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114 1) Introduction :

Comme on vient de le souligner dans le premier chapitre que par néologie, les linguistes entendent le processus qui permet la création ou la formation de nouvelles unités lexicales ou sémantiques, à partir de formes déjà existantes dans le cadre de la langue elle-même. Sont ainsi distingués à la suite de Louis Guilbert (1975) deux types de néologie : néologie de forme (ou lexicale) et néologie de sens ; ou dans d’autres langues quand il s’agit d’emprunts. Mais, toute langue ne peut se dissocier de la société dans la quelle elle se trouve.

L-J. Calvet (1993 : 07), partant de l’affirmation saussurienne considère que « la langue est une institution sociale », ainsi certains linguistes affirment qu’on ne peut envisager l’étude de la langue sans tenir compte de sa dimension sociale. De ce fait, le caractère néologique des lexies lie étroitement le rapport de la langue et de la société et que les néologismes déterminent l’acceptation en termes sociolinguistiques.

Tous les locuteurs, dans une société donnée et à un moment donné créent constamment des néologismes. C’est pourquoi, l’apparition et l’émergence des néologismes s’observent souvent dans des supports tels que les livres surtout littéraires, les dictionnaires, la presse écrite, l’audio-visuel, la publicité, les enseignes ainsi que dans les parlers et les conversations de tous les jours. « Dans la langue générale, cette création est spontanée : de l’argot teuf (pour fête) à la création littéraire (abracadabrantesque inventé par Arthur Rimbaud) ou humoristique (branchitude = le fait d’être « branché »), l’inventivité de tous, en particulier jeunes, journalistes, publicitaires… sans parler des écrivains, chanteurs ou poètes, se déploie dans la plus grande liberté. Il suffit de penser à tous ces mots qui tiennent une si grande place dans la publicité et les médias : pipole, fun, slam, collector… ».71

A l’instar de J Pruvot et J-F Sablayrolles (2003 : 15) « la presse, les dictionnaires, la littérature, les institutions, représentent autant d'instances où la néologie fait intervenir, dans un bouillonnement fructueux pour la langue, autant de sages conseillers que de cassandres et de thuriféraires.»

En revanche, en ce qui concerne les supports médiatiques, la presse écrite et l’audio-visuel, nous parlerons plutôt d’innovations linguistiques, car tous les termes de création récente ne peuvent pas être considérés comme des néologismes.

71 Néologie et terminologie, Délégation générale à la langue française et aux langues de France, Disponible

115 2) La néologie et littérature :

La création verbale fait partie intégrante du style d’un auteur, acteur par définition d’une langue qu’il doit mettre au service de ce qu’il souhaite exprimer. « L’amour de la langue française conduit souvent les écrivains à lui faire de beaux enfants.» (J .Pruvost et J-F Sablayrolles, 2003 : 42).

Or, « la littérature représente quant à elle un lieu ambigu de la néologie dans la mesure où, d’une part, s’y forgent avec talent un grand nombre de néologismes, pour la plupart éphémères, dans la langue de l’auteur – en linguistique, le discours -, et où, d’autre part, les autorités viennent souvent chercher une caution pour l’enregistrement du bon usage, dans les dictionnaires notamment.»72

Au Moyen Age, par exemple, la création lexicale reste déterminante pour la langue française. Les clercs construisent des néologismes en empruntant aussi bien au grec et au latin qu'aux autres langues vivantes. Une partie du lexique politique utilisé aujourd’hui est par exemple née entre 1317 et 1375 à partir de traductions françaises d’ouvrages latins de philosophie politique. Des mots comme démocratie, corruption, dissolution, doctrine, tolérer, usurper, surgissent. Langue fluente propice à la créativité, le français se démarque, au-delà de la traduction, par une grande liberté de suffixation. Ainsi abit, abitage, abitement, abitance, abitail coexistent sans difficulté pour définir l'habitation.

Le XI ème siècle se démarque du Moyen Age en enrichissant la langue sans emprunter à d’autres langues étrangères comme l’Italien qui était en vogue littéraire. « Plus nous aurons de mots dans nostre langue, plus elle sera parfaitte », s’exclame Ronsard (cité par Pruvot et Sablayrolles, 2003, p.45). Ainsi, une politique linguistique de l'enrichissement de la langue française par l’innovation lexicale était promue. Plusieurs formules à l’incitation lexicales sont encouragées la dérivation : doucelette ; la composition : aigre-doux ; exemples d’emprunt au latin et au grec: lyrique, exceller. Au XVIIe et XVIIIe siècles, la néologie a été rejetée au nom de la pureté et de l’usage. Pour Vaugelas, soucieux d’une langue exacte et pure, tout néologisme lui est suspect et que la néologie risquait de faire dégénérer la langue de la perfection. D’une part, grammairiens et poètes s’opposent aux néologismes et à la néologie de l’autre part, des néologismes naissent dans les salons où l’on retrouve Mme de Lafayette, Marivaux a néologisé bienfaisance,…

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Nous assistons même à la création d’un Dictionnaire néologique à l'usage des beaux esprits du Siècle avec l'éloge historique de Pantalon Phœbus paru en 1725. Au XIXe siècle et XXe siècle, les néologismes semblent favorables pour certains auteurs tels que Balzac et Hugo chez qui on sent le double sentiment de la néologie. D’un côté, il affirme que la néologie fait le « triste remède » de l’écrivain et une nuisance pour la langue : « Ce sont les mots nouveaux, les mots inventés, les mots faits artificiellement, qui détruisent le tissu d'une langue », déclare-t-il dans la préface de Littérature et Philosophie mêlées (1834). » De l’autre côté, il ouvre largement la langue littéraire au vocabulaire technique. A cette époque, le néologisme est conflictuel : chez les Symbolistes et Surréalistes la néologie est prise en compte tandis que le mouvement Dada ne semble guère favorable à la néologie. L’avènement de genres néologisants voient le jour. Ainsi le roman policier de Simonin est riche en néologismes expressifs. Le néologisme dénotatif fait écho dans la science fiction, de même pour la bande dessinée qui est riche en nouvelles onomatopées.

En ce qui concerne l’intégration des néologismes littéraires dans les dictionnaires les plus courants, est rare cependant peu de roman dépouillés car ils sont considérés scientifiquement comme pas suffisamment rigoureux. En effet ils pourraient apparaître comme des fruits d’une créativité lexicale particulière inhérente au style d’un écrivain. Tôt ou tard, cependant, le néologisme littéraire pourra s’introduire dans le lexique usuel (notamment dans des magazines plus spécialisés comme le Magazine littéraire ou le Magazine Lire, par exemple) (M. Sommant, 2003 :249).

3) Les supports dictionnairiques et les néologismes :

Bénéficiant d'une diffusion croissante sur papier ou électroniquement, les dictionnaires sont des ouvrages de références. On y recourt souvent pour comprendre le lexique de la langue : signification des mots, orthographe des mots, découvrir des mots inconnus ou nouveaux, etc. Cependant un dictionnaire ne peut jamais contenir tous les mots d’une langue, cela reste impossible du moment où le lexique d’une langue se développe constamment et tous les jours et le mot une fois apparu n’entre pas immédiatement dans les dictionnaires. Il faut néanmoins que ces derniers doivent réagir rapidement à ce développement du lexique en enrichissant leur contenu.

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« Le néologisme est définit traditionnellement comme « un mot n’appartenant pas au dictionnaire ». « Inversement, quand un lexicographe intègre une nouvelle entrée dans la nomenclature ou enregistre un nouveau sens, c’est que le néologisme formel ou sémantique n’en est plus un : les mots n’entrent dans le dictionnaire que parce qu’ils ne sont plus néologique. » (J-F Sablayrolles, 2008 :13) Les dictionnaires peuvent également nous aider à vérifier si le mot est néologique ou non. « L’attestation ou non-attestation dans les dictionnaires est fréquemment prise comme test de la nouveauté, avec une application simple : si la lexie figure dans un dictionnaire, elle n’est pas néologique, si elle ne figure dans aucun, elle l’est.» (J-F Sablayrolles 2000 :173) Ainsi, L. Guilbert (GLLF, 1971) affirme que c’est par rapport au dictionnaire, ou plutôt aux différents dictionnaires, qu’un terme apparaît comme néologisme.

La lexie néologique est néologique dans l’intervalle compris entre le moment de sa création (qui est maintenant souvent indiqué, avec un degré de précision variable) et celui de son insertion dans le dictionnaire. Mais cette approche a été souvent récusée sur un plan théorique mais souvent utilisée pratiquement.

Pour le spécialiste Z. Xu (2001 :49) « le néologisme est considéré comme tel seulement lorsqu’il est admis dans le lexique de la langue à partir du moment où un dictionnaire l’aura enregistré.» Ainsi l’absence d’une lexie dans un dictionnaire ne signifie, en effet, pas pour autant que le mot soit néologique. D’autres raisons citées par J F Sablayrolles (2000 : 180- 181) pour ces absences des mots dans les dictionnaire et qui sont de plusieurs ordres : Des contraintes matérielles (de place, de mise en page) peuvent conduire à négliger des lexies peu fréquentes, des mots ou tournures sentis comme archaïques ou désuets peuvent être omis pour traiter plus à fond le vocabulaire courant ; aussi la pudeur et le respect des bonnes mœurs font omettre les mots qui relèvent des injures, de la sexualité, de la scatologie ou de ce que l’on appelle familièrement « les gros mots » ; la prudence fait différer l’entrée de mots nouveaux. Ces derniers n’entrent pas dans les dictionnaires qu’après qu’ils se sont bien implantés dans l’usage. Les néologismes ont parfois une courte durée car ils dénotent un phénomène à la mode. Ces mots nouveaux peuvent apparaître soudainement, se répandre largement, puis disparaître aussi subitement qu’ils étaient apparus avant que les dictionnaires ne les intègrent. Dans le cas contraire, s’ils arrivent à survivre ils obtiennent une entrée dans un dictionnaire de langue officiel.

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Il faut souligner également que les lexies nouvelles ou qui ont un sens nouveau issues de l’oral, ne sont pas prises en considération car « les auteurs des dictionnaires sont des « lettrés », ils préfèrent les choses en provenance des livres plutôt que celles survenues dans la vie ; ils sont sensibles aux mots et expressions créés par des gens cultivés, tandis que pour ceux qui proviennent du marché, des ateliers, de la campagne, ils éprouvent beaucoup moins d’intérêts. Et le choix des mots ne s’est réalisé qu’à partir des écrivains en renom et de leurs œuvres bien connues, des journaux ordinaires ne les intéressent pas tellement, et encore moins des livrets et des publicités. » (Z Xu, 2001 : 17).

Mais, ces différents critères de l’admission ou non d’un mot dans les dictionnaires restent insatisfaisants et très instructifs du moment où lis ne disent rien sur le fonctionnement de ces lexies. Z. Xu ajoute un autre critère, c’et celui de l’acceptabilité du néologisme. D’après ce spécialiste « l’insertion des termes nouveaux dans le dictionnaire constitue une condition nécessaire au jugement d’acceptabilité du néologisme, mais l’acceptabilité du néologisme ne peut se concevoir exclusivement en fonction du temps ou du point de vue des élites de la littérature. Le goût des lexicographes ne correspond pas exactement à la réalité sociale et à l’usage du mot en cours, d’autant plus que leur souci de logique et de pureté va plus loin. Il faut donc tenir compte de l’usage, de la pratique langagière des sujets parlants dans une communauté. » (Z. Xu, 2001 : 52).

3-1) Néologie et mise à jour des nomenclatures dans les dictionnaires de langues usuels : 3-1-1 La néologie et la méthodologie « Laroussienne » :

Les dictionnaires témoignent grâce à leur lexique de l’évolution scientifique, technique et culturelle et ils présentent l’attitude de la communauté socioculturelle face à la langue. J. et C. Dubois (1971 : 110) remarquent que: « c’est la source d’études linguistiques portant sur l’évolution de la langue ou sur les modifications de l’attitude de la communauté à l’égard de sa propre langue. » En effet, les dictionnaires comme Larousse et Robert ont un service de néologie appelé « la veille néologique », veille qui nourrit une base de données informatisée élaborée par les lexicographes, qui ont pour mission la constante remise à jour des dictionnaires millésimés et cela à partir de supports de productions de la presse écrite tels que Le Figaro et Le Monde, considérés comme une «fabrique des mots » dont « les lecteurs les plus attentifs sont les auteurs du dictionnaire, qui passent au peigne fin cette production quotidienne.» (J Pruvot et J-F Sablayrolles, 2003 : 17).

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3-1-2 Processus de la banque néologique :

Depuis 1988, existe une banque de néologie notamment chez Larousse, essentiellement constituée de mots nouveaux sélectionnés de façons régulière dans un très grand nombre de supports de presse, à savoir, les grands quotidiens français précités ainsi que des revues et des magazines par exemple Elle, Le Figaro Madame, le Nouvel Observateur, le Point, l’Express, et des catalogues comme celui de la CAMIF, La Redoute...Tous ces supports ont faits l’objet de dépouillement quotidiens. Les lexicographes intègrent également, mais en plus petit nombre des néologismes oraux non attestés à l’écrit et qui, par conséquent n’ont pas de graphie fixe tandis que l’intégration des néologismes littéraires se fait rarement.

Seule année 1998 par exemple, 2194 néologismes ont été recensés. Ainsi, ce service de néologie présente chaque année environ 300 candidats au Comité linguistique dont la mission est de sélectionner la centaine de mots à retenir pour la nouvelle édition annuelle du Petit Larousse. En vue de l’intégration des néologismes dans les dictionnaires, une expérience de « veille néologique » ou la « traques aux néologismes » est relatée par K Alaoui (2008 : 62), chargé « d’alimenter » la banque de données néologiques aux éditions Larousse et qui a recensé 1446 mots sous la direction de Mme Houssemaine-Florent, lexicographe, responsable chez Larousse de la « veille néologique ». Ce spécialiste note que « la néologie devient même un argument de vente pour les maisons d’édition : on met en avant les mots nouveaux, qui donnent l’idée d’une certaine fraîcheur et d’une certaine richesse du dictionnaire par rapport à l’édition précédente. »73

3-1-3 Critères de sélection des néologismes :

Comme nous venons de le mentionner que c’est au lexicographe que s’impose l’examen de l’ensemble des quotidiens journalistiques précités et d’y déceler les mots qui lui paraissent être des néologismes. Alors, le lexicographe se fié à son « sixième sens », pratique acquise au fil des ans qui lui permet de se diriger vers les néologismes.

A l’écrit, certains signes permettant de discerner un néologisme : mots en italique, terme entre guillemets… Contrairement à l’écrit, c’est l’oreille de lexicographe qui est exercée pour repérer les mots nouveaux prononcés à l’oral. Une fois cette étape est achevée, le lexicologue procède à la vérification manuellement ou à l’aide d’outil informatique de cette lexie repérée dans les dictionnaires de base comme le Grand Larousse Universel, le Petit Robert,…Si la

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lexie en est absente, il s’agit d’un néologisme réel et ce dernier est introduit dans la banque néologique Larousse. On lui crée alors une fiche, mentionnant le libellé ou la dénomination- vedette avec sa graphie, son origine, sa datation, son domaine de définition, le niveau de langue, la signature et le support dont il est extrait, sa fréquence d’emploi au fil des relevés…La phonétique peut être précisée quand celle-ci pose problème. En revanche, si le mot se trouve déjà dans ces dictionnaires, soit on l’abandonne soit on mentionne une attestation supplémentaire. Ainsi, nous pouvons dire que les nouveautés enregistrées dans la banque néologique Larousse sont uniquement circonscrites à la presse autorisée d’une société donnée à un moment donnée mais ne sont qu’un reflet, certes largement partiel, de la langue française.

Pour conclure et à l’instar de M- F Mortureux (1997 :117), « les dictionnaires de langues généraux n’enregistrent pas les mots nouveaux ; ceux-ci n’entrent pas dans leur nomenclature que lorsque leur diffusion a atteint un seuil suffisant pour que lexicalisation soit considérée comme acquise. Il existe des dictionnaires de néologismes, de mots nouveaux, qui exige une constante mise à jour. En les consultant, on peut observer le devenir des néologismes: soit les unités disparus d’une édition à l’autres sont passées dans les dictionnaires généraux, c’est-à-dire se sont lexicalisées, soit elles ont sombré, demeurant des faits de discours. »

3-2 Les dictionnaires néologiques :

Indépendamment des dictionnaires de langue, des dictionnaires encyclopédiques, des dictionnaires de synonymes, etc., nous avons à notre disposition des dictionnaires spécialisés en particulier des dictionnaires de néologismes qui représentent une des rares catégories lexicographiques et méconnue ou presque. D’ailleurs, le premier dictionnaire consacré spécialement aux mots nouveaux est le Dictionnaire néologique de Pantalon Phoebus parut même en 1725. Mais nous pouvons s’interroger sur l’existence de ces dictionnaires en d’autres termes, à quoi sert, au juste un dictionnaire de néologismes ?

Le dictionnaire de néologismes peut jouer un rôle de supplétif. Il sert avant tout à présenter les mots absents d’autres dictionnaires, car trop récents. De ce fait, il s’avère que certains dictionnaires de néologismes sont en réalité le supplément d’un grand dictionnaire de langue J Humbley : 2008 : 39). Ces dictionnaires de néologismes sont bien plus nombreux en contexte européen, dans leurs méthodes, leurs contenu et dans leurs buts contrairement à ceux de l’anglais américains dont le premier objectif que l’auteur s’est fixé est de divertir le lecteur (J

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Humbley : 2008 : 37). Contrairement aux dictionnaires de langue qui sont témoins de l’évolution de la langue, ces dictionnaires de néologismes sont témoins de l’évolution de la société et des mœurs comme il existe certains dictionnaires de néologismes orientés plutôt vers l’évolution de la technologie.

K Alaoui (2008 :62) affirme que ces « dictionnaires sont bien sûr au cœur de problème, aux avant- postes afin de suivre, comprendre, surveiller et anticiper cette évolution continue des nouvelles technologies et de la sphère socioculturelle. »

En France, la recherche en néologie s’inscrit dans le cadre du vaste chantier du dictionnaire Trésor de la langue française, ce dernier publié en 1960, comporte une nomenclature qui a été contrebalancée par un fichier qui deviendrait, dans le cadre de l’Institut National de la Langue, fondé en 1974 par B Quemada. En 1976, l’ensemble des fiches est mis sous forme électronique, pour constituer Bornéo 1 : Base ordonnée de néologismes et qui comporte 99008 unités recensées entre 1976 et 1987 et 250132 unités relevées par Bornéo 2 entre 1988 et 1997. Elles sont accessibles sur le serveur de l’ATILF,

successeur de l’INaLF74

(Institut National de la Langue Française).

A l’instar de Bornéo, REALITER et NEOROM75, deux projets ont été mis en place et qui

réunissent les terminologues des langues latines et germaniques, s’occupent de la néologie, mais aussi des dictionnaires néologiques parus dans ces langues. Le GRIL (Groupe d’étude de l’innovation lexicale), équipe universitaire de Paris 7, publie entre 1986 et 1996, sous la direction de G Merl ainsi que le CIEL, sous la direction de J-F Sablayrolles, sept volumes de néologie recueillie à partir de dépouillement aléatoires dans la presse, alternant anglais et français.

4) La néologie et les instances officielles :

Les instances officielles jouent un rôle essentiel de régulation et de proposition des vocabulaires. Depuis de plus de quarante ans, un dispositif de commissions spécialisées de terminologie et de néologie a été mis en place en France depuis 1970. Chargées de contrôler le développement des vocabulaires surtout techniques, ces commissions proposent des mots français, dont l’emploi est officiellement recommandé de préférence aux mots anglais. Cet enrichissement lexical du français a été sans doute motivé par la nécessité de trouver des

74 http://www.atilf.fr/ 75

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remplaçants aux emprunts anglo-américains. Ceci dit que le dispositif terminologique de la langue française n'est pas dirigé contre les langues étrangères: comme le rappelle l’académicien et président de la Commission générale de terminologie et néologie Gabriel de Broglie que « le français n'a pas à craindre les emprunts aux langues étrangères, qui ont toujours existé. [...] La terminologie est, par principe, neutre à l'égard de la politique linguistique. Elle répond à un besoin, elle est utilitaire. » (J Pruvot et J-F Sablayrolles,