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CONSTITUTION DES GROUPES ET DESCRIPTION DES PARTICIPANTS

CADRE THÉORIQUE

2.3.2 «LES» COMPÉTENCES

3.3 MÉTHODE DE CUEILLETTE DE DONNÉES

3.3.2 CONSTITUTION DES GROUPES ET DESCRIPTION DES PARTICIPANTS

Dans cette section, nous décrivons chacun des groupes de discussion que nous avons organisés afin de répondre adéquatement à notre objectif concernant la description fine des pratiques professionnelles de référence en interprétation LSQ-français ainsi que notre échantillonnage pour constituer les participants à ces différents groupes.

Selon Morgan (1988), une des premières questions à se poser lorsqu’on organise des groupes de discussion est le nombre de ces groupes à organiser. Selon l’auteur, un des déterminants principaux est le nombre de sous-groupes pertinents à interroger afin de répondre adéquatement à la question de recherche. Duchesne et Haegel (2009, p. 48) parlent d’une logique de segmentation où «chaque groupe est constitué sur un critère commun dont on pense qu’il est

déterminant pour comprendre le sujet». Ainsi, l’échantillonnage de cette recherche est intentionnel. La diversité et l’exhaustivité doivent être les principaux critères qui guident la sélection des participants à la recherche. Chaque groupe constitué doit être assez différent l’un de l’autre afin d’apporter une perspective pertinente dans la définition des buts du curriculum d’une formation initiale en interprétation LSQ-français. D’un autre côté, Duchesne et Haegel (2009) affirment que la règle d’or dans la constitution des groupes de discussion est l’homogénéité sociale. Les auteurs affirment que ce critère est important puisque si les groupes sont trop hétérogènes, l’inégalité des rapports entre les individus risque de trop transparaître dans les discussions et affecter la validité des données. Les auteurs l’expliquent par le fait que la prise de parole en public et la capacité d’argumenter sont socialement déterminées par nos rapports avec les autres. Un participant qui ne possède pas la même aisance à s’exprimer que les autres pourrait ainsi être tenté de ne pas participer pleinement à la discussion collective et défendre ses positions. D’où l’importance d’une certaine homogénéité sociale à l’intérieur des groupes de discussion. Alors quels sont les différents groupes pertinents à consulter lors de l’élaboration des buts d’un curriculum d’une formation initiale en interprétation LSQ-français ?

Selon Pratt (1994), trois grands groupes doivent être consultés à l’étape de l’analyse des besoins lors de la conception d’un curriculum. Le premier groupe est ce qu’il appelle les spécialistes du curriculum, c’est-à-dire les personnes issues du domaine et qui y travaillent au quotidien, les praticiens de la profession. Il y a ensuite les clients du curriculum. Parmi eux, on retrouve les employeurs, qui accueillent les finissants et qui ont des attentes quant au niveau de maîtrise de certaines compétences et tâches à effectuer. Parmi les autres clients du curriculum, l’auteur mentionne également la communauté desservie par les futurs finissants ainsi que les ordres ou associations professionnelles en lien avec le curriculum. Finalement, l’auteur mentionne les ressources-pivot (traduction libre de «Gatekeeper»). Cette notion inclut toutes les personnes qui sont mobilisées à l’étape de l’implantation du curriculum comme les enseignants. Dans le cadre de notre recherche, nous avons constitué trois groupes de discussion en nous appuyant sur les groupes proposés par l’auteur. Notre premier groupe est constitué des praticiens eux-mêmes, soit les interprètes. Nos deux autres groupes sont constitués de «clients» du curriculum, soit des Sourds et des employeurs. Comme il existe peu d’enseignants en interprétation, nous n’avons pas constitué de groupe de discussion exclusivement composé de cette catégorie de personnes.

Concernant la taille des groupes de discussion, les positions varient selon les auteurs. Stewart et Shamasani (2015) proposent des groupes se situant entre 8 et 12 participants. Morgan (1988), quant à lui, propose que la taille des groupes se situe entre 6 et 10 participants alors que Duschesne et Haegel (2009) rapportent que la plupart des spécialistes s’entendent pour établir un nombre entre 5 et 10 participants. Toutefois, selon Stewart et Shamasani (2015), des groupes de moins de huit personnes entrainent des discussions qui risquent de se terminer rapidement alors que des groupes de plus de douze personnes font en sorte que tous ne peuvent pas s’exprimer. C’est pourquoi nous avons visé entre 8 et 10 participants pour chacun des groupes de discussion. Tous les participants ont été sollicités directement dans le réseau de contacts du chercheur.

3.3.2.1 PREMIER GROUPE DE DISCUSSION : INTERPRÈTES LSQ- FRANÇAIS

Notre premier groupe est constitué des interprètes LSQ-français qui sont actifs et impliqués dans la profession. Nous avons présenté à la section 1.2.2 de ce projet de mémoire les deux grands contextes d’exercice de la profession qui sont reconnus dans la littérature, soit les domaines scolaire et sociocommunautaire, ainsi que certaines particularités d’emploi dans chacun d’eux. Afin de répondre aux critères de variété et d’exhaustivité de l’échantillonnage, les interprètes sélectionnés pour ce groupe ont été choisis afin de couvrir l’ensemble des contextes d’interprétation.

Neuf interprètes ont participé au groupe de discussion. Au moment où le groupe s’est tenu, quatre d’entre eux travaillaient majoritairement au secteur scolaire (secteur jeunes), deux au secteur scolaire postsecondaire et trois travaillaient dans le milieu sociocommunautaire. Trois d’entre eux avaient de l’expérience avec le nouveau service de relais vidéo. Plusieurs avaient de l’expérience à titre de travailleur autonome, même s’ils étaient tous en emploi au moment du groupe de discussion. Également, un des participants avait une expérience de plusieurs mois dans le domaine scolaire (secteur adulte). Il n’a pas été possible d’avoir un enseignant en interprétation parmi les interprètes pour ce groupe. La langue des échanges a été le français.

3.3.2.2 DEUXIÈME GROUPE DE DISCUSSION : EMPLOYEURS

Comme mentionné au chapitre 1, aucune formation spécifique n’est actuellement reconnue par ceux qui embauchent des interprètes LSQ-français. C’est pourquoi le deuxième groupe constitué

est celui des employeurs afin d’être cohérent avec la démarche de professionnalisation dans laquelle s’inscrirait une formation qui mène spécifiquement à l’exercice de la profession.

Nous n’avons pas été en mesure de constituer un groupe complet de huit à dix personnes pour ce groupe pour plusieurs raisons. Premièrement, l’emploi en interprétation LSQ-français est très centralisé au Québec, c’est-à-dire qu’il y a peu d’employeurs, mais ils gèrent beaucoup d’employés. Ensuite, il y a le fait que le groupe de discussion se tenait à Montréal. Quelques employeurs étaient disponibles pour répondre à nos questions ou passer une entrevue à distance, mais ne pouvaient se déplacer. Trouver une date commune pour la tenue du groupe de discussion a aussi posé un défi étant donné le bassin assez réduit d’employeurs potentiels. C’est pourquoi nous avons inclus dans ce groupe les professionnels chargés de l’encadrement des interprètes. Parmi leurs tâches, ces personnes sont impliquées dans le processus d’évaluation et d’embauche des interprètes ainsi que dans la mise en place et dans le suivi de plans d’accompagnement pour les interprètes employés. Ainsi, nous avons tout de même été en mesure de constituer un groupe de discussion de cinq personnes.

Malgré le petit nombre, le critère de variété et d’exhaustivité de l’échantillonnage a été bien respecté. Un des participants provenait du milieu scolaire (secteur jeunes), deux du milieu scolaire postsecondaire et deux autres du milieu sociocommunautaire. Dans le groupe, trois sont Sourds et deux sont des entendants qui ont de l’expérience comme interprète. La langue des échanges s’est faite en pidgin, soit un mélange de LSQ et de français.

3.3.2.3 TROISIÈME GROUPE DE DISCUSSION : SOURDS

Le troisième groupe de discussion a été constitué d’un autre groupe des «clients» du curriculum (Pratt, 1994), soit des membres de la communauté sourde qui font appel à des services d’interprétation. Notre revue de littérature a démontré que les recherches qui ont porté sur les contenus de formation des interprètes LSQ-français jusqu’à maintenant n’ont jamais consulté la communauté principalement desservie. Toutefois, comme l’objet de la discussion porte sur les pratiques professionnelles de référence en interprétation, nous avons sélectionné des Sourds qui ont une bonne connaissance du rôle et des tâches de l’interprète. Nous avons sélectionné des Sourds professionnellement actifs qui ont déjà une formation collégiale ou universitaire à leur actif. Nous avons réussi à constituer un groupe de discussion de neuf personnes.

Parmi les gens sélectionnés, deux sont des chercheurs, six ont de l’expérience en interprétation ASL-LSQ et sept ont une expérience substantielle en enseignement, que ce soit du niveau primaire jusqu’au niveau universitaire. Tous les membres de ce groupe ont de l’expérience en enseignement d’une langue des signes (québécoise ou autres), à divers degrés. Ils sont également tous impliqués activement dans le milieu associatif de la communauté sourde. Les échanges se sont déroulés en LSQ.

Nous venons de présenter comment nous avons déterminé le nombre de groupes de discussion nécessaires pour atteindre notre objectif de recherche, la taille de chacun de ces groupes en plus d’expliciter notre échantillonnage. La prochaine étape de notre méthodologie consiste à décrire comment s’est déroulée la cueillette des données lors des entretiens collectifs.