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Il faut bien différencier un document et un texte, en effet un texte au sens linguistique ou cognitif est celui porteur de signifiant, il réfère à la forme d'organisation du code linguistique, tandis que le document est un terme qui appartient aux sciences documentaires" qui se réfère à une forme physique (livre, revues, photo,...) et à un contenu (comme le texte).

Ces visuels sont des représentations figuratives, matérielles et analogiques, par matérielles nous voulons souligner que ce sont des objets réels, tangibles que nous représentons à l'image des photos et des dessins. Et par analogiques, c'est le fait

134 qu'elles ressemblent plus ou moins fidèlement à ce qu'elles représentent, comme la photo qui ressemble à la chose, mais elle est inanimée.

Pour comprendre l'importance des représentations dans les documents didactiques, il faut s'interroger sur la nature de nos représentations mentales. Ces dernières, sont des systèmes mentaux cognitifs qui peuvent recueillir, analyser et garder l'information, de là, l'étudiant peut en tirer un profit lors de l'exécution de la tache. D'après les nouvelles recherches, nos représentations mentales sont de deux types:

-Les premières revêtent une forme abstraite proche du celle du langage, c'est pourquoi les psychologues parlent d'un codage propositionnel de l'information.

-Les deuxièmes adoptent une forme analogique, car les images matérielles conservent les propriétés structurales des objets représentés.

Aujourd'hui, on sait que les représentations analogiques, matérielles ou mentales soient elles représentent nos connaissances selon les modalités presque semblables La représentation mentale de certains concepts est proche de la représentation figurative de l'illustration que nous pouvons en donner. Les images nées dans notre perception, les images mentales et les images matérielles sont proches des points de vue structuraux et fonctionnels. Du point de vue structural, elles ont des caractéristiques communes et représentent l'information partir des mêmes traits figurés ; par exemple l'image perceptive d'un objet, l'image mentale de celui-ci et sa représentation graphique présentent la même structure générale. Autrement dit, la représentation mentale constitue une chose aussi utile que l'objet auquel elle se substitue, elle permet d'effectuer des opérations, des calculs, des comparaisons, de situer un élément parmi d'autres, d'analyser des relations etc.

De nombreuses recherches montrent que la lecture, la compréhension, l'exploitation d'un document visuel présentent de multiples difficultés et que l'apprentissage est indispensable c'est pourquoi l’enseignement des différentes formes visuelles, leur

135 traitement et la manière de représenter des informations revêt une grande importance et cet enseignement seul peut rendre efficace l'utilisation pédagogique de ces documents. On comprend bien que les images matérielles puissent faciliter les apprentissages sous certaines conditions et l'une des plus importantes est la familiarisation des apprenants avec les illustrations utilisées et leur degré d’iconicité.

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Classification des illustrations selon l’iconicité

De ce point de vue, il est utile d’évoquer la classification qui permet d’organiser les formes de représentations que propose Belisle(1985); dont il distingue sept types de ce qui entoure le texte (para texte) avec le degré d'iconicité qui va en décroissant, mais, les fonctions sont définies par rapport à cette échelle d’iconicité :

• la photographie, dont les principales fonctions sont: montrer, prouver, évoquer et proposer des éléments de motivation;

• les dessins, formes de représentation analogique en deux ou trois dimensions;

• les graphiques, dont les structures analogiques paraissent adaptées à la représentation de données quantifiées; nous rappellerons à ce propos le travail remarquable de

Bertin(1977) sur la morphologie de l'image graphique qui a longtemps servi de référence;

• les organigrammes, qui sont un type particulier de graphe utilisés pour représenter des relations structurées;

• les schémas sont des représentations faites en vue d'usage pratique, une forme de dessin dont les aspects structurels sont valorisés en vue d'une interprétation non équivoque. Ils permettent d'appréhender la réalité en facilitant la représentation de ce qui est caché et en fournissant une aide pour penser ce qui est complexe. Ils résument ainsi un très grand nombre d'informations, bien plus ce que pourrait en contenir une explication littérale. C'est ce qui rend en fait son caractère des fois difficile d'accès.

Autrement dit, les schémas sont généralement considérés comme une construction mentale permettant une représentation de l'objet d'étude plus ou moins proche du réel et correspondant à des conceptions scientifiques plus ou moins reconnues de cet objet,

136 comportant seulement les traits essentiels de la figure représentée, ils sont utilisés pour la présentation et l'explication des objets ou des phénomènes complexes;

• les tableaux, qui sont constitués d'un ensemble d'éléments indifférenciés visuellement et dont l'information est extraite par une analyse des rapprochements et de comparaisons entre les éléments; ils présentent des données chiffrées ou verbales dans une forme visuelle pour rendre la lecture plus facile. En général, les représentations abstraites sont conventionnelles, et leur réalisation est régie par des techniques et des règles spécifiques.

• les textes. On le voit, en liant la fonction des représentations figurées à la définition de leur degré d'iconicité, il devient impossible de leur attribuer d'autres fonctions que celles liées à leur statut de signe et à leur qualité d'icone. Le degré d'iconicité des illustrations en fonction du degré d’abstraction des connaissances et des représentations cognitives est résumé dans le schéma ci-dessous.

Schéma 02 : classification des illustrations selon l’iconicité ICONICITE MAXIMUM - PHOTOS - SCHEMAS - GRAPHIQUES - TABLEAUX - LANGAGE VERBAL - LANGAGE MATHEMATIQUE ARBITRAIRE MAXIMUM

TECFA DOCUMENT 92-7 (I) ET TECFA DOCUMENT 92-7 (II),

CADRE D'ANALYSE ET DE REFERENCE ET MANUEL D'ACCOMPAGNEMENT POUR LA DESCRIPTION DES GRILLES, DECEMBRE, TECFA, UNIVERSITE DE GENEVE):

137 La majorité des illustrations exerce généralement un moyen de renfort et de compréhension lorsqu’ils accompagnent les textes. Pour rendre présent le sens d’un texte illustré et faciliter sa réception par les étudiants, nous devrons assimiler les différentes fonctions des illustrations qui accompagnent le texte scientifique.

-4-6- Fonction des illustrations :

Autrefois, le mode texte et le mode graphique s'opposent, les représentations graphiques procurent un accès à l'information scientifique via le texte et les images. Elles diffusent aussi la science pour partager un savoir scientifique et le projeter selon des perspectives citoyennes et sociétales, c'est adire elles communiquent correctement le message à des lecteurs de spécialité et même d'origine diverses. C’est pourquoi, elles ont plusieurs fonctions. Ainsi, nous citerons les différentes fonctions identifiées puis classifiées selon l’ordre croissant de l’impact le plus faible au plus fort.

-4-6-1 -La fonction de décoration:

L’illustration n'est pas directement reliée au texte. Il y a des documents visuels qui ont une fonction esthétique, ils embellissent la présentation générale d'un texte, d'un ouvrage ou d'un livre et le rendent plus attractif. L'un des responsables de la collection Nathan affirme que tous les documents, doivent présenter une qualité esthétique de haut niveau et cela qu'elle que soit leur fonction didactique. Elle peut être source de motivation s’elle est en couleur.

-4-6-2- La fonction de représentation

C’est la fonction la plus conventionnelle, Une représentation graphique, un dessin, un schéma ou une courbe représente un objet ou une réalité souvent inaccessible .C'est dans ce sens qu'on peut dire que l'illustration permet de connaître indirectement la réalité qu'on enseigne en termes de stratégies de communication, c'est-à-dire que l'illustration assure la définition visuelle d'un référent textuel. Elle est redondante et rappelle une partie des informations verbales.

138 Ce sont toutes les indications qui permettent à l'étudiant d'accéder à l'information, cela l'aide à construire sa lecture, certaines balises l'oriente spécialement dans l'espace du document. Ce sont des aides techniques, qui s'appuient en grande partie sur la mise en page comme par exemple les différentes formes de renvoi du texte aux illustrations. C’est une fonction d’aide au processus de lecture qui peut être soit :

-Globale lorsqu'elle permet d'identifier globalement la notion, l'objet auquel se réfère le texte.

-Analytique quand elle le décompose et met en détail les différents aspects, et énumère visuellement les différentes caractéristiques d'une conception ou extensive lorsqu'elle propose au regard un des éléments représentatif d'une classe ou d'une catégorie.

-4-6-3-La fonction d'organisation:

L’illustration sert à rendre un texte faiblement organisé plus cohérent et compréhensible (cartes géographiques, schéma explicatif des zones tectoniques et des diagrammes illustrant des étapes à suivre pour effectuer un parcours, etc.);•

-4-6-4-La fonction d'interprétation:

L’image fournit un exemple concret pour illustrer des concepts difficiles à comprendre ou abstraits (p. ex. une illustration métaphorique représentant un système de pompe pour expliquer la pression sanguine);

-4-6-5-La fonction mnémonique de transformation

L’illustration recode le texte sous une forme plus mémorisable, permet de centrer l'attention sur l'information critique et fournit des moyens de récupération. C’est la fonction privilégiée par nos apprenants pendant l’expérimentation. .

139 Certains documents sont mis au service des stratégies d'apprentissage (voir chapitre 02), ils servent de support d'activité dirigées tel que: restituer, analyser, classer etc. Ces documents visuels assurent un rôle de déclencheurs de comportements cognitifs, c'est une fonction importante dans un cours.

-4-6-7- Fonction diaphorique

:

Cette fonction sert à reprendre une partie de l'information contenue dans un texte sous une forme condensée, celle-ci se caractérise par " l'économie cognitive" elle permet d'exprimer de façon synthétique un ensemble de données qui diminue le travail de mémorisation de l'apprenant. Dans ce cas l'illustration montre que plusieurs relations entre les données peuvent être appréhendées comme une unité qui traduit le tout.

-4-6-8-Fonction d'information:

Toute illustration porte une information. Elle peut apporter une information qui ne se trouve pas dans le texte, elle peut compléter une information qui se trouve dans le texte ou bien participer a la construction de l'information, le rôle de ces informations sont respectivement principale, secondaire ou co-construite. La lisibilité de ces différentes informations dans une représentation graphique demande plus d'attention de la part des apprenants. Dans les trois cas d'information, le texte doit être précis afin que les références aux différentes illustrations telles que ; le graphe, le schéma et l’image soient explicites et sans ambiguïté, ce qui nécessite un œil attentif pour mieux avoir une meilleure visualisation.

-4-7- La visualisation:

Elle consiste à traduire, transcrire ou coder l'information retenue dans une forme visuelle, donc, il faudrait tracer des illustrations qui doivent être en parfaite équivalence avec les informations du texte. On considère que chaque type de représentation visuelles (tableaux, schémas, graphiques, images, cartes, dessins

140 figuratifs, etc.) comme une communication spécifique, comme un langage avec ses règles et son code, ce sont des formes relativement conventionnelles qu'il faut respecter pour garantir une bonne communication efficace, ajouter à cela les facteurs socioculturels qui sont d'une importance capitale.

Selon Vigouroux(1993), le modèle de création et de la production iconique doit obéir au modèle suivant :

Schéma : Un diagramme des processus mentaux impliqués dans la production iconique (D'après Vigouroux, La fabrique de l'image. Le point de vue du neurologue, Médiascope, 6, 1993, 102-115)

Pour accroitre l’idée créative dans le modèle psychologique de la production visuelle, il faut faire appel aux matériaux qui touchent les représentations sensorielles (VAKOG). Ces dernières se réfère aux prérequis des étudiants dans les différentes expériences et cela dépendra aussi des mécanismes neurologiques qui rentrent en jeu selon les profils des apprenants. C’est pourquoi qu’il est nécessaire de choisir certaines variables visuelles pour faciliter la perception visuelle des multiples textes qui véhiculent des informations scientifiques.

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4-7-1-Variables visuelles :

Le choix des variables visuelles est l'un des éléments qui contribuent à la lisibilité des textes et à leurs intelligibilités ou compréhensions .Toutes les variables ne possèdent pas les mêmes aptitudes à exprimer les mêmes informations. Pour définir le type d'information à communiquer, plusieurs variables visuelles classiquement reconnues comme pertinentes permettent de traiter visuellement selon la classification de Bertin (1970) en variables rétiniennes qui englobe les différentes caractéristiques à savoir ; la taille, la forme, les valeurs, les couleurs, les grains et l’orientation.

-Tailles : La variation permet de traduire les variations quantitatives. -Formes : Exprime l'identité de l'objet à représenter.

-Valeurs : La variation des valeurs d'une couleur est une variation d'intensité lumineuse du plus sombre au plus clair ou inversement.

-Couleurs: elles traduisent des différences, elles sont chargées de significations culturelles et psychologiques.

-Grains: Elles combinent plusieurs variables (forme, taille), ce sont des éléments constitutifs de trames traduisant les relations d'ordre et de différence.

-Orientation: Permet le positionnement d'un signe par rapport aux axes d'un graphe. Toutes ces variables rétiniennes sont régies selon les formes, les composantes culturelles et certains principes de visualisation.

-4-7-1-1-Principes de visualisation :

L'œil associe spontanément les formes qui se ressemblent ou qui sont proches l'une de l'autre par les différentes variables visuelles. Pour cette raison, dans un texte imprimé, l'usage des variables visuelles revêt une grande importance. Plusieurs principes peuvent en découler et aider à la compréhension d'un texte.

-4-7-1-2-Principe de familiarisation :

Il est préférable d'utiliser des pictogrammes (modèles graphiques normalisés), des symboles et des conventions qu’on trouve associes aux schémas et dont l'usage est

142 déjà répandu pour faciliter la compréhension. Les composantes culturelles et socioculturelles sont importantes dans cette perspective .par exemple dans une représentation cartographique la terre et la mer ne doivent pas être représentés par une même variable visuelle, dans ce cas par une même couleur.

-4-7-1-3-Principe de monosémie :

Dans ce principe, il s'agit de faire correspondre à chaque variable cognitive (élément d'information donné) une et une seule variable visuelle (couleur, forme…): Si dans une légende cartographique, le bleu représente l'eau, cours d'eau, lacs, mers et océans, il ne faut pas réutiliser la même couleur pour présenter un autre élément d'information.