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6.1. Au niveau macro

6.1.4. Dimensions historiques

L’éducation thérapeutique du patient (ETP) s’intéresse à la personne malade chronique qui nécessite un accompagnement spécifique pour gérer au mieux sa maladie dans son quotidien. L’ETP fait référence au concept de santé dans la mesure où elle est à la fois intégrée dans le champ de la prévention de la santé et de l’éducation pour la santé.

L’éducation thérapeutique : une interprétation biomédicale et biopsychosociale de la santé et de la maladie

Au regard des étymologies latine et grecque, la santé est une notion polysémique. Du côté de l’étymologie latine, la santé, « sanitas » relève à la fois du physiologique (« santé du

corps ») et du psychologique (« santé de l’esprit, raison, bon sens ») et nous rappelle

l’adage « un esprit sain dans un corps sain ». En grec, la santé renvoie davantage au vocabulaire médical. Ainsi, la santé, au sens de « bonne santé », se dit « ugieia » (en français « hygiène ») signifiant également « médecine » et « guérison » (Pichot, 2008). Au fil des siècles, le concept de santé a évolué, imprégné par « des considérations sociales, culturelles, religieuses ou

scientifiques » (Klein, 2008, p. 213). Aujourd’hui la santé n’est plus l’apanage du discours entre

le médical, « la santé c’est la vie dans le silence des organes » (Leriche, cité dans (Bezy, 2009)) et le sociologique « la santé, un état de complet bien-être physique, mental et social [elle] ne

consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »59. La santé recouvre également « les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés

par les facteurs physiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de l’environnement »60. Le concept de santé mobilise d’autres approches disciplinaires, et donc d’autres productions de savoirs.

La santé est reconnue comme un facteur de développement économique, social et individuel. Dès lors, être en « bonne santé » permet à un individu de participer activement à la vie de la Cité. Si l’on admet que la santé n’est pas l’absence de maladie ou de handicap, on découvre que la lutte contre les maladies n’est pas la seule action possible en faveur de la santé. C’est là qu’apparaît la notion de promotion de la santé, plus positive et plus ambitieuse puisque c’est un processus qui consiste à permettre aux individus de mieux maîtriser les déterminants de la santé et d’améliorer ainsi leur santé. La participation de la population est essentielle dans toute action de promotion de la santé.

La promotion de la santé s’appuie sur :

La prévention de la santé (approche plutôt biomédicale) regroupe l’ensemble des mesures qui vise à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies ou des accidents. C’est pourquoi elle se décline en trois niveaux. La prévention primaire concerne les personnes « non malades », l’objectif est de prévenir les conduites à risques (ex : le cancer du poumon suite au tabac) ; la prévention secondaire concerne les personnes « malades », l’objectif est de réduire la durée d’évolution de la maladie (ex : le dépistage du cancer du sein à un stade précoce permet de mieux le soigner) ; la prévention tertiaire concerne les personnes dont la maladie est à un stade avancé, l’objectif sera de chercher à réduire l’impact de la maladie sur les fonctions, la qualité de vie et la longévité du patient. On cherche à modifier le comportement du patient.  L’éducation pour la santé, contrairement à la prévention, ne se fixe pas pour objectif

de changer les comportements des individus mais de les accompagner dans une réflexion critique et spécifique de leur situation.

L’éducation thérapeutique du patient rentre à la fois dans le champ de l’éducation pour la santé, de la prévention secondaire et tertiaire mais se distingue de l’éducation pour la santé dans son contenu et ses objectifs plus complexes : elle demande donc un apprentissage plus long (D'Ivernois et Gagnayre, 2013).

Nous proposons de synthétiser les différents champs d’intervention de la promotion de la santé à l’aide du schéma suivant [fig.14] :

Figure 14. Schéma des champs d’intervention de la promotion de la santé.

L’éducation thérapeutique : une réponse à une triple évolution sociétale

Une évolution épidémiologique : le rapport de la Caisse nationale de l’assurance-maladie

des travailleurs salariés (CNAMTS) évalue à 20 millions le nombre de personnes ayant recours à des soins spécifiques liés à une malade chronique en 201561. Cette forte hausse du nombre de personnes malades chroniques est notamment due au vieillissement de la population et à l’accroissement de l’espérance de vie. D’autres facteurs interviennent dans cette prévalence soit de manière positive (ex : meilleurs diagnostics des maladies chroniques) soit de manière négative (ex : augmentation de certains facteurs de risque comme le surpoids ou l’inactivité physique) 62.

Une évolution sociologique : la loi du 4 mars 2002 relative au droit des malades et à la

qualité du système de santé confère un changement de comportement du patient vis-à-vis de sa

61 Source : CNAMTS (2017). Cartographie médicalisée des dépenses de santé. [En ligne] :

http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/CP_Cartographie_des_depenses_et_des_pathologies_Vde f.pdf

santé et de ses relations avec les professionnels de santé ; désormais c’est un acteur à part entière dans la gestion de sa maladie. Cette loi consacre deux principes étroitement liés l’un à l’autre : le consentement libre et éclairé du patient aux actes et traitements qui lui sont proposés, et son corollaire, le droit du patient d’être informé sur son état de santé (article L.1110-2 du Code de la santé publique).

Une évolution économique : les progrès de la médecine engendrent une augmentation des

coûts de santé. L’éducation thérapeutique du patient serait une réponse à la nécessité de maîtriser les coûts de santé. Permettre aux patients d’acquérir des compétences d’auto-soins et d’autogestion réduirait les dépenses de santé.