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Critères de sélection du terrain et exposition retenue

CHAPITRE 2. Méthodologie – Étude de la réception de l’exposition

2.1. D ESCRIPTION DU TERRAIN DE RECHERCHE

2.1.1. Critères de sélection du terrain et exposition retenue

Trois critères ont présidé au choix de terrain pour le recueil des données. Premièrement, l’exposition devait durer au moins trois mois. Il s’agit de la période de temps jugée essentielle pour permettre d’effectuer des visites avec plusieurs participants (une trentaine par exposition), étant donné la méthode de recueil de données sélectionnée. Deuxièmement, en raison des questions de recherche, il était nécessaire que l’exposition présente une variété de types d’artefacts. Par exemple, une exposition qui aurait présenté les bâtiments uniquement par l’intermédiaire de maquettes n’aurait pas été retenue. Et finalement, il était préférable, autant que possible, que l’exposition choisie laisse une grande place aux œuvres architecturales. Ainsi, une exposition présentant une thématique forte serait moins intéressante qu’une exposition monographique, par exemple. Rambow55 a accolé à de telles expositions l’appellation suivante en anglais : « project-oriented exhibitions », qui peut être traduite par l’expression « exposition de type projet ». La thématique y occupe une place relativement faible, et les textes de l’exposition présentent principalement les projets individuellement.

Dans la région de Montréal, où la recherche s’est déroulée, la seule institution présentant des expositions d’architecture d’une durée aussi longue, et susceptible d’inclure une variété d’artefacts, est le Centre canadien d’architecture (CCA). L’énoncé de mission de cette institution est le suivant :

Fondé en 1979, le Centre Canadien d’Architecture (CCA) est un établissement culturel avant-gardiste dont la mission consiste à sensibiliser le public au rôle de l’architecture dans la société, à promouvoir la recherche de haut niveau dans ce domaine et à favoriser l’innovation dans la pratique du design. (Centre canadien d’architecture, 2009)

Et voici la manière dont l’institution se présente dans les communiqués de presse publiés lors du lancement de nouvelles programmations :

Le CCA est un centre international de recherche et un musée créé en 1979 avec la conviction que l’architecture est d’intérêt public. Fort de ses vastes collections, le CCA est

un chef de file dans l’avancement du savoir, de la connaissance et de l’enrichissement des idées et des débats sur l’art de l’architecture, son histoire, sa théorie, sa pratique, ainsi que son rôle dans la société. (Centre canadien d’architecture, 2011)

Ces deux extraits qui insistent sur la volonté de sensibilisation du public à l’architecture et à son intérêt pour la société confirment que le CCA est un musée qui s’adresse à l’ensemble des visiteurs (tant aux spécialistes du domaine qu’aux néophytes). Ce musée constituait donc un terrain particulièrement intéressant pour étudier les questions de la présente recherche.

Le CCA ne possède pas comme tels d'espaces d'exposition permanente, c'est plutôt le bâtiment qui est considéré comme une collection permanente56. Les espaces d'exposition se divisent en deux : d’abord, sept (7) salles présentant des expositions de grande envergure et de longue durée (jusqu'à 10 mois) nommées salles principales, et puis une petite salle octogonale où sont présentées des expositions de plus courte durée. Étant donné les critères de sélection du terrain pour la présente recherche, seules les expositions des salles principales pouvaient être considérées comme intéressantes. Sur le site du musée, dans le « survol institutionnel », cette portion de texte précise ce que l’institution souhaite réaliser par le biais de ses expositions :

Les expositions et les programmes publics et éducatifs établissent des liens entre la pensée et la pratique architecturale, l’histoire des idées et l’évolution des conditions sociales et culturelles. Les programmes se situent aussi bien à l’échelle locale qu’internationale. Ils présentent des concepts architecturaux différents au grand public de tout âge ainsi qu’aux architectes et aux chercheurs, afin de révéler la richesse de la culture architecturale et urbaine et de favoriser un engagement dynamique à l’égard des questions et des enjeux architecturaux contemporains. (Centre canadien d’architecture, 2009)

Cet énoncé précise l’esprit dans lequel, au CCA, les expositions et programmes sont conçus. Le désir d’accessibilité pour tous les types de publics y est affirmé, en conjugaison avec l’engagement de l’atteinte et du maintien d’un haut niveau d’intérêt du point de vue de la recherche et de la pratique architecturales.

56 Le CCA offre des visites commentées du bâtiment. Ces visites, en plus de présenter les espaces du musée (maison victorienne de 1874 restaurée et partie plus récente datant de 1989 conçue dans une volonté d’intégration à l’aile victorienne), offrent une introduction générale à la réflexion architecturale, plus spécifiquement dans le contexte montréalais et dans une réflexion sur le développement des villes et sur la protection du patrimoine.

À l’automne 2007, alors que tout était en place pour le début du recueil des données de la présente recherche, l’exposition « 1973, Désolé plus d’essence57 » était présentée dans les salles principales du musée. À ce moment, il n’était pas possible de connaître la prochaine exposition qui serait présentée au CCA. Ainsi, bien que cette exposition ne réponde pas parfaitement aux critères établis pour la présente recherche (elle était fortement ancrée dans une thématique58 et présentait peu d’outils considérés potentiellement difficiles tels que les projections orthogonales et maquettes), il a été jugé plus prudent de procéder à une première collecte de données. Il était, en effet, possible que l’exposition suivante ne convienne pas mieux aux critères retenus pour la sélection du terrain, et alors du temps précieux aurait été perdu. Mais au printemps 2008, c’est l’exposition « Perspectives de vie à Londres et à Tokyo imaginées par Stephen Taylor et Ryue Nishizawa59 » qui était présentée au CCA et ses caractéristiques convenaient quasi parfaitement aux critères établis. Une seconde collecte de données a ainsi été réalisée dans cette deuxième exposition. Une trentaine de participants ont été suivis dans l’une et l’autre de ces deux expositions, mais, au final, seules les données recueillies dans la seconde (jugée en lien direct avec les critères préétablis) ont été retenues pour l’analyse détaillée60.

L’exposition de 2008, « Perspectives de vie » (ainsi nommée désormais pour simplifier la lecture), présentait une variété intéressante d’artefacts et la manière de les mettre en espace en faisait une exposition d’architecture « classique ». Ce qualificatif désigne une présentation qui se rapproche des modes appris à l’école par l’apprenti architecte : soit l’exposition presque exclusive des dessins (projections orthogonales) et maquettes dans une mise en scène sobre laissant l’avant-plan aux objets61. En bref, « Perspectives de vie » répondait

57 L’exposition « 1973, Désolé plus d’essence » a été présentée du 7 novembre 2007 au 20 avril 2008.

58 Elle portait sur les innovations technologiques développées en architecture suite à la crise du pétrole de 1973 : les systèmes solaires actifs et passifs, l’amélioration des matériaux d’isolation, l’architecture enfouie ou souterraine, l’énergie éolienne, les systèmes intégrés, etc. (Centre canadien d’architecture, 2007)

59 « Perspectives de vie » a été présentée du 14 mai au 26 octobre 2008.

60Même si les données recueillies dans l’exposition « 1973, Désolé plus d’essence » n’ont pas été utilisées directement pour l’analyse dans le cadre de cette recherche, ce terrain a été des plus utile pour peaufiner la méthode de recueil de données, méthode qui sera explicitée plus loin.

61 L’exposition d’architecture au musée se distingue des présentations faites à l’université du fait qu’elle contient, en plus, des photographies du projet réalisé.

parfaitement aux trois critères initialement énoncés : durée minimale de trois mois, variété d’artefacts et exposition de type projet (par opposition à une exposition plus thématique).

L’exposition « Perspectives de vie » rassemble les projets architecturaux résidentiels récents de deux architectes : Stephen Taylor pour Londres et Ryue Nishizawa pour Tokyo. Elle s’intéresse aux solutions mises de l’avant par les architectes confrontés aux défis de la construction résidentielle dans des environnements urbains très denses, l’exploration de leurs approches spécifiques devant permettre une réflexion plus globale à ce sujet62. Voici une portion du communiqué de presse qui résume l’approche thématique de « Perspectives de vie » :

Londres et Tokyo constituent un terrain particulièrement propice à [des] études de cas, non seulement par leur échelle et la complexité de leur environnement bâti respectives (sic), mais surtout en raison du développement continuel au cœur de ces villes qui redéfinit leurs trames urbaines. Si les deux villes sont confrontées à des problèmes d’aménagement urbain comparables, elles s’inscrivent néanmoins dans des contextes culturels différents où proximité, vie privée, collectivité et espace public prennent une signification autre et exigent des solutions distinctes. Stephen Taylor et Ryue Nishizawa ont développé de nouvelles perspectives de vie issues de leurs cultures respectives. Leurs aménagements résidentiels novateurs remettent en question les normes conventionnelles et offrent des approches qui façonnent simultanément la vie des résidants et le visage de la ville. (Centre canadien d’architecture, 2008)

Pour cette exposition, les architectes Nishizawa et Taylor ont eux-mêmes participé au travail de mise en espace. Ils ont notamment conçu le mobilier d’exposition (tables, bancs, présentoirs pour maquettes, etc.) spécifiquement pour cette occasion63 (Borasi, 2008). Certaines des maquettes ont aussi été réalisées pour l’exposition. Les principaux artefacts présentés sont énoncés ainsi : « dessins originaux, des rendus à grande échelle, maquettes, livres et tirages de photographes réputés » (Centre canadien d’architecture, 2008).

62 Voir copie du communiqué de presse en Appendice A, Document A.1 pour plus de détails.

63 Il y a une exception : les chaises dans la section Nishizawa, appelées « Rabbit chair », sont une œuvre que l’architecte avait déjà conçue préalablement.

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