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Effet de la première « secousse » économique Algérienne sur le financement des entreprises (1986-1991)

. Le niveau des prix atteint son plancher et dévoile brutalement les dysfonctionnements structurels de l'économie algérienne et révèle, la dépendance et la fragilité d'un système construit sur la seule performance du secteur des hydrocarbures. L’image du pays sur les places financières est sévèrement affectée, l'évaluation du risque Algérien tend à se dégrader.

Les implications de cette appréciation détériorée se reflètent dans l'érosion régulière des crédits commerciaux garantis, relayés, défavorablement, par des crédits bancaires à court terme, ainsi que par l'accroissement des marges financières et l'altération des conditions de remboursement. La magnitude de cette première secousse est relativement atténuée par le maintien d'une certaine confiance des places financières124

123 BENISSAD Hocine, « L’Algérie : Restructuration et réformes économique », OPU, pp 80-87, 1994 124 CHARVIN Robert, GUESMI Ammar, « L’Algérie en mutation » l’Harmattan, pp 11-18, 2001.

. Paris et Tokyo principalement, font preuve d'un optimisme relatif dans la capacité algérienne à s'adapter et à mettre en œuvre une politique économique satisfaisante. Les crédits financiers et commerciaux sont facilement octroyés, mais en contrepartie le stock de la dette enfle rapidement et ses conditions, maturité et coût, se détériorent. Entre 1985 et 1988, la dette totale double de volume pour atteindre 26 milliards de dollars, soit trois ans d'exportations avec un service de la dette représentant 72% des exportations. Dès 1987, le poids du service de la dette s'ajoute aux autres signes structurels négatifs pour corroborer l'évidence d'une crise

Page | 115 des paiements durable. Le service de la dette dépasse, en effet, 7 milliards de dollars dès 1987 pour approcher 9 milliards de dollars en 1990.

Confrontées à la contraction dramatique des revenus externes, les banques algériennes, puis toutes les entreprises publiques, sont invitées à recourir à l'emprunt à court terme directement125

Cette même année, le FMI autorise les tirages automatiques et encourage, avec les autorités françaises, les discussions pour la renégociation de la dette. De fait, l'appel massif et incontrôlé aux financements à court terme de l'économie a pour effet de réduire la durée de vie moyenne du stock de la dette, d'alourdir très substantiellement les échéances, d'accroître très fortement le coût du crédit, et, en amenant la fermeture du marché des capitaux à moyen terme, dégrader durablement le niveau de risque pays de l'Algérie

, ou via les fournisseurs, sur le marché financier international. Les autorités décident de comprimer les importations d'équipements plutôt que celles de consommation. Le résultat en est un ralentissement marqué des programmes d'investissement et l'aggravation des surcoûts financiers, influençant directement et de façon négative la croissance.

L'élément interne de stratégie repose sur l'appel excessif à la monnaie pour combler le déficit budgétaire, ce qui a pour effet mécanique d'alimenter l'inflation et d'éroder le pouvoir d'achat des revenus fixes. Sauf en matière de réduction du taux de change de près de 25% entre 1986 et 1989, le résultat global ne peut être que négatif.

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125 DEBBOUB Youcef, « Le nouveau mécanisme économique en Algérie », OPU, pp 29-30, 2000.

126 SAIABDELHADI Amar, « Les effet de l’ajustement structurelles en Algérie », Thèse de Doctorat, Université d’Oran, pp 142-189.

. Ainsi Les économies budgétaires ne pouvant être que limitées au départ, le gouvernement recourt à une réforme fiscale imposant plus fortement les revenus commerciaux et ceux du capital. Ce qui ne manque pas de provoquer une levée de bouclier dans le commerce, l'immobilier et certaines activités

Page | 116 industrielles. Les taux d'intérêts négatifs sont relevés, mais surtout la Banque centrale laisse flotter un Dinar surévalué.

En 1991 c’est le départ d’un gouvernement réformateur ainsi l'embellie des prix pétroliers cause de la guerre du Golf permet d'engranger plus de recettes imprévues, La gestion de la dette va s'appuyer sur un train de lois allant de la libéralisation du commerce extérieur jusqu'alors monopole d'Etat, à l'autonomie de la banque centrale et création d’une bourse de valeur mobilière. Il s'agit aussi, par des mesures concrètes, de convaincre les partenaires extérieurs de la cohérence d'une démarche d'amélioration du risque pays.

L'approche globale est accompagnée de mesures visant à réduire puis à interrompre les crédits à court terme. Le recours au rééchelonnement est écarté pour les raisons suivantes : sans la transformation préalable des structures de l'économie, l'aisance financière transitoire procurée par le rééchelonnement de la dette se perd dans les circuits de la gestion bureaucratique127

L'annonce du rééchelonnement provoque automatiquement l’assèchement des sources de financement externe et en particulier des crédits à moyen terme pour l'investissement. De plus, le retrait automatique des couvertures de garantie des compagnies d'assurance crédit pénalise directement les investisseurs privés. Du côté des entreprises, l'existence d'un Conseil de la monnaie indépendant offrant des garanties solides à la circulation des capitaux productifs, confirme l'assouplissement de la législation en matière d'hydrocarbures en 1989, déclenche l'intérêt des partenaires habituels de l'Algérie. Les entreprises publiques, pour la plupart devenues sociétés par actions, obtiennent une grande latitude pour nouer des relations directes de partenariat en matière de travaux, d'investissements communs et d'ententes commerciales. Les banques européennes, japonaises et américaines se montrent de nouveau disposées à prendre des risques. Les activités reprennent

.

Page | 117 malgré l'accroissement de la fiscalité. La dévaluation stimule la production industrielle et oriente la demande vers les productions nationales dont les capacités étaient sous - utilisées. Le début de la reprise gonfle les portefeuilles d'investissement à un moment où les chambres de commerce sont rendues aux entrepreneurs garantissant la liberté d'importations des équipements et des services.