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CHAPITRE 6   RÉSULTATS : ÉTUDE DE CAS EN POST-IMPLANTATION AU CHUS 80

6.2   Contexte du projet en post-implantation 81

6.2.3   Description de l’équipe et de l’environnement de travail 84

Les sept répondants au questionnaire, six femmes et un homme, ont en moyenne 47 ans. Les âges des répondants varient de 35 à 62 ans. L’ancienneté au département est en moyenne de cinq ans, variant entre un peu moins de deux ans à huit ans. L’ancienneté au CHUS est toutefois beaucoup plus élevée, soit en moyenne 22 ans, variant entre un peu moins de quatre ans jusqu’à 40 ans. Les cinq répondants travaillant en endoscopie ont mentionné lors des entrevues faire partie de cette unité depuis moins de cinq ans, mais être au CHUS depuis plus de 10 ans, allant même jusqu’à 35 années d’expérience.

6.2.3.2 Environnement psychosocial

Plusieurs indicateurs de l’environnement psychosocial ont été mesurés et comparés aux deux études de références. Il s’agit de déterminer si le personnel en endoscopie vit des situations de tension dans le cadre de leur travail et où se situe le département par rapport à des moyennes provinciales. Plus de détails sur les calculs sont présentés à l’Annexe 9.

Les indicateurs de l’environnement psychosocial calculés sont plus élevés en endoscopie que les moyennes des enquêtes de références. L’indicateur de faible latitude décisionnelle est de 48,6% pour l’EQCOTESST et 55,5% pour l’ESS comparativement à 57,14% pour le CHUS. Pour l’indicateur de demande psychologique élevée, 57,14% des employés sont touchés, comparativement à 37,8% dans l’EQCOTESST. C’est particulièrement le soutien social qui est faible, avec 85,71% des employés touchés en endoscopie comparativement à 47,7% pour l’EQCOTESST. Les pourcentages plus élevés font que la tension au travail (42,86%) ainsi que la tension et le faible soutien au travail (42,86%) sont beaucoup plus élevés que les moyennes provinciales (Tension au travail EQCOTESST : 17,3%, ESS : 23%. Tension et faible soutien au travail EQCOTESST : 12,3%).

À l’inverse, les indicateurs du travail exigeant sont en général sous les moyennes de l’enquête de référence. Seulement 28,6% décrivent leur travail comme émotionnellement exigeant et 14,3% des répondants vivent une situation de tension avec le public. Finalement, 85,7% des répondants disent avoir les moyens pour faire un travail de qualité, en comparaison à 89,1% lors de l’EQCOTESST. L’ensemble des données est présenté au Tableau 6.1.

Tableau 6.1 : Indicateurs de travail exigeant du CHUS en comparaison avec l’EQCOTESST (Vézina et al., 2011)

Indicateur Réponses % EQCOTESST % obtenu au

CHUS

Travail émotionnellement

exigeant

Fortement d’accord, d’accord 48,3% 28,6%

Fortement en désaccord, en désaccord 51,7% 71,4% Situation de tension

avec le public

Très souvent, souvent 20,9% 14,3%

Jamais, de temps en temps 79,1% 85,7%

Moyens pour faire un travail de qualité

Fortement d’accord, d’accord 89,1% 85,7%

Fortement en désaccord, en désaccord 10,9% 14,3%

6.2.3.3 Ouverture et perceptions du changement

Les répondants ont majoritairement indiqué (71,4%) qu’ils sont ouverts à l’idée qu’un projet modifiant l’organisation du travail soit entrepris, quoique deux répondants ne soient pas en accord avec cette affirmation (28,6%).

Les employés ont réagi de plusieurs façons aux changements. Il semble y avoir eu beaucoup de résistance en début de projet, mais les réactions par rapport au projet sont positives à la toute fin. Les commentaires suivants décrivent cette situation :

« Les premières réactions des employés ont été les suivantes : “Pas encore des changements”, “Ils vont commencer et ils ne finiront pas”, “Nous allons les regarder se planter”, “Moi, je n’aime pas le changement”. Je ne crois pas que les gens se disaient : “Super, il y a un Kaizen!” »

« Il y a eu du positif vers la fin, en s’implantant. Au début, c’est sûr qu’il y a eu des réactions sur les implantations comme celles-ci : “C’est bien niaiseux d’utiliser des couleurs”. Par après, ils ont compris que c’est plus facile et se disent “C’est vrai, ça va mieux, nous retrouvons nos choses plus rapidement”. Il y a eu des bons changements. » 6.2.3.4 Connaissances et perceptions du Lean

Six répondants sur sept savent que le Lean a été utilisé dans le cadre du projet Kaizen. Ces six répondants connaissent le Lean en santé et savent que l’approche provient du milieu manufacturier. Des définitions du Lean ont été données par certains employés :

« Le Lean, c’est être efficace. »

« Le Lean, c’est la révision des processus de travail avec le but de les améliorer dans un processus continu. »

« Le Lean, c’est l’optimisation des processus dans le but d'obtenir un maximum de valeurs ajoutées aux méthodes utilisées et un minimum de tâches avec non-valeur ajoutée. »

La plupart des employés rencontrés n’avaient pas entendu parler de l’approche Lean avant de faire le projet Kaizen au sein du département. Certains étaient tout de même familiarisés avec d’autres projets Lean ayant eu lieu au CHUS.

« J’avais déjà entendu parler du Lean par les journaux, mais dans l’hôpital, je n’avais pas tellement suivi ça. »

« J’avais déjà fait un Kaizen avec le conseiller dans un autre secteur, donc c’était pour moi une deuxième expérience. »

Les réactions de départ par rapport au Lean ont été assez positives, comparativement à ce qui peut être rapporté dans la littérature. Les employés étaient assez ouverts à l’arrivée en santé de cette approche provenant du milieu manufacturier, tout en spécifiant pour certains qu’une adaptation est nécessaire. Les commentaires suivants décrivent cette situation :

« J’ai été surprise, car je me disais qu’avec des humains ce n’est pas comme avec des automobiles. Ma perception est vraiment restée la même après le projet. Tout ce que nous avons fait pour le matériel ou le fonctionnement avec les couleurs a bien été. Mais dire qu’un examen va durer 20 minutes, c’est difficile. Parfois, c’est 20 minutes que nous avons besoin seulement pour expliquer la procédure au patient parce qu’il ne comprend pas et nous sommes retardés. Le milieu dans lequel nous travaillons est mieux, mais nous ne pouvons pas changer les humains. »

« Il n’y a pas de problèmes à ce que le Lean provienne du milieu manufacturier. Ce n’est pas la provenance du principe, c’est plutôt son usage qui est intéressant. »

Il n’y a pas eu de crainte de perte d’emploi.

« Non, il n’y a pas eu de crainte de perte d’emploi. Je ne l’ai pas senti parce que ça n’a jamais été question. Au contraire, nous avons mis des heures dans la salle de récupération. »

Lors du questionnaire, les six répondants connaissant le Lean ont donné leur opinion sur la place d’une méthode manufacturière en santé et sur la place du Lean à long terme dans le milieu. Quatre répondants ont indiqué être En désaccord avec le fait que le Lean n’a pas sa place dans le milieu de la santé. Un seul répondant était D’accord avec cette affirmation. Trois répondants ont dit qu’il était Assez probable et deux ont dit qu’il était Très probable que le Lean améliore à long terme le milieu hospitalier. Seulement un répondant était contre cette affirmation, en indiquant qu’il est Peu probable que cette situation se produise.