CHAPITRE 2. La politique prend vie aux Nouvelles-Hébrides
VI. Des réunions et des entretiens franco-britanniques
Le 15 février 1974, une foule estimée à plus de 15 000 personnes a accueilli la reine Elizabeth, son mari, le prince Philip, la princesse Anne, son mari, le capitaine Mark Phillips et Lord Mountbatten834. Selon les New Hebrides News, cette visite fut historique étant donné que
c’était la première fois qu’un monarque régnant visitait l’archipel. Alors que la visite se déroula à Port-Vila et à Santo, les dignitaires furent impressionnés par la culture des habitants et la beauté naturelle de l’archipel. Avant de partir pour les îles Salomon, la reine a indiqué qu’elle suivrait avec beaucoup d’intérêt les futurs développements aux Nouvelles-Hébrides, évoquant
visite n’a pas soulevé d’émotions particulières, ses anciens amis étant beaucoup plus indifférents aux étrangers à cette époque-là qu’au début des années 1970. Voir ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 211, Résidence de France aux Nouvelles-Hébrides, synthèse du mois d’octobre 1977, p. 7.
831 ANF, carton 19940219/0007, fiche sur l’affaire Fornelli, Haut-Commissariat de la République dans l’Océan
pacifique, bureau d’études, 14 août 1974, p. 2.
832 Ibid. 833 Ibid.
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sa satisfaction de voir plusieurs ethnies différentes (française, britannique et mélanésienne) coexister pacifiquement835.
Le 6 mars 1974, un autre dignitaire est arrivé dans l’archipel. Quelques minutes après avoir foulé pour la première fois le sol des Nouvelles-Hébrides, Jean-Gabriel Eriau, Haut- Commissaire de la République française dans le Pacifique, a prononcé une allocution à Port- Vila dans laquelle il cherchait à donner l’assurance que les gouvernements français et britannique ne manqueront pas à leur devoir »836. Parallèlement, « deux manifestations, l’une
réclamant le contrôle des prix (surtout en matière des denrées alimentaires)837, l’autre organisée
autour de la revendication de la propriété Frouin, ont accueilli le Haut-Commissaire à son arrivée, groupant au total 300 personnes »838. Tandis que la première s’est déroulée dans le
calme, la seconde a donné lieu à un blocage de route et à la clôture par les manifestants de la propriété revendiquée839. Certains manifestants se sont livrés aussi à des actes de violences sur
voitures et menaces aux personnes840. Dans une ambiance de tension et de peur, le Haut-
Commissaire a donné ordre d’envoyer deux pelotons mobiles arrivés à Port-Vila le lendemain matin841. Après onze jours, la présence de deux pelotons a eu un effet salutaire tant sur les
Européens que sur les Mélanésiens. Alors que les premiers « se sont sentis rassurés par cette
835 « Royal Visit Special », New Hebrides News, 19 février 1974, auteur non indiqué.
836 « Land and Prices demos during High Commissioner’s Arrival », New Hebrides News, 12 mars 1974, auteur
non indiqué.
837 La législation sur le contrôle des prix est entrée en vigueur le 2 mai 1974 en vertu des propositions faites par le
Conseil consultatif. Voir « Price control now operating », New Hebrides News, 14 mai 1974, auteur non indiqué.
838 La première manifestation s’est déroulée à l’aéroport même de Port-Vila tandis que la deuxième s’est tenue à
environ deux kilomètres de l’aéroport. Voir « Land and Prices demos during High Commissioner’s Arrival », New
Hebrides News, 12 mars 1974, auteur non indiqué.
839 ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 214, lettre de R. Langlois au Haut-Commissaire de la
République dans l’Océan pacifique et aux Nouvelles-Hébrides sur les événements de mars 1974, 28 mars 1974, p. 1.
840 Ibid.
intervention rapide et éventuellement renouvelable, les deuxièmes ont pris conscience de la détermination des autorités conjointes de ne pas se laisser forcer la main »842.
La première journée de M. Eriau aux Nouvelles-Hébrides ayant été marquée par des tâches administratives843, les deux journées suivantes à Santo844 furent consacrées
principalement aux problèmes économiques et agricoles845. Toutefois, à Santo, le Haut-
Commissaire n’a pas échappé à cette ambiance pleine de tension. Les 7 et 8 mars, il y avait une grève de la Société portuaire qui a affecté une centaine d’ouvriers des quais. Cette grève résultait de la dégradation du niveau de vie découlant d’une hausse des prix846. Des mesures de
revalorisation ont été mises en application par l’administration conjointe ainsi que par les employeurs, mettant fin à la grève. Cela dit, la situation restait tendue, car la hausse constante du coût de la vie risquait d’annuler rapidement l’effet de ces mesures. Lors de sa visite à Santo, le Haut-Commissaire évoqua l’isolement de l’île. Selon lui, l’isolement, l’éloignement et l’insuffisance actuelle des transports affaiblissaient les échanges économiques847. Il a
notamment répété que l’ordre public serait maintenu aux Nouvelles-Hébrides et qu’il ne tolérait aucune atteinte à la propriété privée848. De plus, M. Eriau a exprimé son désir de voir
842 ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 214, lettre de R. Langlois au Haut-Commissaire de la
République dans l’Océan pacifique et aux Nouvelles-Hébrides sur les événements de mars 1974, 28 mars 1974, p. 2.
843 Le premier jour a été consacré à la visite des deux Résidences et à des réunions avec certains membres du
Conseil consultatif. Voir « Land and Prices demos during High Commissioner’s Arrival », New Hebrides News, 12 mars 1974, auteur non indiqué.
844 Lors de son passage à Santo, le Haut-Commissaire a également eu l’occasion de s’entretenir avec Jimmy
Stephens. Voir ANF, carton 19940219/0007, « Dignité et sécurité », Nakamal, J-E Barbier, 15 au 21 mars 1974.
845 « Coprah et élevage bovin fleurons de l’économie hébridaise », La France Australe, C. Nègre, 11 mars 1974. 846 ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 214, lettre de R. Langlois au Haut-Commissaire de la
République dans l’Océan pacifique et aux Nouvelles-Hébrides sur les événements de mars 1974, 28 mars 1974, p. 6.
847 Pour le Haut-Commissaire, Port-Vila était la capitale administrative de l’archipel alors que Santo était sa capitale
économique. Voir « Coprah et élevage bovin fleurons de l’économie hébridaise », La France Australe, C. Nègre, 11 mars 1974.
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l’aérodrome de Pekoa être amélioré. Cependant, « l’échéance de cette réalisation était difficile à précise; quoi qu’il en soit, une commission technique devrait venir revoir les données du problème très prochainement »849. Sans échéance précise, l’archipel stagnait, le développement
de l’infrastructure ayant souvent été remis à plus tard.
En octobre 1974, une réunion eut lieu à la Résidence française entre Sir Roger W.H. du Boulay850 et Robert Langlois. Du Boulay était accompagné de Keith Woodward, secrétaire des
Affaires politiques de la Résidence britannique. Le but de la réunion était de se préparer pour les entretiens imminents à Londres. Selon Woodward, « il était évident lors de la réunion que la Résidence française fut informée de la volonté de Paris d’entretenir enfin la possibilité d’une nouvelle étape de l’avance constitutionnelle de la colonie étant donné que Langlois a très tôt évoqué la perspective des élections dans l’archipel dans un avenir proche »851. Craignant une
victoire écrasante du NHNP et une réaction violente de la part de la communauté francophone advenant une telle situation, Langlois proposa le découpage des circonscriptions électorales dans l’espoir de diminuer les risques de la violence postélectorale. Cela s’explique par le fait que les opposants au NHNP, bien que nombreux (au moins un tiers de tous les Mélanésiens dans l’archipel), ne formaient une majorité sur aucune des îles à l’exception de Tanna852.
849 « Coprah et élevage bovin fleurons de l’économie hébridaise », La France Australe, C. Nègre, 11 mars 1974. 850 Du Boulay est né à Plymouth en Grande-Bretagne en 1922. Il était pilote de chasse durant la Seconde Guerre
mondiale et, à partir de 1949, il a été employé par le service colonial britannique au Nigéria, aux Philippines et à Paris avant de devenir Commissaire-Résident britannique aux Nouvelles-Hébrides en novembre 1973. Dans ses mémoires, il a indiqué qu’il fut envoyé aux Nouvelles-Hébrides avec des instructions très précises. Du point de vue de Londres, les Nouvelles-Hébrides n’étaient pas seulement un fardeau financier inacceptable mais aussi une charge embarrassante. La tâche de du Boulay était de mettre en branle le processus de décolonisation britannique dans l’archipel. Voir ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 215, lettre du secrétaire d’État aux départements et territoires d’outre-mer au Haut-Commissaire de la République dans l’Océan pacifique, 16 octobre 1974, p. 14 et Sir Roger W.H. du Boulay, « Sir Roger W.H. du Boulay KCVO, CMG, British Resident Commissioner, 1973-1975 », dans Bresnihan et Woodward, ed., Tufala Gavman, op. cit., pp. 199-200.
851 Woodward, A Political Memoir of the Anglo-French Condominium of the New Hebrides, op. cit., p. 34. 852 Ibid., p. 35.
Par conséquent, la réunion d’octobre 1974 a vu les deux Résidences travailler ensemble pour trouver un système électoral pour les Nouvelles-Hébrides853. Pour réduire le risque d’une
victoire écrasante du NHNP et des contrecoups que cela entraînerait, il fut décidé que le système électoral britannique, le système majoritaire à un tour, devait être évité. Un système analogue au scrutin proportionnel plurinominal fut envisagé, mais avec de légères modifications. Cela était d’autant plus nécessaire que la majorité de la population, illettrée, allait voter pour la première fois. Pour compliquer les choses encore davantage, la population dans les îles était isolée et peu densément peuplée. Il était évident qu’un autre système électoral était nécessaire pour les villes de Port-Vila et Luganville, leurs populations étant beaucoup plus concentrées854.
En ce qui concerne les îles d’Espiritu Santo, Malekula et Tanna, elles sont devenues des circonscriptions plurinominales avec trois sièges pour chaque île, ce qui permettait aux partis minoritaires d’être représentés dans le futur corps législatif. Les îles d’Aoba, Pentecôte et Ambrym ont reçu deux sièges chacune. Les circonscriptions uninominales étaient dans les îles Banks, Torres, Epi-Paama, Tongoa-Shepherd, Vaté, Erromango, Aneytium, Futuna, Vaté et Aniwa855. Les circonscriptions uninominales étaient presque entièrement presbytériennes ou
anglicanes et donc farouchement pro-NHNP.
853 La charge d’inventer un système politique pour les Nouvelles-Hébrides est tombée sur Keith Woodward, son
homologue français, le chancelier Jacques Fabre, ayant été occupé par d’autres affaires. Dans son mémoire, Woodward relate plusieurs problèmes auxquels il fut confronté dans sa tâche de créer un système électoral pour la colonie. En ce qui concerne l’illettrisme, il explique qu’à la suite d’une discussion avec Kalkot Matas, l’idée lui est venue d’avoir des photos de chaque candidat sur les bulletins de vote dans des circonscriptions plurinominales. Il est important d’étudier le système électoral établi lors de cette réunion en octobre 1974 car le même système est utilisé au Vanuatu aujourd’hui. Voir Ibid., pp. 35-36.
854 Le panachage fut adopté pour Luganville et Port-Vila, deux centres urbains avec le plus grand nombre de
résidents non Mélanésiens. La représentation des deux villes était prescrite de la manière suivante : deux membres britanniques, deux membres français et deux membres mélanésiens pour Port-Vila, un membre britannique, un membre français et un membre mélanésien pour Luganville. À Port-Vila et à Luganville, les électeurs de chaque communauté étaient obligés de voter pour au moins un candidat dans chacune des trois catégories (britannique, française et mélanésienne), sous peine de voir leur scrutin être annulé. Voir Ibid., pp. 36-38.
855 ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 305, annexe à la note au sujet de la création de l’Assemblée
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Lors des entretiens de novembre 1974, la délégation britannique était représentée par Joan Lestor, ministre de second rang au Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth. En ce qui concerne la délégation française, elle était représentée par Olivier Stirn, secrétaire de l’État pour les départements et territoires d’outre-mer. « À l’issue des conversations ministérielles franco-britanniques qui ont eu lieu à Londres le 4 et 5 novembre 1974, sept décisions concernant l’évolution politique et administrative du condominium ont été prises »856.
Tout d’abord, un projet de texte instituant et organisant une Assemblée représentative a été élaboré conjointement par les instances française et britannique857. Il a, dans son ensemble, été
accueilli favorablement après avoir été soumis, pour avis, au Conseil consultatif des Nouvelles- Hébrides réuni en session extraordinaire les 23 et 24 avril 1975858. Le but était de remplacer
progressivement le Conseil consultatif par une Assemblée représentative qui serait dotée de nouveaux pouvoirs et compétences et élue généralement au suffrage universel859. En attendant
l’installation de cette Assemblée représentative, une amélioration du fonctionnement du Conseil consultatif était de mise. Cet objectif fut mené à bien par l’ajout de deux membres mélanésiens (un membre choisi par le NHNP et l’autre par l’UCNH)860.
856 ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 227, fiches au sujet de la mise en œuvre des décisions de la
réunion ministérielle de Londres, auteur et date non indiqués, p. 1.
857 Ibid. 858 Ibid.
859 ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 200, bulletin mensuel de renseignements des départements et
territoires d’outre-mer pour le mois de novembre 1974, secrétariat d’État pour les départements et territoires d’outre-mer, cabinet militaire, section d’études et de renseignements, 16 décembre 1974. Lors de la dernière session du Conseil consultatif en avril 1975, il a été décidé que six membres de la nouvelle Assemblée représentative seraient élus par le collège électoral de la Chambre de commerce avec trois autres membres provenant des associations coopératives britannique ou française. Il a été décidé que les six membres de la Chambre de commerce seraient des non Mélanésiens. Voir Woodward, A Political Memoir of the Anglo-French Condominium of the New
Hebrides, op. cit., p. 42. La composition de l’Assemblée représentative sera examinée plus en détail dans le chapitre
subséquent.
860 Par conséquent, pour les deux dernières réunions du Conseil consultatif qui eurent lieu en décembre 1974 et en
avril 1975 respectivement, il y avait trente-deux membres au total, dont quatorze Mélanésiens. Les deux membres supplémentaires mélanésiens étaient le révérend Bani et Aimé Maléré. Voir ANOM, série Nouvelles-Hébrides,
En ce qui concerne la sécurité, les nécessités du maintien de l’ordre ont amené les deux métropoles à décider, lors des discussions de novembre 1974 à Londres, d’augmenter les effectifs de la force de police861. Cette décision a obligé les gouvernements français et
britannique d’augmenter les effectifs et les moyens mis à la disposition du corps français de la force de police, ce qui a suscité, outre des dépenses en personnel d’encadrement, des dépenses d’investissements et de fonctionnement862. D’autres réformes ont aussi été ratifiées comme
l’unification des juridictions et des lois pénales en vue de créer un système unique conférant l’égalité devant la loi pour tous, l’attribution du statut de double ressortissant pour les Mélanésiens, l’établissement d’un nouveau code foncier et la mise en œuvre d’un plan de développement économique et social de la colonie863. Les deux gouvernements sont convenus
d’étudier la possibilité de conférer aux Mélanésiens un statut de double ressortissant864. Somme
toute, après les entretiens de Londres de novembre 1974, la question n’était plus de savoir si les Nouvelles-Hébrides allaient accéder à l’indépendance, mais quand et comment le condominium allait pouvoir y accéder865.
Le NHNP a rapidement critiqué les résultats des entretiens de novembre 1974. Tout d’abord, il n’était pas satisfait de l’absence de représentant mélanésien à la table de négociations. Ensuite, il était, en général, contre l’idée des Conseils municipaux866. N’ayant pas réussi à se
carton RNH 214, rapport du Haut-Commissaire de la République dans l’Océan pacifique et aux Nouvelles-Hébrides sur les événements de décembre 1974, R. Langlois, 31 décembre 1974, p. 1.
861 ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 227, fiches au sujet de la mise en œuvre des décisions de la
réunion ministérielle de Londres, auteur et date non indiqués, p. 3.
862 Ibid., p. 4.
863 ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 200, bulletin mensuel de renseignements des départements et
territoires d’outre-mer pour le mois de novembre 1974, secrétariat d’État pour les départements et territoires d’outre-mer, cabinet militaire, section d’études et de renseignements, 16 décembre 1974.
864 « Communiqué conjoint franco-britannique », La France Australe, 19 novembre 1974, auteur non indiqué. 865 Van Trease, op. cit., p. 224.
866 Le règlement conjoint portant création de Conseils municipaux a été signé le 13 janvier 1975. L’idée était
de progressivement mettre en place les Conseils municipaux, les deux premières devant être celles de Port-Vila et de Santo où les élections étaient prévues pour août 1975. Voir Ibid et ANF, carton 19940219/0005, fiche au sujet de la mise en œuvre des décisions de la réunion ministérielle de Londres, Conseil restreint de juillet 1975, p. 1.
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débarrasser complètement du projet des Conseils municipaux, quelques doléances du NHNP furent néanmoins prises en compte par les deux Résidences car le nombre de sièges ruraux est passé de dix-sept à vingt867. S’il y avait désormais neuf membres élus pour représenter les
intérêts économiques de la colonie, c’est parce que le NHNP a réussi à diminuer de trois ce qui était à l’origine douze membres prévus à cet effet (les neuf membres élus pour représenter les intérêts économiques étaient équitablement répartis : trois représentants français, trois représentants britanniques et trois représentants mélanésiens)868. Quatre chefs feraient
également partie de la nouvelle Assemblée869.
La visite de Joan Lestor et d’Olivier Stirn aux Nouvelles-Hébrides en janvier 1975 fut un moment marquant dans l’histoire de l’archipel. Après avoir visité seul l’hôpital français de Port-Vila870 et le chantier du futur gymnase français des Nouvelles-Hébrides, Olivier Stirn a par
la suite visité avec Joan Lestor le Centre d’élevage du Pacifique et le chantier d’un futur hôtel international871. Le deuxième jour de la visite a vu un dialogue entre les fonctionnaires
métropolitains et les personnalités politiques de l’archipel. Ayant porté notamment sur
867 Les vingt représentants ruraux étaient élus par toutes les communautés votant selon un registre commun sans
distinction de race ou de statut légal. Voir Woodward, A Political Memoir of the Anglo-French Condominium of
the New Hebrides, op. cit., p. 43.
868 Les représentants des intérêts économiques étaient élus, pour ce qui est des trois représentants français et les
trois représentants britanniques, par le corps électoral défini aux articles 3 et 4 du Règlement conjoint numéro 14 de 1962. En ce qui concerne les trois représentants mélanésiens, qui devront comprendre obligatoirement au moins un représentant de chacune des deux associations de coopératives, ils étaient élus par un corps électoral constitué par les comités directeurs ou bureaux des deux associations siégeant ensemble. Voir ANOM, série Nouvelles- Hébrides, carton RNH 305, document sur la formation de l’Assemblée, p. 3, date et auteur non indiqués.
869 Les chefs mélanésiens étaient élus au deuxième degré, par un collège de chefs dont la liste a été arrêtée par les
Commissaires-Résidents sur proposition des délégués, et selon des modalités prévues par le Règlement Conjoint organisant la procédure électorale. Voir ANOM, série Nouvelles-Hébrides, carton RNH 305, document sur la formation de l’Assemblée, p. 3, date et auteur non indiqués.
870 À cette occasion, M. Stirn a donné son assurance que la France ferait tout ce qu’elle devait faire pour favoriser
le développement des hôpitaux français de l’archipel. Voir « Entretiens aujourd’hui avec Miss Lestor et les leaders politiques du condominium », La France Australe, 20 janvier 1975, auteur non indiqué.
l’évolution des structures politiques du condominium telles qu’elles ont été envisagées lors de la conférence de Londres de novembre 1974872, c’est Joan Lestor qui a parlé de la démocratie et
des conditions nécessaires pour le développement de la vie politique locale873. Cette visite a
également vu les deux fonctionnaires voyager à Santo où ils se sont entretenus avec Jimmy Stephens. Stephens leur a rappelé que l’ennemi du Nagriamel était toujours le NHNP qui était « manipulé par les presbytériens anglais et qui méprisaient la coutume »874.