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Diversité morphologique et granulométri que des couronnes périurbaines : une pre-

Morphologie et granulométrie des espaces périurbains

4.1 Diversité morphologique et granulométri que des couronnes périurbaines : une pre-

mière approche empirique

4.1.1 Trois grandes formes théoriques

Comprendre la grande diversité des espaces périurbains nécessite, en plus d’un effort de remise en question de l’image d’un périurbain unique, reproduit à l’identique sur l’ensemble du territoire, d’adopter une démarche empirique d’observation, afin de recenser les différentes formes existantes. Certains tra- vaux de recherche ont déjà abordé la question de la classification des espaces périurbains en grands types morphologiques. P.H. Emangard (2008) propose une typologie des périurbains en trois classes : les formes satellitaires, les formes réticulaires et les formes de mitage (figure 4.2). Cette classification, basée sur l’observation de différents territoires, repose sur le principe que les surfaces bâties périurbaines se présentent sous trois logiques spatiales différentes :

Figure 4.2 – Les trois grands principes morphologiques

Noyau initial Extension périurbaine Satellitaire Noyau initial Extension périurbaine Réticulaire Noyau initial Mitage Mitage

Réalisation : M. DREVELLE, 2012 (d’après P.H. Emangard)

Une logique ponctuelle pour les formes satellitaires. Cette catégorie de forme repose sur une agrégation de l’habitat périurbain dans des ilots définis, relativement compacts et séparés les uns des autres par de larges espaces non bâtis. Dans une logique satellitaire, les extensions urbaines se font autour du centre bourg. Cette organisation peut globalement être résumée sous la forme d’un nuage de point, même si les ilots peuvent avoir des surfaces variables.

Une logique linéaire pour les formes réticulaire. Cette organisation spa- tiale repose sur une articulation entre habitat périurbain et réseaux linéaires

(routes,fleuves. . . ). Ici, il est plus difficile d’identifier des ilots définis, l’urba- nisation tendant à faire fusionner plusieurs ilots linéaires et non à regrouper des nouveaux bâtiments autour du centre bourg.

Une logique surfacique pour les formes de mitages. Contrairement à la lo- gique satellitaire où les ilots sont aisément définissables, les formes périurbaines de mitage ne peuvent pas être assimilées à une représentation ponctuelle. On peut voir le mitage comme une nappe d’urbanisation peu dense répondant davantage à une logique surfacique que ponctuelle.

Ces trois grandes catégories de formes périurbaines, bien qu’établies par l’observation, s’assimilent à des formes « pures », à des situations théoriques. S’il est possible de trouver des territoires correspondant parfaitement à ces catégories, la majorité des espaces périurbains mélangent les différents types pour offrir un vaste éventail de formes hybrides. De plus, la répartition en trois grandes familles morphologiques laisse de côté les différences de granulométrie. Or la taille des ilots semble avoir un rôle important dans la différenciation des différents espaces périurbains. Il convient donc de continuer le travail d’ob- servation en multipliant les territoires, afin de recenser de manière la plus exhaustive possible les différents types de morphologies et de granulométries périurbaines.

4.1.2 Une réalité complexe et hybride

Afin d’établir un catalogue des différentes formes périurbaines, nous avons sélectionné quinze aires urbaines de taille moyenne, réparties sur le territoire français. L’observation de cartes Ign et des photographies aériennes de ces dif- férentes aires urbaines a permis d’identifier un nombre important de variantes de formes périurbaines (ces variantes sont présentées et illustrées en annexe A, page 347). Ce travail apporte plusieurs enseignements.

Premièrement, il démontre que les formes « pures » précédemment pré- sentées font figure d’exception dans le paysage périurbain français, elles sont en effet peu observées dans notre échantillon d’analyse. Toutefois, malgré la grande variété de formes observées, cette répartition en trois grands types reste pertinente dans la mesure où les différents types observés résultent majoritai- rement de la combinaison des trois catégories morphologiques principales. On remarque en effet l’association dans plusieurs aires urbaines d’une organisa- tion satellitaire ou réticulaire avec un mitage interstitiel ; ou encore de forme hybride entre le satellitaire et le réticulaire.

Deuxièmement, il apporte une nuance granulométrique aux trois grands types morphologiques. En effet, l’analyse des cartes et photographies aériennes

permet de différencier des types morphologiquement similaires mais qui se dif- férencient par la taille des ilots. Cet élément nous apparaît comme particu- lièrement important dans la mesure où la taille des ilots a un impact sur la demande de mobilité et sur la polarisation des espaces. La variabilité granulo- métrique des territoires périurbains étant avérée par cette observation, il nous parait essentiel d’intégrer ce facteur dans notre analyse de la différenciation des territoires périurbains.

Troisièmement, il ressort de ce travail d’observation que la morphologie des territoires périurbain varie au sein même des couronnes périurbaines. Ce point est particulièrement intéressant dans la mesure où il attire notre attention sur le fait que les formes de périurbanisation varient à l’échelle du territoire national, d’une aire urbaine à l’autre, mais aussi à l’échelle locale, notamment en fonction des contraintes naturelles. Cela renforce notre hypothèse d’hybridation des différents types au sein des territoires périurbains.

Enfin, cet exercice met en évidence l’ambiguïté de la définition des formes de mitages. En effet, si le mitage peut être défini par une logique surfacique, certaines formes identifiées ici (fermes isolées ou petits hameaux) confinent au mitage tout en gardant une logique de localisation ponctuelle. Dans ce cas, la frontière entre l’organisation satellitaire et le mitage est difficile à définir. Faut-il définir les hameaux comme des formes satellitaires ou comme un type de mitage qui ne prendrait pas la forme d’une nappe peu dense mais d’un ensemble de grains de très petite taille ? Ce jugement peut être laissé à l’appréciation du chercheur, toutefois il semble relativement important de clarifier les frontières entre types par l’instauration de seuils ou d’indices.

4.1.3 Les limites de l’approche « qualitative et empi-

rique »

L’approche dite « qualitative et empirique », par observation des cartes Ign et des photographies aériennes, joue un rôle essentiel dans l’identification des différentes formes périurbaines. Cependant, si cette méthode est riche d’ensei- gnements, elle possède deux défauts majeurs. Premièrement cette méthode, par sa lourdeur, est difficilement applicable sur de très grands territoires : étudier et classifier l’ensemble des espaces périurbains de cette manière serait extrê- mement chronophage. Le second défaut de la méthode est plus handicapant encore puisqu’il pointe son manque de robustesse. En effet, si identifier les types de formes est relativement simple pour les « formes pures », c’est-à-dire celles qui ne souffrent d’aucune ambiguïté, il n’en est pas de même pour les formes plus hybrides. Cette classification « à dire d’expert » peut donc sembler

Figure 4.3 – Les 3 dimensions de la morphologie périurbaine

peu robuste dans la mesure où deux personnes différentes seraient susceptibles de classer une même commune dans deux types morphologiques différents. De même, l’absence d’indicateurs fiables permettant d’arbitrer les cas litigieux pourrait avoir comme conséquence de classer des communes similaires tantôt dans un type, tantôt dans un autre.

En plus du nombre relativement important de types morphologiques (entre formes pures et formes hybrides), la classification des périurbains doit aussi prendre en compte la diversité granulométrique des espaces. Ainsi, en plus de définir le type morphologique de chaque espace, ce qui revient plus ou moins à le placer dans un diagramme triangulaire représentant son degré d’organisation satellitaire, réticulaire et de mitage, il faut aussi tenir compte d’une troisième dimension : la tailles des grain (voirfigure 4.3). La multiplicité des dimensions à prendre en compte rend le traitement manuel peu réaliste.

Enfin, rappelons que l’objectif de cette classification morphologique est de quantifier pour chaque couronne périurbaine le nombre d’habitants vivant dans des espaces satellitaires, réticulaires ou de mitage. La classification manuelle, qui s’effectuerait vraisemblablement à l’échelle de la commune, ne permettrait pas d’atteindre cet objectif, en effet, en raison de l’hybridation des types mor- phologiques, il serait particulièrement difficile d’attribuer la population d’une commune à un des grands types. Il faudrait alors ventiler la population entre les différents types selon des hypothèses de répartition de la population, ce qui engendrerait une charge de travail supplémentaire tout en procurant des résultats relativement approximatifs.

Toutefois, si les limites de l’approche dite « manuelle » sont suffisamment importantes pour abandonner l’idée d’une généralisation sur l’ensemble des aires urbaines françaises, elle constitue une base empirique à la réflexion sur

les formes morphologiques périurbaines. C’est donc à partir des enseignements de ce débroussaillage des formes périurbaines que nous proposons de mettre en place une méthode quantitative de classification morphologique des espaces périurbains.

4.2 Vers une méthode quantitative de classifi-

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