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VALEURS DE CONSERVATION

7 Facteurs de régulation de la biodiversité des étangs et petits lacs

7.3 A UTRES FACTEURS DE REGULATION

7.3.2 Développement des rives

Seuls les Coléoptères semblent avoir une richesse taxinomique dépendante du développement des rives (Tableau 7-12). Un fort développement favorise alors une richesse élevée (Figure 7-13). De plus, la valeur de conservation des Coléoptères suit également cette même tendance (cf. Annexe 16), avec une corrélation positive de 0.22 (p=0.05).

Tableau 7-12. Corrélations entre le développement des rives des plans d’eau et les richesses des groupes taxinomiques.

Les tests ont été effectués en remplaçant chaque richesse par le résidu de sa relation avec l’altitude (et la surface concernant la Flore, les Gastéropodes et les Odonates).

Signification (p) des corrélations (r) : ns : non signifiant (p>0.05) ** : p <0.01

r p

Flore aquatique # 0.0832 ns

Gastéropodes # 0.0831 ns

Coléoptères # 0.2848 **

Odonates # -0.0593 ns

Amphibiens 0.0128 ns

richesses

Invertébrés (familles) 0.1393 ns

# estimation Jackknife

-15 -10 -5 0 5 10 15 20 25

0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4

ln(dév_rives)

Richesse (Coléoptères)

Y = -2.62 + 7.03* X r=0.29 p= 0.008

Figure 7-13. Relation entre la richesse spécifique des Coléoptères (exprimée par les résidus de sa relation avec l’altitude des étangs) et le développement des rives (exprimé en ln ).

Par ailleurs, les modélisations par GAM intègrent la variable « développement des rives » pour la valeur de conservation des Coléoptères ; la part prise par cette variable n’est toutefois que peu importante. Les autres modélisations réalisées par régression « stepwise » intègrent aussi le développement des rives pour les Coléoptères (richesse et valeur de conservation).

Un développement des rives important favorise la richesse et la valeur de conservation des Coléoptères.

Comme nous le démontrerons dans le § 9.1.7, les Coléoptères sont particulièrement nombreux et diversifiés au niveau de l’interface eau-terre ; il n’est alors pas surprenant de mettre en évidence une relation positive entre le développement des rives et la richesse. En effet, pour une surface donnée, un développement de rives élevé offre une longueur de l’interface eau-terre, importante généralement fortement colonisée par les Coléoptères.

7.3.3 Affluents

Les affluents sont des indicateurs relatifs au régime hydrique d’un plan d’eau. Leur présence peut assurer un renouvellement de l’eau et un certain courant au sein de l’étang.

Le type d’alimentation en eau d’un étang peut être déterminant pour une partie de la Flore et la faune ; elle affecte tant des aspects qualitatifs que quantitatifs. La présence de nombreuses espèces de Coléoptères est ainsi liée à cette variable (Bournaud et al., 1992) ; d’autre part, la richesse de la Flore aquatique serait influencée positivement par une alimentation par la nappe phréatique, et négativement par un important apport d’eau de surface (ruissellement / affluents) (Williams et al., 1998b).

Tableau 7-13. Corrélations entre le nombre d’affluents et les richesses des groupes taxinomiques.

Les tests ont été effectués en remplaçant chaque richesse par le résidu de sa relation avec l’altitude (et la surface concernant la Flore, les Gastéropodes et les Odonates).

Signification (p) des corrélations (r) : ns : non signifiant (p>0.05) * : p <0.05

Affluents Affluents importants

r p r p

Flore aquatique # 0.0679 ns 0.0635 ns

Gastéropodes # 0.1224 ns 0.1524 ns

Coléoptères # -0.0890 ns -0.0588 ns

Odonates # -0.1039 ns -0.0971 ns

Amphibiens -0.1003 ns -0.0896 ns

richesses

Invertébrés (familles) 0.0413 ns 0.0211 ns

# estimation Jackknife

(Tableau 7-13). Cette absence de relation est inattendue en ce qui concerne les Coléoptères ; des investigations supplémentaires ciblées sur cette variable et sur d’autres indicateurs de l’alimentation en eau (régime hydrologique, débit, présence de nappe phréatique, etc.) devraient encore être entreprises.

7.3.4 Ombrage

L’ombrage des rives (et par conséquence du plan d’eau) est connu comme un facteur influençant la présence de nombreuses espèces végétales, d’Odonates et d’Amphibiens. Suivant l’espèce considérée, l’impact de l’ombrage peut être positif ou négatif. Par exemple, Rana dalmatina est l’hôte d’étangs forestiers, alors que Bufo calamita préfère des plans d’eau ensoleillés (Borgula et al., 1994). Parmi les Coléoptères, plusieurs espèces préfèrent des étangs ombragés (par exemple, Agabus chalconatus, Hydaticus seminiger, Hydroporus neglectus et H. dorsalis ; cf. Friday, 1988). L’ombrage a aussi des répercussions sur la richesse des communautés. Pour la Flore aquatique des étangs du Pays de Galle par exemple, la richesse maximale a été observée pour un ombrage des rives évalué entre 20 et 30 % (Gee et al., 1997) ; à l’échelle de la Grande-Bretagne aussi, les plantes émergentes et aquatiques présentent des richesses plus fortes dans des étangs peu ombragés (Williams et al., 1998b). Toutefois, comme Biggs et al. (1994) le signalent dans leurs conseils de gestion des étangs, un plan d’eau ne devrait pas être totalement dépourvu d’ombrage.

Pour les 80 plans d’eau étudiés ici, les richesses taxinomiques de la Flore aquatique et des Odonates apparaissent en relation négative avec l’ombrage de l’étang (Tableau 7-14). Un type de relation analogue existe pour ces deux groupes taxinomiques avec l’ombrage des rives, mais il est moins marqué, à la limite de la signification statistique.

Tableau 7-14. Corrélations entre l’ombrage (plan d’eau ou rives) et les richesses des groupes taxinomiques.

Les tests ont été effectués en remplaçant chaque richesse par le résidu de sa relation avec l’altitude (et la surface concernant la Flore, les Gastéropodes et les Odonates).

Signification (p) des corrélations (r) : ns : non signifiant (p>0.05) * : p <0.05 ** : p<0.01

Etang Rives

r p r p

Flore aquatique # -0.2547 * -0.2125 ns (0.06)

Gastéropodes # -0.0748 ns 0.0061 ns

Odonates # -0.3335 ** -0.2195 ns (0.051)

Coléoptères # 0.0281 ns -0.0734 ns

Amphibiens -0.1867 ns -0.0563 ns

richesses

Invertébrés (familles) -0.0531 ns -0.0607 ns

# estimation Jackknife

Il faut relever que les relations ne sont pas forcément du premier degré. Par exemple, les modélisations réalisées avec les Odonates et la Flore aquatique (Figure 7-14) révèlent des richesses maximales au niveau de classes d’ombrage des rives intermédiaire, plutôt faible. Pour les Odonates, l’optimum de l’ombrage des rives se situe entre 5 et 25%, et pour la Flore, il se situe entre 1 à 5%.

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Figure 7-14. Relation entre l’ombrage des rives (%) et les richesses des Odonates et de la Flore aquatique.

Ce sont les résidus de la modélisation reliant les richesses avec l’altitude et la surface (en ordonnée) qui ont été retenus ici pour explorer ces relations.

Dans ce type de relation du 2ème degré, la même tendance apparaît avec les Amphibiens (Figure 7-15) : - par rapport à l’ombrage des rives, la richesse optimale se situe au niveau de la classe 5 à

25%.

- par rapport à l’ombrage de l’étang, elle se situe au niveau de la classe 1 à 5 % ; relevons que l’allure de cette courbe n’est pas déterminée par les deux étangs fortement ombragés.

-6

Figure 7-15. Relation entre l’ombrage (% des rives, % de l’étang) et la richesse des Amphibiens.

Ce sont les résidus de la modélisation reliant les richesses avec l’altitude (en ordonnée) qui ont été retenus ici pour explorer ces relations.

Les modélisations réalisées par GAM ne montrent, quant à elles, pas d’intégration de l’ombrage dans les modèles (cf. Annexe 19). En revanche, l’ombrage des étangs est intégré (facteur négatif) dans les régressions stepwise modélisant la richesse et la valeur de conservation des Odonates.

En conclusion :

- l’ombrage apparaît comme une variable importante pour les Odonates et la Flore aquatique et, dans une moindre mesure, pour les Amphibiens,

- pour assurer une richesse spécifique maximale de ces groupes, il devrait être faible et se situer pour les rives entre 5 et 25 % (Odonates) ou entre 1 et 5 % (Flore).