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Une deuxième description des anneaux K i

1.1 Normalisation polynomiale

1.1.2 Une deuxième description des anneaux K i

Soit ffj = 0gj2E un système polynomial triangulaire régulier dans Pn. Au vu de leur dénition, il est légitime de se demander s'il existe une description non incrémentale des anneaux Ki(1 i n). Une première idée consiste à chercher un isomorphisme qui fait intervenir les anneaux Pi(1 i n) quotientés par les idéaux engendrés par les polynômes du système triangulaire. En eet, d'après la proposition 1.1.1 et [38, théorème 2.9 p.125], pour tout 1 in, il existe un homomorphisme d'anneaux :

Pi

hfjij2Ei ;!Ki

Cependant, cet homomorphisme n'est pas nécessairement bijectif (voir section B.2).

Toutefois, il existe bien une description non incrémentale de ces anneaux mais qui

Propriété de normalisation 25 utilise les noyaux des homomorphismes i (0in). On se propose ainsi de montrer pour tout 0 in les isomorphismes (théorème 1.1.1) :

Frac Pi

keri

'Ki

Dans cette section, on donne une démonstration élémentaire de ce résultat. L'idée est de décomposer les i (1 i n) en plusieurs homomorphismes en faisant inter-venir les anneaux Pi

keri et en distinguant les cas Xi algébrique et Xi transcendante.

Cette démarche permet de bien comprendre le fonctionnement des homomorphismes i(1 i n). Cependant, elle amène des raisonnements très techniques (mais en revanche peu compliqués).

On adopte les notations suivantes. Soitffj = 0gj2E un système polynomial triangu-laire faible dansPn. Pour tout 1in, on désigne parpi la projection de l'anneauPi

sur Pi

keri et par cani l'injection canonique de Pi

keri dans son anneau total des frac-tions. D'autre part, si i62E, on pose xi égal àXi. On note alors idi l'homomorphisme canonique suivant :

Ki;1[Xi],!idi Ki;1[xi] Xi 7! xi

Dans le cas contraire, on posexi égal à la classe deXi dans Ki;1[Xi]

hi;1[Xi](fi)iCelui-ci est alors égal à Ki;1[xi]: Avec ces notations, l'homomorphisme i est égal à :

( i =inji idii;1[Xi] si i62E i =inji ii;1[Xi] sii2E

où inji désigne l'injection canonique de Ki;1[xi] dans son anneau total des fractions.

Ainsi, pour tout 1 i n, on obtient en appliquant [38, théorème 2.9 p.125] le diagramme commutatif suivant :

Pi =Pi;1[Xi] i;1[Xi]//

pi

%%%%❑❑❑❑❑❑❑❑❑❑❑❑❑❑❑❑

i

))Ki;1[Xi]

idioui //Ki;1[xi]  inji //Ki =Frac(Ki;1[xi])

Pi

keri

- ei

;;✇✇✇✇✇✇✇✇✇✇✇✇✇✇✇

26 Propriété de normalisation où ei est l'homomorphisme injectif déni par :

( idii;1[Xi] =eipi si i62E ii;1[Xi] =ei pi si i2E

Dans le lemme suivant, on dénit le noyau de i (1 i n) en fonction du noyau de i;1 dans le cas où Xi est transcendante. Il existe un résultat analogue dans le cas i 2 E [57]. On se bornera à utiliser dans la section suivante une caractérisation plus faible du noyau de i (lemme 1.1.11).

Lemme 1.1.8

Soit ffj = 0gj2E un système polynomial triangulaire faible dans Pn. Pour tout entier 1in tel que i62E, le noyau de i est égal à :

keri = (keri;1)[Xi]:

Preuve. L'entier i n'appartenant pas àE, l'homomorphisme i est égal à : i =injii;1[Xi]:

Or, l'homomorphisme inji est injectif. Par suite, on en déduit : keri =ker(i;1[Xi]):

Le résultat est alors immédiat.

Les homomorphismesei(1in) relient les anneaux Pi

keri etKi;1[xi]. On aimerait alors en déduire un homomorphisme entre leurs anneaux totaux de fractions (puisque par dénition Frac(Ki;1[xi]) = Ki). L'idée est d'utiliser la proposition C.3.8 à cette n en montrant que si la classe d'un polynôme dePi Pi n'est pas un diviseur de zéro dans keri alors son image n'est pas un diviseur de zéro dansKi;1[xi] (1in). Dans ce but, étant donné un entier i(1in), on établit ce résultat en distinguant les cas :

Xi transcendante (lemme 1.1.9);

Xi algébrique (lemme 1.1.10).

Enn, étant donné un système polynomial triangulaire régulier dans Pn, on désigne pour tout 0 in par Hi l'assertion suivante : il existe un isomorphisme d'anneaux noté i :

Frac Pi

keri

'i //Ki

qui rend commutatif le diagramme suivant : Pi

pi

i //Ki

Pi

keri  cani //Frac Pi

keri

i

'

OO

Propriété de normalisation 27

Lemme 1.1.9

Soient ffj = 0gj2E un système polynomial triangulaire régulier dans Pn, un entier i 62 E(1 i n) et f un polynôme de Pi tel que ei(pi(f)) soit un diviseur de zéro dans Ki;1[xi]. Alors, sous l'hypothèse Hi;1, la classe pi(f) def est un diviseur de zéro dans l'anneau Pi

keri

Preuve. Le cas i= 1 est trivial. Soitf 2Pi (avec i2) tel que le polynômeei(pi(f)) soit un diviseur de zéro dansKi;1[Xi]. Par dénition, l'image de pi(f) parei est égale à :

ei(pi(f)) = i;1[Xi](f):

Sous l'hypothèse Hi;1, cela implique en particulier que le polynôme : i;1[Xi];1(i;1[Xi](f)) = cani;1[Xi](pi;1[Xi](f)) est un diviseur de zéro dans l'anneauFrac Pi;1

keri;1

!

[Xi]Par suite, d'après le lemme C.3.8, on en déduit que :

pi;1[Xi](f)2Div Pi;1

keri;1[Xi]

!

D'autre part, d'après le lemme 1.1.8 (i62E), le noyau de i est égal à : keri = (keri;1)[Xi]:

Par suite, on en déduit l'isomorphisme : Pi;1

keri;1[Xi]' Pi

keri

Le résultat est alors immédiat.

Le lemme suivant complète le précédent en étudiant cette fois le cas où la variable Xi

est algébrique.

Lemme 1.1.10

Soient ffj = 0gj2E un système polynomial triangulaire régulier dans Pn, un entier i 2 E(1 i n) et un polynôme f de Pi tel que ei(pi(f)) soit un diviseur de zéro dans Ki;1[xi]. Alors, sous l'hypothèse Hi;1, la classe pi(f) def est un diviseur de zéro dans l'anneau Pi

keri

Preuve. Le casi= 1 est immédiat (carker1 =hf1i). Soitf 2Pi (avec i2) tel que le polynôme ei(pi(f)) soit un diviseur de zéro dansKi;1[xi]. Par dénition, l'image de pi(f) parei est égale à :

ei(pi(f)) =i(i;1[Xi](f)):

28 Propriété de normalisation Par hypothèse, l'image du polynôme i;1[Xi](f) par i est un diviseur de zéro dans l'anneau Ki;1[xi] = Ki;1[Xi]

hi;1[Xi](fi)i Par suite, il existe u2Ki;1[Xi] avec i(u)6=i(0) tel que :

i(i;1[Xi](f))i(u) =i(0): Cela entraîne :

i;1[Xi](f)u2hi;1[Xi](fi)iKi;1[Xi]: Par suite, il existe un polynôme v de Ki;1[Xi] tel que :

i;1[Xi](f)u= i;1[Xi](fi)v:

Par hypothèse, l'anneau Ki;1[Xi] est isomorphe à : Ki;1[Xi]

i;1 [Xi];1

' //Frac Pi;1

keri;1

!

[Xi]

Ainsi, d'après le lemme C.3.4, il existeg;h2Pietg0;h0 2Pi;1avecpi;1(g0);pi;1(h0)62 Div Pi;1

keri;1

!

tels que :

u=i;1[Xi] cani;1[Xi](pi;1[Xi](g)) cani;1(pi;1(g0))

!

etv =i;1[Xi] cani;1[Xi](pi;1[Xi](h)) cani;1(pi;1(h0))

!

D'après ce qui précède et sous l'hypothèse Hi;1, on obtient alors : i;1[Xi](f) i;1[Xi](g)

i;1[Xi](g0) = i;1[Xi](fi) i;1[Xi](h) i;1[Xi](h0) et donc l'égalité :

i;1[Xi](h0f g) = i;1[Xi](g0fih): Ce qui est équivalent à :

h0f g;g0fih2ker(i;1[Xi]):

Or, le polynômefiest un élément du noyau de i. De plus, on a clairement l'inclusion : ker(i;1[Xi])keri:

Par suite, d'après la proposition 1.1.1, on obtient : h0f g2keri: Ce qui est équivalent à :

pi(f)pi(h0g) =pi(0):

Propriété de normalisation 29 Reste à montrer que pi(h0g)6=pi(0). L'image du polynômeh0g par i;1[Xi] est égale, par dénition, à :

i;1[Xi](h0g) =ui;1(g0h0): Or, les classes des polynômes g0 eth0 dans Pi;1

keri;1 ne sont pas des diviseurs de zéro d'après le lemme C.3.4. En particulier, on en déduit que :

cani;1(pi;1(g0h0))2Frac Pi;1

keri;1

!?

Ainsi, sous l'hypothèse Hi;1 et d'après le lemme 1.1.4, on obtient : i(g0h0)2K?i:

De plus, par dénition de i et d'après l'égalité précédente, l'image de h0g par i est égale à :

i(h0g) = i(u)

1 i(g0h0)

avec i(u)6=i(0) par hypothèse. Ainsi, puisque i(g0h0)2K?i, on obtient : i(h0g)6= 0

Ce qui est équivalent à :

h0g 62keri

et donc à pi(h0g)6=pi(0): Ce qu'il fallait montrer.

On peut alors démontrer le résultat escompté.

Théorème 1.1.1

Soit ffj = 0gj2E un système polynomial triangulaire régulier dans Pn. Pour tout 0in, on a le diagramme commutatif suivant :

Pi

pi

i

//Ki

Pi

keri  cani //Frac Pi

keri

i

'

OO

où pour tout f;g 2 Pi tels que pi(g) ne soit pas un diviseur de zéro, l'isomorphisme d'anneaux i est déni par :

i pi(f) pi(g)

!

= i(f) i(g)

30 Propriété de normalisation Preuve. On raisonne par récurrence sur i. Le cas i = 0 est trivial. On suppose le résultat vrai à l'ordre i;1 (i1). Soithun polynôme de Pi tel queei(pi(h)) soit un diviseur de zéro dans Ki;1[xi]. D'après les lemmes 1.1.9 et 1.1.10, on sait que pi(h) est un diviseur de zéro dans l'anneau Pi

keri D'après la proposition C.3.8, il existe donc un homomorphisme noté i :

Frac Pi

keri

i

;!Frac(Ki;1[xi]) =Ki

tel que le diagramme suivant soit commutatif : Ki;1[xi]

De plus, par construction, l'homomorphismeei est injectif. D'après le premier point de la proposition C.3.9, on en déduit que l'homomorphismeiest aussi injectif. Reste donc à montrer que i est surjectif. L'idée est d'utiliser la seconde partie de la proposition C.3.9.

et dans le cas contraire :

inji(u) =i pi(g) pi(g0)

!

Ainsi, l'image de Ki;1[xi] par inji est inclus dans Imi. Par suite, on déduit de la proposition C.3.9 que l'homomorphisme i est bijectif. D'où le résultat.

Propriété de normalisation 31