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Chapitre 2 Propriétés de cohérence du VeCSEL émettant sur le

1.4 Equations de Maxwell-Bloch et dynamique des modes transverses du

1.4.2 Equations dynamiques de Maxwell-Bloch des modes transverses 79

1.4.2.3 Discussion sur la validité du modèle

Z A [Toc+ 2LcΓzLoss(r, θ)] (r, θ)|˜un(r, θ)|2dA Z A |˜un(r, θ)|2dA (1.31)

où Tocest la transmission du miroir de sortie, Loss(r, θ) est la distribution de pertes dans le plan transverse. Γz est introduit ici pour tenir compte de la position en z des masques par rapport au profil de l’onde stationnaire du champ. Il est clair que le filtre de mode aurait un effet maximal (réduit) si il coïncidait avec un ventre (nœud) de champ.

On note que le modèle de la dynamique développé dans cette partie ne tient pas compte de la phase à l’origine de modes. Pourtant, cette phase fixe la position (dans le plan transverse) des lobes du profil transverse de modes LGpm dégénérés ou encore la position du saut de phase dans le cas du vortex. Cependant, le modèle néglige les battements entre modes transverses, on peut donc considérer que les modes vont choisir une phase à l’origine de sorte à minimiser les pertes, ce qui définira le seuil laser pour le mode qui va laser. Ainsi, dans l’équation (1.31), γnest implicitement minimisé par rapport aux variables de l’espace (r, θ).

1.4.2.3 Discussion sur la validité du modèle

En toute rigueur, le champ dans les équations de (1.10) devrait être la combinai-son linéaire de tous les états possibles de la lumière dans la cavité. Une description plus correcte de ce champ serait1 :

~

E(~r, t) =X

l,n ~

Ul,n(~r)El,n(t) exp(−j∆l,nt) (1.32) où les indices l, n désignent les états de polarisation possibles du champ dans la cavité. Le terme ∆l,n est défini comme ∆l,n = ω − ωl,n, avec ωl,n la fréquence de résonance du mode LGpm, différente sur chaque polarisation à cause de la biré-fringence. Celle-ci est donnée par (1.4). C’est ce champ total qui interagit avec le milieu à gain. Ainsi, le champ donné par (1.6) et le modèle qui suit (1.23) sup-posent implicitement l’hypothèse forte que la dynamique des modes transverses évolue indépendamment de la dynamique des modes longitudinaux et des modes de

1. Pour alléger l’écriture, nous n’allons pas écrire explicitement la dépendance de la fréquence de résonance au numero du mode spatial ou à son ordre longitudinal.

polarisation (laser multimode uniquement spatialement). Il est donc nécessaire de vérifier la validité de cette hypothèse.

Premièrement, l’interaction lumière-matière se fait à travers la polarisation ato-mique du milieu. Cette dernière couple de manière non-linéaire1 tous les modes d’oscillation possibles du champ (longitudinalement, transversalement et en polari-sation) entre eux, donnant des battements à des fréquences ∆ω = ∆qpm−∆q0p0m0. Dans le cas où ∆ω < γe, le milieu à gain répond par une auto-modulation en faisant coupler les modes entre eux à travers la redistribution de l’énergie (mélange à quatre ondes ou FWM pour Four wave Mixing [Yamada 1989]). La présence de ces effets non-linéaires pourrait empêcher le fonctionnement mono-fréquence et rend impos-sible la séparation du comportement dynamique des modes transverse de celle des modes longitudinaux et de celle des modes de polarisation.

Dans le cas du VeCSEL pour lequel Lc  dizaine de cm, l’effet du FWM est fortement amorti car ∆ω > {γe, γph}. Ainsi, l’évolution de l’intensité d’un mode pendant le transitoire « multimode » du laser est principalement dictée par le gain disponible à chaque mode. La dynamique du VeCSEL s’approche donc de celle d’un laser à gain homogène idéal. Le FWM n’intervient que comme un terme de perturbation une fois le laser à l’état stationnaire. Là encore, le FWM ne perturbe pas l’état stationnaire si on peut négliger la dispersion de la vitesse de groupe dans la cavité [Garnache 2007].

Ensuite, pour pouvoir étudier la dynamique du laser sur les trois axes (longi-tudinal, transverse et état de polarisation) séparément, il faut comparer les temps caractéristiques de construction de l’intensité laser pour chaque cas. En effet, l’inten-sité laser se construit d’une manière exponentielle à partir de l’émission spontanée jusqu’à atteindre l’intensité de saturation dans un temps Tb1/∆g, où ∆g est la différence entre le gain non saturé et les pertes totales la cavité [E.Siegman 1986]. Si on prend par exemple le cas du VeCSEL, ∆g/gmax entre deux mode longitudinaux est de l’ordre de ∼ 10−4% fixé par la courbure de gain, ∆g/gmax entre les modes de polarisation linéaire est de l’ordre de ∼ 10% fixé par le dichroïsme de gain, et ∆g/gmax entre deux modes transverses qui peut aller jusqu’à 100% (voire encore plus en présence des masques métalliques par exemple). Ainsi, on peut s’attendre à ce que le temps caractéristique de construction de l’intensité sur un mode transverse soit ∼ 1 ordre de grandeur inférieur à celui de la sélection de l’état de la polarisation, et ∼ 6 ordres de grandeur inférieur au temps nécessaire pour la sélection d’un mode longitudinal. Il est donc raisonnable, lors de l’étude de la dynamique longitudinale, de considérer que la polarisation et le mode transverse sont à l’état stationnaire.

En ce qui concerne la séparation de la dynamique transverse de celle de la pola-risation : d’un point de vue des états possibles de polapola-risation de la lumière (dans notre cas considérée linéaire verticale ou horizontale) de nature vectorielle et dans

1. Il s’agit ici du terme B|E|2 dans les équations de l’évolution de ∆N. La situation peut se compliquer encore plus si le champ est assez fort pour saturer la susceptibilité de milieu. Dans ce cas, le terme de gain ∝ |E|n

88 Chapitre 1. Fondements théoriques et propriétés physiques

un milieu à gain isotrope (au moins dans le plan transverse), il n’y pas de cou-plage possible entre les états transverses de la lumière et les états de polarisation. La dynamique des modes transverses et celle des modes de polarisation vont évo-luer parallèlement sans aucun couplage, en dépeuplant un « réservoir » de porteurs unique. On peut affiner cette analyse en faisant référence au modèle de spin-flip

[Mulet 2002,Balle 1999] : pour un VeCSEL (où Lc1 à 10mm) les temps

caracté-ristiques du laser {γk, γph}sont  γs avec γs taux d’échange de spin des porteurs. Ainsi cet effet dynamique est trop rapide et peut être éliminé adiabatiquement.

Ainsi, quel que soit le modèle choisi, dans le cadre du VeCSEL opérant avec des cavités de l’ordre de Lc1à10mm avec une finesse grande : on peut considérer que le temps caractéristique à l’établissement de d’état transverse du VeCSEL est du même ordre de grandeur que le temps d’établissement de l’état de polarisation, et il est très rapide devant le temps caractéristique d’établissement de l’état longitudinal. La dynamique des modes transverses peut donc se traiter indépendamment.

Solution numérique au modèle de la dynamique des modes transverses

Pour la résolution numérique de modèle, nous allons écrire les équations réduites en nombre de photons dans chaque mode Sn et pour les harmoniques spatiales Dn de l’inversion de population avec un temps normalisé τ :

Sn≡ In/Is, (1.33a)

Dn≡ NnB/γ0, (1.33b)

τ ≡ γet . (1.33c)

où on suppose un gain spectralement plat (Bn= B) et Is = γe/B est le nombre de photons (intensité) de saturation. On définit aussi le rapport dynamique R = γ0e. On écrit les pertes optiques sous forme γn= γ0× qn où qn est une distribution de valeur minimale égale à 1 .

On obtient le système suivant : dSn dt = R " X k DkCnk(Sn+ χ) − qnSn+ fSn # , (1.34a) dDn dt = ηρn− DnX l,k SlDkClkn+ fDn, (1.34b) n = − α 2R X k DkCnk+ fϕn (1.34c)

où χ = ξ/Is et le taux d’émission spontanée normalisé. ρn sont les projections de la pompe normalisées et η désigne le taux de pompage normalisé tel que Pn = ηρnγ0A/B. Dans cette forme, les sources de Langevin seront modélisées par des générateurs numériques de bruit fSn , fDn et fϕn.

La dynamique du laser est simulée sur la figure (figure1.14). Ici, on a supposé un VeCSEL avec une cavité de longueur Lc= 8mm, Toc= 1.2%, une pompe gaussienne de taille wp = w0et aucun filtre de mode transverse (le seul filtrage entre modes est un filtrage spatial dû à la distribution de la pompe). Le transitoire de stabilisation de l’intensité suit celui d’un laser de classe A. Le laser atteint son état stationnaire transverse après un temps tb de l’ordre de quelques durées de vie du photon dans la cavité soit ∼ 10 − 20ns. Cela est donc très rapide si on le compare au temps caractéristique d’établissement du régime mono-fréquence longitudinal qui est de l’ordre de tc= 0.3µs, donné par l’équation (1.45).

100 101 102 100 102 104 106 108 1010 LG00 LG10 LG01 LG11 LG02 Nombre de photon temps normalisé à τph TSMSR ~ 80dB

Figure 1.14 – Evolution temporelle de l’intensité des premiers modes transverses LGpm. La pompe est gaussienne avec wp = w0 et η = 18. τph'4.4 ns

Cette simulation montre aussi que le laser atteint un état transverse mono-mode après un temps caractéristique Tt de quelque dizaine de durée de vie de photon (20 − 30ns), définissant un TSMSR (Transverse Side Mode Suppression Ratio)1 de l’ordre de > 80dB limité par le bruit de l’émission spontanée. Ceci est le cas du fonctionnement habituel des VeCSELs émettant sur le TEM00 où la stabilisation du mode fondamental repose uniquement sur le filtrage spatial induit par la taille de pompe.

En effet, l’augmentation de la taille de pompe peut exciter davantage les modes d’ordre supérieur (figure1.15), la réjection des modes latéraux peut être diminuée et le laser mettra plus de temps pour atteindre la valeur de TSMSR stationnaire. Si la taille de pompe augmente suffisamment, le laser peut atteindre un régime transverse multimode. Ce dernier s’accompagne souvent d’un fonctionnement multi-fréquence longitudinal ce qui dégrade fortement la cohérence du laser.

Maintenant, pour stabiliser un mode d’ordre supérieur unique, l’utilisation d’un filtre de mode est inévitable dans le cas où le pompage est gaussien. La figure1.16

1. On prend la valeur de Tt et TSMSR quand ce dernier prend sa valeur maximale à l’état stationnaire.

90 Chapitre 1. Fondements théoriques et propriétés physiques 100 101 102 103 100 102 104 106 108 LG00 LG10 LG01 LG02 100 101 102 103 104 100 102 104 106 108 Nombre de photons Nombre de photons Temps normalisé à τph a) b) LG00 LG10 LG01 LG02 TSMSR ~ 40dB

Figure 1.15 – Évolution temporelle de l’intensité des premiers modes LGpm pour a) wp = 1.3 × w0 b) wp = 1.7 × w0. 100 101 102 103 100 102 104 106 108 1010 1012 LG02 TSMSR>80 dB wp = 1.7 x w0 Temps normalisé à τph Nombre de photons LG02 LG12

Figure 1.16 – Évolution temporelle de l’intensité de premiers modes LGpm en présence d’un filtre métallique pour le mode LG02. Encart : géométrie du masque.

montre la dynamique du VeCSEL où on a intégré un filtre métallique intra-cavité (sur la structure 1/2 VCSEL) de type « croix simple » dessiné pour stabiliser le mode LG02. On verra par la suite de ce document comment ce type de filtres est optimisé pour garantir cette fonction.