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DÉFINITION DES FINALITÉS ÉDUCATIVES DU CURRICULUM Selon Wiles et Bondi (2011), tout curriculum de formation, voire tout système d’éducation, est

CADRE THÉORIQUE

2.2 CONCEPT DE CURRICULUM

2.2.2 ÉTAPES DE CONCEPTION D’UN CURRICULUM

2.2.2.1 DÉFINITION DES FINALITÉS ÉDUCATIVES DU CURRICULUM Selon Wiles et Bondi (2011), tout curriculum de formation, voire tout système d’éducation, est

orienté par un ensemble de finalités qui déterminent le positionnement idéologique et philosophique dans lequel il s’inscrit. Ce positionnement est constitué de croyances et de perceptions que l’on croit justes, qui encadrent la mission que se donne le système d’éducation ainsi que la façon dont se transmet le curriculum. Ces finalités sont déterminées au niveau politique, avec quelques nuances concernant les programmes universitaires, où les facultés déterminent parfois de telles orientations (Boucher & Ste-Marie, 2013 ; Brousseau, 2014). Elles ont un impact sur la façon dont sont formulés les objectifs d’enseignement, sur la façon de présenter le contenu à enseigner, sur l’organisation des activités d’évaluation, etc. L’adoption d’un «mode d’entrée dans le curriculum» (Demeuse, Strauven et Roegiers, 2006) ou d’une approche philosophique constitue ainsi la définition de la finalité éducative d’un curriculum. Plusieurs courants philosophiques sont abordés chez les auteurs qui traitent de la question du curriculum. On peut résumer l’ensemble de ces derniers en fonction de la place qu’ils accordent à chacun de ces trois éléments : centration sur le savoir à acquérir, sur l’élève ou sur la société. Tous les curriculums accordent en partie et à divers degrés une place à un de ces trois éléments. Cependant, un de ceux-ci a tendance à ressortir et donne le «ton à l’ensemble des propositions formulées dans le curriculum» (Jonnaert et al., 2009). Selon Oliva (2009), un curriculum centré sur le savoir veille essentiellement à la transmission de l’héritage culturel et de connaissances. Dans cette approche, l’apprenant est généralement plutôt passif face aux apprentissages ; c’est pourquoi elle est généralement considérée comme désuète. Un curriculum centré sur la société peut avoir deux philosophies diamétralement opposées à sa base en fonction de sa finalité envers la société : assurer sa pérennité ou la changer. Finalement, un curriculum centré sur l’apprenant considère l’éducation non pas comme un produit à apprendre, mais plutôt comme un processus continu qui se définit en fonction des interactions de l’apprenant avec son environnement, dont l’enseignant et ses pairs. Les curriculums conçus par objectifs pédagogiques et par compétences sont centrés sur l’apprenant. Si les moyens d’y arriver trouvent leur source dans le behaviorisme en ce qui concerne les curriculums conçus par objectifs pédagogiques, les curriculums conçus par compétence puisent dans le cognitivisme et le socioconstructivisme, comme nous l’avons détaillé aux points 1.5.1 et 1.5.2.

Étant donné que notre question générale de recherche concerne la conception d’une formation professionnelle québécoise en interprétation LSQ-français, nous adoptons l’approche par compétence et les principes qui en découlent comme point de départ. En effet, nous avons démontré au point 1.5.2 qu’il s’agit de l’approche adoptée formellement au Québec pour la formation professionnelle et technique. De plus, Roegiers (2010) affirme que l’approche par compétence a pour finalité de mettre en adéquation les demandes de la société et les institutions d’enseignement. La problématique de ce mémoire a justement fait ressortir l’insatisfaction généralisée des employeurs, utilisateurs et interprètes concernant les compétences actuelles des interprètes LSQ-français (Parisot et Villeneuve, 2013).

Voici quelques principes propres à l’approche par compétence, qui influeront sur les prochaines étapes de la conception du curriculum. Selon Demeuse et al. (2006, p. 74), l’approche par compétence cherche à rendre l’étudiant capable de «résoudre une série de situations propres à l’exercice d’une fonction ou d’une profession». Jonnaert, Masciotra, Rioux, Boufrahi et Barette (2005, p. 26) disent que la conception d’un programme selon l’approche par compétence doit favoriser l’émergence de la

compétence effective, qui se définit comme «un pouvoir d’agir, de réussir et de progresser fondé sur la mobilisation et l’utilisation efficace d’un ensemble intégré de ressources pour faire face à une famille de situations». Il est possible de schématiser la compétence effective comme étant à l’intersection des trois éléments suivant : la personne, les familles de situations et les ressources mobilisées (voir figure 1).

Lessard et Bourdoncle (2002, p. 134) se sont penchés sur la question des caractéristiques d’une formation professionnelle universitaire. Leur finalité serait de préparer «explicitement à

Personne Famille de situations Ressources mobilisées Espace de développement de la compétence effective

LA COMPÉTENCE EFFECTIVE

Tiré de Jonnaert et al. (2005) Figure 1 : La compétence effective

l’exercice durable d’un travail organisé et reconnu». Dans un autre article, les mêmes auteurs (Bourdoncle et Lessard, 2002) proposent que les formations professionnelles universitaires adoptent l’approche par compétence et qu’elles organisent leurs savoirs par sujets, thèmes ou questions pertinentes à la profession, tout en puisant dans différentes disciplines contributives. Elles devraient mettre l’emphase sur l’éthique et les dilemmes inhérents à la pratique professionnelle. Finalement, l’enseignement en classe devrait accorder une place importante à la pratique pédagogique de l’apprentissage par problèmes.

Samurçay et Pastré (2004), de leur côté, suggèrent de réfléchir à la formation professionnelle en fonction d’une didactique qui lui soit propre, la didactique professionnelle, qu’ils opposent à la didactique des disciplines. Bien que les deux types de didactiques partagent les mêmes concepts centraux, la didactique professionnelle doit repenser le système didactique (savoir-maître-élève) en fonction des compétences professionnelles et non plus uniquement des savoirs.

La définition des finalités éducatives est la toute première étape dans la création d’un curriculum, car elle situe ce dernier dans un cadre de référence en posant des balises présentes tout au long de sa conception et de son implantation. La deuxième étape consiste à définir de manière plus précise ce qu’un curriculum en particulier doit apporter à l’étudiant. Il s’agit de la définition des buts du curriculum.