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Description de l’exposition « Perspectives de vie » et nomenclature utilisée

CHAPITRE 2. Méthodologie – Étude de la réception de l’exposition

2.1. D ESCRIPTION DU TERRAIN DE RECHERCHE

2.1.2. Description de l’exposition « Perspectives de vie » et nomenclature utilisée

Une fois le terrain choisi, il importe de se doter d’un vocabulaire précis permettant de décrire l’exposition et les objets qui la composent. La nomenclature énoncée par Gharsallah (2008) a servi de base à l’établissement du vocabulaire utilisé dans le cadre de la présente recherche. Parallèlement aux explications de la nomenclature retenue, l’exposition « Perspectives de vie » sera décrite.

Gharsallah a conçu un protocole de découpage de l’espace muséal et expositionnel qui permet une description systématique des composantes de l’exposition. Selon ce protocole, l’exposition se subdivise en différents niveaux qui s’emboîtent les uns dans les autres :

[…] l’espace muséal est organisé selon des entités spatiales, d’échelles distinctes, qui s’emboitent les unes dans les autres comme des poupées russes ou des boîtes gigognes. L’emboitement concerne non seulement l’inclusion des volumes (bâtiment, salle, vitrine, etc.), mais aussi l’inclusion des contenus significatifs (thèmes, sous thèmes, etc.) […] (Gharsallah, 2008 : 48)

Dans son découpage, établi selon des critères topologiques et sémiotiques, Gharsallah (2008) dénomme ainsi les différents niveaux d’emboîtement du plus grand au plus petit : l’environnement, l’enveloppe, la séquence, l’unité, la sous-unité et l’élément. Et, entre ces niveaux d’emboîtement, se trouvent des seuils64. L’environnement correspond à « l'espace extérieur et physique de l'exposition ou du musée, autrement dit, le contexte spatial du bâtiment » (Gharsallah, 2008 : 49). Ici, il s’agira du contexte urbain, naturel ou rural du lieu qui abrite l’exposition à analyser (par exemple, les types de bâtiments situés à proximité, les caractéristiques du quartier environnant). À l’intérieur de l’environnement se trouve l’enveloppe. Il s’agit d’un « lieu articulant plusieurs espaces, qui accueillent des objets destinés à être montrés au public selon une logique spatiale bien définie » (Gharsallah, 2008 : 50). Dans le cas du CCA, par exemple, deux enveloppes peuvent être identifiées : une

64 « Qu'il soit physique ou fictif, le seuil doit montrer la transition, le passage d'un espace à un autre ou d'un niveau à un autre, c'est un marqueur de limite. Selon les expositions et leurs mises en espace, il peut être symbolisé par plusieurs moyens : porte, sas, couleur, lumière, son, etc. […] Nous pouvons […] rencontrer des seuils entre l'enveloppe et la séquence, la séquence et l'unité, ou encore entre plusieurs enveloppes, plusieurs séquences ou plusieurs unités. » (Gharsallah, 2008 : 52-53)

première, la maison victorienne Shaughnessy (bâtiment érigé en 1874) et une seconde, le « nouveau bâtiment » muséal de 1989. C’est dans cette seconde enveloppe que se situent les salles principales, et donc l’exposition « Perspectives de vie ». Cette exposition ne possède pas de lien spécifique avec son enveloppe, c’est pourquoi il ne paraît pas nécessaire de l’inclure dans l’analyse (Gharsallah, 2008 : 50-51)65. De fait, pour les besoins de la présente recherche, seuls les quatre niveaux suivants – la séquence, l’unité, la sous-unité et l’élément – seront utilisés. Chacun de ces niveaux sera explicité et les exemples utilisés pour illustrer ces niveaux proviendront du terrain retenu : l’exposition « Perspectives de vie ».

Séquences

Les séquences de l’exposition [(S) 66] sont incluses dans l’enveloppe : […] Une séquence est […] un espace tridimensionnel, qui correspond à un dispositif expographique, lieu d’une activité de communication. Ses limites peuvent être tangibles ou virtuelles. Lorsqu’elles sont tangibles, elles sont spatialement perceptibles et correspondent généralement aux frontières sémantiques du thème (le plan de l’expression est superposé au plan du contenu); […] Quand les limites de la séquence sont virtuelles, l’exposition est généralement aménagée dans un espace ouvert et décloisonné, qui privilégie le parcours libre. Une séquence peut s’étaler sur plusieurs salles quand ces dernières font partie du même thème. Les séquences fonctionnent généralement indépendamment les unes des autres, tout en se rattachant à la thématique générale de l’exposition. (Gharsallah, 2008 : 51)

Dans l’exposition « Perspectives de vie », il y a deux séquences, une pour chacun des deux architectes : S1 est la séquence pour Stephen Taylor (Londres) et S2 est celle pour Ryue Nishizawa (Tokyo) (voir en Figure 2.1 le plan des salles avec identification des séquences). Chacune des deux séquences possède une entrée distincte, et le même texte introductif67 à toute l’exposition se retrouve à chacune de ces entrées. Chaque entrée présente aussi un texte

65« L'analyse de l'environnement et de l'enveloppe est indispensable pour certains musées et expositions, notamment lorsque l'architecture ou l'expographie s'inspire d'une façon ou d'une autre de l'environnement et du site. Dans certains cas, nous pouvons nous en passer, surtout lorsque l'exposition est complètement coupée de l'extérieur. » (Gharsallah, 2008 : 50-51)

66 Gharsallah (2008) désigne les séquences par la lettre « Q ». Comme cette lettre a déjà été utilisée dans la présente recherche pour référer aux questions, de même que pour éviter toute confusion, la lettre « S » a été choisie pour désigner les séquences.

spécifique68 à la séquence, donc à l’architecte et rédigé par lui. Chacune des séquences occupe, en plus de la petite salle d’entrée (où se trouvent les textes introductifs), trois salles d’exposition (S1 occupe les salles 2, 3 et 4 du musée, alors que S2 est dans les salles 5, 6 et 7). Du point de vue de la mise en espace, il existe peu de différences entre les deux séquences. Les murs sont peints en blanc et seuls les textes et objets présentés permettent de différencier les séquences. La seule exception est un subtil traitement de la lumière : les espaces de la séquence S1 (Taylor) sont éclairés avec une lumière plus jaune que ceux de la séquence S2 (Nishizawa) qui présentent un éclairage blanc plus froid.

Figure 2.1 Identification des séquences S1 et S2 au plan des salles du musée

Unités

Au sein de chaque séquence peuvent se trouver plusieurs unités : « L’unité (U) est une subdivision de la séquence. Une séquence peut être composée de plusieurs unités, c’est-à-dire des sous-thèmes dans le thème, comprenant des objets articulés dans un espace tridimensionnel, ou un volume, pour former un dispositif. » (Gharsallah, 2008 : 51) Dans le cas de l’exposition « Perspectives de vie », chaque unité correspond à un projet

68 Pour le texte introductif à la séquence S1 de Taylor, voir Appendice A, Document A.3. Pour le texte introduisant la séquence sur Nishizawa S2, voir Appendice A, Document A.4.

architectural69. Pour Taylor, il y a 10 unités (codées T1 à T1070) réparties dans 3 salles (3 à 4 unités par salle) alors qu’il n’y en a que 3 pour Nishizawa (codées N1 à N3), une unité par salle dans ce cas (voir Tableau 2.171).

Tableau 2.1 Nom et code de chacune des unités de l’exposition « Perspectives de vie »

Code Nom de l’unité

T1 Maison de Charlotte Road, Londres, 2007-2008 T2 Réaménagement multiusages (un gymnase, 14 unités

d’habitation et des espaces commerciaux) Reading, 2006-2010 T3 Trois petites maisons dans Chance Street, Londres, 2005 T4 Plan directeur : Vivre avec le marais, Rainham, Londres, 2007 T5 Fronthouse/Backhouse, Rainham, Londres, 2007

T6 Dovers Corner, Rainham, Londres, 2004- T7 Station Housing, Rainham, Londres, 2004- T8 Craddock Cottage, Surrey, Londres, 2004-2008 T9 Maison privée, ajout, Midhurst, Londres, 1999

T10 Plan directeur de Carpenters Estate, Stratford, Londres, 2008 N1 Maison Moriyama, Tokyo, 2005

N2 Maison A, Tokyo, 2006 N3 Maison et Jardin, Tokyo, 2006-

L’unité sur laquelle porte la présente recherche est identifiée T3 « Trois petites maisons dans Chance Street72 ». Les raisons du choix de cette unité seront expliquées plus loin (voir

69 Cette caractéristique est probablement vraie pour une majorité d’expositions architecturales de type projet. On y présente très souvent des séquences thématiques regroupant plusieurs projets, qui sont autant d’unités de l’exposition.

70 Ici, l’encodage s’est fait avec la première lettre du nom de l’architecte plutôt qu’avec le code « U » proposé par Gharsallah (2008). Il était intéressant pour cette recherche de connaître en même temps le numéro de l’unité et celui de la séquence (par la lettre T pour la séquence S1 de Taylor et la lettre N pour la séquence S2 de Nishizawa).

71 Le projet retenu pour l’analyse est l’unité T3. Comme il est fréquent que le visiteur fasse des liens entre T3 et d’autres artefacts, sous-unités ou unités de l’exposition, il a été essentiel d’encoder l’ensemble de l’exposition.

72 Dans l’exposition, le nom du projet est identifié ainsi : « Trois petites maisons dans Chance Street ». Ceci est une traduction du nom « Three Small Houses on Chance Street ». Peut-être aurait-il été préférable de traduire par « sur Chance Street » plutôt que « dans Chance Street », mais la traduction telle que présentée dans l’exposition sera conservée ici.

sous-section 2.1.3, page 68). L’unité T3 est répartie dans deux salles (voir Figure 2.2). Pour les deux cas où la même unité est répartie dans deux salles, voici la codification utilisée : T3a et T3b, puis T7a et T7b. À ces deux occasions où des unités sont présentées dans deux salles, l’objectif de l’architecte Stephen Taylor était de placer un ou deux premier(s) objet(s) qui agisse(nt) comme une invitation à poursuivre la visite dans la salle suivante, où se trouve tout le reste de l’unité.

Figure 2.2 Identification des unités au plan des salles du musée

Sous-unités

Au sein de chaque unité se trouvent des sous-unités :

La sous-unité (sU) est située à un niveau supérieur à l’élément, mais inférieur à l’unité. C’est un ensemble d’éléments, regroupés sur un même support spatial (vitrine, socle, …), pour représenter un objet ou une idée, et qui constitue un dispositif. […] Elle peut être bidimensionnelle (exemple : un ensemble de photos présentées dans un cadre et accompagnées de commentaires) ou tridimensionnelle (exemple : une vitrine contenant plusieurs objets). (Gharsallah 2008 : 52)

Le projet retenu pour l’analyse, soit T3 « Trois petites maisons dans Chance Street », comprend 6 sous-unités auxquelles des codes ont été attribués (voir Tableau 2.2). Un plan permet de localiser la position de chacune de ces sous-unités dans les salles 2 et 3 du musée

(voir Figure 2.3). Les sous-unités sont de nature variée : une maquette, un livret, une planche de dessins et des photographies (voir Figure 2.4 pour une illustration de chaque sous-unité). Les deux premières sous-unités sont dans la salle 2 (voir Figure 2.5), alors que les quatre autres sont dans la salle 3 (voir Figure 2.6). Des photographies en couleur de chacune des sous-unités se trouvent en Appendice B, Figures B.1 à B.8 et tous les textes du livret sont transcrits en Appendice A, Document A.6 (en anglais seulement).

Tableau 2.2 Description et code de chacune des sous-unités de l’unité T3 « Trois petites maisons dans Chance Street »

Sous-unité Code73 Description de la sous-unité

sU1 T3_maq Maquette et son étiquette

sU2 T3_liv Livret (document papier contenant images et textes) sU3 T3_plc Planche de dessins (grand carton sur lequel sont imprimés

dessins et photographies)

sU4 T3_PHE2 Grande photographie de la rue et son étiquette

sU5 T3_cad1 Cadre avec 4 photographies noir et blanc de l’intérieur du bâtiment

sU6 T3_cad2 Cadre avec 3 photographies couleur de l’entrée du bâtiment

Figure 2.3 Identification des sous-unités de T3 sur le plan des salles 2 et 3 du musée

73 Le choix du type de code est détaillé et expliqué dans la sous-section 2.4.3, voir Grille A (page 92) et la grille est détaillée en Appendice C, Tableau C.1.

Figure 2.4 Illustration de chacune des sous-unités de T3

Figure 2.5 Vue de la salle 2 avec les sous-unités maquette (T3_maq) et livret (T3_liv)

Figure 2.6 Vue de la salle 3 avec les sous-unités planche de dessins (T3_plc), photographie de rue (T3_PHE2) et cadres de photographies (T3_cad1 et T3_cad2)

Artefacts

Dans une sous-unité, il arrive fréquemment que des artefacts puissent être identifiés. La définition d’artefact est calquée de celle du terme « élément » chez Gharsallah (2008) :

L’élément (E) est la plus petite composante de la série. Il s’agit généralement d’une entité spatiale et sémantique isolée, autrement dit de l’objet isolé (artefact, tableau, sculpture, etc.) qui n’est accompagné d’aucun outil de médiatisation, mais qui contribue à la cohérence de l’ensemble de l’exposition. Généralement, l’élément est une subdivision de l’unité ou de la sous-unité (selon la logique de segmentation de l’exposition). […] Les textes et étiquettes que nous trouvons dans l’exposition, sont des éléments considérés dans leur niveau d’expression, c’est-à-dire en tant qu’objet ou support occupant un espace bien défini. (Gharsallah, 2008 : 52)

Le terme « artefact » est ici préféré à celui d’« élément74 ». Il est apparu tout aussi approprié pour la présente utilisation, d’autant plus qu’il est très couramment utilisé en muséologie.

À titre d’exemple, pour la planche de dessin T3_plc, chacun des dessins (ex. : coupe transversale, élévation, plan d’étage) est un des artefacts de la sous-unité. La sous-unité maquette T3_maq contient, pour sa part, l’artefact maquette et l’artefact étiquette. Pour cette recherche, un code a été attribué à chaque artefact et sous-unité (voir Appendice C, Tableau C.1 pour le détail des codes du projet T3 et Appendice B, Figures B.9 à B.29 pour des illustrations de chaque artefact).

Deux types de sous-unités peuvent être identifiées pour le projet T3. Le premier type, appelé « sous-unité complexe », désigne les sous-unités qui sont divisibles en artefacts. Par exemple, un cadre de photographie est complexe puisque chacune des photos qu’il contient est un artefact. La planche de dessins (T3_plc) et les deux cadres (T3_cad1 et T3_cad2) sont ainsi qualifiées de unités complexes. L’autre type de unité est ici nommé « sous-unité simple ». Il rassemble les sous-sous-unités qui, pour une raison ou une autre, sont prises comme un tout dans l’analyse. Deux raisons peuvent avoir motivé cette absence de

74 Le terme « élément » est plutôt utilisé pour parler des éléments liés dans une section ultérieure de la présente recherche (voir sous-section 2.4.3, Grille E, page 104). L’« élément » est alors employé comme un terme générique permettant de désigner « ce qui est lié » par le visiteur, qu’il s’agisse d’un artefact, d’une sous-unité ou d’un groupement d’artefacts ou de sous-unités.

subdivision en artefacts. La première est que le visiteur prend généralement la sous-unité comme un tout, ne commentant pas ou très rarement ses parties. C’est le cas de la maquette (T3_maq) et de la grande photographie de la rue (T3_PHE2). L’autre raison s’applique au livret (T3_liv). Cette sous-unité pourrait théoriquement être divisée en artefacts, chaque artefact étant un texte, une illustration ou une photographie. Cependant, étant donné les moyens retenus pour l’observation, il n’a pas été possible d’entrer dans ce niveau de détail pour l’analyse. Ainsi, il a été considéré que cette sous-unité était prise comme un tout, et donc le livret (T3_liv) est désigné comme sous-unité « simple ».

2.1.3. Description et justification de l’unité retenue pour étude : le projet T3 « Trois

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