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CHAPITRE 1 er Les premiers signes de mécontentement mélanésien

IV. Conversations franco-britanniques sur les Nouvelles-Hébrides (les années 1960)

Dès mai 1962, « le Commissaire-Résident de France signalait que l’action politique et sociale récente des Britanniques (surtout dans le domaine de l’enseignement) risquait de contrebattre, sinon de faire régresser l’influence française dans l’archipel »379. Craignant une

mainmise britannique qui mènerait progressivement à la souveraineté de l’archipel, le Commissaire-Résident de France a tenu à Londres, du 26 au 29 juillet, d’importants pourparlers avec divers hauts fonctionnaires du Colonial Office sur le problème du statut du condominium380. Les Français craignaient que cette mainmise soit réalisée à la manière d’une

unification du système législatif, ce qui sous-entendrait la disparition de la souveraineté française sur ses nationaux dans l’archipel, la création d’une assemblée élue au suffrage universel et celle d’un Conseil de gouvernement. Cela impliquerait une cristallisation de l’influence actuelle des missions anglo-saxonnes en milieu mélanésien381.

Du 2 au 4 août, d’autres conversations se tinrent à Londres au Colonial Office382. La

journée du 3 août fut particulièrement chargée alors que plusieurs sujets y furent traités. Ainsi, on se pencha sur le Protocole de 1914, la possibilité d’adopter une loi unique pour les sujets

379 ANF, carton 19940227/0013, note sur la situation politique aux Nouvelles-Hébrides, 22 novembre 1962, signé

le directeur des territoires d’outre-mer.

380 Ibid., p. 3. 381 Ibid. 382 Ibid.

français, britanniques et mélanésiens, la modification des règles de fonctionnement de l’actuel Tribunal mixte, la création d’une Assemblée élue au suffrage universel et d’un Conseil de gouvernement et l’opportunité pour les Commissaires-Résidents de solliciter, le plus souvent possible et d’une manière plus régulière, les avis de la Commission permanente du Conseil consultatif383. Ces entretiens ont révélé à Maurice Delauney384, le Commissaire-Résident de

France aux Nouvelles-Hébrides, la nécessité de former des élites locales, pour donner suite aux efforts britanniques de proposer des postes importants à certains sujets mélanésiens élevés et instruits dans leurs matières respectives385.

Les 21 et 22 mars 1966 ont eu lieu à Londres des entretiens franco-britanniques sur diverses questions concernant les Nouvelles-Hébrides suivant un ordre du jour proposé par les Britanniques, accepté par la délégation française et sur lequel celle-ci s’est adaptée aux instructions données par le ministre d’État386. Plusieurs questions politiques furent évoquées :

la composition et le fonctionnement du Conseil consultatif387, la création des conseils locaux

383 Ibid. En ce qui concerne la Commission Permanente, elle était composée des deux Commissaires-Résidents, du

trésorier et du surintendant et de huit membres (quatre Mélanésiens, deux Français et deux Britanniques) élus par le Conseil consultatif. Cette Commission Permanente avait comme tâche de se réunir entre les différentes sessions du Conseil pour régler des affaires comme des projets de législation qui ne pouvaient pas attendre la prochaine réunion plénière. Voir ANF, carton 19940219/0007, rapport sur le quatrième séminaire de Waigani, les politiques de la Mélanésie et la situation politique aux Nouvelles-Hébrides, direction des territoires d’outre-mer, 2 juin 1970, p. 9.

384 Maurice Delauney a été Commissaire-Résident de France aux Nouvelles-Hébrides pendant quatre ans et demi

(de 1961 à 1965). Il a quitté l’archipel en mars 1965 pour devenir ambassadeur français au Gabon. Son successeur fut Jacques Mouradian, haut fonctionnaire français et ancien secrétaire général au Sénégal. Voir « Hearty, but damp farewell for popular French Commissioner », Pacific Islands Monthly, mai 1965, auteur non indiqué, p. 37.

385ANF, carton 19940227/0013, note sur la situation politique aux Nouvelles-Hébrides, 22 novembre 1962, signé

le directeur des territoires d’outre-mer, p. 4.

386 ANF, carton 19940165/0037, note sur les conversations franco-britanniques sur les Nouvelles-Hébrides, 26 mai

1966, auteur non indiqué.

387 Les Britanniques étaient pour une augmentation du nombre de membres de vingt-quatre à vingt-huit, en

procédant par une augmentation de huit membres élus et la suppression de quatre membres nommés. Les Français étaient d’accord sur le principe de l’augmentation de vingt-quatre à vingt-huit membres mais avaient des réserves sur la diminution des membres nommés. Par conséquent, aucun changement n’a été apporté quant à la composition

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dans les régions où ils n’en existaient pas avec l’engagement d’assurer la formation des fonctionnaires (notamment des Présidents, secrétaires et trésoriers388) et une proposition de

déclaration commune sur l’avenir du condominium et du régime foncier389. Lors des entretiens,

les deux délégations se sont mises d’accord de « continuer à promouvoir le développement politique et social de l’archipel, en particulier dans le domaine de l’enseignement »390.

Parallèlement, la délégation britannique a proposé de conférer aux Mélanésiens des Nouvelles-Hébrides, jusqu’alors apatrides, un statut de citoyen des Nouvelles-Hébrides et la protection des gouvernements français et britannique391. Les personnes nées dans l’archipel,

nées à l’étranger d’un père né aux Nouvelles-Hébrides ou mariées à un homme néo-hébridais auraient droit à la « citoyenneté néo-hébridaise ». Les ressortissants britanniques ou français ne seraient pas admissibles. Cependant, la délégation française a choisi de ne pas s’exprimer sur la possible « citoyenneté néo-hébridaise »392. Les entretiens de mars 1966 se sont également

penchés sur certaines questions juridiques. Les Britanniques proposaient l’unification de la

et au fonctionnement du Conseil consultatif. Voir AD, série Asie-Océanie 1956-1967, carton 14, notes sur les entretiens franco-britanniques sur les Nouvelles-Hébrides, auteur et date non indiqués.

388 AD, série Asie-Océanie 1956-1967, carton 15, conversations franco-britanniques sur les affaires des Nouvelles-

Hébrides à Londres les 21 et 22 mars, 22 mars 1966, auteur non indiqué, p. 2.

389 La délégation britannique souhaitait une réforme profonde du régime foncier sur les bases d’une prescription

acquisitive au profit des Mélanésiens. La délégation française était pour le maintien du régime foncier actuel en pensant qu’une réforme en profondeur serait dangereuse (selon la délégation française, toute modification au régime foncier risquait de remettre en cause les décisions judiciaires déjà prises). Voir Ibid., p. 4.

390 ANF, carton 19940165/0037, note sur les conversations franco-britanniques sur les Nouvelles-Hébrides, 26 mai

1966, auteur non indiqué, p. 8.

391 AD, série Asie-Océanie 1956-1967, carton 15, status of the New Hebrideans, Colonial Office, 21 mars 1966. 392 AD, série Asie-Océanie 1956-1967, carton 14, notes sur les entretiens franco-britanniques sur les Nouvelles-

Hébrides, auteur et date non indiqués. Pourtant, d’autres problèmes ont de nouveau été réexaminés. La réunion interministérielle du 14 décembre 1967 a spécifiquement été convoquée pour étudier la question de la citoyenneté et des titres de voyage des Mélanésiens des Nouvelles-Hébrides. Circulant jusque-là avec des laissez-passer dont la forme inusitée a valu à certains d’entre eux des difficultés à certaines frontières, il était clair qu’une solution au problème était nécessaire. À la suite de cette réunion, les gouvernements français et britannique ont convenu de la création d’un titre de voyage à usage de passeport, document calqué sur les passeports en usage courant dans le monde entier. Voir AD, série Asie-Océanie, 1956-1967, carton 18, compte-rendu, date et auteur non indiqués.

législation et de la procédure judiciaire par la création d’une chambre d’appel des jugements de première instance du Tribunal mixte, composée de magistrats venant des Fidji, Salomon et Nouméa393. Sur le statut légal du condominium, les Britanniques proposaient :

« l’abrogation et le remplacement du premier paragraphe du Protocole par les dispositions suivantes : il y aura un Haut-Commissaire pour chaque puissance signataire et les deux Hauts-Commissaires constitueront conjointement l’Administration conjointe du condominium des Nouvelles-Hébrides qui sera une entité légale et à ce titre, sera capable d’acquérir, de posséder et de transférer des biens de toute nature et d’ester en justice. Dans le cas où l’Administration conjointe serait partie dans une action judiciaire (en tant que demandeur ou défendeur), le Tribunal compétent sera le Tribunal mixte »394.

Quant aux questions financières, « un accord entre les délégués français et britanniques fut atteint sur le principe de propositions d’un plan conjoint de trois ans présentés par les Commissaires-Résidents et financé par les deux métropoles ainsi que le condominium »395. Ces

plans de développement concernaient surtout le quai de Port-Vila et l’aviation396.

La question de la composition du Conseil consultatif fut revisitée lors de la réunion interministérielle du 11 juillet 1966 à Londres. Malgré le fait que les deux délégations ont

393 Ibid.

394 En réponse à cette proposition, la délégation française a indiqué qu’un « accord pourrait être donné aux

propositions britanniques après étude juridique approfondie ». Voir Ibid., p. 2.

395 Ibid.

396 En ce qui concerne l’aéronautique, des travaux ont été envisagés pour la réfection du terrain d’aviation de

Bauerfield à Port-Vila. Voir ANF, carton 19940227/0015, procès-verbal de la réunion de travail franco-britannique tenue le 20 octobre 1965 à Nouméa, p. 7. En général, d’un point de vue français, l’objectif était de conserver le statu quo aux Nouvelles-Hébrides. À cet égard, il suffit d’examiner le Conseil restreint du 3 juin 1966 qui fut présidé par le général de Gaulle. Ce jour-là, il a été décidé que le gouvernement marquerait le ferme attachement de la France au maintien du statu quo et que cette position serait portée, par la voie diplomatique, à la connaissance du gouvernement britannique. Selon Georges Pompidou, « il n’y avait pas lieu de prévoir, pour le moment, ni dans un avenir proche, une évolution politique du condominium étant donné que le gouvernement n’estimait pas opportun de modifier sensiblement les structures institutionnelles, judiciaires et foncières de l’archipel ». Voir AD, série Asie-Océanie 1956-1967, carton 14, lettre du Premier ministre à M. le ministre des Affaires étrangères, 21 juin 1966.

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accepté de porter à vingt-huit le nombre des membres élus du Conseil, il y avait des divergences quant au mode d’élection des quatre nouveaux membres mélanésiens397. Lors de ces

entretiens, la délégation britannique proposait que six membres (dont quatre Mélanésiens) soient élus au suffrage universel par les adultes figurant sur les listes électorales normales, par les habitants de Port-Vila et Luganville (trois pour chaque ville)398. Cela dit, « la délégation

française, quant à elle, n’acceptait pas ce projet qui aboutirait à une surreprésentation des deux villes principales, maintenant son désir de voir élire les quatre membres mélanésiens par le collège électoral de la Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie »399. Sans l’accord,

le Conseil consultatif dont le mandat expirait le 30 juin 1966, a vu celui-ci prorogé jusqu’au 30 juin 1967400. Pour résumer les activités du Conseil consultatif dans la première décennie de son

existence, « bien que théoriquement les fonctions du Conseil consultatif n’aient pas changé depuis 1957, il a en réalité acquis des pouvoirs réels et une influence considérable »401. À la fin

des années 1960, il est devenu une règle presque systématique de soumettre tout projet de règlement conjoint à l’avis du Conseil402.

Le 6 septembre 1966, le général de Gaulle, accompagné de son épouse, s’est rendu aux Nouvelles-Hébrides pour une brève visite officielle. Le général fut accueilli à l’aérodrome de Port-Vila par Jacques Mouradian, Commissaire-Résident français, Sir Robert Foster, Haut- Commissaire britannique pour le Pacifique Ouest et M. Colin Hamilton Alan, Commissaire-

397 ANF, carton 19940227/0015, note pour M. le ministre d’État sur le Conseil consultatif des Nouvelles-Hébrides,

Pierre Brasseur, 29 mai 1967, p. 2.

398 AD, série Asie-Océanie 1956-1967, carton 15, propositions conjointes relatives au Conseil consultatif des

Nouvelles-Hébrides, date et auteur non indiqués.

399 ANF, carton 19940227/0015, note pour M. le ministre d’État sur le Conseil consultatif des Nouvelles-Hébrides,

Pierre Brasseur, 29 mai 1967, p. 3.

400 ANF, carton 19940227/0015, note pour M. le ministre d’État sur le Conseil consultatif des Nouvelles-Hébrides,

Pierre Brasseur, 29 mai 1967, p. 3.

401 ANF, carton 19940219/0007, rapport sur le quatrième séminaire de Waigani, les politiques de la Mélanésie et

la situation politique aux Nouvelles-Hébrides, direction des territoires d’outre-mer, 2 juin 1970, p. 9.

Résident britannique par intérim403. Dans cette visite imprégnée de solennité, « le Président de

la République a assisté au levé des couleurs où au haut d’un immense mât blanc, le drapeau français a été hissé tout doucement pendant que la sonnerie Aux Champs retentissait »404. Les

enfants de Port-Vila, représentant la mosaïque de cultures aux Nouvelles-Hébrides (il y avait parmi eux des enfants fidjiens, polynésiens, wallisiens, français, britanniques), entonnaient par la suite la Marseillaise et le God save the Queen405. Dans son allocution à la population néo-

hébridaise et aux représentants des corps constitués, le chef de l’État a évoqué « l’émulation entre les activités britanniques et françaises qui n’a fait que contribuer à l’essor du territoire »406.

Le général de Gaulle a terminé son discours en disant : « je ne peux pas m’empêcher de rappeler quels souvenirs m’ont laissé les Nouvelles-Hébrides; c’est ici que pour la première fois un territoire s’est allié à la France libre, jusqu’à entraîner la France entière dans la lutte que nous menions aux côtés de l’Empire britannique »407.

Cette visite, quoique très rapide, mais chargée, revêt une importance capitale. Bien que le général n’ait assisté à aucune réunion dans l’archipel et qu’il n’ait été impliqué dans aucune prise de décision, sa venue avait un message très clair : la France reste aux Nouvelles-Hébrides. Pour réaffirmer ce point, le général a aussi visité des établissements français dans l’archipel (comme l’école d’agriculture et le chantier du nouveau lycée français). Par courtoisie, peu avant son départ vers Nouméa, il a fait parvenir à la reine d’Angleterre depuis les Nouvelles-Hébrides la communication suivante : « au moment de quitter le territoire du condominium des Nouvelles-Hébrides, je tiens à dire à Votre Majesté combien je me réjouis d’avoir pu constater les heureux effets de la coordination entre la France et la Grande-Bretagne dans cette partie du

403 ANF, carton 19940227/8, « L’escale du général de Gaulle aux Nouvelles-Hébrides », Le Croix, le 7 septembre

1966, auteur non indiqué.

404 Ibid. 405 Ibid. 406 Ibid. 407 Ibid.

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monde et je la prie d’agréer mes très respectueux hommages »408. En bref, pour rester dans

l’archipel, la France a accordé une plus grande attention à la question des services sociaux. Les années 1960 furent également marquées par une impatience des deux Résidences (mais surtout la Résidence de France) pour le développement de services sociaux dans la colonie. En ce qui concerne la France, selon Sarah Mohamed-Gaillard, « dès le début des années 1960, les autorités françaises engagèrent une redéfinition de leur politique aux Nouvelles-Hébrides et voulaient favoriser la promotion d’une personnalité mélanésienne des Nouvelles-Hébrides et cherchaient à gagner les élites locales »409. L’enseignement était un outil

important à cet égard. Pour avoir une élite locale, il fallait encourager l’enseignement au-delà du niveau primaire. Manifestement, la fondation du lycée français était un pas dans la bonne direction. Somme toute, il y avait un lien direct entre l’enseignement et l’avenir politique de la colonie.

Une comparaison des approches britannique et française concernant l’enseignement est nécessaire. « Jusqu’en 1956, l’enseignement français était presque entièrement assuré par la mission catholique des Pères Maristes »410. Parallèlement, l’enseignement public ne comprenait

que deux écoles, l’une à Port-Vila, l’autre à Santo411. Ces écoles éduquaient presque

exclusivement des Mélanésiens de souche européenne. Dès le mois de juin 1967, il y avait 5 800 élèves dans les écoles françaises de l’archipel, la progression annuelle étant de plus de 400412. L’administration française a attribué ce succès à la gratuité et à la bonne qualité de son

enseignement ainsi qu’à la perspective de trouver par la suite des emplois bien rémunérés en

408 ANF, carton 19940227/8, « De Gaulle rend hommage à la coopération franco-britannique aux Nouvelles-

Hébrides », Le Combat, le 7 septembre 1966, auteur non indiqué.

409 Mohamed-Gaillard, l’Archipel de la puissance ? op. cit., p. 60.

410 ANF, carton 19940171/0181, VIème plan, 1971-1975, note analytique, relative au secteur enseignement,

Résidence de France aux Nouvelles-Hébrides, date non indiquée.

411 Ibid.

412 Pour démontrer la croissance fulgurante du nombre d’élèves scolarisés en français, on voit un passage de 3 320

Nouvelle-Calédonie413. À la fin des années 1960, un peu plus de la moitié des écoles primaires

francophones dans l’archipel étaient publiques (en septembre 1970, quarante-quatre sur soixante-dix-neuf écoles primaires francophones dans l’archipel étaient publiques)414. Les

autres étaient soit catholiques (vingt-sept), soit protestantes (sept)415.

Au lieu d’analyser l’ouverture de chaque nouvelle école, il est beaucoup plus important de comprendre que la construction des établissements scolaires était nécessaire avec la montée du nombre d’élèves francophones. Plusieurs écoles étaient tout simplement trop petites416. Dans

la mesure du possible, des nouvelles classes ont été ajoutées aux écoles déjà existantes. Des dortoirs et réfectoires ont été installés417. Parfois, des nouvelles écoles ont été établies dans les

régions anciennement soumises à l’influence des missions britanniques comme Tongoa et Aoba418. Confiante de la bonne qualité de l’enseignement français, l’administration française a

pris au sérieux la formation pédagogique de ses maîtres. Un stage pratique et théorique a été offert à Port-Vila en janvier 1962 à tous les maîtres de l’archipel, ceux de l’enseignement public et ceux de l’enseignement privé419. Les institutrices auxiliaires ont été orientées vers la

préparation du C.A.P (Certificat d’aptitude pédagogique).

L’enseignement était aussi important pour l’administration britannique. Sur ce plan, le travail colossal fait par les missions presbytériennes a permis aux Britanniques de scolariser une

413 ANOM, série Résidence Nouvelles-Hébrides, carton RNH 124, document de M. Mouradian, sans titre, 2 juin

1967, p. 2.

414 ANOM, série Résidence Nouvelles-Hébrides, carton RNH 179, présentation générale de l’archipel des

Nouvelles-Hébrides, date et auteur non indiqués, p. E2.

415 Ibid.

416 ANOM, série Résidence Nouvelles-Hébrides, carton RNH 209, lettre du Commissaire-Résident de France aux

Nouvelles-Hébrides à M. le ministre d’État chargé des départements et territoires d’outre-mer, 30 mars 1965, p. 9.

417 ANOM, série Résidence Nouvelles-Hébrides, carton 127, rapport général sur l’enseignement français aux

Nouvelles-Hébrides, R. Martin – inspecteur de l’enseignement primaire et chef du service de l’enseignement aux Nouvelles-Hébrides, 23 décembre 1961, p. 2.

418 Ibid., p. 3. 419 Ibid., p. 4.

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plus grande population mélanésienne que les Français420. Créé en avril 1960, l’objectif du

British Education Advisory Committee était de « coordonner les efforts des missions dans le domaine de l’enseignement et de répartir entre les diverses missions, les subventions gouvernementales »421. Avec des réunions régulières, le comité groupait, sous la présidence du

Senior Education Officer de la Résidence britannique, des représentants de toutes les missions britanniques et des membres désignés par l’administration. En 1962, le Kawenu Teacher Training College a également vu le jour. Son but était de former les futurs enseignants anglophones pour le travail pédagogique aux Nouvelles-Hébrides. En revanche, il n’existait aucun équivalent français du Kawenu Teacher Training College422.

En ce qui concerne le système d’éducation britannique, les Mélanésiens étaient eux- mêmes impliqués dans la gestion de l’enseignement de la colonie. Ceci ne fut pas par hasard : « l’objectif de l’administration britannique était de produire par l’enseignement les gens pour accélérer la mise en œuvre de la politique de mélanisation à l’intérieur de l’administration britannique »423. Le Senior Education Officer travaillait en parallèle avec un Education Officer

et un Assistant Education Officer, tous les deux étant Mélanésiens. Leurs fonctions étaient de visiter toutes les écoles dans l’archipel pour donner des conseils et pour les amener au niveau des méthodes modernes de pédagogie424. Pour suppléer à leurs besoins, des responsables de

l’enseignement (District Education Officers) pour les quatre circonscriptions furent nommés et aidés par un adjoint dans chaque circonscription; une personne chargée des questions de l’enseignement des femmes et un adjoint ont été nommés pour s’occuper de l’enseignement des jeunes filles et des clubs féminins425.

420 ANOM, série Résidence Nouvelles-Hébrides, carton 179, présentation générale de l’archipel des Nouvelles-

Hébrides, date et auteur non indiqués, p. E2.

421 ANOM, série Résidence Nouvelles-Hébrides, carton 209, synthèse mensuelle pour mai 1965, Résidence de

France aux Nouvelles-Hébrides, p. 8.

422 BNA, CO 1036/746.

423 ANF, carton 19940165/0025, sixième conférence de Waigani, les priorités dans le développement de la

Mélanésie, l’histoire de l’enseignement aux Nouvelles-Hébrides, Peter Taurakoto, date non indiquée, p. 8.

424 Ibid., p. 2. 425 Ibid.

Depuis 1961, les Britanniques ont « adopté une attitude dynamique prenant officiellement en charge la formation des élites pour la création d’une École Supérieure à Port- Vila »426. Cette École Supérieure à Port-Vila était en effet le Collège secondaire de Port-Vila.

En juin 1965 pendant que la construction de l’établissement était toujours en cours, il fut décidé que les études y dureraient cinq ans et seraient sanctionnées par le Cambridge Overseas School