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CHAPITRE V — Vérification de la fiabilité du système d’évaluation prototypique semi-

3.2 Descripteurs prosodiques du CECRL

Les critères permettant d’accéder à une maîtrise de la compétence phonologique sont mentionnés aux pages 91 et 92 du CECRL. Ils sont minimalistes et semblent présentés comme déconnectés de l’utilisation de la langue en situation de communication.

Un locuteur de niveau A1 sera « compréhensible avec quelque effort », la prononciation d’un locuteur de niveau A2 sera « en général suffisamment claire pour être comprise malgré un net accent étranger » pour devenir « clairement intelligible » à un niveau B1 « même si un accent étranger est quelquefois perceptible et si des erreurs de prononciation proviennent occasionnellement ». Un apprenant de niveau B2 aura « une prononciation et une intonation claires et naturelles » alors qu’aux niveaux C1 et C2, il sera capable de « varier l’intonation et placer l’accent phrastique correctement afin d’exprimer de fines nuances de

sens ». Un encart précise néanmoins qu’il appartient aux utilisateurs du CECRL (enseignants, institution, évaluateurs) d’envisager et d’expliciter « les aptitudes phonologiques nouvelles exigées de l’apprenant » ainsi que « l’importance relative des sons et de la prosodie ». « L’exactitude phonétique et l’aisance » sont aussi laissées à la discrétion de l’utilisateur.

Les préconisations du CECRL devant être applicables à de nombreuses langues, il est compréhensible qu’elles ne soient pas plus précises en la matière. Néanmoins, il est déplorable que la compétence phonologique ne soit pas davantage incluse dans d’autres compétences, telles que la compétence lexicale. En effet, forme et sens sont indissociables dans un apprentissage performant, notamment en anglais où l’accent lexical est déterminant pour la compréhension.

C’est dans les descripteurs des aspects qualitatifs de l’utilisation de la langue parlée que l’on trouve des critères phonologiques dont la réalisation permet de franchir les divers seuils des niveaux de compétence (2001 : 28, Tableau 3). Le tableau présentant les aspects qualitatifs de l’utilisation de la langue parlée (CECRL, 2000 : 28-29, CEFRL, 2001 : 28-29) ne mentionne que deux rubriques en lien avec la prosodie selon les divers niveaux communs : il s’agit de l’aisance (fluency) et de l’interaction (interaction). Cette dernière se focalise essentiellement sur les tours de parole entre interlocuteurs, bien que soient mentionnés des indices intonatifs (picking up and using non-verbal and intonational cues apparently

effortlessly), mais seulement au niveau C2. En conséquence, on doit se tourner vers les

descripteurs d’aisance dont les six niveaux rendent compte. Le tableau ci-dessous les récapitule pour la conversation spontanée (j’ai noté en caractères gras les termes essentiels) :

Niveau Synthèse prosodique Citations

C2

Capacité à « s’exprimer longuement, spontanément dans un discours naturel » sans que des auditeurs natifs puissent vraiment détecter d’éventuelles difficultés.

Caractère fluide et naturel de la conversation, similaire à celui d’un natif.

Can express him/herself

spontaneously at length with a natural colloquial flow, avoiding or backtracking around any difficulty so smoothly that the interlocutor is hardly aware of it.

C1

Capacité à s’exprimer avec « aisance et spontanéité presque sans effort » en gardant « le flot naturel et fluide du discours » dans la plupart des circonstances. Caractère fluide, spontané et naturel du discours.

Can express him/herself fluently and spontaneously conceptually difficult subject can hinder a natural, smooth flow of language.

B2

Capacité à « parler relativement longtemps avec un débit assez régulier », quelques hésitations mais peu de longues pauses.

Caractère fluide et régulier du discours rarement interrompu par de longues pauses.

Can produce stretches of language with a fairly even tempo;

although he/she can be hesitant as he/she searches for patterns and expressions. There are few noticeably long pauses.

B1

Capacité à se faire comprendre malgré des pauses évidentes, surtout en prise de parole longue. Caractère moins fluide du discours entrecoupé de pauses évidentes survenant en prise de parole longue.

Can keep going comprehensibly, even though pausing for

grammatical and lexical planning and repair is very evident, especially in longer stretches of free production.

A2

Capacité à se faire comprendre dans de brèves interventions, malgré de nombreuses pauses. Caractère haché du discours ne remettant pas en question la compréhension générale du message.

Can make him/herself understood in very short utterances, even though pauses, false starts and reformulation are very evident.

A1

Capacité à produire « des énoncés très courts, isolés et généralement stéréotypés » marqués par de nombreuses pauses. Difficulté de la communication. Caractère très haché du discours constitué d’énoncés très courts, rendant la communication difficile.

Can manage very short, isolated, mainly pre-packaged utterances, with much pausing to search for expressions, to articulate less familiar words, and to repair communication.

Tableau 18 – Tableau récapitulatif des marqueurs prosodiques de l’aisance selon le CECRL et CEFR (d’après CECRL, 2000 : 28-29,

CEFRL, 2001 : 28-29)

Chaque niveau de ce tableau fournit un continuum d’éléments pouvant se traduire par des mesures acoustiques : la durée des pauses et des unités inter-pausales.

C2 A1

Pauses courtes et peu nombreuses

Pauses longues et très nombreuses

Unités inter-pausales longues Unités inter-pausales très courtes

Ensemble, ces mesures constituent des paramètres de la vitesse générale d’élocution et fournissent une première approche de ce que peuvent être des critères d’évaluation acoustiques dans le domaine prosodique. Chaque niveau correspond à une maîtrise accrue du rythme. Au niveau A1, les pauses seront longues et nombreuses, hachant et allongeant le discours, puis diminueront au fur et à mesure des progrès réalisés en expression orale, jusqu’à ce que ce discours, en niveau C2, devienne fluide et spontané, permettant d’interagir avec facilité tout en prenant son tour de parole naturellement. Les contours prosodiques seront réduits lorsqu’ils seront réalisés avec quelques mots (niveau A2, colonne « Étendue ») alors qu’aux niveaux B2 et C1, il est implicite que la longueur des phrases et la cohérence de leur structure (colonne « Cohérence ») se traduiront par la production de plus longs segments prosodiques. Ce n’est qu’à partir du niveau C2 que sont abordés les aspects qualitatifs de la prosodie : « […] permettant de transmettre avec précision des nuances fines de sens afin d’insister, de discriminer ou de lever l’ambiguïté » et « […] en utilisant les indices non verbaux et intonatifs sans effort apparent ».

Pourtant, nous allons voir que seul le rythme a été retenu comme révélateur du niveau d’un apprenant.

3.3 Criterial features (critères d’évaluation) adaptés à la prosodie