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Distribution générale des adjectifs

L’usage de l’adjectif épithète

7.1 Distribution générale des adjectifs

Cette section est consacrée à la description des données générales concernant l’usage des adjectifs épithètes. Nous y présentons des informations qui portent sur la catégorie abstraite, indépendamment du type spécifique des unités employées et des classes lexicales auxquelles elles appartiennent. Il s’agit donc de donner un aperçu global de l’emploi des adjectifs en tant qu’épithètes.

7.1.1 Les enfants

Les tableaux 7.1 et 7.2 donnent les informations relatives aux usages des adjectifs épi-thètes chez les enfants dans la première puis dans la seconde session. Nous y indiquons le nombre d’unités lexicales attestées chez chacun des enfants, et sur leurs données réunies.

Nous donnons également les occurrences d’adjectifs par rapport à l’ensemble des modi-fieurs nominaux produits, le rapport types/occurrences (TTR) pour les adjectifs, et la répartition des occurrences selon la position dans laquelle elles apparaissent.

Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, la classe adjectivale est le type de modifieur nominal le plus retrouvé dans l’ensemble des données enfantines aux deux sessions. Les taux d’usage des adjectifs sur l’ensemble des modifieurs nominaux sont com-parables chez Louise et Rayan dans les deux sessions : la part des occurrences adjectivales représente dans tous les cas légèrement plus de la moitié de la totalité de leurs emplois des modifieurs. Chez Guillaume, les données sont quelque peu différentes. Dans la première

7.1 : Distribution générale des adjectifs 151 Guillaume Louise Rayan Total

Adjectifs 17 16 16 32

Occurrences 70/203 67/133 86/168 223/503

34.5% 50.4% 51.5% 44.3%

TTR 0.24 0.24 0.19 0.14

Antéposés 51 44 70 165

72.9% 65.7% 81.4% 74%

Postposés 19 23 16 58

27.1% 34.3% 18.6% 26%

Table 7.1 – Présentation générale de la classe adjectivale - Enfants Session 1 Guillaume Louise Rayan Total

Adjectifs 28 34 25 50

Occurrences 265/515 222/444 144/280 631/1239

51.5% 50% 51.4% 50.9%

TTR 0.11 0.15 0.17 0.08

Antéposés 127 161 115 403

48% 72.5% 80% 64%

Postposés 138 61 29 228

52% 23.5% 20% 36%

Table 7.2 – Présentation générale de la classe adjectivale - Enfants Session 2 session, la part des adjectifs est moins importante (environ 35%), au profit des SP (85 occ., 42%). Cette répartition des données montre une différence significative par rapport aux emplois adjectivaux de Louise (χ2=7.7597, ddl=1, p=0.005342) et de Rayan (χ2=9.856, ddl=1, p=0.001693). Ses occurrences augmentent par contre de façon significative dans la deuxième session (χ2=16.1799, ddl=1,p=5.76e-05), où les adjectifs représentent aussi un peu plus de 50% des modifieurs qu’il produit. Les trois enfants utilisent donc les adjectifs à un taux tout à fait comparable dans cette session.

Le tableau 7.1 montre que la distribution générale de la première session regroupe un total de 32 types d’adjectifs épithètes différents pour 223 occurrences. Les enfants présentent chacun un paradigme comportant la moitié des types généraux. Le paradigme global correspond ainsi aux 2/3 de la somme des paradigmes individuels, ce qui indique que les enfants produisent à la fois des adjectifs qui leur sont communs et des adjectifs qui leur sont propres. Ceci semble confirmé par le rapport type/occurrences qui est plus faible dans les données globales que chez les trois enfants respectivement : chaque adjectif apparaît en moyenne plus fréquemment dans les données d’ensemble par rapport à leur nombre d’occurrences moyen par enfant. Nous voyons d’autre part que les trois enfants produisent un nombre d’adjectifs équivalent en termes de types mais Guillaume et Louise

présentent une diversité lexicale légèrement plus importante que Rayan dans la mesure où ils produisent moins d’occurrences adjectivales.

On observe dans la seconde session une augmentation générale du nombre de types d’adjectifs employés, et de leurs occurrences en termes de chiffres bruts (tableau 7.2).

Le paradigme total est composé de 50 adjectifs différents, il est donc multiplié par 1.5, pour 631 occurrences, soit près du triple des productions de la première session. Il y a ainsi une hausse nettement plus élevée des occurrences par rapport à celle des types d’ad-jectifs auxquelles elles correspondent. Guillaume et Louise contribuent majoritairement à l’augmentation importante des occurrences, Rayan y participe bien moins puisque ses usages sont multipliés par 1.5. Ces différents éléments se reflètent sur les indices du rap-port type/occurrence. On constate une diminution générale de l’indice par raprap-port à la première session (0.08 contre 0.14 sur les données globales). Individuellement, Rayan qui montre la hausse la moins conséquente de ses occurrences présente un indice équivalent dans les deux sessions (0.17), mais on observe une diminution chez Guillaume et Louise, qui passent d’une diversité de 0.24 dans la première session à respectivement 0.11 et 0.15 dans la seconde. Autrement dit, malgré l’augmentation du nombre d’adjectifs différents, ces deux enfants indiquent une tendance à les employer plus fréquemment en moyenne dans la seconde session.

De même que dans la première session, le paradigme individuel des enfants représente au moins la moitié de la totalité des types produits. Le plus important est celui de Louise, avec un peu plus des deux tiers du paradigme global. Les données sont donc relativement semblables entre les deux sessions de ce point de vue : les enfants présentent à la fois un ensemble d’adjectifs communs et des adjectifs qui leur sont propres. Notons cependant que leur fond commun tend à être légèrement plus important que dans la première ses-sion : dans cette dernière, ils constituent un tiers des données des enfants, ils sont ici aux alentours de 45%.

Concernant le placement des adjectifs relativement au nom, nous avons vu dans le cha-pitre précédent que la préférence générale va pour l’antéposition dans les deux sessions.

L’observation détaillée pour chaque enfant dans la première montre un mouvement ana-logue : tous placent préférentiellement les adjectifs avant le nom, avec des tendances plus ou moins fortes selon l’enfant. Dans la seconde session, la préférence pour l’antéposition est moins forte sur les données globales (de 74% à 64%). L’examen individuel montre que cette préférence est en fait très marquée chez Louise et Rayan (autour de 75%). La diminution de la tendance générale est due au fait que les proportions sont de l’ordre inverse chez Guillaume, avec 52% de postpositions. Cette tendance n’est par contre pas significative (test binomial1, p=0.5391). Ceci veut dire que Guillaume ne montre pas de

1. La préférence de placement des adjectifs est significative si leur nombre d’occurrences dans une position (antéposition ou postposition) est significativement différent (seuil α= 0.05) du nombre

d’oc-7.1 : Distribution générale des adjectifs 153 préférences de placement lorsque l’on considère les occurrences de la catégorie adjectivale dans son ensemble. Nous verrons plus bas que cette différence de distribution est due à un emploi plus fréquent des adjectifs de couleur, qui sont systématiquement postposés au nom dans nos données.

7.1.2 Les adultes

Les tableaux 7.3 et 7.4 donnent les informations relatives à l’emploi général des adjec-tifs dans les deux sessions chez les adultes.

Guillaume Louise Rayan Total

Adjectifs 48 59 65 113

Occurrences 284/751 300/703 272/627 856/2081

37.8% 42.7% 43.4% 41.1%

TTR 0.17 0.20 0.24 0.13

Antéposés 212 196 202 610

74.6% 65.3% 74.3% 71.3%

Postposés 72 104 70 246

25.4% 34.7% 25.7% 28.7%

Table 7.3 – Présentation générale de la classe adjectivale - Adultes Session 1 Guillaume Louise Rayan Total

Adjectifs 53 74 77 126

Occurrences 394/822 438/1002 339/792 1171/2616

47.9% 43.7% 42.8% 44.8%

TTR 0.13 0.17 0.23 0.11

Antéposés 238 312 249 799

60.4% 71.2% 73.5% 68.2%

Postposés 156 126 90 372

39.6% 28.8% 26.5% 31.8%

Table 7.4 – Présentation générale de la classe adjectivale - Adultes Session 2 De même que chez les enfants, les adjectifs constituent la catégorie la plus importante parmi les modifieurs nominaux chez les adultes dans les deux sessions. On note toute-fois de légères différences avec les données enfantines. D’abord, c’est la catégorie la plus représentée dans tous les groupes d’adultes quelle que soit la session, même chez les in-terlocuteurs de Guillaume malgré un emploi presque équivalent des SP dans la première

currences que l’on peut attendre théoriquement sur la base d’une loi binomiale. Plus formellement, soit n le nombre d’occurrences des adjectifs en corpus etkle nombre de fois où ils sont antéposés (ou post-posés), les adjectifs ont une préférence pour l’antéposition (ou la postposition) si P(K k)<0.05, où P(Kk) =Pn

i=k n k

pk(1p)nk avec une probabilité théoriquep= 0.5.

session. Guillaume est donc le seul locuteur chez qui les adjectifs ne constituent pas systé-matiquement la catégorie la plus représentée. Ensuite, l’importance des adjectifs n’est pas aussi marquée chez les adultes par rapport aux enfants : parmi les trois enfants, seuls les adjectifs produits par Guillaume dans la première session représentent moins de la moitié de ses occurrences de modifieurs. La part des adjectifs dans les modifieurs employés par les adultes n’excède généralement pas les 45% dans les différentes distributions individuelles.

Nous avons vu dans le chapitre précédent que cette différence adulte-enfant ne constitue globalement qu’une tendance dans la première session. Elle est par contre significative dans la seconde.

En ce qui concerne la distribution des adjectifs dans les différents groupes d’adultes, nous observons comme chez les enfants une variation entre le groupe de Guillaume d’un côté, et les interlocuteurs de Louise et Rayan de l’autre. Ces derniers ont des parts d’adjec-tifs tout à fait comparables sur l’ensemble de leurs productions de modifieurs. Les adultes en interaction avec Guillaume présentent quant à eux une part moins importante d’ad-jectifs au profit des SP qui sont attestés dans des proportions quasiment identiques (282 occ., 37.5%) dans la première session. De même que chez Guillaume, leurs emplois aug-mentent de façon significative dans la seconde session (χ2=15.9648, ddl=1,p=6.453e-05).

Cette hausse est cependant un peu plus marquée chez l’enfant puisque ses productions augmentent de 15%, contre 10% chez les adultes. Nous avons donc un paysage global rela-tivement semblable entre les adultes et les enfants, le changement observé chez Guillaume ne peut par conséquent pas être attribué à une meilleure maîtrise de l’usage de la classe adjectivale en modification nominale. On peut plutôt penser que ceci est dû au fait que les situations d’énonciation de la seconde session sont plus favorables à la production d’adjectifs dans ce groupe de notre corpus.

Dans la première session, les données globales des adultes montrent l’emploi de 113 adjectifs différents, soit plus de trois fois plus que les enfants. On remarque toutefois que l’indice de diversité global est du même ordre dans les deux ensembles de locuteurs. En d’autres termes, les adultes produisent beaucoup plus d’adjectifs différents que les enfants, mais cette étendue va de paire avec un nombre d’occurrences également plus élevé. La fréquence moyenne globale d’un adjectif est par conséquent la même chez les adultes et les enfants. D’autre part, les paradigmes individuels des interlocuteurs des trois enfants représentent autour de 50% du nombre des types adjectivaux rencontrés globalement, et le paradigme total correspond aux deux tiers de la somme des paradigmes individuels.

Les adultes présentent donc des adjectifs communs et des adjectifs qui leur sont propres dans des proportions analogues aux enfants (les recoupements spécifiques entre locuteurs sont abordés dans la section 7.3).

Comme chez les enfants, nous observons une augmentation du nombre de types et des occurrences adjectivales dans la deuxième session. Celle-ci est toutefois bien moins