tout d’abord une description minutieuse du contexte de l’action et de la définition de la situation par les acteurs. Groulx écrit : «La crédibilité de la recherche repose sur la force de la description ou du compte rendu où le lecteur est amené à voir et à entendre ce que le chercheur a vu et entendu » (op. cit., p. 320). Si le chercheur doit s’immerger dans le contexte pour comprendre le point de vue des acteurs, il doit cependant garder une certaine distance par rapport à son objet. C’est la deuxième condition : « Il doit être suffisamment immergé dans le terrain pour comprendre les significations que les acteurs attachent à leur action, et suffisamment détaché pour développer une analyse permettant de rendre compte de ce qui est observé » (ibid.). La terminologie varie pour exprimer la distance à observer : détachement informé (Glaser et Srauss, 1967), neutralité empathique (Patton, 1990). Enfin, la troisième condition à laquelle doit satisfaire le chercheur est de comparer ses données à d’autres et de questionner ses interprétations par un retour constant à son matériel. Le questionnement, dans le raisonnement idiographique, ne touche pas seulement les données. Il concerne l’ensemble de la démarche : « La réflexivité renvoie à un travail constant d’auto-analyse […]. Elle oblige le chercheur à constamment réinterroger les conditions sociales et le sens de chacun des actes de recherche qu’il pose » (op. cit., p.

322). Du côté de l’enquête proprement dite, la pratique principale défendue est

« l’écoute active et méthodique du point de vue de l’autre ». En résumé, on peut dire que le raisonnement idiographique accorde une place prépondérante à la subjectivité, celle des acteurs d’une part, et celle du chercheur d’autre part. Les règles méthodologiques recommandées sont : la comparaison des données ; la saturation ; l’utilisation de cas négatifs ; la variation et la comparaison des sources ; la durée prolongée sur le terrain ; l’imprégnation distancée. Ces règles caractérisent la compétence du chercheur. Ce raisonnement dénonce les recherches quantitatives dans leur prise en compte insuffisante des ressources propres du chercheur, son habileté à connaître et à raisonner. Les recherches quantitatives offrent par ailleurs des données

moins riches puisqu’elles ne permettent pas l’intégration d’éléments non définis au départ.

Ce raisonnement idiographique a fait l’objet de critiques que Groulx met en évidence sur la base des contestations de Freeman (1983) adresséee à Mead à propos de son étude sur les jeunes filles de Samoa d’une part, et celle de Mayer (1995) à l’égard de La misère du monde de Bourdieu d’autre part. Les éléments qui ressortent de ces critiques ont trait au recueil de données essentiellement ainsi qu’à l’analyse. Mead n’aurait pas été suffisamment immergée dans la communauté observée et n’aurait pas diversifié ses données, s’en tenant à celles qui supportaient sa thèse. Quant à Bourdieu, sa « transgression systématique des règles de méthodes habituellement admises en sciences sociales […] » laisse de la sociologie l’image d’une discipline qui « consiste à recueillir, sur le mode de la conversation ordinaire, le témoignage de n’importe qui sur n’importe quoi et à le livrer tel quel au grand public » (Mayer, cité par Groulx, p. 325).

La critique faite à l’égard de la recherche de Bourdieu n’est pas sans lien avec celle de Taylor à l’égard de la thèse de l’incorrigibilité. Pour lui en effet, rendre compte des définitions de soi des agents est insuffisant pour comprendre les actions de ces derniers.

Les critiques de Mayer s’inscrivent néanmoins dans une perspective fort différente de celle de Taylor, celle que Groulx présente dans le raisonnement qu’il qualifie de formaliste.

Ce raisonnement cherche à rationaliser la méthodologie et à formaliser des critères scientifiques sur la base desquels on puisse statuer de la validité des analyses et des résultats de la recherche. C’est dans ce mouvement qu’a été réintroduite la théorie de la validité où se distinguent validité interne (lorsque les variations empiriquement observées sont liées aux variables manipulées par le chercheur) et validité externe (lorsqu’on peut généraliser les relations observées). Deux attitudes se sont développées par rapport à ce travail de formalisation. Certains chercheurs prônent la technique de la mesure : les données numériques constitueraient une garantie de la validité. Les autres chercheurs, majoritaires, intègrent les critères de validité utilisés dans les recherches positivistes tout en défendant l’emploi de critères parallèles adaptés à la spécificité des recherches qualitatives. Dans les deux cas cependant, « la question de la fiabilité des données et de la reproductibilité des résultats passe par des procédures quantitatives qui fondent leur validité et leur valeur prédictive » (op. cit., p. 328). Les opposants à ce raisonnement reprochent aux chercheurs de vouloir imposer aux recherches qualitatives des critères de recherche qui les dénaturent. Pour l’un des

tenants de la théorie ancrée, Glaser, « la reproductibilité et la vérification sont antithétiques avec la recherche qualitative car cette dernière impose une interaction entre données et analyse et implique une modification des hypothèses pour s’adapter aux données » (op. cit., p. 329). Le raisonnement formaliste fonctionne sur le mode empiriste mis en évidence par Taylor : il s’agit de travailler sur la base de données brutes dans une perspective vérificationniste. On est loin de la compréhension.

Le raisonnement post-moderne. Il ne s’agit plus ici de proposer un modèle contre un autre, mais de poser des questions internes à la démarche. « Ce ne sont plus les questions de représentativité des données ou de la validité des analyses qui sont en jeu mais la représentation de la réalité produite par le texte de recherche lui-même […]. Ce qui est réinterrogé, c’est le statut du compte–rendu du chercheur et son rôle dans la construction de la ‘réalité ethnographique’ ou sociale » (op. cit., p.331). Pour Denzin, l’un des principaux tenants de ce raisonnement, les chercheurs qualitatifs produisent des histoires sur les histoires des autres. La capacité du chercheur à cerner l’expérience de l’autre, caractéristique de base du travail qualitatif, est mise en doute. Car quel est le lien entre le texte du chercheur et l’expérience de l’autre ? Atkinson, un autre tenant de ce raisonnement, écrit : « Le discours de recherche n’est plus le reflet du terrain, il le constitue » (cité par Groulx, op. cit., p.333). On parle, dans cette perspective, de l’écriture du chercheur comme d’un travail de fiction, c’est-à-dire comme quelque chose de fabriqué, différent de la réalité observée. Ce questionnement sur les procédés d’écriture ne cherche plus à évaluer la portée scientifique des méthodologies de recherche. Qualitative ou quantitative, « l’une ou l’autre n’est ni meilleure ni pire, ce sont seulement des histoires différentes. Dans ces circonstances, les critères de validité ne servent qu’à départager entre les différentes histoires ou entre les diverses versions d’une même histoire celle qui est jugée la plus légitime » (op. cit., p.334). Mais qu’est-ce qui fonde, dans qu’est-ce cadre, la légitimé d’un texte ? La validité du discours de recherche dépend de l’audience qui le lit ou l’évalue. Elle est donc limitée et le discours de recherche ne peut pas prétendre à une autorité scientifique. Car ce qui est recherché également, c’est de « décanoniser » les voix d’autorité au profit de la diversité des points de vue. Les avis concernant cette « polyphonie » ne sont cependant pas partagés.

Pour certains, la présence des voix des sujets reste problématique car elle reste liée au texte du chercheur qui demeure « l’expert du sens des mots et des choses » (Denzin, cité par Groulx, p. 336). Pour d’autres au contraire, la polyphonie « rend plus sensible à

la complexité de la tâche interprétative et relativise l’expertise du chercheur, pour exprimer dans l’espace public des voix censurées ou absentes » (op. cit., p. 337). On est plus proche, dans ce raisonnement, de la démarche interprétative définie par Taylor dans laquelle l’interprétation donnée par le chercheur porte sur l’interprétation de l’agent (auto–interprétation), et dans laquelle il n’y a pas de « voix d’autorité » mais des interprétations toujours liées aux définitions de soi du chercheur.

Ces considérations mettent en évidence le manque de clarification des positions épistémologiques auxquelles renvoient la catégorie « méthodes qualitatives ». Dans le cadre de ce chapitre, dont l’objectif est de poser les bases de la posture méthodologique privilégiée, deux des raisonnements retiennent mon attention : le raisonnement idiographique, pour la place accordée à la fois à la subjectivité des acteurs et à celle du chercheur, pour le travail approfondi de contextualisation et pour le retour constant au matériel lors de l’analyse ; le raisonnement postmoderne pour son questionnement sur le rapport entre le texte produit par le chercheur et l’expérience des acteurs, de même que pour la conception non hiérarchique des savoirs qu’il développe. La question qui reste en suspens est liée au raisonnement formaliste et concerne l’utilisation des techniques quantitatives : la position compréhensive telle qu’elle se dessine à l’issue de ce chapitre est-elle compatible avec ces dernières ? Les procédés développés au moment de l’analyse des données (chapitre six et sept) permettront de reconsidérer la question au moment du bilan épistémologique de la recherche dressé dans la conclusion du travail.

Chapitre 4

L’enquête

L’objectif de ce quatrième chapitre est de mettre à jour le déroulement de l’enquête et les questions qu’il a suscitées. Comment, dans une perspective compréhensive, le chercheur peut–il préparer son recueil de données ? Sur la base de quels éléments élaborer une présentation du lieu de la recherche pertinente pour la compréhension du matériel récolté ? Quelle place donner aux informateurs, sur le terrain d’une part, au moment de la restitution des données d’autre part ? Quelle est la place du chercheur ? Telles sont les questions que j’aimerais soulever dans ce chapitre consacré à l’enquête, à partir de mon expérience du terrain.

1. Préparation

Le lecteur se souvient que l'objectif de la recherche est de mettre en lumière l'activité collective (perceptible à travers l’orchestration des actions individuelles) qui se déploie en situation de rupture de routinisation provoquée par l'épidémie du sida à propos du lien social. Parmi les outils à disposition pour récolter l'information recherchée, l'entretien de recherche a été retenu. Outre les éléments exposés dans le chapitre deux, la pertinence de cet outil a été confirmée dans des enquêtes antérieures menées dans la même région1, ainsi que lors d'une courte phase exploratoire en 1998 durant laquelle je me suis entretenue avec les membres d'une association menant des actions de santé liées au sida. L’outil complémentaire envisagée est l'observation, dans ses deux approches, directe et participante. Elle doit permettre de décrire les composantes des situations analysées (lieux, acteurs …) et aider à la découverte du sens et de la dynamique des phénomènes rencontrés. Pour pouvoir réaliser au mieux ce travail d'observation, il est prévu de s'intégrer au maximum à la vie locale. Il s’agit d’une part de loger chez l’habitant, d’autre part de reprendre contact avec les membres

1 J'ai eu l'occasion de me familiariser avec cette technique et dans ce contexte lors du travail de terrain relatif à mon mémoire de licence (avril-juillet 94), ainsi que dans le cadre d'une enquête sur le thème de l'aide commanditée par l'ONG GRAD (GRAD (2000). Aider c'est pas donné : quatre cahiers Quatre cahiers étapes pour réfléchir au sein des associations locales de solidarité internationale, Bonneville : GRAD)

de l’association sus–mentionnée2. Leur ayant exposé mon projet de recherche lors du séjour effectué en 98, ces derniers m’ont proposé d’accompagner les agents de santé lors de leurs visites à domicile. Je pourrais ainsi entrer en contact avec des personnes souffrant du sida et leurs familles. Je bénéficiais donc, sur le plan pratique, d'un point d'ancrage pour organiser l'enquête.

J'ai dès lors élaboré un guide d'entretien à partir des questions de recherche formulées au moment de la problématique d'une part et des informations recueillies dans les entretiens exploratoires d'autre part. La grille ainsi envisagée, semi-directive, comprenait cinq axes ou parties correspondant aux cinq questions de recherche secondaires (point 2, chapitre deux) et était destinée aux membres des familles dans lesquelles j'allais être introduite par le biais de l'association. Ces entretiens devaient permettre de mettre en évidence la place de la maladie dans la vie quotidienne, et les gestes entrepris par les membres face aux ruptures qu'occasionnait la maladie. Après réflexion cependant, un travail en amont s'imposait. Dans quoi s'inscrivait ou s'insérait le phénomène de maladie que je cherchais à cerner ? Pour la comprendre, il me semblait nécessaire d'avoir la toile de fond, autrement dit de connaître l'organisation sociale du lieu, de voir de quoi se composait la vie quotidienne et comment elle se déclinait. Les ruptures de routinisation découvertes en théorie chez Giddens et soupçonnées ici d'être engendrées par la maladie étaient ancrées dans le contexte plus large du changement social survenu avec la colonisation, puis les indépendances, et la crise économique de la fin des années 70 à nos jours. Le lien social, avant d’être affecté par la présence du sida, avait donc été traversé par tous ces événements dont il me fallait saisir les points saillants. La littérature était certes utile à cette quête de compréhension du contexte (cf.

les analyses de Marie et de Latouche aux chapitres deux et trois), mais il me semblait pertinent de consulter aussi des acteurs du lieu. Je laissai donc tomber la première grille d’entretien et m’orientai vers une large phase exploratoire. Les acteurs sociaux les mieux à même de m'informer sur la vie quotidienne et le lien social dans un passé plus ou moins lointain ainsi qu’au présent étaient les personnes âgées (« les vieux », comme il est d’usage de dire sur place). C'est donc à elles que j'allais consacrer la première partie de mon enquête. Détenteurs des valeurs et modes de vie passés et confrontés aux changements sociaux, je pourrais saisir à travers leurs discours les lieux de redéfinition

2 Pour des détails sur l’association, le lecteur se référera au livret annexé intitulé « Contextes d’entretiens et personnes interviewées ».

de la solidarité, les obstacles à son déploiement, ses dimensions nouvelles. Le canevas d’entretien envisagé comprenait une entrée en matière très ouverte: pouvez-vous me raconter comment vous avez vécu quand vous étiez petit, comment était la vie dans le passé ? Cette question devait permettre l'introduction de diverses thématiques de la vie quotidienne que j'imaginais alors, comme la vie familiale, l'éducation, le travail … J'avais également prévu quelques proverbes et expressions relatifs au lien social recueillis lors des entretiens exploratoires avec les membres de l’association contactée.

Cette manière d’engager l’échange me paraissait particulièrement bien appropriée en regard des informateurs. Reconstituer le passé semblait par ailleurs pertinent pour mettre en évidence les changements intervenus au cours du temps, de même que les phénomènes rendant aujourd’hui certaines modalités de l'organisation sociale problématiques. Parmi ces phénomènes ou « facteurs de désordre de l'activité collective », selon la terminologie employée dans la problématique, intervenait la maladie, considérée, d'un point de vue théorique, comme « fait social total », autrement dit comme objet permettant de lire les modes d'organisation sociale (cf. chapitre deux).

Afin toutefois de ne pas prêter aux informateurs une vision de la réalité qui ne leur soit pas propre, j’avais décidé de garder le rôle du sida sous forme d’hypothèse. Autrement dit, je n’introduirais pas ce thème dans l’échange, supposant que si la maladie constituait effectivement un facteur de désordre de l'activité collective, elle apparaîtrait dans les discours des vieux sans qu'il ne soit besoin de l'introduire. J'imaginais par exemple que les vieux, en évoquant le soutien attendu de leur descendance, mettraient en lien leurs attentes, leurs inquiétudes ou leurs espoirs avec la maladie.

Si la grille d'entretien était à ce moment là plutôt sommaire, je comptais la compléter lors du travail sur le terrain. Les entretiens, enregistrés, seraient retranscrits au fur et à mesure et les thèmes abordés par les interlocuteurs seraient annotés afin de pouvoir être approfondis lors des entretiens suivants. Je pourrais également entendre ça et là d'autres expressions ou proverbes pertinents pour mon propos.

A ce stade, mon bagage méthodologique était à mes yeux suffisant. J'étais au clair sur les questions de recherche (qu’observe-t-on à propos du lien social dans une situation de crise provoquée par une forte prévalence du sida ?) et sur l'hypothèse générale qui les guidait (un travail de reconstruction du tissu social se met en place au quotidien) ; une hypothèse secondaire accompagnait ma première phase d’enquête auprès des vieux (si le sida constitue effectivement un facteur de désordre de

l’organisation sociale, il apparaît spontanément dans les discours), j'avais des contacts sur place, l'association était au courant de mon arrivée. Bizarrement néanmoins, un sentiment de vide m’habitait concernant la définition du projet, l'impression de ne pas avoir finalisé tous les éléments, le sentiment de n'être pas prête … Qu'est-ce à dire ? Avec le recul, je pense que cela est lié à la démarche adoptée, compréhensive, qui

« contraint » le chercheur à travailler sans grand système d'attentes a priori, mais en développant des hypothèses progressivement, au contact du terrain. Si cette façon de faire présente le précieux avantage d'être davantage à l'écoute de ce terrain, d'en laisser émerger les significations plutôt que d'aller y vérifier des hypothèses a priori, il n'en

« contraint » le chercheur à travailler sans grand système d'attentes a priori, mais en développant des hypothèses progressivement, au contact du terrain. Si cette façon de faire présente le précieux avantage d'être davantage à l'écoute de ce terrain, d'en laisser émerger les significations plutôt que d'aller y vérifier des hypothèses a priori, il n'en