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CADRE THÉORIQUE

2.3.2 «LES» COMPÉTENCES

3.2 DESCRIPTION GÉNÉRALE DU TYPE DE RECHERCHE

Commençons par situer notre recherche sur le plan épistémologique. Notre recherche se situe dans le paradigme des recherches qualitatives, car, selon Krathwohl (1993), ce type de recherche décrit les phénomènes avec des mots plutôt qu’avec des chiffres et des mesures. Van der Maren (2004) va plus loin en distinguant la nature des matériaux de la recherche de celle de son produit. Dans notre cas, les données qui constituent notre corpus sont effectivement des énoncés recueillis auprès de personnes ayant une expertise particulière en interprétation. De plus, le produit de notre recherche, c’est-à-dire le profil de sortie, est également un ensemble constitué d’énoncés.

Selon Wiersma et Jurs (2005), l’adoption d’une méthodologie de recherche qualitative est pertinente si nous tentons de comprendre un phénomène en posant un regard holistique sur celui- ci. Ce qui est le cas de notre recherche : le travail de l’interprète LSQ-français doit être cerné dans sa globalité puisqu’un curriculum de formation qui mène à l’exercice de cette profession

doit être en mesure d’aborder toutes ses composantes. Notre démarche de recherche est ainsi une démarche inductive puisque nous partons du spécifique, soit les perceptions qu’ont certains individus ayant un rapport de proximité avec la profession, vers la proposition d’un ensemble de compétences générales à développer pour la pratique professionnelle de l’interprétation LSQ- français.

Selon Van der Maren (2004), notre recherche se situerait dans l’ensemble des recherches appliquées, plus spécifiquement dans le développement d’objet ou d’outil. Wiersma et Jurs (2005) opposent la recherche appliquée à la recherche fondamentale («basic research»). Cette dernière aurait pour objectif l’avancement des connaissances d’une discipline alors que celle de la recherche appliquée serait la recherche d’une solution à un problème pratique. Comme démontré dans les premiers chapitres de ce mémoire, la création d’un outil qui définisse les buts d’une formation en interprétation LSQ-français au Québec répondrait à un problème pratique. Van der Maren (2004) propose quatre grandes étapes aux recherches de développement d’objet ou d’outil. Premièrement, une analyse des besoins de la population cible et une analyse de l’objet à mettre en place qui répondrait à ces besoins doivent être effectuées. Selon l’auteur, ces deux premières étapes peuvent être interchangées en fonction de l’objectif spécifique de recherche. Troisièmement, l’objet ou son prototype doit être élaboré. Finalement, on passe à la mise au point de l’objet suite à une évaluation faite par un essai d’implantation. L’auteur propose ces étapes en abordant spécifiquement le développement d’un outil didactique qui serait utilisé en classe par un enseignant. Toutefois, l’outil développé par cette recherche ne se situe pas au niveau de la classe et de l’enseignant, mais bien au niveau de l’administration du curriculum (voir tableau 1, section 2.2.2.3), ce qui implique quelques adaptations aux étapes proposées par Van der Maren. Toutefois, nous nous basons sur cette méthodologie générale pour élaborer celle spécifique à cette recherche.

Commençons par une des deux premières étapes présentées par Van der Maren (2004), c’est-à- dire l’analyse de l’objet, soit le profil de sortie dans le cas de cette recherche. Une définition de cet objet et des éléments qui le constituent a été présentée dans le cadre théorique de ce mémoire. L’étape suivante consiste à l’analyse de la population cible. Dans le cas de cette recherche, la description fine des pratiques professionnelles de référence des interprètes LSQ-français

correspond à cette étape. La troisième étape étant celle de la conception de l’objet, nous avons constitué une proposition de profil de sortie d’un curriculum de formation des interprètes à partir de la définition du profil de sortie et des compétences ainsi qu’à partir des données recueillies à l’étape de la description fine des pratiques. Finalement, la quatrième étape propose la mise au point suite à un essai d’implantation. Dans notre cas, l’implantation effective du profil de sortie impliquerait la mise en place d’un programme en interprétation à partir de celui-ci, ce qui est impossible dans le cadre de ce mémoire. C’est pourquoi nous avons plutôt soumis le profil de sortie élaboré à une évaluation formelle par un expert de l’approche par compétence et par un interprète expert.

Ainsi, la première grande étape de la cueillette de données de cette recherche consiste à expliciter les pratiques professionnelles de référence qui existent déjà dans le réel. Pour les extraire, nous avons organisé des groupes de discussion. Des précisions concernant les groupes de discussion sont présentées à la section 3.3.2. L’objectif derrière le choix de cette méthode de cueillette de données a été d’obtenir la perception des participants quant au travail que doit effectuer un interprète selon la norme professionnelle. Selon Wiersma et Jurs (2005), un des postulats de base des recherches qualitatives consiste au fait que les chercheurs s’appuient sur les perceptions des gens afin d’en arriver à une mesure qui soit la plus conforme possible à celle de la réalité. Étant donné que nous désirions extraire les pratiques professionnelles de référence en interprétation, nous nous sommes basés sur la perception de gens ayant une expertise particulière dans ce domaine ou des attentes éclairées quant au travail de l’interprète.

La deuxième grande étape de cette recherche consiste à proposer un ensemble de compétences et d’éléments de compétences à partir de notre corpus de données qui a été constitué à partir des retranscriptions des groupes de discussion. Il s’agit ici de concevoir le produit de la recherche. Une première ébauche des compétences et de leurs éléments constitutifs a été soumise à un expert de l’approche par compétence afin de s’assurer de la fidélité de l’outil avec le cadre théorique présenté dans ce mémoire. Cette ébauche a également été soumise à un expert- praticien de l’interprétation LSQ-français afin de vérifier l’adéquation entre les compétences proposées et la réalité professionnelle.