• Aucun résultat trouvé

2. AP et APA, au cœur de l’ETP des patients diabétiques précaires

2.1. L'AP, un des trois piliers de la prise en charge du diabète de type 2

2.1.3. Effet de l'AP sur les compétences psychosociales et le bien-être

Si l'AP entraîne une diminution de la mortalité cardiovasculaire du fait de son impact bénéfique sur les facteurs de risque cardiovasculaires des patients, il est de même clairement établi que l'AP a une action bénéfique sur les compétences psychosociales et le bien-être du patient.

2.1.3.1. Effets de l'AP sur la dépression

De nombreuses études se sont intéressées à la relation entre l'AP et la dépression qui est par ailleurs également un facteur de risque cardiovasculaire individualisé.16

Les résultats de ces études et des méta-analyses montrent tous une diminution des symptômes dépressifs lors de la pratique physique, qu'elle soit ponctuelle ou régulière, et que l'exercice soit court ou long. Le bénéfice concerne à la fois les patients dépressifs qui voient alors diminuer leurs symptômes de dépression1665 et les personnes sportives pour lesquelles le

risque de développer une dépression sera inférieur aux individus sédentaires.64

Cela peut s'expliquer par des mécanismes physiologiques comme l'amélioration de la transmission centrale de noradrénaline ou des modifications de la synthèse et du métabolisme des endorphines et de la sérotonine qui se mettent en place pendant et après l'exercice physique.65 De même, la répétition du mouvement (par exemple la foulée lors de la course à

pied ou le pédalage du cycliste), rassure le cerveau par une information rythmée et apaisante, et pourrait ainsi stabiliser l'activité du système nerveux central.62 72 Enfin, l'action de l'AP sur

la dépression et les symptômes dépressifs pourraient venir de facteurs psychologiques comme l'amélioration du sentiment d'auto-efficacité, le développement du sentiment de maîtrise et de compétence, ou encore une rupture par rapport aux pensées négatives grâce à un effet de distraction par rapport au quotidien.1665

Du fait de ces nombreux bénéfices sur la dépression, l'AP peut être utilisée pour soigner les grands dépressifs. C'est le cas dans une unité psychiatrique à Lyon : « Dans l’unité psychiatrique où j’exerce, à Lyon, l’AP est l’un des outils thérapeutiques que nous utilisons pour soigner les grands dépressifs, à côté bien sûr des médicaments ou d’autres disciplines comme le théâtre par exemple», explique le psychiatre Frédéric Fange.73

2.1.3.2. Effets de l'AP sur l'anxiété et le stress

Plusieurs études mettent en évidence une prévalence nettement moins importante du stress et de l'anxiété pour les individus actifs physiquement ainsi qu'une réduction de l'anxiété et du niveau de stress après un exercice physique même ponctuel.

Les résultats de l'étude cas-témoin d'Aldana et co montre que la moitié la moins active des 32000 individus étudiés avait deux fois plus de chances de présenter un niveau de stress élevé.64 Plusieurs études montrent que la pratique sportive constitue un moyen efficace de

réduire l'anxiété et le stress en population adulte.7475 L'étude longitudinale de De Moor et coll.

en 2006 portant sur 19288 personnes de 10 à 60 ans montre que ceux qui pratiquent régulièrement des AP à une certaine intensité (au minimum 60 minutes à 4 MET) sont généralement moins anxieux, moins dépressifs, moins névrosés, plus extravertis, quels que soient l'âge et le sexe.16

Sur 27 études longitudinales réalisées entre 1989 et 1997, 18 études mettent en évidence une diminution significative du niveau d'anxiété dans le groupe « exercice physique » (AP d'au moins 20 minutes, entre 60 et 90 % de la fréquence cardiaque maximale, au moins deux fois par semaine).64 6 méta-analyses réalisées entre 1991 et 1994 concluent de

même à la réduction de l'anxiété par la pratique physique. La synthèse de ces 6 méta-analyses montre de plus que le niveau de réduction d'anxiété est d'autant plus important que la population est en faible condition physique et a un haut niveau d'anxiété.16 De plus la

diminution significative du niveau d'anxiété apparaît quelle que soit l'intensité de l'activité (entre modérément intense et très intense) et le mode de pratique de celle-ci (en groupe ou à la maison).64

L'effet d'un exercice ponctuel (vélo, musculation, course,…) sur l'anxiété est également mis en évidence par 21 des 24 études de la méta-analyse d'Adrian H. Taylor.64

L'anxiété présente avant l'AP décroit après seulement 20 minutes d'exercice. Cet état de relâchement et de bien-être persiste ensuite après l'activité.16

2.1.3.3. Effets de l'AP sur la VPP et l'estime de soi

L'effet de la pratique physique sur la VPP (c'est à dire le sentiment général de satisfaction, de fierté, de respect et de confiance dans le soi physique) est plus important que l'effet sur l'estime de soi globale, cependant la méta-analyse de Spencer et coll. en 2005 révèle que bien que le poids de l'augmentation soit faible, l'AP peut tout de même élever de manière significative (p<0,05) l'estime de soi.1676

Comme l'explique le psychiatre Frédéric Fanget « L’un des premiers bénéfices de la pratique sportive est la reconquête de son image corporelle. Même sans faire des miracles, une AP régulière redonne de la tonicité, permet de redessiner sa silhouette et confère donc une meilleure image de soi sur le plan physique ».73 Or l'apparence est une des composantes de la

VPP.

D'après la revue de la littérature de Fox en 2000, la pratique régulière aérobie ou d'endurance semble à privilégier afin d'obtenir un effet bénéfique sur les niveaux d'estime de soi et du soi physique.16 Cependant la pratique physique de résistance, par le biais du

développement musculaire contribue à améliorer la composante « force », faisant partie des quatre composantes en lien avec la VPP.

Enfin, chez les personnes ayant une estime de soi et une VPP faibles, il sera préférable de pratiquer des sports de nature comme le vélo ou la randonnée plutôt que d'aller dans une salle de sport où, le culte du corps étant très développé, le regard et le jugement des autres peuvent être pesants.73

Le dépassement de soi et la réalisation d'un défi personnel lors de la pratique d'une AP permettent d'entrer dans un cercle de réussite et la satisfaction que cela entraîne donne l'envie de recommencer et une confiance accrue en ses capacités physiques.73 Cela contribue

également à renforcer la VPP.

Outre son lien avec l'estime de soi, la VPP est également un déterminant majeur de la poursuite d'une AP à long terme.16

2.1.3.4. Effets de l'AP sur les relations interindividuelles

Le sport, ou l'AP, est une façon de rencontrer d'autres personnes. Que ce soit sous la forme d'un partenariat ou en tant qu'adversaire lors d'une compétition, le sport est riche de relations interpersonnelles. Nombre de pratiquants trouvent dans l'AP des camarades. Dans le livre de Michel Bouet, un des participants à l'enquête déclare même « le sport est pour moi essentiellement un jeu qui me permet de retrouver avant, pendant et après des amis. ».77

Dans les parcours de réinsertion, la pratique physique joue un rôle très positif de réhabilitation sociale, de réapprentissage du vivre ensemble et permet de lutter contre l'isolement des individus.78

2.1.3.5. Effets de l'AP sur le bien être

Le bien-être d'un individu serait la résultante de quatre dimensions16 :

- le bien-être émotionnel (trait et état d’anxiété, stress, tension, état et trait de dépression, angoisse, confusion, énergie, vigueur, fatigue, émotions, optimisme)

- les perceptions de soi (compétences, perception de soi, estime globale de soi, image du corps, perception de sa condition physique, perception de maîtrise de soi, …)

- le bien-être psychique (douleur, perception des troubles somatiques…) - le bien-être perçu (qualité de vie, bien-être subjectif…).

La pratique régulière d'une AP d'intensité modérée contribue au bien-être et à la qualité de vie globale en agissant sur ces différentes dimensions. Cela concerne aussi bien les populations pathologiques que non pathologiques.16