8.5 Simulation numérique
8.5.1 Di ultés de l'intégration numérique
La simulation numérique pré édente présente une di ulté : il faut résoudre à haque
pas une équation impli iteen lavariable
A
. Le système àintégrer est en eetde laformef1(A, R) = 0, C = f˙ 2(A, R, C), R = f˙ 3(A, R, C)
où
f1, f2
etf3
sont des fon tions polynmes. Pour intégrer numériquement les équations, il faut pouvoir les évaluer orf1
est impli ite. Il faut alors suivre la ra ine réelle def1
initialement hoisie à haque modi ation de
R
. J'ai pro édé de la façon suivante. Étant donnéun ouplede réels(R, C)
,l'algorithme al uletouteslesvaleursréellespossiblesdeA
en utilisant un algorithme d'isolation de ra ines réelles en une variable [22, 88℄. La bonne
ra ineest i i laplus grandedes deux. Letriplet
(A, R, C)
étant onnu,il ne reste plusqu'à al ulerf2(A, R, C)
etf3(A, R, C)
.Sur et exemple, on dispose d'une autre façon de ontourner la di ulté : il sut de
modier légèrement le lassement et de ranger les variables lentes de la façon
R > A > C
aulieu de
A > R > C
.On obtient ainsi un système à intégrer numériquement de la formeR = g1(A), C = g˙ 2(A, R, C), A = g˙ 3(A, R, C)
où
g1, g2
etg3
sont des fon tions polynmes.Voi iles détailsobtenusave BLAD. $ ./differential_eliminationresult of differential elimination = interse tof_reg hain ([reg hain ([2*R*A^2
+ 100*R*A + A^2 - 2450*A - 12500, C[t℄*A + 50*C[t℄ + A^2 + A*C - 2450*A + 50*C
- 12500, 12500*A[t℄*A^3 + 1375000*A[t℄*A^2 + 15625000*A[t℄*A + 312500000*A[t℄
+ 10*A^6 + 10*A^5*C - 17999*A^5 + 2000*A^4*C - 3252200*A^4 + 125000*A^3*C
differential, autoredu ed, primitive, squarefree, oherent, normalized℄),
reg hain ([3700*C^2 - 2015100*C + 1842117993, 80282*A - 1850*C + 905185℄, [
differential, autoredu ed, primitive, squarefree, oherent, normalized℄)℄, [
differential, autoredu ed, primitive, squarefree, oherent, normalized℄)
Le résultat obtenu peut surprendre ertains le teurs. On lit en eet régulièrement que,
pour approximerun système diérentiel omme nousl'avons fait, il sutde poser queles
dérivées des variables rapides sont nulles . Ce type d'armation onduit à des
ontradi -tions. En eet, la variable
A
fait partie des variables rapides. Si on pose sa dérivée nulle, omment se faitil qu'on trouve une équationA = g˙ 3(A, R, C)
? Réponse : onne pose pas la dérivée des variables rapides égale à zéro; on simplie les équations diérentielles quidénissent lesvariableslentes sur lavariété algébriqueobtenue en posantnulsles membres
Simpli ation de systèmes diérentiels
Ce hapitre dé rit l'algorithme RosenfeldGröbner. On ommen e par traiter à la main
deux exemples : un exemple diérentielordinaire etun exemple aux dérivées partielles. On
donneensuite les héma de prin ipede l'algorithme.Dans ladernière partiedu hapitre,on
détaille un peu l'implantation faite en BLAD. On dé rit en parti ulier un mé anisme qui
évited'engendrerdes paires ritiquesinutilesdansle as dessystèmesauxdérivées partielles
et un mé anisme qui évited'engendrer des dis ussions de as inutiles lorsdu traitementde
ertains sousproblèmes purement algébriques. Dans e domaine, des progrès
supplémen-tairessigni atifspeuvent ertainementêtreen oreapportés,ens'appuyantsur lesrésultats
de Mar Moreno Maza [70℄.
L'algorithmeRosenfeldGröbnerprenden entréeunsystème
Σ
depolynmesdiérentiels et un lassement arbitraires. Il produit en sortie une famille nie de haînes diérentiellesrégulières
C1, . . . , Ct
. La famille produite en sortie est équivalente au système initial dans le sens où toute solution analytique (sur un ouvertD
qu'on ne pré ise pas) deΣ
est une solution analytique de l'un des idéaux diérentiels[Ci]
:HC∞i
représentés par les haînes et ré iproquement.Ditautrementen utilisantla orrespondan eentreidéauxetvariétésdéniepar le théorème des zéros, lafamilleproduite est équivalenteausystème initialdans le sens
où:
p
[Σ] = [C1]
:HC∞1 ∩ · · · ∩ [Ct]
:HC∞t.
Ladé omposition al uléen'estpas minimale.Rendreminimaleunetelle dé ompositionest
unproblèmeouvertpourlessystèmesdiérentiels.S hématiquement,l'algorithmeRosenfeld
Gröbner omportedeux étapes:uneétapediérentiellepuisune étapepurementalgébrique.
L'étapediérentielle onsisteàreprésenter
Σ
parunefamilledesystèmesdiérentiels régu-liersAi = 0, Si 6= 0
quisontdes systèmesquine sontpas en oredes haînesdiérentielles régulièresmais auxquels leslemmesde Lazardetde Rosenfelds'appliquentdéjà.Lase ondeétape onsiste à transformer ha un des systèmes diérentielsréguliers en une famille nie
de haînesdiérentielles régulières.
b = 0
, ily a elles qui annulenta
et elles qui n'annulent pasa
. En d'autres termesa x + b = 0 ⇔
a = 0, b = 0
oux =−ab, a6= 0
.
À ette idée s'ajoute un problème parti ulier à régler dans le as des systèmes aux dérivées
partielles: la ohéren e .
Ilsemblequ'AbrahamSeidenberg[95℄aitétélepremieràappliquerlesméthodesdé rites
idessus (s indages, résolution du problème de ohéren e, orrespondan e entre idéaux et
variétés grâ e au théorème des zéros) aux systèmes de polynmes diérentielsmais
Seiden-bergnedisposaitpasen1956desméthodes(basesdeGröbner, haînesrégulières)permettant
d'ee tuer lestraitementspurement algébriquesné essaires sur lessystèmes diérentiels
ré-guliers.Ilselimitaitauxpurs lassementsd'élimination.Surtout,ilne her haitpasà al uler
une représentation duradi alde l'idéaldiérentielengendré par unsystème ande pouvoir,
par exemple, en étudierlessolutions.Il her hait un algorithme de prin ipe, prenanten
pa-ramètreunsystème etunpolynme,dé idantsilepolynmeappartientauradi alde l'idéal
déni par le système, 'estàdire un algorithme à résultatbooléen.
Avant lui, Joseph Fels Ritt a proposé [86℄ un algorithme pour représenter le radi al
d'un idéal diérentiel présenté par une famille de polynmes sous la forme d'une
interse -tions d'idéaux présentés par des ensembles ara téristiques (ou des haînes diérentielles
régulières) dénissant des idéaux diérentiels premiers : Ritt ne dispose pas du théorème
d'équidimensionnalité des idéaux dénis par des haînes régulières qui lui permettraientde
onsidérerle as général.De plus,son algorithmene s'appliquequ'aux systèmesdiérentiels
ordinaires (Ritt ne dispose pas non plus des théorèmes de Seidenberg et de Rosenfeld) et
pro ède à des fa torisations omplètes sur des tours d'extensions algébriques du orps des
oe ients des équations. Cetteopération est algorithmique [99℄ mais très oûteuse.
Après Seidenberg, Ellis Robert Kol hin a généralisé [56℄ les méthodes de Ritt mais y a
introduitdesétapesnonalgorithmiques.Onnepeutdon plusvraimentparlerd'algorithme.
Les idées de Seidenberg ont été reprises ensuite par de très nombreux auteurs, en
par-ti ulier par Wu WenTsün [100℄ dans le ontexte diérentiel ordinaire mais sans faire la
orrespondan e entre les variétés et les idéaux et surtout sans pro éder à la simpli ation
purement algébrique nale des systèmes produits à la n de l'étape diérentielle. Au
dé-but des années 1990, Elizabeth Manseld a réalisé [67℄ un algorithme de simpli ation de
systèmes diérentielspolynomiaux qui s'applique aux systèmes aux dérivées partielles.Elle
a utilisé une implantation en MAPLE de son logi iel digrob pour traiter de nombreux
exemples et a étendu les fon tionnalités de son paquetage en dehors du adre de l'algèbre
diérentielle (son paquetage permet de traiter des fon tions omposées par exemple). Les
bases théoriques de digrob ne sont pas aussi rigoureuses que elles de RosenfeldGröbner.
Un autre algorithme de simpli ation de systèmes diérentiels a été proposé [84℄ par
Gre-goryJ.Reid,AllanD.WittkopfetAlanBoulton.Voiraussil'arti le[83℄de GregoryJ.Reid,
P. Lin et Allan Wittkopf pour une appli ation plus spé ique aux problèmes diérentiels
algébriques. L'algorithme rif présente la parti ularité de séparer les systèmes diérentiels,
d'une part en une partie diérentielle expli ite (les dérivées dominantes des polynmes
est présentée via une variété algébrique formée de polynmes diérentiels d'ordre zéro. La
théoriederifaété onçuepour le ontexte dessystèmes diérentielsanalytiquesquiest plus
généralque le ontexte des systèmespolynomiaux.Dans e ontexte, onne dispose d'au un
analoguesatisfaisantdu lemmede Rosenfeld.
Dans mathèse [7℄, j'ai repris l'idée de Seidenberg et en quelque sorte terminé le travail
amor é en montrant d'une part qu'on pouvait utiliser l'algorithme de bases de Gröbner
pour ee tuer lasimpli ationpurement algébriquenaleet d'autrepart, dans le adre des
systèmes auxdérivées partielles, ommentle lemmede Rosenfeld[87℄ pouvaitêtreappliqué.
Ce résultat, augmenté du lemme de Lazard, aensuite été publié par Daniel Lazard,Mi hel
Petitot, François Ollivieretmoidans [9℄.
En 19951996, j'ai onçu et réalisé lapremière version du paquetage dialg de MAPLE
lors de mon stage postdo toral au Symboli Computation Group de l'université de W
a-terloo (Ontario, Canada). La première implantation de RosenfeldGröbner qui y gure est
assez sophistiquée. Elleest dé rite dans l'arti le[10℄. Évelyne Hubert, AllanD. Wittkopfet
François Lemaire ont amélioré dialg et l'ont interfa é ave les autres solveurs d'équations
diérentiellesde MAPLE durant lesannées qui ontsuivi.
Entre 1995 et 2000, un important travail a été ee tué sur la théorieet l'algorithmique
de la se onde partie de l'algorithme. C'est Évelyne Hubert qui la première a montré [49℄
que ettese onde partieest bienun problèmepurementalgébrique.FrançoisLemaireetmoi
avons montré [12℄ omment le prin ipe de l'algorithme lexTriangular pouvaitêtre appliqué
pour éviter toutre oursaux basesde Gröbner. L'algorithmereg_ hara teristi ainsi obtenu
est dé rit dans le hapitre6.
De nombreuses variantesde RosenfeldGröbnerontété publiées. ZimingLietDongming
Wang ont présenté dans [63℄ une méthode très pro he fondée sur les méthodes de al ul
d'ensembles triangulairesdu deuxièmeauteur.Une autreméthode, fondéesur de nombreux
al uls de bases de Gröbner, a été développée par l'équipe d'Abdelillah Kandri Rody dans
la thèse d'Hamid Maârouf [66℄ et l'arti le [16℄ de Driss Bouziane, Abdelillah Kandri Rody
et Hamid Maârouf.
9.1 RosenfeldGröbner sur deux exemples
Dans ette se tion,on traiteà lamain deux exemplespour illustrerles grandsprin ipes
de l'algorithme.
Dénition 15 (système diérentiel régulier)
Un systèmediérentielrégulierestun système
A = 0, S6= 0
d'équationset d'inéquations diérentielles polynomiales d'un anneau de polynmesdiérentielsR
tel que1.
A
est partiellement autoréduitet triangulaire,2.
S
ontient les initiaux et les séparants des éléments deA
et ne omporte que des polynmes diérentiels partiellementréduits par rapport àA
,réguliers sont des systèmes auxquels les théorèmes dé rits au hapitre 7 s'appliquent. On
peut résumer leurs propriétés lesplus utilespar lethéorème suivant.
Théorème 12 Soient
A = 0, S 6= 0
un système diérentiel régulier etp
un polynme diérentiel.1. L'idéal
(A)
:S∞
est radi al.2. L'idéal diérentiel
[A]
:S∞
est radi al.3. Le polynme
p
appartient à[A]
:S∞
si et seulement si le reste partiel dep
parA
pour la rédu tion de Ritt appartient à(A)
:S∞
.4. Le polynme