Eléments de conclusion 151 

Exploiter l’architecture des plantes et des couverts pour restreindre les épidémies

 L’architecture des plantes et des couverts est un facteur significatif, mais globalement négligé, de la réceptivité d’une culture aux maladies. Elle dépend à la fois des caractéristiques génétiques de chaque variété, mais aussi des modalités de conduite de la plante (taille, tuteurage, type de porte greffe…) ou du couvert (densité de plantation, fertilisation…).

 L’architecture joue essentiellement en modifiant le microclimat à proximité des organes, mais aussi la diffusion de l’inoculum et sa répartition. Elle peut expliquer des variations de quelques dizaines de pourcent dans les vitesses de développement épidémiques entre couverts favorables et couverts défavorables.

 Les caractères architecturaux colocalisent fréquemment avec des acteurs de résistance génétique aux parasites, sans que la relation directe de cause à effet (pléiotropie) soit forcément avérée. Ces caractères défavorables aux maladies (tiges hautes et peu nombreuses, faible surface foliaire) ont souvent été contre- sélectionnés en création variétale, au profit de couverts bas et denses fournissant une grande efficacité photosynthétique et des rendements élevés, mais avec des sensibilités fortes aux maladies.

 Dans le cas d’espèces ligneuses pérennes (arbres fruitiers, vigne), les types de taille, et plus généralement les modes de conduite des plantes, permettent de restaurer des architectures défavorables aux parasites. C’est le cas des pratiques d’effeuillage précoce et de taille en vert (vigne, houblon)., mais aussi de la taille centrifuge des rosacées fruitières qui diminuent significativement les attaques de mycoses.

Associations variétales et végétales : des bénéfices multiples

 La création de couverts associés, en particulier de mélanges de variétés résistantes et sensibles au sein d’une même parcelle, permet également fréquemment des réductions significatives de développement épidémique. Ces mélanges sont d’autant plus efficaces que les surfaces unitaires génotypiques soient faibles, et que la pression de maladie est limitée dans et à proximité du couvert. Ces associations valorisent donc souvent très bien de faibles applications complémentaires de pesticides. Enfin, elles tendent à augmenter la durabilité des résistances génétiques.

 Les travaux expérimentaux montrent que les mélanges variétaux peuvent permettre de diminuer les épidémies de tavelure du pommier ou de mildiou de la pomme de terre sur une variété sensible lorsqu’elle est cultivée en mélange avec une variété peu sensible ou résistante. L’efficacité de ces mélanges variétaux est augmentée

lorsqu’une protection fongicide (produit conventionnel) est associée, car cela permet de diminuer la pression de la maladie (Pilet et al., 2006). Il serait intéressant d’évaluer les mélanges variétaux, en agriculture biologique, associés à d’autres méthodes de protection permettant de réduire la pression des maladies.

 Dans le cas du pommier, les mélanges variétaux testés ont associé variété sensible à variété résistante par le gène Vf (également nommé RVi6). Or ce gène de résistance est contourné en France et les souches virulentes sont présentes sur une grande partie du territoire. L’efficacité de ces mélanges avec les variétés Vf est alors remise en cause (Brun et al., 2014). Quelle que soit l’espèce cultivée considérée, les mélanges variétaux avec des cultivars résistants grâce à un gène majeur de résistance ne peuvent pas être considérés comme une solution dont l’efficacité serait durable. Le mélange de variétés sensibles avec des variétés à résistance partielles (variétés dites peu sensibles) pourrait permettre d’obtenir des niveaux d’efficacité intéressants (Andrivon et al., 2003) et plus durables.  Sur les pathosystèmes concernés par l’usage du cuivre en agriculture biologique, l’intérêt des mélanges variétaux serait de pouvoir continuer à cultiver une variété d’intérêt commercial assez sensible à une maladie en l’associant à des variétés résistantes. La question de la récolte séparée des variétés pour une valorisation séparée est importante (faisabilité, surcoûts…).

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4. Des leviers et pratiques à leur insertion