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Faits sociaux et comportements humains Domaine culturel Politique intérieure Domaine économique Plitique extérieure Domaine religieux Domaine scientifique et technique

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manière d’organiser le texte. Ses positions sociales comme son style d’écriture se révèlent de manière plus saisissante par ses choix lexicaux que reflètent surtout les noms et les adjectifs. Le style et le choix des mots sont révélateurs de la position du chroniqueur qui est sujet- énonciateur. Le lexique n’est donc que la trace d’un point de vue social, comme l’affirme M. Reinert : « notre hypothèse principale consiste justement à considérer le vocabulaire d’un énoncé particulier comme une trace pertinente de ce point de vue il est à la fois la trace d’un lieu référentiel et d’une activité cohérente du sujet-énonciateur. Nous appelons mondes lexicaux, les traces les plus prégnantes de ces activités dans le lexique. » (M. Reinnert, 1993 :11).

Ainsi, le chroniqueur traitant des problèmes de société, n’échappe presque jamais à son rôle d’observateur, d’où une appréciation des faits et une présence assez manifeste. Plus qu’un observateur, le chroniqueur assume aussi, dans sa pratique de la langue, son rôle d’acteur social puisque son discours relève de ce même rapport de la langue et de la société que souligne W. Labov en affirmant que : « la stratification sociale et ses conséquences ne sont qu’un processus sociaux qui se reflètent dans les structures linguistiques.» (W. Labov, 1976 :184).

3-9-1-a) L’ironie :

Plus que tous les autres domaines, le domaine social se prête à l’ironie. Nous remarquons aussi que le discours attaché à la société est souvent ironique et l’ironie n’y est que partiellement cachée. Ce phénomène d’ironie, les constructions ou les emplois ironiques sont assez fréquents. Ainsi, la lexie néologique mobiliotite, crée par le chroniqueur, c’est un mot valise (apocope + mot complet : mobile + otite) n’est pas sans une certaine charge ironique. C’est une manière de se moquer des personnes qui ont tout le temps leurs oreilles collées contre leurs téléphones portables. Ce néologisme peut désigner également un phénomène social très répandu surtout chez les jeunes.

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3-9-1-b) Attitude et représentation du chroniqueur vis-à-vis des phénomènes sociaux : Ainsi, nous pensons que la description des phénomènes sociaux, demeure le lieu privilégié pour l’expression d’attitudes et de positions sociales. Dans ce cadre, l’emploi d’un néologisme constitue une attitude vis-à-vis du langage certes, mais aussi vis-à-vis de la société à travers le langage qui la décrit. Le langage trouve dans ce cas sa fonction sociale qui implique nécessairement sa raison et dans ce même rapport de la langue à la société, sa stratégie. Cette même rationalité paraît encore plus évidente dans la représentation des faits sociaux où « la rationalité joue un rôle important et s’identifie donc à une stratégie adoptée à

un but. »(P. Achard, 1993 :93).

Donc, le chroniqueur exprime ses attitudes et la représentation qu’il se fait du langage

comme moyen et support de la société. De ce point de vue, le langage constitue en soi une

« explication » d’une position à travers une stratégie discursive. 3- 9-2) Le domaine politique :

Dans le domaine politique, les lexies néologiques retenues sont réparties selon les deux types de politiques : politique internationale ou extérieure et la politique nationale ou intérieur.

3-9-2-a) Politique extérieure :

Parlant de relations de l’Algérie avec les pays étrangers, autrement dit, la politique internationale ou extérieure, le chroniqueur emploie un nombre assez faible, soit un taux de 06,18% d’innovations lexicales. Nous avons retenu la lexie néologique foot politique crée par le chroniqueur pour refléter les relations entre l’Algérie et l’Egypte qui, depuis le match qui s’est déroulé dans le cadre des éliminations de la coupe du monde 2010, sont devenues tendues. Certaines innovations lexicales sont créées à propos des évènements internationaux tels que anti-kadafi, Kadafien, emiratisation,…etc.

En ce qui concerne ce domaine, pour la création des néologismes le chroniqueur recourt aux divers procédés de formation de nouvelles unités significatives, mais certains procédés sont naturellement plus récurrents que d’autres et sont de ce fait, reconnus comme on l’a déjà confirmé dans notre corpus comme caractéristiques du langage de la presse et qui sont la nominalisation et l’adjectivation.

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Nous y retrouvons également d’autres procédés comme l’hybridation de deux langues arabe et français. La lexie néologique programme batata a été émise pour désigner un programme peu ambitieux et un certain nombre d’emprunts. Ce dernier fait pourrait s’expliquer par la nature même du sujet traité. En effet, le chroniqueur paraît préférer employer des emprunts quand il s’agit de problème de politique internationale, plutôt que des mots français qui peuvent ne pas rendre exactement le sens et les emprunts semblent correspondre dans ce cas à des besoins de communication. Evoquant des phénomènes politiques des pays étrangers, le chroniqueur utilise des mots étrangers. C’est le cas des mots dans l’exemple suivant : « Les lobbys juifs de plus en plus puissants. Le boss français de la France a donc rencontré le boss américain de l'Amérique. »

3-9-2-b) La politique intérieure :

La politique intérieure est très évoquée. Un nombre assez considérable de lexies néologiques ont été repérées lors du dépouillement des chroniques journalistiques. En effet, un pourcentage de 11,65% a été recensé. Des lexies telles que mediocratie dont le radical est le mot médiocre. Une mediocratie est la gestion du pays en instituant la médiocrité comme valeur de promotion de responsabilité ainsi la lexie néologique dictarchie est un mot valise, constitué de dictature et –archie (arch-ie), du grec arkheim, impliquant la notion de système.

D’autres lexies néologiques comme anti-algérianisme, algérianiste, efelenistes et

novembristes qui constituent des dérivés et des composés, le chroniqueur les utilise parce qu’ils paraissent mieux correspondre à la situation algérienne.

3-9-2-c) Langage et idéologie :

Le discours journalistique, généralement, ne se limite pas à la seule fonction de transmettre de l’information. Comme nous l’avons déjà développé dans le chapitre III et en reprenant la citation de Chr Marcellesi pour les différentes fonctions des néologismes, il n’est pas sans motivation et sans visée mais il constitue un lien d’intersubjectivité (Chr Maecellesi, 1974 :95), en d’autres termes, un lien d’influence du destinateur sur son destinataire, en l’occurrence du rédacteur sur le lecteur.

Un efeleniste est un fidèle du parti FLN, sympathisant inconditionnel ou militant du FLN malgré toutes les

dérives que l’on a eu à observer au niveau de ce parti

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C’est d’ailleurs, de ce même fait que découle, pour Chr Marcellesi (1974 :95-96), la nécessité de ne pas s’arrêter seulement à la néologie lexicale mais de prendre en considération « l’ensemble de la situation de production et extra-linguistique » des néologismes, qui sont donc à saisir et à étudier dans leur contexte (le texte dans lequel ils apparaissent) et l’environnement général.

La théorie de la communication ainsi que les usages qui en ont été faits ont largement insisté sur la fonction communicative, au sens de transmission de l’information, mais le langage ne se limite pas seulement à cette fonction, notamment dans le langage de la presse, encore plus spécialement le domaine de la politique. Ce dernier, à la différence du domaine technique et scientifique, constitue non seulement un lieu privilégié d’innovation mais aussi d’intersubjectivité avec tout ce qu’elle suppose comme « stratégie de persuasion ou d’illusion », souvent idéologiquement peu innocente. En d’autres termes, dans ce discours politique, il serait insuffisant de se limiter à l’étude de la fonction dénotative, mais il faut la dépasser à la fonction conative, qui seule paraît pouvoir révéler le caractère peu innocent du discours journalistique, et d’autant plus politique. Selon le même auteur « l’emploi par le locuteur d’un néologisme –ou d’une forme qu’il considère comme telle- ne semble pas innocent ; son utilisation traduit la recherche d’effet, d’une action produite sur le destinataire. » (Chr Maecellesi, 1974 :98).

L’examen du corpus nous permet, en effet, d’affirmer, à la suite de Chr Marcellesi cet aspect du langage de la presse par l’emploi aussi des divers procédés.

Tous ces procédés, qu’il s’agisse de marques typographiques ou de paraphrases déjà relevés, permettent aussi au locuteur de se garantir la complicité de son destinataire, en insistant sur le caractère néologique et en exerçant indirectement son influence idéologiquement motivée sur lui. Ces diverses stratégies de communication mais aussi la charge sémantique du néologisme implique naturellement l’aspect sociolinguistique de ce dernier.

3-9-3) Le domaine économique :

Le domaine économique est également concerné par les innovations lexicales. L’observation de notre corpus nous permet d’en relever un nombre plus au moins considérable des lexies néologiques dans le domaine de l’économique. Un pourcentage de (10,38%) de lexies néologiques a été recensé dans ce domaine. Les facteurs favorisant l’apparition des lexies néologiques dans ce domaine est la situation économique ainsi que la

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crise financière qui touche le système économique du monde et dans la quelle se trouvent tous les pays du monde, en général et l’Algérie en particulier. Des lexies comme antipénurie, Pôvrico, se dinarisant, euro-valorisant, se dolarisant sont de bons exemples.

Cependant, il faut signaler que l’innovation terminologique provient également des emprunts à l’anglais en raison, pensons-nous, de la prédominance de l’anglais dans ce domaine et où la langue ne fait que refléter des rapports de force économique. A ce propos, J- L Calvet (1974 : 211) affirme que : « l’équilibre ou le déséquilibre entre le nombre de mots empruntés de part et d’autre témoignent directement du rapport de force (militaire, culture, économique) qui s’est instauré entre les deux communautés, […] les domaines sémantiques d’emprunt témoignent, eux, des zones de contacts entre les communautés. »

Dans l’ensemble, le domaine paraît peu propice à l’innovation terminologique. Ce fait pourrait être ramené à la nature du domaine qui exige un langage hautement spécialisé et à la domination de l’anglais qui, imposant son lexique, laisse peu de marge à la création. Les quelques innovations terminologiques recensées sont, monay, bisness, show-biz, sold out,…etc.

3-9-4) Le domaine culturel :

L’examen du corpus révèle la prédominance des innovations lexicales attachées au domaine culturel, dans lequel sont réunies les différentes disciplines : le sport, la littérature, l’art culinaire, le théâtre, le cinéma, la musique, …etc.

Ce rapport de la langue semble se manifester, pour ce qui est des lexies néologiques, de manière beaucoup plus évidente sur le plan sémantique comme l’écrit Chr. Baylon (1991 :54) : « chercher à connaître la signification d’un fait linguistique en tenant compte des faits sociaux et culturels ; ceci est surtout valable au niveau de la sémantique : une simple connaissance des données linguistiques pour trouver le sens d’un texte ou même d’un énoncé particulier. »

Dans notre corpus, des lexies néologiques ont été repérées dans ce domaine culturel. Leur émergence dans les chroniques journalistiques peut se rattacher au grand évènement culturel qui s’est produit en Algérie en 2009. Cette année, le Festival Panafricain ou (Panaf), l’une des plus grandes manifestations culturelles d’Afrique, s’est déroulé à Alger où intellectuels et