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Description et justification de l’unité retenue pour étude : le projet T3 « Trois petites

CHAPITRE 2. Méthodologie – Étude de la réception de l’exposition

2.1. D ESCRIPTION DU TERRAIN DE RECHERCHE

2.1.3. Description et justification de l’unité retenue pour étude : le projet T3 « Trois petites

Le projet « Trois petites maisons dans Chance Street » (unité T3) de Stephen Taylor a été retenu pour cette analyse. Il s’agit d’un projet résidentiel de taille modeste situé dans le quartier East End de Londres. Le nom du projet provient de la manière de concevoir l’aménagement du site. Bien que la façade avant, plane et faite de brique, puisse donner à penser qu’il s’agit d’un seul bloc d’appartements, le site a en réalité été divisé en trois parties. Ainsi, il s’agit de trois maisons de trois étages chacune, collées les unes aux autres. Le projet est conçu avec un souci de réfection d’un tissu urbain qui s’est fragmenté au fil des siècles; il vient combler un vide laissé dans l’îlot. L’architecte s’est inspiré de la maison londonienne typique du XVIIIe siècle pour concevoir ce projet : « Pour les trois maisons de Chance Street, Stephen Taylor actualise la typologie de la maison d’artisan, reprenant certains éléments et renouvelant les autres. » (Allison, 2008 : 68) Vu de la façade sur rue, l’élément qui frappe le regard est un rideau de fer doré perforé et ondulé au niveau du rez-de-chaussée. Il s’agit en réalité d’une porte permettant de laisser entrer la lumière dans le porche et créant une petite distance entre la rue et la porte d’entrée de la maison. La lumière et la ventilation sont assurées par de petites cours arrière et leur revêtement en briques blanches. Pour davantage de détails sur le projet, voir la transcription du texte présentant l’unité (Appendice A, Document A.5) et la transcription des textes du livret (Appendice A, Document A.6).

Plusieurs raisons ont motivé le choix de cette unité pour l’analyse. Compte tenu de l’objectif général de la recherche (soit celui de connaître la construction de sens des visiteurs face à divers outils de communication de l’architecture en exposition), il est apparu essentiel de sélectionner une unité qui présente le projet en utilisant une variété d’outils de représentation75. Ceci permettra de vérifier si la réception qu’en fait le visiteur varie selon les outils utilisés pour la communication du projet. Dans le cas de l’unité T3, on trouve une maquette, des photographies, des dessins (projections orthogonales) et un livret (combinant textes, photos et dessins). Il aurait été idéal de disposer d’une unité qui utilise également une vidéo, un autre type d’outil utilisé ailleurs dans l’exposition. Cependant, dans l’exposition « Perspectives de vie », les projets qui utilisent la vidéo76 (ceux de Nishizawa, séquence S1) présentent peu de dessins. Il est apparu préférable de choisir une unité contenant des dessins, étant donné que ce type d’outil est décrit comme le plus difficile à interpréter pour les visiteurs néophytes.

Il est aussi apparu intéressant de sélectionner une unité qui corresponde à ce qui est souvent décrit comme une représentation « typique » de l’architecture au musée, soit celle du registre de « représentation du bâti absent » (voir section 1.2)77. L’unité T3 est en partie typique à cause des outils utilisés, mais aussi en raison des qualités spécifiques de ces outils. Tant les dessins que les photographies et la maquette utilisent une esthétique très classique du domaine. Les dessins font un usage scrupuleux des codes de la profession et sont présentés sur un grand carton selon un graphisme traditionnel de la présentation de projets architecturaux. Les photographies correspondent aux images décrites plus tôt comme mettant de l’avant la matérialité du projet : elles sont exemptes de présence humaine ou de mobilier, l’accent étant plutôt mis sur les matériaux et la lumière. Et finalement la maquette utilise une

75 Pour un aperçu des différents types d’outils utilisés pour chacune des 13 unités de l’exposition, voir en Appendice C, le Tableau C.2.

76 Les vidéos présentées dans les salles de Taylor parlent plus généralement de sa démarche d’architecte. Aucun d’entre eux n’est spécifiquement lié à un projet, et donc à une unité.

77 Par opposition, les projets de la séquence S2 de Nishizawa présentent davantage d’aspects du projet en exposant des croquis ainsi que le processus conceptuel (par des séries de maquettes de travail). Il va sans dire qu’il aurait aussi été très intéressant d’analyser la réception de telles présentations, mais étant donné le choix de se centrer sur une seule unité, il est apparu plus pertinent d’en choisir une qui soit « typique » et représentative de la majorité des expositions d’architecture, en plus de contenir des dessins.

échelle et des matériaux, un vocabulaire pourrait-on dire, qui sera sans aucune surprise pour les professionnels du domaine.

Il a été mentionné plus tôt qu’un des premiers enjeux de la réception des projets architecturaux exposés grâce à différents outils est que le visiteur puisse reconnaître ces outils comme faisant partie d’une même série (voir sous-section 1.4.2, page 47), et donc comme présentant un seul et même projet. Dans le cas de « Trois petites maisons dans Chance Street », cette question de l’identification de la série se pose d’une manière toute particulière. En effet, la série est, pourrait-on dire, brisée ou disjointe. La plupart des objets sont présentés dans la salle 3 sur un mur (texte, planche de dessins et photographies), mais deux objets sont placés dans la salle précédente (soit la maquette et le livret). Tel que mentionné plus tôt, le but de cette mise en espace est d’inviter le visiteur à poursuivre son exploration de l’exposition du côté où se trouve(nt) le ou les élément(s) « intrus », donc vers la salle 3. Or, du point de vue de la réception, le fait que la série soit ainsi divisée et placée dans deux espaces peut constituer un obstacle à son identification. Pouvant ajouter à la complexité présumée de cette identification, le projet T1 « Maison de Charlotte Road » qui est exposé dans la salle 2, tout près de la maquette et du livret de T3, est assez semblable formellement au projet T3. Ceci peut rendre l’identification de la maquette de T3 encore plus incertaine. Ainsi, le défi particulièrement important qui se pose en termes d’identification de la série constitue un point d’intérêt de cette unité.

Sans constituer des raisons essentielles du choix de « Trois petites maisons dans Chance Street » comme unité analysée, certaines caractéristiques de ce projet paraissent intéressantes du point de vue de la réception. Premièrement, comme presque tous les projets de l’exposition « Perspectives de vie », il s’agit d’un projet dont le programme est strictement

résidentiel78. Il semble juste de penser que le projet résidentiel est celui dont le programme est le plus familier pour tout visiteur, et ainsi qu’il est davantage susceptible d’intéresser une variété de publics. De plus, il s’agit d’un projet de taille modeste, par opposition à un grand complexe résidentiel (tel que le projet T7 « Station Housing »). Cette relativement petite

78 Le projet T2 « Réaménagement multiusages » est un projet mixte comprenant un gymnase, 14 unités d’habitation et des espaces commerciaux, et les projets T4 « Plan directeur : Vivre avec le marais » et T10 « Plan directeur de Carpenters Estate » sont des projets d’aménagement urbain, comprenant notamment du résidentiel.

échelle du projet T3 devrait également contribuer à rendre son interprétation plus aisée pour le visiteur. Et finalement, il s’agit d’un projet qu’on pourrait qualifier d’« anonyme », par opposition à certains projets connus d’architectes vedettes. Contrairement à Nishizawa dont le travail, surtout au sein de la firme SANAA79, est très réputé internationalement, Stephen Taylor est moins connu. Aucun des participants à la présente recherche n’était familier avec le nom ou le travail de cet architecte avant la visite, et donc encore moins avec le projet T3 « Trois petites maisons dans Chance Street ». Ainsi, les visiteurs architectes, tout comme les néophytes, le découvrent pour la toute première fois lors de leur visite de l’exposition.

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