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2. AP et APA, au cœur de l’ETP des patients diabétiques précaires

2.1. L'AP, un des trois piliers de la prise en charge du diabète de type 2

2.1.2. Effets de l'AP sur les facteurs de risque cardiovasculaires

Les patients diabétiques cumulent de nombreux facteurs de risques cardiovasculaires dont certains sont modifiables, le premier étant le diabète lui-même. Ces facteurs vont entraîner un risque de mortalité par maladie cardiovasculaire accru chez les patients diabétiques (RR= 3,3) ainsi que par pathologies ischémiques (RR=4,2).64 Or, l'AP va avoir

une incidence positive sur ces différents facteurs.

2.1.2.1. Effets de l'AP sur le métabolisme glucidique

L'AP contribue chez le patient diabétique de type 2 à améliorer et maintenir un contrôle glycémique satisfaisant par différents mécanismes.

2.1.2.1.1. Effets aigus de l'AP

L'AP a des effets aigus, visibles même lors d'une pratique unique, sur le métabolisme du glucose chez le patient diabétique de type 2. Il y a une augmentation de la captation du glucose dans les muscles actifs grâce aux contractions musculaires engendrées par l'AP.65 Lors

d'un exercice aérobie d'une intensité modérée, l'augmentation de la production hépatique de glucose ne compensant pas l'utilisation plus importante du glucose par les muscles squelettiques, le taux de glucose sanguin a donc tendance à baisser chez une personne diabétique. Le risque d'hypoglycémie reste cependant minime (hors patients sous insuline ou sous insulinosécréteurs) car la production d'insuline va parallèlement diminuer. Ce bénéfice engendré par une seule session d'exercice aérobie peut persister pendant 24 à 72 heures.65

Une hyperglycémie transitoire peut cependant suivre un exercice intense (pendant 1 ou 2 heures) du fait de l'augmentation du taux de catécholamines plasmatiques qui induit une augmentation importante de la production hépatique de glucose.

2.1.2.1.2. Effets chroniques de l'AP

L'entraînement et la pratique régulière d'une AP permettent également des effets chroniques bénéfiques sur le métabolisme glucidique. Si le travail de Christ-Roberts et al. en 2004, met en évidence une augmentation importante de l'expression du GLUT4 (récepteur cellulaire du glucose) et de l'activité de la glycogène-synthase après un programme de 8 semaines d'entraînement, ce qui permet une meilleure pénétration du glucose dans les myocytes, puis un meilleur stockage sous forme de glycogène,64 les études utilisent le plus

souvent comme critère d'efficacité d'une intervention le taux d'HbA1c, reflet du taux moyen de glucose sanguin pendant les trois mois précédant la mesure.

La méta-analyse réalisée en 2001 par Boule et co a mis en évidence une diminution significative du taux d'HbA1c moyen de 0,66 % (p<0,001) lors de la pratique d'une AP. L'analyse de 14 études (soit 377 patients) qui ont étudié l'effet d'un entraînement en endurance ou en résistance, supervisé ou non, sur une durée supérieure à 8 semaines, montre une diminution de l'HbA1c de 0,62 %, p<0,001.66 L'étude de Dunstan en 2003 compare l'évolution

de l'HbA1c chez 28 personnes diabétiques de type 2 avec une diète seule ou l'association d'exercices de résistance et d'une diète. Les résultats indiquent une diminution de -1,2 % de l'HbA1c à 6 mois pour l'association résistance et diète, la diète seule ayant entraînée une diminution de l'HbA1c de 0,4 %.66

Les exercices de résistance comme ceux d'endurance, permettent chacun une diminution de l'HbA1c. L'étude de Sigal et al.67 sur 251 adultes diabétiques de type 2 montre

que le fait de combiner exercice aérobie et exercice de résistance entraîne une modification supplémentaire de la valeur de l'HbA1c de -0,46 point de pourcentage par rapport à l'exercice aérobie seul et de -0,59 point de pourcentage par rapport à un entraînement de résistance seul.68 Il est donc intéressant d'associer les deux types d'exercice pour les patients diabétiques.

Une augmentation de 1 % de l'hémoglobine glyquée étant associée à une majoration de 28 % du risque de décès toutes causes confondues, la pratique physique, permettant des diminutions considérables de l'HbA1c doit être considérée comme un enjeu important de la prise en charge des patients diabétiques.64

2.1.2.2. Effets de l'AP sur l'hypertension artérielle

L'hypertension artérielle (HTA) est une comorbidité fréquente (>60%) du diabète de type 2 qui augmente le risque de complications vasculaires chez les patients diabétiques.

Chez des personnes non diabétiques, l'exercice aérobie ou de résistance entraînent tous les deux une diminution de la pression artérielle avec une efficacité supérieure pour l'exercice aérobie. Chez le patient diabétique de type 2, on note une petite diminution de la pression artérielle systolique dans le cas d'un exercice d'endurance.65

La conférence de consensus du 22 novembre 2005 confirme qu'une pratique régulière d'AP d'endurance d'intensité modérée abaisse les chiffres tensionnels de manière modeste mais significative et met de plus en évidence que les activités de résistance ont une efficacité.69 Dans la conférence de consensus sur l'HTA la Canadian Medical Association

conseille la pratique d'une AP régulière modérée (40 à 60 % de la VO2 max), durant 50 à 60 min, 3 à 4 fois par semaine dans la prévention de l'HTA et dans son traitement.64

2.1.2.3. Effets de l'AP sur le profil lipidique

L'étude de Tromso montre une relation inverse dose-dépendante entre le niveau d'AP et les paramètres lipidiques. Entre le groupe d'hommes avec un niveau d'AP très intense et le groupe sédentaire il est constaté une diminution significative de 0,22g/L (9%) du cholestérol total, de 0,46 g/L (28%) des triglycérides, et de 19 % du rapport cholestérol total/HDL, ainsi qu'une augmentation de 0,16g/L (12%) du HDL. La comparaison du groupe d'activité intense avec le groupe sédentaire montre des résultats allant dans le même sens mais avec des différences moins importantes.64 L'association de l'exercice à une perte de poids serait

toutefois plus efficace que l'exercice aérobie seul sur l'amélioration du profil lipidique.65

2.1.2.4. Effets de l'AP sur l'obésité

L'OMS recommande dans la prévention et le traitement de l'obésité, la pratique d'une AP modérée d'environ 30 minutes par jour, si possible 7 jours sur 7.64 En effet, la pratique

physique régulière va permettre une perte de poids modeste mais significative ainsi qu'une diminution de la masse grasse totale et de la masse grasse intra-abdominale.64 L'AP permet

également le maintien du poids après un régime hypocalorique. En effet, plusieurs études mettent en évidence une reprise plus faible de poids et de masse grasse dans le groupe qui pratique une AP régulière en parallèle.64 Ces résultats sont particulièrement intéressants car la

diminution de l'obésité et principalement de la graisse abdominale permet entre autres une diminution de l'insulino-résistance.

2.1.2.5. Effets de l'AP sur la mortalité cardiovasculaire

Une étude norvégienne, menée sur 56170 personnes suivies sur 24 ans montre que les patients diabétiques inactifs sans traitement ont un odd ratio de 1,65 de mourir d'une maladie cardiovasculaire par rapport au groupe de référence de patients inactifs sans diabète. Par contre, chez ceux qui avaient une AP d'une durée supérieure ou égale à deux heures par semaine, l'odd ratio était de 0,99. Chez les patients diabétiques traités par des médicaments hypoglycémiants ou par l'insuline, les ratios correspondants sont de 2,6 et de 1,58. Ainsi, qu'ils suivent ou non un traitement médicamenteux, l'AP a un impact considérable sur la mortalité et l'AP doit donc être envisagée comme une mesure additionnelle au traitement.70

De même, une autre étude menée sur 3708 patients diabétiques de type 2 met en évidence que des niveaux modérés ou élevés d'activité physique entraînent une diminution de la mortalité cardiovasculaire quels que soient leur IMC, leur pression artérielle, leur taux de cholestérol.71